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sur 1011 notes

°°° Rentrée littéraire #13 °°°

L'intrigue se déroule en parallèle sur deux territoires : les Pyrénées avec les vallées d'Aspe et d'Ossau ; et le Nord-Ouest désertique de la Namibie, le Kaokoland. Deux territoires où les hommes cohabitent avec de grands prédateurs, l'ours et le lion. Tout part d'une photographie comme on en voit passer régulièrement sur les réseaux sociaux : une très jeune chasseresse posant avec le lion qu'elle vient d'abattre. Colin Niel va décortiquer l'avant / après qui entoure cette photographie, révélant ce qui se cache derrière.

Il prend beaucoup de soin à caractériser la psychologie de ces trois personnages principaux : Martin, garde du parc national des Pyrénées, personnage dont on devine très vite la radicalité, hanté par la crise de biodioversité et par la défaunation en cours, hanté par la mort de Cannelle, la dernière ourse de souche pyrénéenne, découvrir l'identité de la jeune femme de la photo devient une obsession; Apolline la jeune femme donc; et Kondjima, jeune Himba qui a vu son troupeau de chèvres décimé par un lion solitaire, il a une revanche à prendre. Si Martin et Kondjima sont assez linéaires et stéréotypés et agissent tels qu'on l'imagine, Apolline est de très loin le personnage le plus intéressant, le plus nuancé, très loin des clichés de la tireuse sans conscience à la gâchette facile. C'est d'elle qu'arrivent une grande partie des surprises scénaristiques.

La mise en scène alternant le double arc narratif pyrénéen et namibien, ainsi que les points de vue des personnages, est très habile. On sent que l'auteur sait où il va, dévoilant les destins de chacun très progressivement avec une part d'imprévisibilité très plaisante qui culmine dans les deux derniers chapitres lorsque le tempo s'accélère. Les coups de théâtre dramatiques arrivent au bon moment dans cette course à la chasse où la proie n'est pas forcément celle qu'on imagine, où l'homme retrouve sa par de bestialité. On est clairement dans le thriller avec au coeur les passions humaines et leur déchaînement, explorant ce que chacun a dans les tripes et jusqu'au bout on peut aller pour défendre ses valeurs.

Avec des thématiques fortes sur l'extinction de la faune, la pression humaine sur la nature, le changement climatique ( errance du lion solitaire dans le désert de Namibie est causé par la sécheresse qui a décimé les troupeaux d'oryx et le pousse à se rapprocher des troupeaux domestiques pour survivre ) et le sujet très clivant de la chasse, le risque était de tombé dans un manichéisme lourdaud. Même si le personnage de Martin est assez caricatural, même si on sent que la sympathie de l'auteur va du côté des anti-chasse, son récit prend la mesure de toute la complexité de la situation, avec notamment le contrepied de la Namibie où des populations rurales très pauvres cohabitent très difficilement avec les grands prédateurs.

