AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,15

sur 1023 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une randonneuse disparaît, mystérieusement avalée par le causse, là où ne subsistent plus que quelques fermiers isolés, seuls avec leurs bêtes dans une vie de labeur ingrat qu'ils sont les derniers à n'avoir pas fuie. L'enquête piétine. Pourtant, plusieurs personnes qui se savent liées à l'affaire en sont à tirer discrètement leurs conclusions personnelles, à la lumière de leurs secrets respectifs. Il leur manque toutefois la pièce principale du puzzle, cachée bien loin de leur bout de terre oublié.


Au village, où superstitions et vieilles histoires ne demandent qu'à revivre, les langues vont bon train, mais ceux qui savent, ou croient savoir, se taisent. Ils sont cinq, suffisamment embarrassés pour n'avoir aucune envie de s'épancher auprès des gendarmes, à connaître chacun un aspect de la tragédie sans pouvoir tout s'expliquer. A travers leurs récits, qui, un à un, nous font pénétrer au coeur de leurs propres drames à défaut d'élucider tout de suite celui de la disparition, revient, en lancinant leitmotiv, une effroyable solitude, vécue au sein de couples bancals, ou, le plus souvent, au seul contact de leurs bêtes par ces fermiers veufs ou restés célibataires, accrochés comme les derniers des Mohicans à une terre désormais si peu nourricière qu'elles les usent jusqu'à la corde de la pendaison, s'ils ne finissent pas un jour par partir à leur tour. Alors, avant que cet isolement ne les terrasse tout à fait de désespoir et de folie, tous tentent de faire face à leur façon, cherchant l'amour et l'affection là où ils le peuvent, ou bien là où certains les emmènent…


Habilement construit autour de personnages campés en profondeur, le récit fait aisément oublier une ou deux improbabilités pour nous emporter au bout de la curiosité, vers un dénouement plein de surprises et non dénué d'humour. Si la tension ne faiblit jamais, rendant le texte addictif de bout en bout, ce sont la qualité des portraits et la restitution du désespoir de ces petits agriculteurs, écrasés de travail et de solitude pour survivre à peine, avant la très ironique description de l'exploitation de cette détresse par d'autres plus misérables encore, profitant autant qu'ils peuvent de leur emprise jetée par-dessus les continents, qui sortent définitivement du lot ce roman choral noir, quasi sociologique.


Une histoire que n'aurait sans doute pas reniée Franck Bouysse, et qui, du coup, m'a volé mon coup de coeur, tant je m'y suis prise de nostalgie pour la plume de cet autre auteur. Pourtant, dans un style très différent, celle de Colin Niel brille agréablement de justesse et de malice.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          9111
Un roman choral, un chant à cinq voix , mais aussi un champ sans voie de secours et truffé de voies de garage.

Voici un polar rouergat formidablement construit qui plus est , et qui ne recourt pas aux cinq voix comme le font la plupart des romans choraux, par un artifice de construction qui n'est qu'un changement de point de vue ou de style, histoire de divertir le lecteur.

Un vrai roman choral, construit au petit poil, où les énergies circulent de vide en vide et finissent par souffler un vent terrible, ravageur.

Un vent tueur. La tourmente, dit-on sur le Causse - ou dans mon Aubrac sous la neige.

C'est bien de tourmente -et de tourment- qu'il s'agit, de ce vent rageur qui dresse des congères, torture l'esprit et ronge le corps, et fait sentir si cruellement la solitude , le vide d'une existence qu'il engendre le fantasme, attise la folie, pousse au crime...

Alice, Joseph, Maribé, Armand, Michel: cinq coeurs perdus en quête de l'âme soeur qui , enfin, justifierait leur existence, , qu'ils soient des villes ou des campagnes, des hauts plateaux du Causse ou d'une ville africaine pleine de poussière et de rumeur, qu'ils vivent au milieu des bêtes ou au milieu des ...brouteurs - ces arnaqueurs qui tissent leur toile sur celle du web.

Alice, Joseph, Maribé, Armand, Michel : cinq héros de l'ultra-moderne solitude.

