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EAN : 9782264055668
456 pages
10-18 (03/01/2013)
3.19/5   56 notes
Résumé :
Lucia Moberg, "Lou", aura 16 ans dans une semaine. Du haut de son mètre cinquante et de ses Doc Martens violets, elle n'est pas sûre d'aimer la vie mais elle adore son père, professeur de Lettres à l'université d'État de New-York.Ce samedi après-midi, elle l'a entraîné au centre commercial d'Ontario Ridge pour une course sans importance...Rien ne l'a préparée au cauchemar qui s'enclenche. Il était une fois l'enfer...
"Brasiers" a été nominé pour l'Edgar du me... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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A lire certaines critiques dithyrambiques de ce livre sur le web, je ne pouvait que m'y plonger goulûment... pour un résultat à des années-lumière de mes attentes...
Oui l'histoire est sombre à souhait, mais lors d'une bonne partie du bouquin, le récit est d'une banalité confondante (à mon humble avis).
Oui les personnages sont torturés, mais les caractères ne sont pas toujours creusés comme il le faudrait.
Oui l'auteur à l'air de savoir écrire, mais régulièrement il nous pond des paragraphes pleins de circonvolutions, avec un style parfois lourd à souhait.
On peut découper le livre en trois parties :
- une première partie où, à part le meurtre principal, il ne se passe rien ou presque, où les personnages réagissent mollement, où le style se fait gluant (j'ai failli abandonné le livre à ce stade),
- une deuxième partie où l'action prend enfin un peu d'ampleur avec (quelques) surprises,
- une troisième partie enfin intéressante (même le style d'écriture devient un peu plus fluide), assez inattendue dans son déroulement, d'une violence inouïe (trop d'ailleurs, le roman en perd tout équilibre).
Concernant les légères touches de fantastique, avec l'introduction de la mythologie suédoise, je n'ai toujours pas compris ce que ça venait faire là et l'intérêt de la chose au vu du peu d'interaction avec le récit...
En conclusion, une lecture éprouvante au sens propre comme au figuré (violente et trop souvent assommante).
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Lucia Moberg, surnommée « Lou », est une adolescente de 16 ans au look gothique et à la vie on ne peut plus ordinaire : elle est mal dans sa peau, fantasme sur son beau voisin rebelle, a des rapports conflictuels avec sa mère mais est en adoration devant son père, professeur de littérature à l'université. Son existence bascule lorsque celui-ci est abattu sous ses yeux par un inconnu sur le parking d'un centre commercial. La mère de Lou ne supporte pas cet événement tragique et tente de se suicider à plusieurs reprises. Sa dernière tentative la laisse amnésique. Lou se retrouve donc bien seule pour gérer cette situation difficile, d'autant plus que l'assassin de son père rôde toujours à la recherche d'une somme d'argent importante. Il appartient aux inspecteurs Moe et Greta de mener l'enquête et de protéger la jeune fille.
Ce premier livre de Derek Nikitas est loin d'être un roman policier classique. L'intrigue, plutôt banale et prévisible, n'est pas ce qui est au centre du roman. Ici, c'est l'alternance de points de vue entre des personnages féminins très différents qui donne du corps et du rythme au récit. L'analyse psychologique des personnages est particulièrement développée. Nous découvrons une réalité très sombre à travers le regard de Lou, adolescente brutalement plongée dans le monde des adultes, puis à travers celui de Greta, inspectrice dont la vie est dominée par son travail au détriment de son équilibre familial (personnage assez classique dans les polars). Enfin la parole est donnée au personnage de Tanya, une femme enceinte un peu paumée qui mène une existence difficile. Tanya partage la vie de Mason, une petite frappe qui cherche à faire ses preuves dans un gang de bikers. Avec ce couple, l'auteur nous plonge dans le monde hyper violent des bikers américains dans lequel les hommes se comportent comme des sauvages. La violence, omniprésente, peut d'ailleurs paraître gratuite dans certains passages du récit.
Un autre aspect du roman qui peut séduire ou déplaire est la fréquente irruption du fantastique dans le récit. En effet pour échapper à la réalité, Lou se réfugie dans les contes suédois que lui racontait autrefois son père. Attendez-vous donc à voir surgir des nains ou autres créatures étranges qui semblent guider l'adolescente lorsque celle-ci est en péril. La présence de ces scènes rend le propos assez irréel et cela se confirme ensuite avec la fin du roman qui apparait totalement invraisemblable.
Si le style de l'auteur n'est pas en cause, son histoire peut laisser de marbre car elle hésite entre roman d'apprentissage, roman noir et roman psychologique. Enfin l'auteur use et abuse de descriptions d'une violence inouïe et crue. Cela était-il le seul moyen de dépeindre un monde sans concession ?
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Lucia Moberg, dite Lou, va bientôt avoir 16 ans. Avec son look gothique et ses petites envies d'émancipation, Lou s'essaye régulièrement à voler des cds de musique pour les copines. Mais ce jour-là, Lou se fait repérer et regrettera longtemps les évènements qui suivront et dont elle se sent coupable inconsciemment. Pressant son père de repartir du centre commercial, Lou rejoint la voiture à pas pressés, anxieuse d'avoir été suivie par un vigile. Alors qu'ils s'apprêtent à quitter le parking, un homme vient pourtant les interpeller. Ce dernier abat son père Oscar et laisse une Lou traumatisée sur le siège arrière. Elle l'ignore encore mais c'est le début du cauchemar pour elle. La jeune fille devra faire face à la perte de son père chéri, assumer sa mère qui sombre totalement et affronter bientôt des individus autrement plus dangereux...
Parallèlement à Lou, nous suivons une certaine Tanya qui vit dans une caravane pourrie avec son compagnon Mason. Tanya, enceinte de ce dernier, est une rescapée des bas-fonds. Ancienne droguée, ancienne prostituée, elle tente de sortir la tête de l'eau grace à Mason mais le couple vivote avec difficultés à la frontière de la légalité. Mason trempe secrètement dans des affaires louches et sait se montrer violent avec Tanya.

