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sur 150 notes
Les meilleurs recettes comportent souvent peu d'ingrédients, et Marie Nimier s'en est rappelé pour la rédaction de son ouvrage « Les confidences » : une table, deux chaises, un philodendron, des confidences et c'est tout !

Pour obtenir ce matériau indispensable, Marie Nimier a affiché des annonces aux points stratégiques d'une ville de France pour que les gens prennent rendez-vous avec elle, dans un appartement que la mairie lui a prêté, et mis en ligne un site internet pour recueillir de manière complémentaires les mots anonymes d'étrangers rebutés par la perspective de lui parler directement. Les histoires seront écoutées avec les yeux bandés, afin qu'elle ne soit pas perturbée par un quelconque jugement.

« Les confidences » constitue donc le recueil de ces histoires entendues de parfaits inconnus, après que l'autrice les a restituées à sa manière. Si elles sont racontées telles quelles, parfois Marie Nimier intervient pour raconter certaines circonstances sur leur auteur ou leur narration, la perception qu'elle en a eue, l'effet qu'elles ont pu produire sur elle. le résultat de cette idée très originale est un ouvrage aux histoires hétéroclites, certaines courtes, d'autres longues, certaines bizarres, d'autres touchantes (certaines sont d'ailleurs tellement incroyables qu'on pourrait les croire inventées !). Mais curieusement, toujours empreintes de gravité, et jamais très gaies ou drôles. Peut-être parce la plupart des gens semblent confondre confidence (un secret qu'on révèle à quelqu'un) et confession (un acte blâmable que l'on avoue), comme si Marie Nimier, avec son écoute aveugle, était une sorte de prêtresse d'un culte, ou plus prosaïquement, un déversoir. J'ai lu d'une traite ce court ouvrage et je ne sais si je l'ai aimé ou pas, le détachement de l'autrice dans son effort de rester en dehors des histoires, ou le plus possible, faisant écran entre le texte et mon ressenti.

Toutefois, la lecture de ces textes se révèle ainsi assez troublante, en ce qu'elle offre dans un premier temps un divertissement (que se cache-t-il dans le cerveau d'une personne lambda ?) puis passée la curiosité, un condensé de l'âme humaine souvent peu reluisant, et de ses secrets inavouables. Marie Nimier elle-même, malgré sa position surplombante, ne restera pas insensible à cette avalanche, et se réservera d'ailleurs la dernière confidence, assez significative d'ailleurs.

Je ne sais pas pour ma part si je serais allée rencontrer Marie Nimier pour lui faire ma confidence… Mais vous, y seriez-vous allé ?
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Une écrivaine, après avoir laissé des petites annonces à différents endroits stratégiques d'une ville, recueille des confidences, les yeux bandés, dans un appartement occupé juste pour l'occasion et sommairement meublé.

✒️J'avoue que le projet m'a sans doute plus intrigué que le contenu lui-même. Ces courtes confidences s'apparentent à des nouvelles et je suis peu adepte de ce genre littéraire (à part celle de Lionel Shriver dans Propriétés privées mais probablement parce qu'elles ont un long format).

✒️Par contre je me suis demandée si comme Sophie Calle, Marie Nimier avait réellement reçu des volontaires, un bandeau sur les yeux et si elle avait "magnifié" leur récit ou si cela était aussi pure fiction

✒️Je me suis rendue compte aussi que les nouvelles qui me plaisaient le plus étaient celles où l'écrivaine se mettait en scène, intervenait d'une façon ou d'une autre.

Par ricochets, j'ai pensé à Philippe Jaeanada et ses enquêtes pleines de digressions que j'affectionne tant alors que le dernier livre de Florence Aubenas dans lequel elle fait le choix de ne pas du tout apparaître m'a laissé de marbre.