Ce roman a beaucoup de qualités, il n'empêche qu'il ne m'a pas totalement emporté comme le formidable roman précédent de l'auteur, Comme des bêtes. J'ai moins ressenti la tension, sans doute car les personnages m'ont moins accroché. Et puis, j'ai été refroidi par un procédé qui, à titre très personnel, m'exaspère toujours : l'auteur fait parler le lion, se place dans la tête du lion. Il a beau le faire avec tout son talent d'écriture, avec parcimonie aussi, l'anthropomorphisme est inévitable et cela a dérangé ma lecture.
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Encore une fois , mon libraire a frappé et , encore une fois j'ai cèdé . Non , ce n'est pas ce que vous croyez , il ne ME frappe pas pour " acheter " un livre , non , il " frappe " là où ça fait mal , en plein coeur , au milieu du siège " des émotions ", en plein centre de ma curiosité et , ben oui ....et , comme à la fête foraine , c'est " à tous les coups l'on gagne ! "
Bon , passons à l'heure du jugement ( non , pas le dernier , ma PAL étant encore consistante , ce serait du gaspillage ...) .Et ben voilà, une fois encore je vais devoir le reconnaître , mon libraire est digne de confiance .
Colin Niel , je connais un peu , mais je dois reconnaître que le bougre a plusieurs cordes à son arc ( si , si , vous verrez ) .On s'attend à une explosion d'actions et le récit se déroule tout simplement dans les Pyrénées et une province de Namibie ...Rien de bien " violent " . En France , on fait la connaissance de Martin , un garde chasse connu pour ses interrogations sur la biodiversité, la conservation du monde animal , la réintroduction de l'ours ...Un peu trop zélé, il lui arrive de déplaire à nombre d'élus ou de chasseurs , un peu moins à cheval sur les principes....En Namibie , on fait la connaissance d'une belle jeune femme blonde, Apolline , " fifille adorée de son papa " qui vient de lui offrir un somptueux cadeau , " une chasse au lion " , rien que ça ..Le papa " gagne très bien sa vie ", on s'en doute , son épouse est décédée d'un cancer et rien n'est trop beau pour apaiser son chagrin , d'autant plus que c'est une championne de " tir à l'arc " , arme redoutable s'il en est . le challenge est osé, " prélever Charles , neutraliser ce lion " qui commet trop de méfaits dans les troupeaux des tribus autochtones .Enfin , dernier personnage " important " Kondjima , un jeune Homba qui rêve de tuer le lion , porter l'honneur de sa famille , et épouser la belle Karieterwa , une Hueya qui partage son amour mais ...ne lui est pas destinée.....Voilà .
C'est autour de ces personnages et de leurs motivations que va s'articuler le récit , " une bombe " déclenchée par la parution d'une photo d'Apolline et de son trophée sur les réseaux sociaux .....Une photo bien malheureuse prise avec un téléphone perdu ....Ajoutons des ruptures temporelles assez faciles à suivre...pour corser le tout ...
La caractéristique de ce roman est bien de nous diriger vers des sujets brûlants de l'actualité. Colin Niel tape en plein dans le mille , là où ça va faire mal , ou ça va faire grincer des dents , entre coutumes " ancestrales " et " activités de loisir " de touristes " aisés " , décriées et sources de conflit . Au moins , là , on se trouve plongé au coeur d'un problème complexe qui nous concerne tous dans la mesure où la planète.....hélas ..
Le début est assez lent , bien documenté, intéressant, bien écrit, facile à lire , donc , mais on souhaite toutefois , au bout d'un moment , une " accélération " qui tarde un peu , même si les descriptions et scènes de traque ne lassent pas . Et puis , enfin , à une bonne centaine de pages de la fin , basculement dans l'action ...Place aux " règlements de compte " . "Entrée des artistes ", laissons les " fauves entre eux " . Vous le savez , il n'y a pire prédateur que l'homme .... le dénouement sera - t -il à la hauteur ? Vous le saurez en lisant les 340 pages de ce qui est , pour moi , un excellent roman .Mais ....vous n'êtes pas obligés de me croire , ce n'est là , que mon modeste avis ....
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Martin, garde au parc national des Pyrénées, s'inquiète, depuis plus d'un an, de n'avoir aucune nouvelle ni repéré une quelconque trace de Cannellito, le seul ours en liberté dans les montagnes. Profondément anti-chasse, il fait également partie d'un groupe sur internet, Stop Hunting France. Celui-ci traque tout homme ou femme dont la passion est d'aller tuer des animaux dans des pays lointains et les livre en pâture à la vindicte populaire. La dernière photo mise en ligne montre une jeune femme blonde, tenant un arc de chasse à bout de bras, postée devant un énorme cadavre de lion, au coeur d'un paysage de savane africaine. Pour Martin, cela ressemble à un flagrant délit de meurtre. le voilà plus que jamais déterminé à découvrir qui se cache derrière cette chasseuse...
Quelques jours auparavant, Apolline, pour ses vingt ans, reçoit en cadeau, de la part de son père, non pas seulement un arc de chasse mais aussi une photo d'un lion. LE lion qu'elle ira chasser sur les terres namibiennes...
En Namibie, Kondjima, jeune Himba, alors dans la montagne avec son père et leurs chèvres, assiste, impuissant, au massacre du troupeau par un lion. le jeune garçon a alors une revanche à prendre...

Dans ce roman choral, Colin Niel donne vie et voix à quatre protagonistes, le lion Charles, Martin, Apolline et Kodjima. Quatre personnages parfaitement dépeints, que ce soit leurs peurs, leur courage ou leurs faiblesses, et aux motivations pour le moins opposées bien qu'ayant toutes un rapport avec la chasse. Si cette dernière, qu'elle soit fondée ou non, est au coeur du roman, l'auteur interroge également sur le rapport de l'homme avec la nature, aussi bien en Afrique qu'en France. L'auteur entrecroise habilement son récit entre montagnes pyrénéennes et plaines namibiennes, entre proie et chasseur, entre locaux africains et touristes avides de trophées, entre lion et ours. Il pose également un regard neutre sur les motivations de chacun que le lecteur pourra appréhender. Magistralement mené, profondément humain, ce roman noir captive de bout en bout, de par sa force, sa singularité et sa plume acérée...
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Un garde pyrénéen qui (bien sûr) déteste les chasseurs. Une jeune tireuse à l'arc qui aime passionnément son (riche) papa et la chasse. Deux personnages dont l'antagonisme de classe et de valeurs amène une réflexion intéressante sur la chasse et le rapport de l'homme à la nature. Toutefois, une réflexion rendue un peu agaçante par l'anthropomorphisme — Charles, le lion, pense — et quelques clichés auxquels s'ajoute une impression de déjà vu avec Animal de Sandrine Collette.

