Nicolas Gilbert semble disposer d'une faculté innée à se métamorphoser. Après avoir proposé un roman à clés campé dans le monde de la musique contemporaine (
Le récital), une histoire toute en légèreté qui laissait le lecteur sourire aux lèvres (
Le joueur de triangle) et un opus qui flirtait avec le fantastique, l'action se déroulant à deux périodes distinctes de l'histoire (La fille de l'imprimeur est triste), il opte avec
Nous pour un roman choral, mais d'une grande intimité.
À travers les destins en apparence parallèles de Simon, qui manie les modèles mathématiques avec une rare aisance, de son père André, surveillant d'atelier textile qui, à quelques semaines de la retraite anticipée, se voit habité par des questionnements existentiels et souhaite soutenir Natacha, une collègue qui doit se battre contre la lourdeur de la bureaucratie (à un moment personnifiée par un fonctionnaire s'appelant…
Nicolas Gilbert!) et de Ma Fan, jeune étudiant chinois qui peine un peu à s'inscrire dans sa nouvelle vie, l'auteur
nous livre un roman tout en retenue, pianissimo, qui
nous renvoie à la place du « je » dans le «
nous ». Au 21e siècle, sommes-
nous condamnés à vivre seuls et à éviter les liens avec l'autre? Pouvons-
nous encore
nous définir en tant que collectivité?
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