Colin Niel excelle à faire parler ces esseulés , à croquer leurs tics de langage ou de pensée - les "bref" d'Alice la loquace "travailleuse sociale" qui travaille tant au lien social qu'elle passe à côté de chacun de ses proches , le miel maladroit du jeune Armand, "faroteur" apprenti d'un bien dangereux courrier du coeur, qui poisse ce grand naïf de Michel, si désespéré, et soudain si lucide, l'hyper sensibilité aux bruits, crissements, craquements, frottements, de Joseph, toujours aux aguets dans le silence de sa bergerie hantée, le soliloque passionné et border line de Maribé, dans le tic-tac de sa machine à coudre.

Dans de grands paysages majestueux et indifférents, Niel met tout son art à croiser leurs traces, pour le meilleur et surtout pour le pire...

Une vraie réussite!
Commenter  J’apprécie          637
Dans les Causses, ça cause pas trop...ça rumine.
Pour faire face au risque de suicide des paysans
les assistances sociales déboulent dans le paysage en friche.
Elles font ce qu'elles peuvent pour aider les fermiers en détresse.
Alice, un peu plus que les autres,
bien que mariée à Michel qui tient leur ferme comme un coq
elle le cocufie avec le dépressif Joseph qui sent la chèvre.
Mais c'est un fait divers, la disparition inquiétante d'Evelyne Ducat
une bourgeoise qui aime faire de la rando en solitaire
qui tient le village en haleine.
Une enquête est ouverte, les bouches... fermées
A partir de cinq sons de cloches bien différents
Colin Niel construit un bon roman noir rural choral
qui dépasse les cornes, les bornes et les frontières....
Seules les bêtes mérite bien tout le le foin fait autour !
Commenter  J’apprécie          480
Une lecture inhabituelle que ce roman policier; un genre que je ne lis quasiment jamais !!

Les impulsions d'achat ont parfois des voies impénétrables !!!

Là, le déclic fut des plus imprévus et insolites... Fouinant dans une librairie de ma ville, je me suis dirigée vers la caisse où la personne en fonction était plongée dans un ouvrage dont la couverture a attiré mon regard... J'ai questionné la caissière qui m'a exprimé l'agréable surprise que ce policier.... la variété des personnages, le lieu inhabituel de l'intrigue: un coin
reculé des Causses...

Je me suis laissée tentée... et je ne le regrette pas: un polar, certes mais qui se passe dans le monde rural, et paysan. 5 personnages qui racontent leur quotidien, leur existence, leurs déceptions ainsi que leurs rêves , et qui d'une manière plus ou moins directe ont croisé la fameuse Evelyne Ducat, bourgeoise et femme de la ville qui a réintégré cette province à l'écart, avec un gars du cru qui a réussi...Celle-ci a subitement disparu....et le mystère s'épaissit progressivement... il ne s'éclaircira qu'aux tout derniers moments...

4 personnages qui se racontent, le cinquième casse le rythme du récit et augmente le suspens,il est africain,plein de ruses pour faire des
coups et survivre...Son récit est plein de gouaille...et de mots de là-bas !!
Il se retrouve, à des milliers de kilomètres, lié de façon insolite avec un de nos personnages , Michel ,paysan qui a repris l'exploitation de son beau-père et épousé la fille, Alice.

[Cette dernière est assistante sociale de profession, aidant entres autres , les agriculteurs, en difficulté ainsi que trop isolés..., mais son propre couple ne va pas fort ...]
Je n'en dirai pas plus... pour conserver le suspens, dans son entier....de très belles descriptions des paysages, de cette terre des causses, et beaucoup de finesse dans l'étude des différents personnages !

Un vrai polar... où il est aussi question de la solitude intense des personnages; hommes, femmes du monde rural ou paysan...qui vivent dans ces paysages particuliers des causses...

"J'aimais ces petites attentions qu'il avait à mon égard, comme si recevoir une femme dans cette maison reculée était un événement. ça me donnait de l'importance. (...)Je trouvais ça tellement dommage ce paysan tout seul, célibataire faute d'avoir trouvé celle qui allait accepter de partager cette vie d'éleveur de brebis. Parce que je le voyais bien: si mon travail a finalement porté ses fruits, si peu à peu j'ai senti qu'il sortait de l'ornière où il s'était enfoncé, qu'il reprenait la main sur son cheptel, à aucun moment, je n'ai vu disparaître cette douleur qui lui brûlait le fond des yeux.
Joseph, c'était un homme que l'isolement avait cassé. " (p. 20)




Commenter  J’apprécie          472
Le polar n'est pas mon genre de prédilection. Je crains trop l'intrigue entretenue artificiellement sur des centaines de pages et dévoilée dans les dernières lignes. Aussi, ce sont bien les critiques favorables sur Babelio qui m'ont incité à faire l'acquisition de Seules les bêtes de Colin Niel. Un polar régional dont l'horizon s'élargit au fil des chapitres. Mais il ne faut pas trop en dire, sur l'intrigue. C'est d'ailleurs la difficulté de parler d'un polar. Il faut rester sur des questions.