Néanmoins Colin Niel nous embarque dans deux traques impressionnantes. Et dans sa volonté d'éviter le manichéisme, pendant tout son récit regarde des deux camps. Ainsi les anti chasse tel Martin le garde ne sont pas exempts d'excès et les défenseurs des animaux, comme les ours réintroduits dans les Pyrénées accusés par les bergers de tuer leurs bêtes, voient leurs arguments invalidés en Afrique alors qu'un lion namibien tue chèvres et vaches et menace à terme les populations. La vie des hommes, plus précieuse que celle des fauves, justifie évidemment l'élimination des animaux tueurs.

Pour ce qui est du militantisme en faveur du respect de la nature on ne peut que suivre Colin Niel surtout quand, d'une écriture fluide avec une vraie tension allant crescendo, il nous immerge dans une nature pyrénéenne et namibienne magnifique.

« Cannelle, c'était la dernière ourse de souche purement pyrénéenne, la mère de Cannellito, qu'elle avait eu avec Néré, un mâle slovène réintroduit qui depuis avait quitté le Béarn pour les Pyrénées centrales. L'histoire de sa mort, je la connaissais comme tout le monde dans la vallée, comme les collègues. Ils étaient six. Six chasseurs de sangliers »
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Une fois encore, Colin Niel nous transporte ailleurs...
Une fois encore, il étaye ses propos par une documentation riche et je ressors de cette lecture, plus instruite .
( Plus instruite sur un sujet qui au départ, ne m'intéresse pas, à savoir la chasse ).
Seulement voilà, j'ai entendu Monsieur Niel à la radio, expliquer qu'avant de commencer ce livre, il a passé du temps avec des professionnel des parcs nationaux , avec des anti-chasse et aussi... avec une chasseuse de gros animaux. Une de celles qui vont claquer du pognon, en Afrique pour assouvir je ne sais quelle pulsion meurtrière en abattant un lion, ou autre animal magnifique en voie de disparition...
Et il en parlait tellement calmement , et il a dit qu'il avait essayé de ne pas prendre parti en temps qu'écrivain, en concentrant sur le personnage tous les défauts du monde , que je me suis demandée comment il avait réussi ... du coup j'ai eu envie de lire ce roman ( que de toute façon j'aurai lu, vu que depuis "Seules les bêtes", je tiens cet auteur en grande estime, et que je lis tout...).

Et Colin Niel continue d'explorer les mêmes maux, les mêmes méandres de l'âme humaine, le même effet domino...
Il nous parle de nous, habitants des pays riches , et de l'effet dévastateur que peuvent avoir nos décisions, nos "hobbies", notre confort, notre richesse, sur le reste du monde , en l' occurrence , l'Afrique. Et comment parfois, ça nous "pète" à la gueule...

- Parce qu'elle vient d'une famille riche , parce que son papounet d'amour l'aime à la folie, et qu'il est persuadé qu'elle est la meilleure chasseuse du monde , Apolline se voit offrir pour ses 20 ans, un billet d'avion pour la Namibie et un lion qui va avec...
Tel un vulgaire sac à main, Apolline, aura comme cadeau d'anniversaire, le droit , l'immense honneur et privilège de tuer un lion !
[ Oui, vous avez bien lu...Si mes souvenirs sont exacts, c'est 50 000 €, plus pour un éléphant...].
- Parce qu'il est garde-forestier dans les Pyrénées, un peu revenu de tout, et surtout de la façon dont les politiques gèrent l'écologie, Martin est inscrit sur un site anti-chasse , et voit passer la photo d'Apolline devant son trophée mort, sur les réseaux sociaux. La chasse à la chasseuse n'a pas commencé, personne n'arrive à trouver son identité. Mais Martin n'a rien à perdre, Martin est à bout...
- Parce que le lion a tué quatre-vingt-treize chèvres de son berger, de père et les a, ainsi, condamné à la pauvreté. Parce que cela le ferait bien voir du père de sa dulcinée. Pour toutes ces raisons, le jeune Kondjima, aimerait tuer CE lion , et pas que cet honneur revienne à la française très riche qui vient d'arriver, et qui a toute une équipe à son service pour l'aider à pister le lion.
Les riches et les pauvres. Les puissants et ceux qui ne sont rien. Ceux qui ne pèsent pas lourds dans la balance des décisions, qu'ils soient d'ici ou d'ailleurs.
Le chaud et le froid. L'Afrique et les Pyrénées...
Les chasseurs qui tuent par plaisir et caprice et ceux pour qui, c'est une question de survie .
Les politiques, les écologistes , les chasseurs, les anti-chasse, et la façon dont tout ce petit monde cohabite, entre en interaction, se déteste, ou est forcé de coopérer...
Et l'effet domino.
Colin Niel est très fort en démonstration de l'effet domino. Un virtuose...
Et une fois encore, son livre, m'a touchée en plein coeur...♫ Bang Bang...♫
Apolline , je la déteste...
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Une nouvelle expérience audio, pour un roman choral, lu par plusieurs interprètes. C'était pour moi la première fois et j'ai beaucoup aimé que des voix différentes soient associées à chacun des intervenants dans ce roman. Cela met en valeur cet aspect roman choral que j'adore quand il est bien maitrisé ce qui est le cas ici.