Oubliez la couverture hideuse du livre et les avis dithyrambiques et artificiels d'auteurs célèbres affichés artificiellement sur la 4ème de couverture : premier roman de l'auteur de l'auteur, Brasiers s'avère contre toute attente un excellent roman psychologique à suspense !
Loin d'être un thriller au sens classique du terme, le roman s'attarde plus particulièrement sur les personnages, plutôt que sur l'enquête qui passe au second plan.
Les personnages sont extrêmement bien fouillés et construits. L'auteur nous plonge véritablement au coeur de leurs sentiments en nous faisant pénétrer dans leur intimité. Lou est une adolescente tourmentée qui, en plus de faire face à la mort en directe de son père dont elle se sent coupable, doit assumer sa mère qui ne semble plus capable de se gérer seule. Elle a des sortes de visions "somnambuliques" qui, en s'appuyant très intelligemment sur les contes suédois que lui racontait son père, lui donnent des clés pour découvrir ou comprendre certains faits. Des petits personnages imaginaires interviennent dans son réel pour lui indiquer telle chose, attirer son attention sur tel autre ou la guider de manière générale. Mais Lou est aussi une jeune femme en pleine construction amoureuse et son attirance pour le voisin un peu bad boy d'à-côté semble aussi la perturber.
De son côté, Tanya tente de s'en sortir et son futur bébé lui sert de moteur. Elle s'interroge parfois sur Mason, son sauveur et a parfois l'intuition qu'il sera aussi l'instrument de sa perte. La vie ne l'a pas épargnée et son malheur semble presque être une fatalité pour cette jeune femme qui est le jouet du destin.
L'enquête sur la mort du père de Lou est dirigée par l'inspectrice Greta et de son collègue Moe. Cette dernière est également fort bien décrite et son passé tourmenté constitue un des éléments forts de sa personnalité. Ayant peu assumé l'éducation de sa fille lorsqu'elle était plus jeune, Greta tente de nouer une relation plus intime avec elle. C'est aussi la raison pour laquelle son implication pour sauver Lou est si forte.

