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sur 199 notes
« La Reine du silence » c'est le surnom que l'écrivain Roger Nimier donnait à sa fille Marie.
Marie Nimier interroge, recueille les anecdotes, tente de comprendre sans jugement excessif, sans procès d'intention ce père qui disparait tragiquement alors que Marie n'a que cinq ans. Comment se construire avec l'image de ce père imposant, brulant la vie avec une frénésie constante, négligeant toute vie familiale. Auteur, scénariste, journaliste, Roger Nimier transformait tout ce qu'il touchait en or. Il n'est pas question ici d'un règlement de compte, de juger facilement un homme disparu depuis fort longtemps, non Marie Nimier à su grandir avec ces fantômes et cet héritage pesant, elle veut retrouver ce fil brusquement rompu, et c'est grâce aux mots qu'elle a trouvé la parole. Elle y réussit avec une grande pudeur, une émotion et une sincérité remarquable. Elle confirme l'adage tel père, telle fille. « La reine du silence » mérite qu'on l'écoute assurement.
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Il est dur de se construire quand on est la fille de.
Marie Nimier nous livre ici ses impressions, plutôt que sa vie, sur ses relations avec ce père connu et reconnu dans le monde littéraire, un des plus grands écrivains de son époque mort prématurément d'un accident de voiture. Un père connu, oui mais par d'autres, par des amis, des lecteurs... Mais pas par la petite Marie. Une petite fille qui gêne le travail du grand écrivain, un père qui s'absente pour aller travailler ailleurs. Un grand frère aussi qui ne lui prête pas trop d'attention, à cet âge là les années de différence séparent plus que n'importe quoi. Un autre plus jeune dont elle ne dira pas grand chose. Une famille, une fratrie vécue "comme une anesthésie."
Et pourtant grâce aux recherches qu'elle mène, plus de quarante ans après, elle va pouvoir dessiner le contour de ce père dont jusqu'à présent elle ne voyait que la silhouette et se sentir enfin apaisée.
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Marie Nimier est fille d'écrivain. Fille de Roger Nimier, mort à 37 ans dans un accident de voiture, en compagnie d'une femme au drôle de prénom ( Sunsiaré) qui n'était pas sa mère. La petite avait alors cinq ans et demi. A plus de quarante ans, elle part sur les traces de ce père, dans un roman (ou récit) écrit de manière plus associative (comme chez le psy) que chronologique ou même logique. En cherchant à se rapprocher de ce père, qui avait une grande notoriété au moment de sa mort, elle se cherche elle-même et espère se trouver, se rassurer, se réconcilier. J'ai beaucoup aimé ce travail de reconstruction ou recomposition. Je l'ai trouvé très touchant.
Marie nous livre les liens qu'elle fait avec cette perte précoce et peu accompagnée : elle apprend à conduire sur le tard, elle est inhibée au volant et enchaîne les échecs à l'examen, elle a l'occasion de consulter des lettres de son père qui vont être vendues aux enchères et découvre avec stupeur le faire part de sa naissance à un de ses amis, en fin de courrier, comme un PS : « au fait, Nadine a eu une fille hier. J'ai immédiatement été la noyer dans la Seine pour ne plus en entendre parler » A 25 ans, Marie mettra en acte cette parole de son père en se jetant dans la Seine, sans pouvoir expliquer son geste. La tonalité de sa relation avec ce « papa » est assez sombre, la petite fille a du sentir qu'elle dérangeait, elle a été blessée de pas pouvoir exister même symboliquement dans la vie de cet homme qui ne lui a rien légué ( il avait fait un testament dans lequel il donnait certaines choses à son frère Martin ). Son parcours d'écriture lui permet de se déprendre de cet héritage lourd de non-dits.

L'écriture est fluide, le propos n'est pas dénué d'humour, au détour de certaines phrases Marie s'adresse au lecteur et en fait son confident. Au delà de l'histoire singulière, le propos est beaucoup plus large. Comment Fait-on avec l'absence, le manque et le silence ?