Le roman se déroule sur deux temporalités, séparées de quelques semaines. on assiste d'une part au séjour en Namibie d'Apolline et son père, venus chasser un lion. En Namibie où vit Kondjima, jeune Himba. Celui-ci n'a rien pu faire quand le troupeau de son père a été décimé par un lion, celui-là même que la française doit tuer. Mais Kondjima ne l'entend pas ainsi : ce lion c'est lui qui doit le tuer pour devenir un bon parti au village.

Et , d'autre part, quelques semaines plus tard, dans les Pyrénées, Martin, garde dans un parc national, écume de rage devant la photo d'une jeune fille armée d'un arc devant le cadavre d'un lion. Il est anti-chasse et milite au sein d'une association qui, après enquête, livre les chasseurs à la vindicte des réseaux sociaux. Mais cette photo va devenir pour lui une affaire personnelle. il enquêtera seul.

J'ai beaucoup aimé ce roman, maitrisé de bout en bout tant dans le passage d'une temporalité à l'autre que dans les relais entre les différents interlocuteurs, le quatrième étant le lion, auquel l'auteur prête une réflexion humaine, ce qui est toujours sujet à caution, mais qui ici ne prend pas trop d'importance et ne m'a pas choquée.

Un mot d'abord sur le texte en lui même et l'écriture de l'auteur que je ne connaissais pas. Cette écriture met magnifiquement en valeur les paysages splendides de Namibie et des Pyrénées, et la voix des lecteurs ajoute encore à cette beauté. Je n'ai jamais trouvé ces descriptions trop longues, et pourtant l'écoute ralentit le rythme d'avancée dans le roman.

Deux camps qui s'affrontent dans ce roman , les chasseurs et les anti-chasses, deux camps personnifiés par Martin et Apolline. L'auteur évite avec intelligence tout manichéisme dans la description des chasseurs, livrant avec Apolline le personnage le plus nuancé du roman. Je ne suis pas parvenue à la détester, et pourtant, je ne peux m'imaginer tirant sur un animal, quel qu'il soit.
Et c'est Martin qui dans son rôle de défenseur de la nature se montre le moins capable de recul et de finesse dans son analyse de la situation.
Le rapport de l'homme et de la nature s'enrichit d'une troisième dimension par la description de la vie en Namibie, d'un coté les villageois qui dépendent de leur bétail pour leur survie, et pour lesquels un lion tueur est une catastrophe, de l'autre les relais de chasse où certains trouvent un travail plus rémunérateur.
Et en toile de fond, que ce soit en Namibie ou dans les Pyrénées, le dérèglement climatique, sécheresse d'un coté, froid et chutes de neige tardives de l'autre.

Un roman fort, d'un auteur que je découvre.
Et je me réjouis quand je lis que celui-ci n'est pas son meilleur ...
Merci à NetGalley et aux édition Audiolib #Entrefauves #NetGalleyFrance
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Martin est garde au parc national des Pyrénées. Il est convaincu que Cannellito, le dernier ours issu de la race pyrénéennes, dont on ne trouve plus trace depuis des mois, a été abattu par des chasseurs. Martin leur voue une véritable haine et n'a de cesse de les dénoncer sur les réseaux sociaux.
Pour ses vingt ans, Apolline a reçu en cadeau un arc de chasse et le droit d'abattre un vieux lion en Namibie. Un jour sa photo apparaît sur le net aux côtés d'un fauve abattu.
Komuti est berger avec son père en Namibie. le jour où un lion détruit leur troupeau, le jeune homme se jure d'avoir la peau du prédateur.

