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sur 146 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Touchant" est le premier mot qui me vient à l'esprit après cette lecture conseillée par mon amie libraire. Marie écoute les confidences d'anonymes qui viennent raconter une histoire, une anecdote, un secret, un péché, une trahison, un amour ... Touchant parce qu'il s'agit d'une confidence, d'un aveu face à une personne qui entend mais ne voit pas (Marie a volontairement les yeux bandés). Du coup, on se confie plus aisément, sans crainte du regard de l'autre et cela donne à chaque petit récit une intensité incroyable. C'est à la fois pudique et impudique, fascinant et parfaitement juste.
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La Feuille Volante n° 1364 – Juillet 2019.

Les confidences – Marie Nimier – Gallimard.

L'univers créatif d'un écrivain s'inscrit soit dans la fiction, soit dans l'autobiographie. La fiction est du domaine de l'imaginaire qui, soit fonctionne et emmène son lecteur consentant dans un ailleurs inattendu, soit dérape complètement, le dépaysement n'est pas au rendez-vous et on passe complètement à côté. Avec l'autobiographie, l'auteur puise dans sa propre vie la nourriture de son oeuvre et cela peut tourner facilement au solipsisme. Restent les témoignages des autres. Ici ils sont recueillis anonymement par l'auteure et forment 48 petits récits. A la suite d'une séries de petites annonces judicieusement placées, la population d'une ville est informée qu'une romancière recueillera des « confidences » intimes de ceux qui le souhaitent en vue de la rédaction éventuelle d'une oeuvre. Pour que l'anonymat soit respecté, les interventions se feront sur un site dédié ou sur rendez-vous dans un appartement meublé très sommairement et prêté par la mairie où, pour préserver l'anonymat, la femme écoutera, les yeux bandés, le récit des intervenants qui se présenteront. L'idée est plutôt originale et Marie Nimier n'intervient pas directement, se contentant d'être « La reine du silence » en écoutant dans la solitude du lieu et au hasard ceux qui lui parlent soit d'une blessure d'enfance, d'un traumatisme assez profond pour qu'il leur pourrisse la vie, soit évoquent des mots qui leur ont échappés ou qu'ils n'ont pas su ou pas oser dire au bon moment, des obsessions, des regrets, des remords, des mensonges, des fantasmes, des échecs non assumés, des obs intimes qu'on ne confie que dans l'anonymat, de petits affronts ou de grandes trahisons qu'on ne pardonnera ou ne se pardonnera jamais, des amours avortées, jamais oubliées, toujours regrettées, autant d'étapes ordinaires dans leur vie, autant de moments de cet écume des jours qui parfois provoquent le vertige quand on les évoque et qui donnent la mesure du temps qui passe. Cette expérience, qui n'est pour elle pas sans danger, peut provoquer des rencontres inattendues ou improbables, la plupart de ces gens ordinaires livrent avec une grande économie de mots une parcelle de leur existence, des choses simples mais qui les obsèdent parce nous avons tous notre croix à porter. Parfois on s'excuse pour le dérangement, parfois il se trouve des gens pour tourner en dérision cette expérimentation qui pourtant déplace des patients d'un jour qui la vivent comme un appel au secours ou une bouteille lancée à la mer. Cela tient, si l'on veut, de la confession qui allège l'âme, mais sans la dimension religieuse du pardon divin. Cette ouverture sur un autre monde met aussi en évidence pour elle la réalité de son impuissance, de sa désolation de son malaise face à une brûlante, à une détresse.
Qu'en reste-t-il pour les intervenants ? Nous n'en savons que peu de choses puisqu'il n'y a que peu de commentaires de la part de l'auteure, cette dernière faisant confiance à sa mémoire se contentant d'un rôle de scribe qui ne juge personne. Sont-ils apaisés, satisfaits de s'être débarrasser d'une obsession, contents d‘avoir rencontrer un auteur connu, même s'ils ne repartent pas avec un de ses ouvrages dédicacé et fiers peut-être de l'éventuel espoir de se retrouver dans un futur roman et ainsi d' avoir contribué ne serait-ce qu'un peu, à la création d'une oeuvre d'art ? Parviennent-ils réellement à se délivrer par la parole d'autant plus anonyme que celle qui la recueille a les yeux bandés? Après un drame il est d'usage de consulter un psychiatre ou de mettre en place des cellules psychologiques pour aider ceux qui ont été traumatisés à se libérer. C'est un peu la même démarche sauf qu'ici, le traumatisme peut remonter à des années et gangrener la vie de celui qu'il hante. Ces gens viennent spontanément se confier à cette femme dont ils ignorent tout, ce qui donne la mesure de la condition humaine mais surtout celle de la solitude de la société dans laquelle nous vivons. Cela peut tenir du soliloque et la puissance cathartique des mots peut agir comme une soupape de sûreté qui sauvegarde la vie ou la rend plus acceptable malgré la honte, le dégoût ou le mépris de soi.
Les interventions dont elle a eu connaissance étaient pour la plupart orales mais c'est une confession écrite, emprisonnée dans un cahier à spirale, gouvernée par la présence tutélaire paternelle et dont nous ne saurons rien, et d'autant plus étrange qu'elle est agressive et assortie d'une proposition inattendue qui, pour elle, va bouleverser l'ordre des choses. Dès lors l'auteure ne se contente pas de rendre compte de toutes ces témoignages anonymes, elle y va aussi de sa propre confidence, comme portée par tout ce qu'elle vient d'entendre et évoque son père, l'écrivain Roger Nimier, mort à l'âge de 36 ans alors qu'elle n'est elle-même qu'une enfant de 5 ans. Elle en parle comme d'un absent définitivement silencieux, une énigme, évoque le vide que sa disparition brutale a creusé en elle, comme d'un étranger aussi. Il est celui qu'on attend mais qui ne viendra pas. Dès lors l'écriture pour elle reprend sa fonction exploratrice du souvenir, s'impose comme un exorcisme à la fois créateur et libérateur. Peut-être ou peut-être pas !
©Hervé Gautier.http:// hervegautier.e-monsite.com