Et au final, ce polar dont le titre est somme toute assez loin de son sujet, je vais le gratifier de cinq étoiles. Il est de ceux qui pourraient me réconcilier avec le genre. C'est un ouvrage qui respire l'authenticité. A la fois tant pour traduire la nature des sentiments humains, que pour sa faculté à restituer le vocabulaire et le phrasé de milieux très différents dans lesquels se développe son intrigue. Ça sent le vécu.

C'est un roman à plusieurs voix, très moderne. Les mêmes faits relatés par les différentes personnes qui les vivent ne sont plus les mêmes. Voilà donc un auteur qui sait se glisser non seulement dans une culture locale dont il n'est pas issu, mais aussi dans la peau de personnages très différents. Mais n'est-il pas vrai qu'il n'y a sur terre que des personnages différents.

La construction est réussie. Le lecteur, qui devient toujours détective dans le genre, se laisse tenter par les évidences. Une affaire passionnelle banale ? Mais non. C'est au final assez simple, certes, mais pas banal. Parce que la vie des gens est le plus souvent comme ça. Il y a les apparences, ce qui se dit et ce que le mutisme recèle. C'est le plus important. La clé de tout.

Voilà surtout un ouvrage qui sait mettre en mots le mal être de personnes en butte aux maux de leur temps. La solitude, la pauvreté. Dans lesquelles il faut souvent chercher l'origine des méfaits qui sont commis. Ça n'excuse pas, ça ne justifie pas non plus. Ça explique.

Très bon polar. Original et passionnant.

Commenter  J’apprécie          34-4
La Solitude !

Qui a dit que ça n'existait pas ?

Eh! bien Colin Niel a des arguments très convaincants pour
nous en démontrer le contraire.

Les Causses "cette immense île plate où tiennent quelques naufragés" - le monde paysan, leur grande solitude qui mène bien souvent à la dépression et parfois, malheureusement, au suicide.

Il parle aussi de la solitude amoureuse, qui va confiner à la folie,

Une disparition inquiétante et inexpliquée, une enquête policière un peu compliquée dans un monde de taiseux,

La Solitude n'est pas une musique douce, elle est bien souvent sombre, douloureuse, oppressante et parfois désespérante.

Une solitude tellement prégnante, qui colle à chacun des protagonistes qui essaie tant bien que mal de trouver un dérivatif à cette angoisse qui les saisit,
et les fait basculer inévitablement.

Misère morale au coeur des hommes !

Commenter  J’apprécie          323
Chose promise, critique due...
Ça fait un bon moment que j'ai tourné la dernière page de ce roman de Colin Niel. J'y reviens rapidement parce que ça a été quand même un très bon moment de lecture.
Le roman choral a le vent en poupe mais tous ne sont pas une réussite, loin s'en faut... Pour que le choeur fonctionne, il faut un accord, une cohérence des différentes voix. Et c'est, entre autres, ce que réussit Colin Niel avec Seules les bêtes dans lequel chaque chant du choral a ses notes justes et donne un ensemble en harmonie.
Seules les bêtes est un roman de la tourmente. le récit de ce vent glacé qui saisit ces gens des Causses, qui vient mordre ce plateau perdu... La tourmente est aussi celles de ces corps et ces coeurs assoiffés d'amour, la tourmente des âmes solitaires, des coeurs mis à nu.
«Les gens veulent toujours un début», écrit Alice au début du roman. Mais où est le début ? Seules les bêtes est une spirale qui unit les protagonistes et leur histoire à leur insu. Les pièces du puzzle viennent prendre leur place au fur et à mesure révélant l'image finale d' un monde peuplé d'êtres noyés dans leur solitude.
La solitude... C'est peut être elle l'héroïne de ce polar rural. Cette solitude qui vous altère le jugement, qui vous masque la réalité, qui vous ferme les yeux...
Seules les bêtes est un récit noir de la terre, du silence des hommes , des fantasmes et des frustrations, des plaisirs éphémères et des douleurs tenaces...
Commenter  J’apprécie          283

Avec Obia, long récit de 500 pages situé en Guyane on avait fait la découverte avec la plume méconnue et d'une très grande qualité d'un certain Colin Niel, dont le roman avait d'ailleurs recu le grand prix du jury Quai du polar 20 minutes.