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Prix Médicis 2004 - Marie Nimier nous offre des images contradictoires d'un père décédé alors qu'elle n'avait que cinq ans. Qui était vraiment Roger Nimier, l'écrivain ? Il lui échappe aussi bien mort que vivant. C'est à travers trois ou quatre souvenirs de son enfance que nous ressentons toute l'ambiguïté de leur relation et le trouble dans l'âme de Marie. Ces épisodes trop rares sont touchants, troublants et nous ne savons pas si nous aimons vraiment l'homme.

L'oeuvre semble s'écrire malgré elle, malgré ses doutes d'écrivaine comme un puzzle à reconstruire auquel il manquera toujours quelques morceaux, mais peut-être qu'au fond, ce vide laisse-t-il place à sa propre légende personnelle, peut-être.
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Roger Nimier : un auteur lu il y a bien des années de cela, j'étais alors une jeune fille, fascinée par le destin tragique de cet écrivain. J'avais beaucoup aimé son livre " Les enfants terribles", que j'ai toujours gardé dans ma bibliothèque. Sa fille Marie Nimier nous fait connaître ici un homme, qu'elle n'a pas ou à peine connu, mais dont elle est héritière puisque devenue à son tour écrivain. Elle avait cinq ans seulement lors de sa mort et elle cherche à comprendre, elle essaie de trouver , dans les écrits de son père, dans les rencontres qu'elle fait, des traces d'amour pour elle, un semblant d'affection de ce père trop distant...
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Bien sûr je connais Roger Nimier avec le "hussard bleu" et "les enfants terribles". Ce sont des livres que j'ai dans ma bibliothèque familiale, livres hérités des grands parents. Je suis tombée par hasard sur le livre de sa fille Marie "la reine du silence" en flânant chez un libraire il y a quelques années. Je l'ai gardé longtemps dans ma bibliothèque jusqu'à aujourd'hui. Pourquoi ? je ne sais pas ? ou plutôt si... que peut bien dire la reine du silence ? comment à la fois parler et ne pas parler ?
Marie parle avec des mots sur le papier. Elle réalise là une catharsis de ses émotions et de ses souffrances. Ce livre m'a beaucoup émue, ses paroles m'ont touchée en plein coeur.
Ce père pour lequel elle ressent crainte et admiration est toujours absent. Elle a peu de souvenirs et pourtant elle a besoin de se souvenir. Elle glane auprès des amis de son père et auprès de sa famille des informations pour comprendre et mieux vivre tout simplement. Il y a nulle trace de belles couleurs auprès de ce père. Certains passages sont à la fois touchants et glaçants. Celui de la dînette par exemple, elle lui amène étant une toute petite fille un oeuf sur le plat en plastique et plutôt que de jouer à des jeux d'enfants il s'en sert comme cendrier et l'oeuf en plastique finit à la poubelle. Marie garde une mémoire vive de tout cela parce que ce qu'elle raconte constitue son présent.
Marie a des cauchemars, pourquoi en parle-t-elle à son frère ? pour s'en délivrer comme une faute ou bien parce qu'ils contribuent à son identité complexe et incertaine ? de son père elle dira "j'ai traîné la mort comme un vieux manteau de lapin rapiécé, un doudou crasseux", ses fragilités suscitées par la mort sont exprimées ici. Marie excuse aussi ce père qui se laisse entraîner par les mots, les mots dépassent sa pensée (notamment lors de sa naissance) où il écrivait à un ami que Nadine, sa femme avait eu une fille et qu'il allait la noyer dans la seine pour plus en entendre parler.