Autour de ces trois personnages, trois types de chasseurs, Colin Niel a construit un roman choral où chacun détient une partie de la vérité et croit connaître la suite, largement fantasmée. L'intrigue propose donc de nombreuses surprises qui s'éloignent du chemin attendu. Elle ne propose pas véritablement un suspense. On est plus dans un roman noir où l'on devine que les protagonistes ne sortiront pas indemnes de leurs aventures.
Les personnages ont du caractère, de la volonté, mais manquent parfois de discernement, en particulier dans les moments clés. Cela les conduit à commettre des erreurs dont les conséquences seront parfois dramatiques.
L'écriture de l'auteur est toujours aussi percutante : un style léger, facile à lire ; un bons sens du rythme, porté par des rebondissements judicieusement placés ; et surtout les changements de points de vue et de temporalités que permet le roman chorale.
Néanmoins, je suis un peu déçu. C'est le cinquième roman de Colin Niel que je lis, et j'ai trouvé que celui-ci avait moins de souffle que les précédents, un peu comme si l'auteur s'aventurait sur des sujets qu'il maîtrise moins bien...


Lien : http://michelgiraud.fr/2023/..
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Martin est d'abord un garde forestier de parc national dans les Pyrénées. Mais il est aussi l'animateur d'une page Facebook, qu'il gère de façon anonyme, et dont le but est de dénoncer les chasseurs du monde entier, qui ont l'audace ou la bêtise de publier des photos d'eux devant leurs trophées.

Car Martin est avant tout un amoureux de la nature et des animaux. Surtout de ceux qui sont en voie de disparition, comme Cannellito, dernier plantigrade avec un peu de sang pyrénéen, dont il n'a malheureusement plus détecté la présence depuis un an et demi maintenant.

Il est ainsi persuadé de la mort de l'ours en question, ce qui le rend aigri et désabusé au travail.

Il se réfugie ou compense cette frustration par ses chasses à l'homme sur sa page Facebook.

Et dans ce cas précis, une chasse à la femme, car il s'intéresse de près à cette jeune fille blonde dont la photo en compagnie d'un lion africain abattu, tourne sur la toile, mais dont il ignore tout.

De défenseur des animaux, il va progressivement se transformer et se lancer dans cette chasse qui pourrait bien être aussi absurde et dangereuse qu'une chasse au lion.

A mon avis :
Comme dans d'autres romans de Colin Niel, nous voici entrainés dans un récit qui passe alternativement d'une zone géographique à une autre. Au cas présent, de la Vallée d'Aspe dans les Pyrénées, là où Martin travaille à la conservation des derniers ours, jusqu'au désert Namibien du Kaokoland, où ce lion sera traqué par cette jeune fille blonde dont la photo tourne sur le net.

Et comme à son habitude, l'auteur nous ouvre les portes de son univers par des aller-retours, de chapitre en chapitre, entre l'une et l'autre.

Progressivement, on avance dans chacune des deux histoires, qui finiront par se rejoindre pour en former une troisième.

C'est bien amené et c'est aussi assez surprenant. Si bien que de fil en aiguille on ne voit pas les pages se tourner et on est très vite au bout de ce roman.

L'écriture est maitrisée et j'ai aimé la progression de cette histoire, dont on ne devine que peu de chose avant l'heure.

Les descriptions des personnages sont claires et précises, permettant une immersion en profondeur dans le récit, qui amène à réfléchir sur la nature de l'homme et la certitude de sa supériorité sur l'animal, pourtant fragile parfois, et qui l'amène à détruire la faune sauvage inexorablement.

De manière assez originale, l'auteur donne également la parole au lion, mais sans que cela ne soit grotesque ou enfantin, au contraire c'est bien fait et renforce notre imprégnation.

Un livre qui sort de l'ordinaire et qui est, avec la tension qu'on ressent dans le dernier tiers, plutôt plaisant.

Retrouvez d'autres avis sur d'autres lectures sur mon blog :
https://blogdeslivresalire.blogspot.com/
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-Charles, c'est le lion de la couverture, sérieux, imposant, un mâle alpha à la crinière noire qui a été chassé de son clan par les mâles plus jeunes revendiquant les femelles (c'est la vie) et vit seul, en attaquant les troupeaux : c'est lui le vrai héros du roman, qui ouvre et ferme le propos.

-Martin, gardien de parc national dans les Pyrénées est un fanatique anti-chasse, ou pour mieux dire antihumain, puisque pour lui ce sont les hommes qui déciment des espèces entières, dont la dernière ourse, Cannelle, dans les Pyrénées et dont il cherche avec rage le fils, Cannellito. Avec rage, malgré les avis de ses collègues qui voudraient bien le voir se calmer. Il entretient sa haine des chasseurs en consultant des sites dénonçant leurs pratiques, quand arrive sous son nez la photo d'une femme blonde, un arc à la main et un lion mort.
Il cherche, éperdu, et trouve cette femme tout en voulant la jeter dans la jungle des réseaux sociaux, qui la lyncheront à coup sûr.
Martin appelle ça « un flagrant délit de meurtre », une psychopathie. Une meurtrière qui de plus se fait photographier, avec son trophée, un animal en voie de disparition !


