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Critique de born2fly


L'idée de Zarathoustra remonte chez Nietzsche aux premières années de son séjour à Bâle. On en retrouve des indices dans les notes datant de 1871 et 1872. Mais, pour la conception fondamentale de l'oeuvre, Nietzsche lui-même indique l'époque d'une villégiature dans l'Engadine en août 1881, où lui vint, pendant une marche à travers la forêt, au bord du lac de Silvaplana, comme « un premier éclair de la pensée de Zarathoustra », l'idée de l'éternel retour. Il en prit note le même jour en
ajoutant la remarque : « Au commencement du mois d'août 1881 à Sils Maria, 6000 pieds au-dessus du niveau de la mer et bien plus haut encore au-dessus de toutes les choses humaines » (Note conservée). Depuis ce moment, cette idée se développa en lui : ses carnets de notes et ses manuscrits des années 1881 et 1882 en portent de nombreuses traces et le gai Savoir qu'il rédigeait alors contient « cent indices de l'approche de quelque chose d'incomparable ». le volume mentionnait même déjà (dans l'aphorisme 341) la pensée de l'éternel retour, et, à la
fin de sa quatrième partie (dans l'aphorisme 342, qui, dans la
première édition, terminait l'ouvrage), « faisait luire, comme le dit Nietzsche lui-même, la beauté des premières paroles de Zarathoustra ».
La première partie fut écrite dans « la baie riante et silencieuse » de Rapallo près de Gênes, où Nietzsche passa les mois de janvier et février 1883. « le matin je suis monté par la superbe route de Zoagli en me dirigeant vers le sud, le long d'une forêt de pins ; je voyais se dérouler devant moi la mer qui s'étendait jusqu'à l'horizon ; l'après-midi je fis le tour de toute la baie depuis Santa Margherita jusque derrière Porto-fino.

C'est sur ces deux chemins que m'est venue l'idée de toute la première partie de Zarathoustra, avant tout Zarathoustra luimême, considère comme type ; mieux encore, il est venu sur
moi » (jeu de mot sur er fiel mir ein et er überfiel mich). Nietzsche a plusieurs fois certifié n'avoir jamais mis plus de dix jours
à chacune des trois premières parties de Zarathoustra : il entend
par là les jours où les idées, longuement mûries, s'assemblaient
en un tout, où, durant les fortes marches de la journée, dans
l'état d'une inspiration incomparable et dans une violente tension de l'esprit, l'oeuvre se cristallisait dans son ensemble, pour
être ensuite rédigée le soir sous cette forme de premier jet.
Avant ces dix jours, il y a chaque fois un temps de préparation,
plus ou moins long, immédiatement après, la mise au point du
manuscrit définitif ; ce dernier travail s'accomplissait aussi avec
une véhémence et s'accompagnait d'une « expansion du sentiment » presque insupportable. Cette « oeuvre de dix jours »
tombe pour la première partie sur la fin du mois de janvier
1883 : au commencement de février la première conception est
entièrement rédigée, et au milieu du mois le manuscrit est prêt
à être donné à l'impression. La conclusion de la première partie
(De la vertu qui donne) « fut terminée exactement pendant
l'heure sainte où Richard Wagner mourut à Venise » (13 fé-
vrier).
Au cours d'un « printemps mélancolique » à Rome, dans
une loggia qui domine la Piazza Barbarini, « d'où l'on aperçoit
tout Rome et d'où l'on entend mugir au-dessous de soi la Fontanas », le Chant de la Nuit de la deuxième partie fut composé
au mois de mai. La seconde partie elle-même fut écrite, de nouveau en dix jours, à Sils Maria, entre le 17 juin et le 6 juillet
1883 : la première rédaction fut terminée avant le 6 juillet et le
manuscrit définitif avant le milieu du même mois.
« L'hiver suivant, sous le ciel alcyonien de Nice, qui, pour
la première fois, rayonna alors dans ma vie, j'ai trouvé le troisième Zarathoustra. Cette partie décisive qui porte le titre :
« Des vieilles et des nouvelles Tables, fut composée pendant une
montée des plus pénibles de la gare au merveilleux village
maure Eza, bâti au milieu des rochers – ». Cette fois encore
« l'oeuvre de dix jours » fut terminée fin janvier, la mise au net
au milieu du mois de février.
La quatrième partie fut commencée à Menton, en novembre 1884, et achevée, après une longue interruption, de fin janvier à mi-février 1885 : le 12 février le manuscrit fut envoyé à
l'impression. Cette partie s'appelle d'ailleurs injustement « quatrième et dernière partie » : « son titre véritable (écrit Nietzsche
à Georges Brandès), par rapport à ce qui précède à ce qui suit,
devrait être : La tentation de Zarathoustra, un intermède ».
Nietzsche a en effet laissé des ébauches de nouvelles parties
d'après lesquelles l'oeuvre entière ne devait se clore que par la
mort de Zarathoustra. Ces plans et d'autres fragments seront
publiés dans les oeuvres posthumes. La première partie parut en
mai 1883 chez E. Schmeitzner, à Chemnitz, sous le titre : Ainsi
parlait Zarathoustra. Un livre pour tous et pour personne
(1883). La seconde et la troisième partie parurent en septembre
1883 et en avril 1884 sous le même titre, chez le même éditeur.
Elles portent sur la couverture, pour les distinguer, les chiffres 2
et 3.
La première édition complète de ces trois parties parut à la
fin de 1886 chez E.W. Fritsch, à Leipzig (qui avait repris quelques mois avant le dépôt des oeuvres de Nietzsche), sous le titre : Ainsi parlait Zarathoustra. Un livre pour tous et pour personne. En trois parties (sans date).
Nietzsche fit imprimer à ses frais la quatrième partie chez
C.G. Naumann, à Leipzig, en avril 1885, à quarante exemplaires.
Il considérait cette quatrième partie (le manuscrit portait :
« pour mes amis seulement et non pour le public ») comme
quelque chose de tout à fait personnel et recommandait aux
quelques rares dédicataires une discrétion absolue. Quoiqu'il
songeât souvent à livrer aussi cette partie au public, il ne crut
pas devoir le faire sans remanier préalablement quelques passages. Un tirage à part, imprimé en automne 1890, lorsque eut
éclaté la maladie de Nietzsche, fut publié, en mars 1892, chez
C.G. Naumann, après que tout espoir de guérison eut disparu et
par conséquent toute possibilité pour l'auteur de décider luimême de la publication. En juillet 1892, parut chez C.G. Naumann la deuxième édition de Zarathoustra, la première qui
contînt les quatre parties. La troisième édition fut publiée chez
le même éditeur en août 1893.
La présente traduction a été faite sur le sixième volume des
Oeuvres complètes de Fr. Nietzsche, publié en août 1894 chez
C.G. Naumann, à Leipzig, par les soins du « Nietzsche-Archiv ».

Je suis tombé par hasard sur le Zarathoustra de Neitzche. Un livre étrange, mais souvent poignant, dans lequel j'entends à chaque ligne les accents viscéraux d'une âme s'enfonçant dans les abîmes. Savoir l'esprit le plus riche et le plus profond qu'on ait jamais rencontré disparu dans la folie et dans son inaccessible univers de chimères. Une telle expérience n'en finit pas de résonner en vous comme un glas funèbre d'une insondable tristesse.

C'est Un livre pour tous et pour personne
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