Un an après, et si le romancier ne peut plus concourir à ce prix, son nouveau roman "Seules les bêtes " nous a tout autant emporté que son précédent roman, dans un registre plus bref- moins de 300 pages- et situé ( pour une bonne parite) dans nos contrées hexagonales.


Après la Guyane, Colin Niel nous embarque en effet dans les Causses, au coeur de la France profonde et rurale.

Une femme a disparu. Les recherchent commencent. Certains accusent la tempête, souvent responsable de bien des morts dans le coin...

Cinq personnes racontent alors leur vérité, en dévoilant peu à peu LA vérité. Alice, Joseph, Maribé, Armand et Michel sont en effet tous reliés par la disparition d'Evelyne Ducat et vont prendre la parole, donner leur version des faits et faire avancer l'intrigue jusqu'à ce qu'elle prenne une tournure inattendue…

Niel y sonde dans ce dernier roman, avec une profonde intelligence et une belle finesse, la détérioriation des rapports humains : comment cette fracture s'est installée entre les individus, des frustrations s'y sont installés, des désirs inaboutis les ont transformé en victimes potentielles.

L'auteur réussit aussi pleinement à ausculter à la fois frontalement et en même temps avec un certain lyrisme, l'absence, le sentiment d'abandon, le délitement du sentiment amoureux, l'usure du couple.

Mais Seules les bêtes parle aussi de fort belle manière de la détresse d'une partie du monde paysan, celui qui est situé à l'écart de la mondialisation, de l'agitation des villes, et ses problématiques inhérentes comme la dépression, le burn out- qui ne se dit pas ainsi- ou le célibat forcé...

Quel beau et puissant sur la solitude et sur des hommes et des femmes en quête désespérée d'amour et quel magnifique roman choral, remarquablement construit, qui progressivement, comme les grands romans du genre, distille des indices importants mais pas suffisants pour construire un puzzle qui ne sera achevé qu'à la toute fin de la lecture.

D'une plume virtuose, Colin parvient à entremêler roman noir très réussi à l'intrigue très fine mais aussi chronique contemporaine à visée hautement sociale.

Juste après avoir lu Seules les bêtes, on a qu'une envie : se jeter sur les autres livres de Colin Niel, notamment Les hamacs de carton ou Ceux qui restent en forêt, qui doivent être aussi magistraux que ce dernier roman.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          280
Le point fort de ce roman est l'originalité de sa construction. 5 chapitres, 5 personnages et points de vue différents autour d'une même histoire : la disparition d'une femme.
Une intrigue bien ficelée.
Commenter  J’apprécie          261
Dans ma PAL depuis longtemps, je ne me souvenais plus vraiment pourquoi je l'avais ajouté.
Je découvre une écriture intéressante avec un décor dans le causse hivernal qui s'impose comme un personnage de plus. le froid, l'isolement, le désespoir, la solitude de chacun.
Le découpage du récit en 4 parties, 4 personnages, 4 narrateurs permet de maintenir le mystère et de dévoiler progressivement les raisons de la disparition d'Evelyne Ducat.
Lors des deux premières parties j'ai pensé à Delphine Jubilar (son mari a-t-il lu Colin Niel ? Ce récit lui a-t-il donné des idées ?). Une disparition, un corps, une enquête. Chaque personnage cache un secret qui amplifie leur isolement.
La partie sur Armand m'a laissé un goût de déjà lu mais je ne parviens pas à me souvenir quand ?
Bref un livre qui se lit vite, plutôt bien écrit mais qui manque de quelques choses. le découpage qui isole les personnages nuit au dénouement qui tombe un peu à plat.
Cela dit je suis curieuse de découvrir un autre roman de l'auteur car le changement de narrateur est très réussi dans le style.
Commenter  J’apprécie          220





Lecteurs (1899) Voir plus



Quiz Voir plus

Seules les bêtes

Pour qui Alice va-t-elle avoir des sentiments autres que sont mari ?

Michel
Armand
Maribé
Joseph

5 questions
10 lecteurs ont répondu
Thème : Seules les bêtes de Colin NielCréer un quiz sur ce livre

{* *}