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Marie Nimier a tenté une expérience peu commune : pendant quelques jours, dans un local prêté par une mairie, les yeux bandés, elle a recueilli les confidences de personnes inscrites au préalable pour participer à cette « expérience ».
Des confidences, des confessions, des aveux, des retours en arrière sur des évènements, actes, pensées, mensonges, omissions… Il y a, dans ce qu'ont confié ces anonymes, une part de surprise lorsque nous, lecteurs, découvrons chaque sujet jusque-là enfoui, tu, caché, et qui trouve enfin dans cette aventure intime le moment d'être partagé. Une première fois en face-à-face, une seconde fois en publication, Marie Nimier n'ayant pas caché ses intentions d'en tirer un ouvrage. Parfois c'est énorme, lourd, angoissant ; parfois le « secret » nous est insignifiant.

De ces rencontres à l'aveugle, Marie Nimier a-t-elle restitué ce qu'elle avait entendu, compris, interprété ? Car c'est là un des intérêts de ce livre, qu'on ne peut qualifier ni de roman, ni de biographie, ni de témoignage. Car dans ces 48 « rapports » pour lesquels elle ne prenait pas de notes sur le moment, quelle est la part de ce qu'y apporte l'auteure, ne serait-ce que par ce qu'elle en a immédiatement retenu, et de ce qu'elle a bien voulu comprendre ? Pour moi il s'agit d'un recueil de nouvelles où toutes similitudes avec des personnages ou des faits ayant déjà existé ne sont pas fortuites. Bien que la fin soit surprenante - Marie Nimier imagine des rapprochements avec le manque de son père, qui m'ont semblé décalés par rapport au reste du livre - et malgré les digressions sur un philodendron pour lesquels je n'ai pas compris le symbolisme (si symbolisme il y avait), j'ai beaucoup aimé ce livre.

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Mais quelle idée a eu Marie Nimier que de rechercher, d'écouter, puis de nous donner à lire, transformées, ces confidences, ces secrets déposés devant elle, qui a les yeux masqués pour que le secret soit complet?! Elle le fait avec tellement de générosité et de don que la lecture en devient compulsive. Les rencontres, unes à unes nous laissent pantois, ébahis, surpris devant ces autres vies que la nôtre et que l'auteur nous laisse entre-apercevoir...
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Très chaudement recommandé par Marie, j'ai piqué ce livre dans ses emprunts auprès de la bibliothèque numérique de la Ville de Paris (je trouve très chouette de pouvoir se se partager à distance les livres empruntés dans cette bibliothèque !).

Et je me suis régalée à mon tour ! 

Marie Nimier a affiché une petite annonce en accord avec la Mairie et la médiathèque d'une petite ville où elle propose aux habitants de venir lui confier leurs confidences, de façon anonyme - elle portera un bandeau sur les yeux .

Ils confient leur histoire la laissant libre de l'utiliser dans un recueil où elle les retranscriera a posteriori.

Ils ont également la possibilité de les lui adresser par mail !

Certaines sont rigolotes (Stand-up, Chirurgienne), d'autres attachantes (Sans histoire, Maquillage), pathétiques (Pas assez bien pour elle, Au premier shampooing) d'autres encore assez gore (Des sacs en plastique).

Ce roman m'a fait penser à une anthologie de récits de Paul Auster, "Je pensais que mon père était Dieu", histoires vraies confiées par des auditeurs de radio et qui , compilées sont devenues ce roman publié en 2001 chez Actes Sud ! 

J'ai beaucoup apprécié le roman de MArie Nimier, d'autant plus qu'elle y introduit une dimension autobiographique en fin de volume évoquant le décès de son père, Roger Nimier,  alors qu'elle était très jeune ...  
Lien : http://les.lectures.de.bill...
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Du concept à la langue, ce livre est hyper intéressant ! On est touché, marqué, amusé, à lire et à comparer avec celui d'Arnaud Cathrine
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J'ai adoré ce livre. le concept, la douce ambiguïté fictionnelle, les mots, les histoires... à lire et relire.
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J'ai fait un beau voyage avec ce livre. Oui, je l'ai dévoré. Comme un recueil de nouvelles du réel, une multitude de petites surprises. Marie Nimier se révèle en creux par sa perception des récits. j'aurais sans doute aimer qu'elle s'implique davantage, mais elle donne à lire ce qu'elle a entendu et ce mouvement littéraire est en soi déjà très joli. L'idée est simple : se bander les yeux et recevoir des confidences. Avoir un matériau inédit pour un livre. Il fallait y penser. Cela ne remplace par un grand roman, une belle fiction bien construite, mais c'est imaginairement nourrissant. En tout cas j'ai beaucoup aimé. le livre a été dévoré.
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J'ai tellement aimé ce livre que je ne sais pas quoi en dire. Marie Nimier recueille des histoires avec un talent, une justesse, une délicatesse qui m'ont éblouie, enchantée. C'est magnifique, banal, déchirant, inspirant, désespérant, comme la vie. Un petit bijou !
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Les confidences recueillies et retranscrites par Marie Nimier qui constituent cet ouvrage sont splendides de candeur, d'absurde, de trouble, d'émotion. Splendides aussi parce que d'elles transparaît l'auteure, pas simple récipiendaire, mais corps qui encaisse et esprit qui digère en littérature. Un aussi beau livre que le projet global est puissant.
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