-Apolline avait reçu en cadeau pour ses 20 ans la chasse d'un lion (la vie d'un lion), en l'occurrence Charles.
Et un arc.
Pourquoi ce cadeau, et pourquoi accepte-t-elle ? le Ministère Namibien déclare le lion Charles nuisible, « problématique » après les plaintes des éleveurs de chèvres, et s'il est possible de se faire de l'argent au passage, au lieu de l'empoisonner, mieux encore. Il est question de beaucoup d'argent, cela tombe bien, le père de la jeune femme est pourri de fric, adorant sa fille et de plus un gros plouc.
Pourquoi accepte-t-elle ? Voilà à mon avis le point faible du récit, elle ne doit pas être très futée, répétant constamment « My god » et « en vrai » ; elle fait les choses pour faire plaisir à son père, ceci n'expliquant tout de même pas qu'elle accepte de tuer un fauve, qu'elle imagine être « son lion ».
« Tu vas les bluffer, les chasseurs de Namibie, » lui dit son abruti de père.
Question : devient-on une tueuse d'animaux sauvages pour faire plaisir à son père ? Quand elle a dix ans, elle a déjà eu le bonheur de tirer sur un animal, et en a reçu le frisson (dans le dialecte des chasseurs, cet acte s'appelle prélever).

-Hondjima, un Himba, amoureux, voudrait lui aussi tuer Charles, pour mériter sa belle et venger son père qui a perdu toutes ses chèvres en une seule nuit, exterminées par Charles. Il veut venger son père, mais, à la différence d'Apolline, il a résolu son complexe d'Oedipe, il sait que le père, ruiné, avait fait de mauvais choix et se contente « d'attendre les indemnités promises par le ministère, en compensation de ses pertes. » Il sait aussi qu'il lui faut autant de courage que ses aïeux en avaient pour se mesurer à un lion.

Avec ces personnages, en employant un chassé-croisé des évènements, entre le mois de mars et d'avril, Colin Niel nous fait visiter le pays des Boshimans, les tresses des femmes, leurs habits, leur manière de se peindre le corps et les cheveux en ocre, leur coquillage de poitrine et leurs bracelets et colliers divers. Il nous présente deux mondes géographiquement opposés, les Pyrénées et la Namibie, avec chacun leurs idéologies : les premiers, conserver les ours autochtones, sauf que le dernier « survivant » que Martin cherche, est introuvable, les deuxièmes, se débarrasser d'un prédateur, le lion Charles.
Le tout, sur fonds de réchauffement climatique, qui prend des allures meurtrières avec la sécheresse en Afrique, et l'appel pour les deux civilisations aux traditions (même si les conditions sont bien différentes, les uns chassant pour survivre, les autres comme passe-temps coûteux).

Ne nous fions jamais à Colin Niel : il expose une situation, et la renverse avec délectation. Nous aussi, bien entendu, prenons plaisir à ce renversement, d'autant que
tous les éléments sont mis en place : le fanatisme d'un écolo qui a au départ raison, la monstruosité de cette jeune ingénue sous la coupe de son père (pour ne pas dire amoureuse de son père !), la sincérité de Hondjima voulant que sa belle l'épouse, car ce sont les hommes qui donnent la dot et seul un acte héroïque pourrait convaincre le père, lui aussi assez riche et enfin, Charles, puissant, résilient, un seigneur sanguinaire dont tout le monde veut sa peau.
Comme, génialement, l'auteur nous a présentés ses personnages sans prendre parti pour l'un ou pour l'autre, nous avançons dans la lecture comme dans une brousse où nous nous efforçons d'apercevoir une crinière noire et deux yeux brillants…avec la difficulté que c'est de suivre la traque en ayant peur et pourtant un peu de longueur sur la fin (vlan, une étoile en moins).
Non, allez, cinq, pour le voyage, et le lyrisme de l'écriture.
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Prologue


1er février 2021 (Onee)
Tout commence avec Charles, le noeud central qui va cristalliser sentiments et problèmes. Notre première rencontre est fulgurante :


« 30 mars (Charles)
(…) L'heure était venue de faire face aux hommes, leurs silhouettes de bipèdes dressées dans le crépuscule comme des arbres en mouvement ».


1er février 2021 (Onee)
Il sont bien Entre fauves mais il est seul contre tous. Il n'a aucune chance.