J'ai pensé aussi aux biographies où l'auteur est présent (par exemple le très réussi Balzac et moi de Titiou Lecoq )
Mais ce CONFIDENCE POUR CONFIDENCE de Marie Nimier reste toutefois aussi ambitieux qu'étonnant !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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"Touchant" est le premier mot qui me vient à l'esprit après cette lecture conseillée par mon amie libraire. Marie écoute les confidences d'anonymes qui viennent raconter une histoire, une anecdote, un secret, un péché, une trahison, un amour ... Touchant parce qu'il s'agit d'une confidence, d'un aveu face à une personne qui entend mais ne voit pas (Marie a volontairement les yeux bandés). Du coup, on se confie plus aisément, sans crainte du regard de l'autre et cela donne à chaque petit récit une intensité incroyable. C'est à la fois pudique et impudique, fascinant et parfaitement juste.
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Marie Nimier, Les confidences - 2019

L'intention de départ me plaît : une écrivaine met de petites annonces un peu partout pour recueillir des confidences qui serviront de points de départ pour une oeuvre. Il y a des réponses bizarres, inattendues, d'autres vraiment touchantes... On se surprend à penser que la moindre parcelle de vie, la plus anodine parfois, peut rester gravée en nous et nous marquer pour longtemps, pour toujours. Mais pourquoi ce besoin tout à coup de la raconter à une inconnue ? Pour la voir là peut-être se détacher de nous et vivre dans un livre ?
Et vous que retiendriez-vous, quel instant inoubliable qui vous a fait et vous fait encore ?

Le style est simple, distancié. La narratrice se pose en observatrice. Nous faisons de même. Est-ce pour cela que les confidences glissent sur nous comme une eau tranquille ? Il y en a tant qu'on ne sait laquelle retenir, mais se lève parfois en nous comme un écho de nos propres souvenirs. Je retiendrai les dernières interventions et cette image tendre tout droit sortie d'un rêve d'enfance de Marie Nimier, un manque, comme quoi ce qui ne s'est pas produit peut faire aussi l'objet d'une confidence. J'ai aimé que la parole soit donnée à des gens anonymes.
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La Feuille Volante n° 1364 – Juillet 2019.

Les confidences – Marie Nimier – Gallimard.

