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Critique de LoupAlunettes


Peut-on rêver une vie plus ingrate, pourrait-on penser ?
Non content de ne pas être populaire, voire le souffre-douleur de trois brutes épaisses de son collège, il faut aussi que « le grand barbu », celui qui nous veille de là haut selon les croyances populaires, vous est gratifié d'une allergie aux arachides, ce qui pourrait être mortel lorsque ce glisse une demi-cacahuète dans votre sandwich. Ayant perdu le round contre ses deux tartines de pain mortellement améliorées par les trois âmes peu gâtée par l'intelligence, le pauvre Ambrose finit par ne plus quitter le domicile et est inscrit aux cours par correspondance. Foi de maman, il n'y aura plus d'incidents, d'accidents !
Ayant pourtant survécu aux angles pointues des tables de la maison, aux prises électriques non protégées, évité les inconnus louches dans la rue étant petit , les fêtes et restaurants pro-cacahuètes en grandissant, Ambrose devra se montrer digne du prénom qu'il hérita de son défunt de père et qui signifie « éternel ». Risible ?
De l'humour, il n'en manque, Ambrose. Et c'est avec une bonne dose d'optimisme, son bonnet à pompon et son pantalon violet côtelé porte-bonheur qu'il décide de se donner une chance d'avoir de la chance et de rompre son ennui mortel lui aussi.
Et avec encore plus de chance, il pourra en donner un peu à Cosmo, son jeune voisin qui lui servira de « grand frère » d'emprunt pour participer au tournoi de scrabble, sa nouvelle passion. Fort heureusement, tout se termine bien pour le jongleur de mots, Cosmo trouve un bon emploi et l'amour, Ambrose gagne l'assurance qui lui manquait cruellement et quelques prises de combat fièrement apprises, la mère d'Ambrose apprend qu'il est sorti sans sa permission avec des étrangers et en mode road movie dans la voiture d'un ex-taulard...
Aïe !

Un roman jubilatoire qui prend le quotidien à priori pathétique d'un pauvre gamin « has been »et classifié « loser » de cours de récré pour en faire une comédie extrêmement drôle et tendre.
Ambrose est un personnage très attachant.
Malgré son manque de liens sociaux du fait de ses allergies et des multiples précautions qui sont prises pour son bien, bien malgré lui, ce brave garçon ne manque pas de finesse dans sa perception de l'autre. Il comprend la peur du danger qu'exprime sa mère depuis la mort soudaine et foudroyante de son père. le destin peut prendre une tournure dramatique par laquelle elle ne saurait repasser ? Les situations extrêmes de protection contre le monde entier « sauvage » et « hostile » en deviennent amusantes racontées par le prisme humoristique et optimiste d'Ambrose.
Ce personnage est un adolescent courageux qui se donnera les moyens de changer les choses qui stagnent, les noient quotidiennement et tristement dans des sables mouvants d'ennui.
Il prend les risques que sa maman ne s'autorisera pas à prendre pour lui. Afin de grandir, d'être, il s'acoquine avec le fils des généreux propriétaires de leur nouvel appartement, un jeune adulte qui fit les mauvais choix, passa par la case prison et en qui il voit une rédemption possible -et accessoirement un moyen d'obtenir une voiture et un complice pour ces tournois de scrabble-. Cosmo deviendra au fil du temps une figure paternelle, un exemple à son grand étonnement et
Ambrose veillera sur lui comme un ange gardien casse-pied afin d'éloigner les vilaines tentations pouvant le ramener en prison. le duo est amusant se chahutant l'un l'autre et s'appréciant sincèrement comme des frères.
C'est un bon roman sur la deuxième chance, chaque personnage va rebondir enfin vers une belle vie grâce à Ambrose. Susin Nielsen a construit un chouette personnage qui ne cherchera pas à se montrer différent de ce qu'il est, dans ces vêtements colorés tape-à l'oeil, fier de damner le pion des adultes avec ses prouesses au scrabble et affrontant enfin ses trois harceleurs. Il lâchera tout de même son fameux pantalon en velours violet à la fin!
Entre deux ronchonnements et remarques irrévérencieuses sur la dame aux cheveux bleues et la grosse dame en robe rose qui lui résistent au jeu, Ambrose nous fait bien pouffer de rire. Une lecture qui se prête davantage à un jeune public adolescent masculin,qui s'identifiera beaucoup à toutes les réflexions du personnage sur sa vie d'ado'.
Une lecture d'humours noir, doux-amer et potache à la fois, qui nous montre qui faut savoir aller de l'avant et garder le sourire.
Cependant, les filles ne le regretteront pas pour autant.

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