« 30 mars (Kondjima)
- Oui, sauvage, c'est comme ça qu'ils disent. C'est ça qui les fait rêver. S'ils dépensent autant d'argent pour venir chasser chez nous, c'est parce que chez eux ils ont déjà tué tous les animaux, tu vois. Avant, là-bas, il y avait des loups, des ours, mais maintenant il n'y a plus rien, juste des villes et des immeubles. »


1- Identifier sa proie


« 16 avril (Martin)
(…) Ils occupaient le quotidien de nos gosses, fiers comme des seigneurs dans les Walt Disney, doux comme des nounours sous les couettes bariolées. Les gamins, ils les pensaient immortels, ces félins d'exception. Mais la vérité, c'est que sur cette terre, que l'homme n'a pas fini d'abimer, il existait plus de lions en peluche que de lions vivants. »


2 décembre 2020 (Onee)
Dès que mon regard a accroché le sien en couverture, j'ai su que je lirai ce livre.


« 15 avril (Martin)
(…) Une photo différente de toutes celles que j'avais vu jusqu'à présent. Elle était prise de nuit, au flash. Au premier plan, il y avait une jeune femme blonde, le buste coupé au niveau du ventre, qui tenait un arc de chasse à bout de bras. (…) Derrière, on devinait un paysage de savane africaine, embroussaillée. Avec un énorme cadavre de lion. Un mâle, la crinière noire, un beau trophée comme dissent ces sauvages. »


24 août 2020 (Onee)
Après des années à penser bêtement que les livres parlant d'animaux sont ennuyeux, j'ai eu envie de lire le Lion, de Joseph Kessel. Je l'ai trouvé sublime et bouleversant : l'histoire passionnante, les personnages - dont le Lion - ultra bien rendus, la plume attachante. Bref, un presque coup de coeur qui m'a marquée profondément.


Et cette question qui, depuis, ne me lâche plus : pourquoi chasser et tuer des animaux, qu'on trouve par ailleurs magnifiques, lorsque ce n'est pas pour survivre ?


« 15 avril (Martin)
(…) Parce que l'histoire des hommes, c'est surtout ça. L'histoire des hommes, c'est une défaunation à grande échelle, des deuils d'animaux à n'en plus finir. »


2- L'approche


2 décembre 2020 (Onee)
Il faut que je sache. Que je comprenne pourquoi. Alors j'achète ce livre.


1er février 2021 (Onee)
J'avais tellement hâte de plonger dans cette histoire, d'approcher ce lion, de comprendre ce qui se passe dans la tête des hommes qui font ça ! Alors dès le départ la construction me plaît, parce qu'elle permet de se glisser dans la peau de chaque partie prenante : Charles, le lion qui va être chassé, Kondjima, le villageois africain qui veut sa mort malgré l'interdiction de tuer cette espèce en voie de disparition, Apolline, l'étudiante de vingt ans à qui son père offre une chasse au lion à 50.000 dollars pour son anniversaire ; et Martin, gardien des parcs naturels dans les Pyrénées, scandalisé par la disparition des espèces, animateur d'un site internet dénonçant les chasseurs milliardaires qui posent avec leurs trophées morts sur les réseaux sociaux…


La narration repose sur chacun de ces personnages. A chaque changement de chapitre, un personnage différent, mais aussi une date différente. Tantôt avant la date fatidique, tantôt après. Si on croit connaître le drame intervenu entre temps, le noeud du problème qui va entrainer une fin que l'on sent tragique, on se rend compte, en démêlant le récit avec les témoignages antérieurs, que ce n'est peut-être pas aussi simple que prévu.
Un récit tout sauf linéaire, et qui pourtant reconstitue à merveille le drame qui est en train de se jouer sous nos yeux fascinés.


« 26 avril (Martin)
(…) de Fuckleschasseurs : On devrait organiser une chasse et lui faire subir la même chose à cette femelle. »


« 24 mars (Kondjima)
(…) C'est ce qu'on appelle un « problem animal » : un lion qui a causé trop de dégâts sur les troupeaux et que le gouvernement autorise donc à « prélever ». Moi-même j'y croyais à peine : les lions du désert, les écolos veulent pas qu'on y touche »


« 13 mars (Kondjima)
(…) Tu verras, ton père acceptera que je t'épouse (…) Ce lion qui lui a pris une vache, c'est moi qui vais le tuer ».


