Une maison à la campagne, l'été. Esther et son ami s'ennuient. Un bourdon mort va changer le courant de cette journée. Car il faut enterrer ce bourdon. Ou plutôt lui faire des funérailles dignes de ce nom. Esther est douée pour l'action, son ami, le narrateur, dont on ne connait pas le nom, écrit des poèmes. Des éloges funèbres. La nature est généreuse : elle regorge d'animaux morts. Ce qui n'était qu'une occupation se transforme en petite entreprise de pompes funèbres : la musaraigne, le hamster, le coq, les souris, le hérisson, le lièvre, jusqu'aux trois harengs trouvés dans le congélateur.
Les deux enfants trouvent rapidement en Lolo, le petit frère d'Esther, un assistant bien peu efficace, mais redoutable poseur de questions. Et le petit cimetière s'agrandit, avec ses croix bricolées et ses jolies fleurs.
Jusqu'au merle. Parce que le merle n'est pas tout à fait mort. Oh, il n'en est pas loin, c'est pour bientôt. Et il meurt sous leurs yeux. Ils avaient vu des animaux morts avant, mais ils n'en avaient jamais vu mourir.
Toute la subtilité de cette histoire réside dans ce jeu où l'on croit faire semblant et où la légèreté s'évanouit peu à peu, à mesure que les animaux défilent et que le questionnement de Lolo se fait gênant, poignant. C'est lui qui porte la lucidité. Et les larmes aussi, dans sa touchante naïveté.
Ce personnage de Lolo m'a bouleversée, avec ce chagrin perché sur ses petites guiboles. En un après-midi, les trois enfants appréhendent la mort chacun à sa manière, seuls, sans adulte, sans mode d'emploi. Ils vont prendre conscience de leur propre finitude puis vont passer à autre chose, tout naturellement. Et les images d'
Eva Eriksson sont de ce côté-là, celui de la légèreté et du jeu, du côté de Lolo passant du rire aux larmes. Il s'en dégage une lumière douce, une belle ambiance de vacances d'été où la fraîcheur se cache sous les arbres, dans les clairières.
Alors faites-moi plaisir : lisez ce livre gratuitement, sans intention, comme ça, juste pour le plaisir de lire un album. Faites-le lire un jour de vacances, pour se désennuyer et pas parce que le cochon d'Inde est mort.
Nos petits enterrements n'est pas un livre-médicament, c'est une belle oeuvre.
Lien :
http://le-cabas-de-za.over-b..