L'univers créatif d'un écrivain s'inscrit soit dans la fiction, soit dans l'autobiographie. La fiction est du domaine de l'imaginaire qui, soit fonctionne et emmène son lecteur consentant dans un ailleurs inattendu, soit dérape complètement, le dépaysement n'est pas au rendez-vous et on passe complètement à côté. Avec l'autobiographie, l'auteur puise dans sa propre vie la nourriture de son oeuvre et cela peut tourner facilement au solipsisme. Restent les témoignages des autres. Ici ils sont recueillis anonymement par l'auteure et forment 48 petits récits. A la suite d'une séries de petites annonces judicieusement placées, la population d'une ville est informée qu'une romancière recueillera des « confidences » intimes de ceux qui le souhaitent en vue de la rédaction éventuelle d'une oeuvre. Pour que l'anonymat soit respecté, les interventions se feront sur un site dédié ou sur rendez-vous dans un appartement meublé très sommairement et prêté par la mairie où, pour préserver l'anonymat, la femme écoutera, les yeux bandés, le récit des intervenants qui se présenteront. L'idée est plutôt originale et Marie Nimier n'intervient pas directement, se contentant d'être « La reine du silence » en écoutant dans la solitude du lieu et au hasard ceux qui lui parlent soit d'une blessure d'enfance, d'un traumatisme assez profond pour qu'il leur pourrisse la vie, soit évoquent des mots qui leur ont échappés ou qu'ils n'ont pas su ou pas oser dire au bon moment, des obsessions, des regrets, des remords, des mensonges, des fantasmes, des échecs non assumés, des obs intimes qu'on ne confie que dans l'anonymat, de petits affronts ou de grandes trahisons qu'on ne pardonnera ou ne se pardonnera jamais, des amours avortées, jamais oubliées, toujours regrettées, autant d'étapes ordinaires dans leur vie, autant de moments de cet écume des jours qui parfois provoquent le vertige quand on les évoque et qui donnent la mesure du temps qui passe. Cette expérience, qui n'est pour elle pas sans danger, peut provoquer des rencontres inattendues ou improbables, la plupart de ces gens ordinaires livrent avec une grande économie de mots une parcelle de leur existence, des choses simples mais qui les obsèdent parce nous avons tous notre croix à porter. Parfois on s'excuse pour le dérangement, parfois il se trouve des gens pour tourner en dérision cette expérimentation qui pourtant déplace des patients d'un jour qui la vivent comme un appel au secours ou une bouteille lancée à la mer. Cela tient, si l'on veut, de la confession qui allège l'âme, mais sans la dimension religieuse du pardon divin. Cette ouverture sur un autre monde met aussi en évidence pour elle la réalité de son impuissance, de sa désolation de son malaise face à une brûlante, à une détresse.
Qu'en reste-t-il pour les intervenants ? Nous n'en savons que peu de choses puisqu'il n'y a que peu de commentaires de la part de l'auteure, cette dernière faisant confiance à sa mémoire se contentant d'un rôle de scribe qui ne juge personne. Sont-ils apaisés, satisfaits de s'être débarrasser d'une obsession, contents d‘avoir rencontrer un auteur connu, même s'ils ne repartent pas avec un de ses ouvrages dédicacé et fiers peut-être de l'éventuel espoir de se retrouver dans un futur roman et ainsi d' avoir contribué ne serait-ce qu'un peu, à la création d'une oeuvre d'art ? Parviennent-ils réellement à se délivrer par la parole d'autant plus anonyme que celle qui la recueille a les yeux bandés? Après un drame il est d'usage de consulter un psychiatre ou de mettre en place des cellules psychologiques pour aider ceux qui ont été traumatisés à se libérer. C'est un peu la même démarche sauf qu'ici, le traumatisme peut remonter à des années et gangrener la vie de celui qu'il hante. Ces gens viennent spontanément se confier à cette femme dont ils ignorent tout, ce qui donne la mesure de la condition humaine mais surtout celle de la solitude de la société dans laquelle nous vivons. Cela peut tenir du soliloque et la puissance cathartique des mots peut agir comme une soupape de sûreté qui sauvegarde la vie ou la rend plus acceptable malgré la honte, le dégoût ou le mépris de soi.
Les interventions dont elle a eu connaissance étaient pour la plupart orales mais c'est une confession écrite, emprisonnée dans un cahier à spirale, gouvernée par la présence tutélaire paternelle et dont nous ne saurons rien, et d'autant plus étrange qu'elle est agressive et assortie d'une proposition inattendue qui, pour elle, va bouleverser l'ordre des choses. Dès lors l'auteure ne se contente pas de rendre compte de toutes ces témoignages anonymes, elle y va aussi de sa propre confidence, comme portée par tout ce qu'elle vient d'entendre et évoque son père, l'écrivain Roger Nimier, mort à l'âge de 36 ans alors qu'elle n'est elle-même qu'une enfant de 5 ans. Elle en parle comme d'un absent définitivement silencieux, une énigme, évoque le vide que sa disparition brutale a creusé en elle, comme d'un étranger aussi. Il est celui qu'on attend mais qui ne viendra pas. Dès lors l'écriture pour elle reprend sa fonction exploratrice du souvenir, s'impose comme un exorcisme à la fois créateur et libérateur. Peut-être ou peut-être pas !
©Hervé Gautier.http:// hervegautier.e-monsite.com




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Marie Nimier a tenté une expérience peu commune : pendant quelques jours, dans un local prêté par une mairie, les yeux bandés, elle a recueilli les confidences de personnes inscrites au préalable pour participer à cette « expérience ».
Des confidences, des confessions, des aveux, des retours en arrière sur des évènements, actes, pensées, mensonges, omissions… Il y a, dans ce qu'ont confié ces anonymes, une part de surprise lorsque nous, lecteurs, découvrons chaque sujet jusque-là enfoui, tu, caché, et qui trouve enfin dans cette aventure intime le moment d'être partagé. Une première fois en face-à-face, une seconde fois en publication, Marie Nimier n'ayant pas caché ses intentions d'en tirer un ouvrage. Parfois c'est énorme, lourd, angoissant ; parfois le « secret » nous est insignifiant.

