Un roman sarde, où la richesse de la langue côtoie la violence sourde de la vengeance. Une langue entre argot et mots peu usités. Rien que dans le premier chapitre, j'ai découvert grâce au soutien de Robert : cayon, ligneul, empegué, malurance, marpaillé, patigonner, charavoute, pacages, sampillerie, bissêtre…
la-veuve-aux-pieds-nusLa Sardaigne, durant l'entre-guerre, est un territoire âpre et violent. A Taculè, Mintonia va le vivre à ses dépens. Figure féminine rebelle avant l'heure, on découvre son histoire. Petite paysanne, liée tendrement à sa grand-mère qui clôt chaque chapitre par une ritournelle mi-figue mi-raisin, elle s'émancipe de sa condition paysanne en apprenant à lire et à écrire. Puis elle tombe amoureuse et se marie avec Micheddu, dont l'opposition au fascisme lui vaudra d'être éviscéré et déposé ainsi sur le pas de sa porte un beau matin. Commence alors la vendetta de Mintonia,
la veuve aux pieds nus…
Un très beau roman, cru et violent. Âmes sensibles s'abstenir et ce, dès les premières phrases de l'incipit : » On me le ramena un matin de juin, saigné et fendu à la hache comme un cayon à la Saint-Cochon. Il ne lui restait pas une goutte de sang dans le corps. On n'aurait pas eu assez , pour rapetasser les deux morceaux, d'une pelote entière de ligneul noir, le fil poissé des cordonniers dont sont cousues les semelles de cuir des brodequins. »