« 17 mars (Apoline)
(…)  - Joy-eux anni-ver-saire Apo !!
Il y a au moins trente personnes. Je les regarde tous, des larmes de joie dans les yeux »


3- La traque


2 février 2021 (Onee)
Plaçant mes empreintes dans celles des personnages, je comprends la psychologie qui les anime, les péripéties qui les ont chacun amené là où ils en sont, et à faire ce qu'ils vont faire…


Un lion magnifique qui s'effondre dans le bush africain.
Traqué par un jeune africain du village dont il a mangé toutes les chèvres.
Poursuivi par une riche chasseuse braconnière dont il est le cadeau d'anniversaire.
Elle-même la cible de fervents défenseurs des animaux, issu d'un Béarn où les ours, chassés par les braconniers, ont disparu, qui ont très envie de lui faire subir ce qu'elle fait subir à ses proies pour son unique plaisir…


« 18 avril (avec Martin)
(…) - Moi je ne savais pas du tout qu'elle chassait, en fait. C'est un ami qui m'a dit ça. Il paraît qu'aux vacances de Pâques, elle était partie en Afrique du Sud avec ses parents. Tuer des gazelles, ou un truc dans le genre. J'avais trouvé ça sinistre comme passion, mais bon… »


2 février 2021 (Onee)
Tandis qu'on en apprend plus sur nos chasseurs de fauves, la traque de la tueuse de lion par les internautes continue, distillant un suspense permanent et régulier, comme un compte-gouttes.
Et plus va, plus la traque de notre gardien des parcs devient… personnelle.


« 24 avril (Martin)
(…) J'avais envie d'en savoir plus sur elle, de comprendre ce qui pouvait bien se passer dans la tête d'une fille comme celle-là, capable d'être gentille avec les vieux cathos de Lourdes, puis d'aller tuer un lion avec son arc comme si c'était un passe-temps comme un autre. 
(…) J'ai regardé les livres de sa bibliothèque, pour me faire une idée de ce que pouvait bien lire une fille comme elle »


3 février 2021 (Onee)
Tandis que Martin traque Apolline dans sa vraie vie, nous glanons des informations sur son vécu de chasseuse… Par ce procédé, l'auteur nous place nous aussi dans la position du traqueur d'information qui, une fois toutes les données réunies, décidera ce qu'il ferait à la place de Martin ou, en tous cas, s'il juge Apolline (physiquement ou moralement) coupable ou non.


Mais en attendant, Martin ne se place-t-il pas lui-même dans la peau de celle qu'il condamne…?


4- La mise à mort


4 février 2021 (Onee)
Je viens à bout de ce livre, où toutes les ambitions, les haines, les hâtes, se rejoignent enfin.
Alors qui va vivre ? Qui va mourir ? Qui sera la bonne surprise, et qui la mauvaise ?
Trouvera-t-on un sens à tout cela ? Apprendra-t-on à moins juger sans connaître ? A moins tuer sans nécessité ?


J'aimerais vous dire que oui… Mais vous devrez le lire pour le savoir.


« 2 avril (Apolline)
(…) En Afrique, la vie avait moins de valeur que chez nous ».


5- le rituel


6 février 2021 (Onee)
J'écris ma critique, qui coule toute seule comme à chaque fois que j'aime un livre. Des flash de lecture me reviennent, des mots qui claquent, des flèches qui montrent. des balles. Perdues.


A part le prologue qui annonce une crise sérieuse, les situations de chacun s'installent doucement et de manière assez légère.Puis les trois traques se rejoignent en même temps ; Alors le rythme s'intensifie, plus de temps mort, on ne lâche plus le livre. le suspense s'accélère de manière palpable, après nous avoir baladé entre toutes ces vies.


Même si on ne cautionne pas certaines attitudes, on ne peut que déplorer l'effet miroir des réseaux sociaux qui les reflètent, c'est à dire d'abord les montre sous des angles forcément incomplets puis, le comble, les reproduisent eux-mêmes : Ils jugent des apparences et reproduisent ce qu'ils condamnent, encouragés par le phénomènes de masse.
Des attitudes qui devraient inviter à une autre sorte de réflexion…


Epilogue


Une lecture plaisir sous ses faux airs de polar ! Mais méfiez-vous des avis babélio qui font 5 lignes, l'un d'eux révèle la fin et vous n'aurez plus du tout le même tension et la même envie de savoir, qui font le sel de la construction que l'auteur s'est escrimé à monter…


Le seul bémol qui demeure pour moi, en refermant ce livre, c'est que je ne suis pas parvenue à réellement comprendre la passion et la motivation de ces chasseurs de trophées. Surtout en l'occurrence, alors qu'ils s'extasient devant la beauté de ces espèces en voie de disparition… Mais comment justifier l'injustifiable…? Il est magnifique, c'est incroyable, je vais le tuer…?


« 2 mai (…)
L'instinct de survie, allait dire mon avocat quelques semaines plus tard, plaidant la légitime défense. Ou l'instinct de chasse, peut-être. »


11 février 2021 (Onee)
Serait-ce partout simplement ça, la chasse : le plaisir de traquer et de tuer, n'importe où, pour se sentir (artificiellement) plus fort que l'animal ?
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