De ces rencontres à l'aveugle, Marie Nimier a-t-elle restitué ce qu'elle avait entendu, compris, interprété ? Car c'est là un des intérêts de ce livre, qu'on ne peut qualifier ni de roman, ni de biographie, ni de témoignage. Car dans ces 48 « rapports » pour lesquels elle ne prenait pas de notes sur le moment, quelle est la part de ce qu'y apporte l'auteure, ne serait-ce que par ce qu'elle en a immédiatement retenu, et de ce qu'elle a bien voulu comprendre ? Pour moi il s'agit d'un recueil de nouvelles où toutes similitudes avec des personnages ou des faits ayant déjà existé ne sont pas fortuites. Bien que la fin soit surprenante - Marie Nimier imagine des rapprochements avec le manque de son père, qui m'ont semblé décalés par rapport au reste du livre - et malgré les digressions sur un philodendron pour lesquels je n'ai pas compris le symbolisme (si symbolisme il y avait), j'ai beaucoup aimé ce livre.

Lien : https://top-topic.com/les-co..
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Des anonymes viennent faire leurs confidences à Marie, qui les recueille les yeux bandés, dans un appartement vide.
Quelle drôle d'idée. Mais visiblement, à moins que cela soit une fiction, cela fonctionne, les gens se confient. le résultat est cette suite de témoignages, de courts récits, disparates et plus ou moins intéressants, dont j'ai tout oublié dès la dernière page tournée...Je n'ai pas été émue ni intéressée. Rendez-vous manqué.
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Mais quelle idée a eu Marie Nimier que de rechercher, d'écouter, puis de nous donner à lire, transformées, ces confidences, ces secrets déposés devant elle, qui a les yeux masqués pour que le secret soit complet?! Elle le fait avec tellement de générosité et de don que la lecture en devient compulsive. Les rencontres, unes à unes nous laissent pantois, ébahis, surpris devant ces autres vies que la nôtre et que l'auteur nous laisse entre-apercevoir...
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Un livre hors du commun. Il n'a ni début ni fin. Ni intrigue, ni fil rouge. Ni suite logique. Il s'agit simplement d'une juxtaposition de textes. de confidences plus précisément. Des confidences que l'écrivaine Marie Nimier a eu l'étrange idée de recevoir d'inconnus et de façon anonyme. Pour ce faire, elle a fait un « appel à confidences »
J'ai aimé l'idée de ces textes semblant arrivés de nulle part. J'en ai relu certains à plusieurs reprises, sur d'autres mes yeux se sont posés plus rapidement. C'est un livre que j'ai feuilleté à souhait, en ouvrant les pages au hasard. le prenant par la fin ou le milieu, oubliant l'ordre des choses. L'ordre des mots. Aucune chronologie ne m'étant imposée, c'est moi qui décidais de ma lecture. Lire en décalé.
Lien : https://laparenthesedeceline..
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Une écrivain se décide à une démarche un peu singulière : les yeux bandés, elle reçoit toute personne susceptible de vouloir lui raconter une anecdote qui pourrait permettre ensuite l'écriture d'un roman. Ces anecdotes se multiplient sans peine et font ce roman. Beaucoup de non dits, de remords, de moments d'ingratitude inavouables et que ces gens ne se pardonnent pas. Et sans jamais que notre écrivain n'intervienne ou nous apporte son propre jugement. Original mais j'avoue m'être lassé un peu à la fin. Et n'attendez surtout pas un rebondissement ou une fin. Il n'y en a pas...
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