Vous l'aurez donc compris, ici, c'est bien les personnages qui ont la priorité et si une enquête a bien lieu, c'est plutôt l'alternance des points de vue et de la narration qui nous permet de comprendre les tenants et les aboutissants de l'histoire, plutôt que la description classique de l'enquête.
Et c'est aussi ce qui fait son point fort. le récit est très rythmé et s'accompagne de nombreux rebondissements. La pression monte petit à petit et le lecteur est vite effaré, de par la noirceur des faits qui se dévoilent petit à petit.On commence sur un meurtre dans un parking qui semble fortuit à un kidnapping qui pourrait se montrer sanglant pour certains. le final s'avère d'ailleurs un déchainement de violence inattendue et logique à la fois et laissera une héroine seule face à la noirceur d'un monde qu'il lui sera difficile d'accepter tout autant que son propre côté sombre.

Brasiers a été véritablement une lecture extrêmement haletante dont il est difficile de se séparer. le lecteur devient le spectateur impuissant d'une spirale qui entraîne les personnages dans une longue descente aux enfers. C'est un roman à haute teneur psychologique qui montre comment ce monde violent et désespéré peut broyer qui ne se montre pas assez fort pour affronter avec courage un destin pavé de mauvaises intensions. Et face à cet embrasement destructeur, Lou du haut de ses 16 ans apprendra à se construire une vie et un avenir sur les cendres de ses illusions.
Un petit coup de coeur sans aucun doute ! Foncez !
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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Histoire cruelle et malsaine que celle de Lou Moberg. Après avoir terminé ce roman, un grand vide s'est emparé de moi. Que devais-je penser? Devais-je aimer ou détester? Il ne semble pas pouvoir y avoir de juste milieu. Derek Nikitas a fait de son lecteur un témoin, invisible, mais un témoin. La narration commence par « il était une fois » mais que le prochain lecteur n'y prenne garde, il ne s'agit pas d'un conte ordinaire. Cruel, sanguinaire et froid. Page après page, l'univers est de plus en malsain. Jamais le soleil ne perce l'atmosphère. Pourtant, c'est avide qu'on continue de s'enfoncer. Ce livre ne se lâche pas. On ne le repose pas véritablement avant de l'avoir terminé. Et après… après c'est un néant.

On m'avait vendu ce roman comme une belle histoire. L'histoire n'est pas belle. Il n'y a rien de beau, il n'y a pas une vie, un espoir auquel on aimerait se rattacher. Ce roman est noir.

Le style de l'auteur est bon, parfois hésitant, mais le rythme et la verve sont là. Les personnages sont tous bien définis et sans qu'on s'en rende compte, c'est comme si on les avait toujours connus. Leur caractère et leurs émotions, qu'elles soient dites ou cachées, sont ressentis. S'y attache-t-on? Probablement pas. Je ne me suis moi-même pas attachée à Lou, trop jeune, propulsée trop vite dans un monde dans lequel je ne voulais pas rentrer. C'est toute la cruauté de la société.

La violence est champ lexical du roman. Je ne suis pas familière avec les polars, thriller et autres de ce genre, mais j'ai trouvé des scènes brutales et sans intérêt. J'ai éprouvé de la répulsion. Une répulsion à peine soutenable de plus en plus omniprésente puisque l'auteur nous présente presque ces crimes comme impunis. Et c'est sur cette fin, cette sentence qui ne tombe pas, que je suis restée.

