Criminal Macabre : No Peace for Dead Men

Par ordre de parution, ce tome fait suite à The iron spirit qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant. Il contient 5 récits complets mettant en scène Cal McDonald, parus en 2011/2012, tous écrits par Steve Niles, dessinés et encrés par Christopher Mitten. Ces histoires ont été rééditées dans Criminal Macabre Omnibus Volume 3. La mise en couleurs est réalisée par Michelle Madsen.

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- Call me monster (8 pages) - Cal McDonald (de mauvais poil comme à son habitude) reçoit un gros balaise dans son bureau de détective privé. Ce client prétend être le monstre de Frankenstein, sous le coup d'une poursuite judiciaire à l'initiative des descendants du baron Frankenstein qui prétendent qu'il leur appartient en tant que créature ou plutôt produit fabriqué par leur aïeul.

Comme constaté dans les récits regroupés dans les 2 premiers omnibus, Steve Niles écrit des histoires dans un style direct, sans circonvolution, sans intrigues secondaires, droit au but. le format court lui convient parfaitement : une idée, un développement mené à tambour battant, une conclusion à coups de poing et c'est fini. Il ne tourne donc pas autour du pot : la créature de Frankenstein existe, elle est toujours poursuivie, mais d'une manière plus actuelle (= par des hommes de loi). Elle vient quérir l'aide de Cal McDonald, ce dernier applique sa stratégie favorite (la seule qu'il connaisse en fait), c'est-à-dire foncer dans le tas.

Avec cette histoire, Christopher Mitten devient l'artiste attitré de la suite d'histoires de Criminal Macabre, succédant ainsi à Kyle Hotz. Il réalise des traits de contour très irréguliers, comme mal ébarbés. Il détoure des silhouettes à la va-vite, entre précipitation et spontanéité. Il intègre un niveau de détails en fonction des besoins de compréhension, et roule ma poule. le lecteur observe une petite influence dans les traits des personnages, héritée de Frank Miller période Ronin ou Sin City. C'est efficace et sans fioriture. 5 étoiles pour une histoire rentre-dedans à l'ironie adulte.

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- When freaks collide (22 pages, coécrit avec Eric Powell) - Des loups garous d'une autre dimension ont embauché séparément, d'un côté Cal McDonald et Mo'Lock, de l'autre Goon et Franky pour se débarrasser d'un problème de vampires. Ça ne rate pas les 2 duos se retrouvent face à face : Goon et Cal McDonald se mettent à s'affronter sur le champ.

Le mode d'écriture de Steve Niles ne connaît pas l'hypocrisie. Il s'agit d'une forme parodique de crossover avec le héros de la série The Goon, créée et réalisée par Eric Powell, voir par exemple Chinatown. Dès que les 2 personnages se font face, ils se tapent dessus pour savoir qui a la plus grosse. Dans le même temps, Niles prend du recul par l'intermédiaire des 2 seconds rôles (Mo'Lock & Franky) par le biais de leurs sarcasmes ironiques qu'ils échangent en discutant comme des adultes. Comme la précédente, l'histoire se résout de manière basique, avec un invité surnaturel surprise supplémentaire (dont la série fut publiée par Dark Horse, avec une peau rouge, des cornes et un gros gant pierreux à la main droite) pour la dernière page.

Le mode de dessin de Christopher Mitten reste à l'identique de l'histoire précédente : des formes détourées avec des contours râpeux non ébarbés, des aplats de noir aux contours irréguliers, des formes brutes et un niveau de détails, voire de réalisme fonction des besoins de la séquence ou même de la case. Il n'essaye pas de dessiner à la manière d'Eric Powell, mais il respecte les morphologies de Franky et Goon, avec des yeux en ovale vertical sans pupille pour le premier (sans oublier son marcel et ses bretelles), et une silhouette massive et musculeuse pour le second, sans oublier sa casquette. Goon et McDonald se mettent sur la tronche de manière basique et franche, entre le premier degré et une parodie de castagne. Les gros monstres ne sont pas beaux, mais bien agressifs, et les décors sont assez substantiels pour évoquer une ville des années 1940.

Au final, cette rencontre entre Cal McDonald est très anecdotique, avec un scénario prétexte et un niveau d'humour assez faible. Les dessins ne prêtent pas vraiment à l'évasion spectaculaire, ni à l'affrontement bien noir. 2 étoiles.

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- No peace for dead men (32 pages) - Les différentes communautés surnaturelles tentent de se concerter pour entreprendre une action commune et donc efficace contre Cal McDonald. Lors de leur réunion dans un bar, une vampire nommée Salem arrive et leur propose un plan d'action différent : tuer systématiquement tous les amis, toutes les connaissances de Cal McDonald. Puisqu'il semble impossible de l'abattre lui, cela permettra de lui rendre la vie intenable en le coupant du reste de l'humanité.