Personne ne peut aider Marie car chacun a sa propre histoire à vivre. Marie me fait penser à la petite Gerda dans la reine des neiges d'Andersen lorsque la barque l'entraîne sur l'eau plus vite qu'elle ne voudrait et elle arrive dans une maison dans laquelle elle peut manger tout ce qu'elle désire, elle peut rassasier ses besoins vitaux mais elle s'aperçoit que sa vie n'est pas complète et ne peut s'en contenter, il faut qu'elle grandisse, elle doit quitter l'enfance. A travers ce périple Marie aborde avec une écriture délicate une multitude de thèmes comme le mal être que les enfants peuvent ressentir après un décès, le rejet d'un des parents, l'indifférence, la découverte de soi, de son corps, le passage de l'enfance à l'âge adulte avec tous les changements que cela implique.
Pour se construire Marie nous fait passer par un grand nombre de chemins pour un voyage à travers ses émotions retrouvées. Marie utilise aussi des jeux de miroirs pour retrouver la figure du père qu'elle veut aimer. Ses mots sont pleins de douceur, de sincérité et de bonté.
Marie disait lors d'une interview qu'elle avait fait un gros travail de rapprochement avec son père avec ce roman, elle a recomposé l'image fantôme de ce père qu'elle a besoin d'aimer pour aller mieux.
J'espère de tout coeur qu'elle va mieux à présent.
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Comment se construire face à un père mort jeune, dont on a peu de souvenirs et pas franchement des souvenirs positifs, et qu'on fait en plus le même métier que lui, et ce métier si particulier d'écrivain? Quand les gens chantent Nimier et qu'on se souvient surtout de son absence et des disputes? C'est cela que raconte Marie Nimier, ce père qu'elle ne connaît pas, dont elle n'est pas sûre qu'elle l'aurait apprécié, et il faut dire que Nimier incarne quand même beaucoup de choses bien passées de mode, et heureusement! Il avait une plume d'un certain style, mais comme époux et père, il avait clairement des progrès à faire!
Les anecdotes dans la presse, les anecdotes familiales, et puis ses romans, comment construire le portrait d'un homme à travers tout cela? Et puis il y a ce maudit permis que l'auteur n'arrive pas à avoir, comme un acte manqué, encore et encore, comme une rengaine, alors qu'elle s'éloigne de la tôle froissée et cherche son père ailleurs.
Un livre intime, un peu étrange, assez triste, assez beau.
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Un beau livre, sensible, sur la "relation" que l'auteur tente de construire avec son père, célèbre écrivain disparu alors qu'elle n'avait que 5 ans. Marie Nimier témoigne d'un long cheminement intérieur d'une manière sobre et touchante.
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Un père qui disparaît quand on a cinq ans ne laisse pas beaucoup de souvenirs.
A-t-on d'autre choix, pour se représenter ce père, que de se fier aux témoignages des amis, avec toute la subjectivité que cela implique ? Comment s'y retrouver entre les impressions des uns et les anecdotes des autres, parfois contradictoires, comment déceler la véritable personnalité du défunt derrière le portrait volontairement idéalisé brossé par une mère qui a voulu vous protéger ?
Une tâche d'autant plus ardue quand l'image du père en question, homme publique, est auréolée d'un halo de légende...