En fin de compte, j'ai passé un bon moment de lecture. C'est une bonne découverte littéraire. J'ai apprécié le style de l'auteur et cet univers visuel dans lequel il nous projète sans mise en garde préalable. L'intrigue est ficelée et bonne. Alors, oui je suis indécise. Je suis indécise parce que des scènes de violences sexuelles souillent le récit. Il y a quelque chose de sale, une odeur nauséabonde qui émane des pages. Une gamine qui traine ses pieds au sol, en pleine adolescence, bousillée pour toujours. Personne ne peut rien pour elle. J'ai l'impression d'être devenue amorale. J'ai fermé ce roman en y laissant une partie de moi. Elle est restée entre les pages, volée et assassinée par Nikitas.
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Waouh ! Après lecture de ce bouquin, je ne peux dire que « Waouh » ! ! ! Incontestablement, « Brasiers » est pour moi une bonne surprise et restera comme une de mes lectures favorites de cette année 2010.
Derek Nikitas nous offre ici un bijou ! Je me laisse rarement emporté aussi loin par un roman, mais là j'ai été complètement enthousiasmé par le style de l'auteur ! Celui-ci, en effet, possède « le Truc » pour écrire ! Car de nos jours, alors que les livres affluent de tout part (pour le meilleur et pour le pire) il est agréable pour un lecteur de tomber sur un roman d'un auteur qui était à coup sûr prédestiné pour pondre des chefs-d'oeuvre. Et oui, ça fait plaisir et oui, c'est le pied !
Avec « Brasiers » Derek Nikitas n'a pas cherché à tout prix à aligner des mots en cherchant absolument la phrase parfaite, il a vécu son roman, il n'a pas surjoué, n'a pondu aucune phrase pompeuse. Il a su se placer dans la peau de chaque personnage pour faire ressortir les émotions avec justesse et sincérité.
De ce fait, le rythme de « Brasiers » est très bon, l'écriture fluide et vraiment concise. le passage d'un personnage à l'autre est remarquable et très bien adapté.
Quant à l'intrigue, elle détonne ! Si aux premiers abords, elle peut paraître classique, encore une fois ici, c'est dans la manière de l'exploiter que Derek Nikitas s'est surpassé. C'est comme si avec un simple pétard, il avait réussi à faire un véritable artifice !
Difficile de poser le roman une fois commencé !
Pour catégoriser le roman, « Brasiers » est un polar ! Un polar dans lequel certes les catastrophes s'accumulent, le sang coule mais sans vulgarités, ni grossièretés avec une pointe de fantastique et de mythologie suédoise. le ton est juste et les évènements tragiques se suivent sans que l'on ne s'y attende et avec une cruelle fatalité ! Pas mal de rebondissements et des scènes d'actions remarquables également !
Pas de personnages à la force inouïe, ni au charisme légendaire (le personnage principale est une gamine de 16 ans banale et frêle) et pourtant Derek Nikitas les transcendent ici aussi à sa manière.
Non, vraiment « Brasiers » est un roman exceptionnel de part la manière dont il a été écrit et de part la manière dont il emporte le lecteur !
« Brasiers » ressemble un peu à un conte, un conte qui aurait été trempé dans une sorte d'acide made in U.S.A. Ouais un conte suédois, bouffés par les pires atrocités que peut recéler la société américaine !
Waouh ! Une sacrée claque ! ! !

Lien : http://jldragon.over-blog.co..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Il était une fois l'enfer. Lucia allait apprendre à souhaiter que la vie puisse se dérouler plus qu'«une fois». Peut-être qu'alors l'histoire de sa famille s'améliorerait à chaque récit. Peut-être qu'alors elle pourrait en éliminer les passages sombres, comme faisait son Papa, assis près de son lit sur un tabouret d'enfant qui l'obligeait à se voûter, quand il lui lisait des contes de fées suédois. Il censurait souvent la brutalité de ces fables, éludait tout ce qui pouvait provoquer des cauchemars. L'essentiel, c'est ce qui est bon, ma puce.

- Tu as oublié le passage quand le méchant lutin a enlevé le bébé, disait Lou.

Six ans, elle était blottie sous sa couette, dans son pyjama à pattes d'ours, avec ses gants et sa casquette de base-ball des Yankees, juste pour le plaisir. En bas, maman regardait Dynasty en faisant semblant de réviser son examen de biologie. À cette époque-là, il ne restait à maman que deux semestres pour obtenir le diplôme universitaire qu'elle avait laissé de côté pour élever sa fille unique.

- J'ai oublié le passage du lutin, c'est vrai, avoua Papa.

Il grattouilla sa moustache blonde et son sourire satisfait révéla que certains oublis pouvaient être intentionnels. La reliure bleu ciel du livre qu'il tenait était aussi épaisse qu'un dictionnaire. Sur la couverture, une gravure représentait un gnome barbu - tomte, en suédois - pas plus gros qu'un chat, chevauchant des bois de cerf. Le tomte agrippait les bois de ses deux grosses moufles, ses courtes jambes dodues bien écartées. Il portait un bonnet de feutre pointu et une besace de cuir en bandoulière sur la hanche. À l'arrière-plan, les hauts sapins retenaient des amas de neige sur leurs branches recourbées. Les tomte sont les lutins qui viennent distribuer les cadeaux de Jul Mas aux petites filles sages.