C'est reparti pour un nouvel affrontement contre une créature surnaturelle, la fascinante vampire. Christopher Mitten s'est fendu d'une conception graphique du personnage qui en impose. Il est évident qu'il s'inspire du Nosferatu (1922) de Friedrich Wilhelm Murnau, en lui donnant un air un peu plus sauvage, réussissant à la représenter nue sans que le comics n'en devienne obscène. Steve Niles s'est investi un peu plus que d'habitude dans son scénario qui est un peu plus épais. Les monstres ont une stratégie plus originale qu'à l'habitude et Cal McDonald ne peut pas se contenter de foncer dans le tas. Il doit trouver comment faire en sorte d'éviter de mettre en danger de mort tous ceux à qui il s'adresse, de manière à ce qu'aucune créature ne puisse plus le faire chanter ainsi. de manière totalement inattendue, cet épisode contient une transformation pour le personnage principal.

Outre l'apparence très réussie de Salem, les dessins âpres et rugueux transcrivent bien la vie sous tension de Cal McDonald, la brutalité primale de ses réactions, car il ne soucie ni de paraître, ni des bonnes manières. Les dessins sans fard ni polissage font ressortir la violence des coups, la bestialité des monstres, la crudité des blessures. le lecteur finit par ressentir le caractère primal des affrontements, mettant en jeu la vie des individus, du fait du manque de raffinement esthétique.

Cette troisième histoire implique plus le lecteur avec un véritable enjeu émotionnel pour Cal McDonald, et des dessins viscéraux qui ne cachent rien du premier degré des affrontements, en évitant toute forme d'enjolivement. 5 étoiles.

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- Die! Die! My darling (24 pages) - Un nouveau client rend visite à Cal McDonald : Darren Finch. Il explique que sa soeur a vu l'avenir et que pour éviter une guerre surnaturelle, McDonald doit tuer une personne spécifique à un endroit donné, à minuit. Virginia (la soeur à l'apparence très particulière) indique où McDonald doit se trouver à l'heure dite.

L'histoire précédente a modifié de manière pérenne le statut de Cal McDonald, introduisant de nouvelles possibilités pour les intrigues, tout en conservant le principe de base qui est celui d'un détective officiant dans le milieu des créatures surnaturelles. Steve Niles a imaginé une créature un peu plus originale que la simple récupération des vampires et des loups garous. Cal McDonald est un peu déstabilisé par sa nouvelle condition ce qui introduit un degré supplémentaire dans le champ des possibles. Christopher Mitten n'a rien changé à sa manière de dessiner, avec des formes pas très jolies, assez irrégulières pour parfois donner une impression d'amateurisme. Mais en même temps il continue d'imaginer des apparences de monstres qui sortent des stéréotypes en vigueur dans les comics, des affrontements dont il est visible qu'il lui tient à coeur de rendre compte de leur immédiateté et de leur déroulement fruste.

Cette enquête présente une originalité inattendue et appréciable et les dessins continuent d'être à la fois dépourvus de charme et bien adaptés à l'absence de raffinement de la narration qui reste à l'essentiel. Les auteurs réalisent des histoires courtes de série Z, avec une conviction et une efficacité qui forcent le respect du lecteur, sans tergiversation. 4 étoiles.

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- They fight by night (32 pages) - Mo'Lock attire l'attention de son patron Cal McDonald sur l'assassinat de Gordon Pierce, un homme politique faisant campagne pour l'élection de conseiller municipal. McDonald remarque que cette exécution a été réalisée par une lycanthrope. Il accepte d'aider l'inspecteur de police Wheatley dans cette enquête.

Avec cette dernière histoire, Steve Niles donne l'impression au lecteur d'enfin revenir à un vague fil rouge de la série. Il est d'autant plus vague que le scénariste ne s'en occupe que quand il s'en rappelle. Mais cet épisode représente un pas significatif vers le conflit généralisé entre créatures surnaturelles, déjà évoqué dans l'histoire précédente. le lecteur se prend facilement au jeu de cette histoire qui commence comme une enquête surnaturelle dans le milieu des élections politiques, avant de vite devenir l'occasion d'un nouvel affrontement contre un loup garou générique, mais avec l'initiation d'une relation entre McDonald et l'inspecteur de police Wheatley. Christopher Mitten reste premier degré, avec une implication réelle qui se traduit par des décors consistants et des affrontements violents.

4 étoiles pour une intrigue qui donne l'impression de constituer un chapitre dans une histoire plus globale et des dessins sans fioriture et sans chichi qui vont à l'essentiel.