Le père de Marie s'appelait Roger. Roger Nimier. Journaliste, rédacteur en chef, scénariste, conseiller littéraire chez Gallimard, écrivain, il connut une mort prématurée et tragique, en allant écraser son Aston Martin contre un parapet. Il avait trente-six ans. Sa passagère, une romancière affublée du patronyme exotique de Sunsiaré de Larcône, en avait vingt-sept.

Marie est écrivain, elle aussi.

Elle tente, avec toute la difficulté que cela suppose, de choisir une autre voix que celle des souvenirs d'autrui pour s'approprier une image paternelle qui lui serait personnelle, quitte à ce qu'elle soit inventée. Elle doit pour cela décider du ton dans lequel elle va bâtir cette image, outillée de son imagination de romancière, extrapolant à partir de petits événements en rapport avec son père, que leur évocation soit issue de sa mémoire ou de celle des autres.

Ce sont seulement des bribes de souvenirs qui lui reviennent, des flashs fugaces, et qui bien souvent dénotent le caractère violent de cet homme par ailleurs souvent absent. L'image d'empreintes de doigts sur la trachée maternelle, celle de son père s'écroulant, terrassé par l'alcool, la réminiscence de cette matinée au cours de laquelle il brûla de sa cigarette l'oeuf en plastique qu'elle lui avait servi pour jouer... voilà qui ne s'accorde guère avec la lumière qui brille dans les yeux des amis à l'évocation de l'être exceptionnel qu'était Roger. Il semble bien en effet qu'il existait un fossé entre l'individu publique et le père de famille. le premier faisait la une des magazines, donnait l'impression d'être facilement attendri par les enfants. le second ne supportait pas d'être photographié avec les siens, cachait honteusement sa carte de famille nombreuse, reniait l'aspect tristement prosaïque d'un quotidien de langes, de cris, de présence importune, qui s'accordait mal avec sa stature d'écrivain célèbre, de professionnel reconnu.

Néanmoins, Marie refuse de s'attarder sur la part d'ombre de son père. Son but n'est pas de faire dans le sensationnel, ou de susciter l'apitoiement. C'est de combler ce manque qui la terrorise, qui parfois lui donne le vertige, à l'idée de ne pas savoir ce que c'est que d'avoir un père qui vieillit, qui vous accompagne dans certains moments de votre vie, qui vous sert de référence.

Au fur et à mesure de son cheminement, elle parvient -c'est du moins l'impression qu'elle donne- à aborder avec plus de sérénité les éléments de la représentation paternelle qui au départ formaient un ensemble chaotique, incertain. Elle appréhende mieux, en même temps, l'oeuvre de l'écrivain Roger Nimier, prenant conscience qu'il était "tout entier derrière sa plume", que ses récits reflétaient fidèlement sa personnalité, avec ses outrances, ses emportements.
Elle se pose aussi des questions sur la nature de sa propre vocation : bénéficie-t-on de l'ombre ou de la lumière de celui dans les pas duquel on place ses pas ?

Écrit à la manière d'un témoignage dans lequel Marie Nimier exprime ses pensées, analyse avec finesse ses doutes et ses limites, "La Reine du silence" se lit comme un roman, et nous attache irrémédiablement à cette femme discrète et sensible, en même temps qu'il nous rend admiratif de cette auteure à l'écriture élégante mais jamais pompeuse.
Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
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J'ai emprunté ce livre à la médiathèque de ma ville.
Je me suis aperçue que je l'avais déjà.
Bien au chaud dans ma bibliothèque.
Quelle omission! Celle-ci m'a d'abord un peu désarconnée puis, à la fin de cette lecture intense, je me suis sentie apaisée, presque rassurée d'avoir, de posséder oui, mon exemplaire de "La Reine du silence".

Je crois que, de façon intime, il fallait que j'aie ce texte près de moi. Alors, comment vous convaincre de courir à la bibliothèque la plus proche? D'aller négocier chez la bouquiniste de la place? Ou de pousser la porte du libraire du coin puisque vous n'avez pas le même rapport intime que j'entretiens avec certains livres, si ? Rapport propre à chacun, non?

Venons en, avec la parole, les mots (que vous lirez probablement en silence certes) au fait :
Marie Nimier revient sur son père, la mort de son père alors qu'elle n'était qu'au début de l'enfance et de ses soubresauts. Et quel père ? Un écrivain célèbre au destin fulgurant : Roger Nimier. Mais aussi un père. L'absence d'un père. le fantasme d'un père. Les souvenirs d'un père.
Ce magma intime apporte réconfort et beauté. C'est parfois douloureux, dérangeant : Marie Nimier se fait Reine de l'intime mais il y a toujours une issue car elle joue magnifiquement avec les mots ; mots au service des émotions, mots profondément libérateurs!

Marie Nimier écrit non pas parce qu'elle est la fille de Roger Nimier.
Marie Nimier est la fille de Roger Nimier et elle écrit.

J'aime cette sensation de liberté qui découle de ce silence royal.
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