Et Papa lui montra les illustrations intérieures : un tomte accroupi sur un oreiller, en train de chuchoter à l'oreille d'un enfant endormi, dont les cheveux dénoués s'entortillaient autour de ses jambes et de ses petits chaussons tricotés. Cette image illustrait l'histoire d'une princesse qui trouve un tomte pris au collet dans son jardin. Elle le garde ensuite dans un baluchon attaché au pied de son lit, et il semble s'accommoder de l'exiguïté de son logement. Il y a aussi une méchante reine qui a des pierres précieuses à la place des yeux, un ours qui parle, une fée des glaces qui prédit l'avenir et dont on voit le coeur bleu et froid battre dans la poitrine. Des années plus tard, Lou se souvenait encore de ces histoires.
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Attendez : si on pouvait prendre à nouveau une décision, alors Lou n’aurait jamais demandé à ses parents – d’abord à sa mère – de la conduire en voiture depuis le village d’Hammersport où ils habitaient jusqu’au centre commercial d’Ontario Ridge, à vingt minutes de Rochester, en direction de l’est. Mais on ne pouvait pas revenir en arrière. Le temps ne poussait Lou que dans un sens. Revivre le passé, réparer ce qui est brisé, c’est comme reprendre sa place dans l’utérus : impossible.

Lou avait donc trouvé sa mère dans la cour en train de ramasser les feuilles mortes négligées jusque-là et de les entasser près de la piscine en vinyle couverte depuis septembre. Maman était en survêt et en chemise de flanelle, la bruine lui mouillait les épaules. Elle avait les cheveux perlés d’humidité et ses lèvres frémissaient de froid.

— Je ne peux pas t’emmener maintenant. Il faut que je finisse ça, dit Maman. Lou fronça le nez en levant les yeux vers les nuages noirs poussés par le vent.

— Il pleut.

— C’est pour ça qu’il faut que je finisse.

— Alors… plus tard ?

Les gouttes de pluie dégoulinaient sur les lunettes de Lou.

— J’en doute, dit Maman, comme si une telle décision ne relevait pas de son pouvoir. De toute façon, pourquoi as-tu besoin d’aller au centre commercial ?

Lou haussa les épaules et croisa les doigts sur le sommet de sa tête. Elle était près de la porte du sous-sol et de l’escalier en béton qui menait à l’allée du garage. La propriété des Moberg était en contrebas des cours voisines, et entourée, sur trois côtés, par des murs de pierre. Comme un site archéologique. De là où elle était, tout surplombait la cour : la maison, composée d’un sous-sol aménagé, rez-de-chaussée et grenier, les arbres qui perdaient en frissonnant leurs dernières feuilles, le bateau de Papa bâché pour l’hiver, et les allées des garages des voisins. À côté, à cet instant précis, Quinn Cutler était en train de travailler dans le garage de sa mère. Lou ne le voyait pas mais elle entendait le claquement et le grincement de ses outils pendant qu’il serrait les pièces de sa moto, comme dans un énorme poing de métal.

— Il y a un deuxième râteau ? demanda Lou. Je peux t’aider ?

— C’est bien la première fois ! s’esclaffa Maman.

Elle se courba pour dégager les feuilles mouillées coincées dans les dents du râteau. Il y avait des mois que Maman lançait des piques de ce genre, comme si elles avaient encore des comptes à régler pour une dispute que Lou avait oubliée.
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Son père était suédois, il était né et avait grandi près de Stockholm. Avant la naissance de Lou, avant même d’avoir rencontré Maman, il avait quitté Stockholm pour étudier à New York et passer son doctorat de littérature. Il n’était retourné en Scandinavie qu’en quelques rares occasions, pour des travaux de recherche ou des visites à ses lointains demi-frères et soeurs du premier mariage de son père. Les parents de Papa étaient morts depuis longtemps. Lou n’avait jamais visité la Suède et n’en savait donc rien de plus que ce que son père voulait bien lui faire croire, mais il lui avait toujours promis qu’ils iraient à l’été 1996, quand elle aurait son bac.
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L'amour c'est une chimie et quand ça s'arrête il ne reste que le regret qu'on ressent parce qu'on l'a perdu et on croit que le regret c'est l'amour qu'on fait semblant d'éprouver. Ne me dis jamais que tu m'aimes.
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