Ce n'est pas un traité de pêche à la mouche, même s'il offre quelques informations sur la manière d'appréhender le rivière et tout ce qui la peuple, dans l'eau et hors de l'eau, c'est surtout un très bel hymne à la nature, à la pêche, aux poissons, aux rivières.
L'auteur, en peu de pages, raconte l'acquisition de sa première canné à l'âge de sept ans, ses premiers vairons, sa première truite. S'ensuit tout l'enchaînement inhérent à une passion qui le mène sans cesse au bord des rivières et qui lui fait multiplier des milliers de lancers pour attirer la belle mouchetée et livrer avec elle un combat équilibré pour la rendre le plus souvent à la rivière au terme de cet affrontement.
Bien des lieux et saisons sont évoqués dans ce récit, depuis les plus humbles ruisseaux du Morvan ou de l'Aubrac jusqu'aux célèbres rivières à saumon d'Ecosse en passant par le Canada avec la présence mystérieuse des ours qui capturent aussi les saumons avec une technique bien différente.
L'auteur ne manque pas de constater, sans amertume mais toujours avec espoir, la dégradation de nos rivières de France, leur dépeuplement, la multiplication des pêches privées, le non respect des saisons de pêche.
Lui il respecte la saisonnalité, aime autant le printemps ou l'hiver que l'été ou l'automne, sait attendre en rêvant ce merveilleux mois de mars du rendez-vous avec les truites.
Un beau livre où l'écologie n'est pas outrancière mais respectueuse à la fois de la nature et de la passion des moucheurs.
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Le monde moderne ennuie le moucheur, alors ce dernier s'échappe sans cesse. Pour fuir, mais non se fuir. Pour, d'urgence, redonner la suprématie à la nature sauvage, y cultiver le recueillement, le silence, se dégager de ses émotions, prendre le temps de réfléchir, de redécouvrir l'essentiel dans son existence. Et résonner et vibrer au chant du moulinet pour un poisson d'argent qui fuse.
Quand je parle du silence, je ne veux en rien m'exprimer sur un silence isolé, emmuré, centré surmoi seul; je veux ici parler d'un silence ouvert, disponible aux échos du monde, et que seul le pêcheur ressent à sa juste valeur.
Se réjouir du printemps, de l'été, se réjouir également de l'automne, se réjouir tout autant de l'hiver, n'est-ce pas exister simplement en laissant à la rivière son intimité méritée?
Affranchi du conditionnement de la réussite, l'esprit de la pêche se révèle enchanteur lorsqu'il prodigue aux moucheurs la grâce de se rendre dignes de la rivière en vivant notamment une incroyable connivence avec elle.
Tout commence, recommence toujours : perpétuel avenir...
Vidéo de Philippe Nicolas