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EAN : SIE320498_896
(30/11/-1)
3.83/5   3 notes
Résumé :
Les principaux personnages de ce roman burlesque et satirique sont des élèves de troisième, des garnements de quatorze ans. Nous les voyons jouer au poker, s'essayer aux courses, à la débauche en même temps qu'à l'histoire, à la géographie et aux sciences naturelles. L'un d'eux pourtant, Perfide, aime Maurice Scève et le Cardinal de Retz ... Les parents sont de grands enfants, même M. Melba, président du Conseil, même la belle et capiteuse Mme Melba qui prend pour a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
28 septembre 1962.

Une Aston Martin DB4 percute un pylône sur l'A13 vers Celle-Saint-Cloud. Un écrivain de 36 ans, Roger Nimier décède dans l'accident. Amateur de voitures rapides, il fait parti de ce petit groupe d'artistes décédé dans des belles voitures (Dean dans une Porsche S50 Spyder ou encore Camus dans une Facel Vega sur la N5). Nimier, par ailleurs, ne se cachait pas de rouler vite (1) :

(Nimier à Morand le 26 avril 1962)
"J'ai fait hier, à 3 heures de l'après-midi, Les Hayes-Porte de Saint-Cloud en 25 minutes, grâce à un sprint sur l'autoroute. Sans le faire exprès. C'est le seul danger des voitures rapides : on va vite malgré soi."

(Morand à Nimier le 29 avril 1962)
"25 minutes des Hayes, cela fait du 145 de moyenne (58km).Vous flânez (Le Flâneur non salarié (2))."

Revenons 15 ans en arrière. 1950. Nimier a 25 ans. Cette année marquera l'apogée de la carrière de Nimier. Il publiera coup sur coup, Perfide (NRF) et le Grand d'Espagne (3) à une semaine d'écart en mars 1950 et connaitra la gloire avec le Hussard Bleu (4). Il est remarqué par son écriture burlesque et son insolence du premier de la classe qui sait tout et ne révise jamais rien. Cette fougue entraine d'autres jeunes écrivains avec lui (Blondin, Laurent, usw**) dans un mouvement littéraire appelé Les Hussards
(voir la belle liste de tetsuo pour plus de détails : https://www.senscritique.com/liste/Les_Hussards_mouvement_litteraire/2920063).
Par la suite, Nimier écrit pour des revues (Arts, La Parisienne) en tant que critique et sera même éditeur chez Gallimard ( il s'occupera de l'édition D'un Château l'Autre(5) en 1957).

Mais bon, revenons à 1950 ! Notre ouvrage en question, Perfide, est un petit roman bien sympathique au ton bien Nimérien (i.e cynique), écrit en une petite semaine (voir la lettre à Morand du 6 novembre 1961).

On suit les aventures de Melba et de ses camarades Perfide, Charles, Fronceville et Léon. du haut de leur 14 ans, Melba et ses amis rencontrent un géorgien, Griniouwski. Ils jouent au poker ensemble, ils vont au strip-club ensemble, bref Griniouwski est un individu bien recommandable. En dehors de ces aventures juvéniles, on suit le père de Melba, démesurément républicain, qui dirige les séances à l'Assemblée Nationale. On retrouve bien ici le style de Nimier. On ne voit distingue pas la différence entre une heure de classe avec des quatrièmes et une heure de séance à l'AN. Les députés y sont décrits comme des adolescents gesticulant dans tous les sens et applaudissant à chaque phrase (on n'a pas encore cela dans les classes de collégiens).

Retour en classe. Melba et ses camarades découvrent leur professeur assassiné. Les journaux pensent que ce sont les chourineurs qui ont fait le coup, ce petit gang de malfrats qui sévissent depuis un moment. Qui en est le chef ? Melba, ce cancre de la classe ? Ou alors Perfide, ce petit insolent premier de la classe au nom singulier qui venait de s'engueuler avec la victime ?

Mystères et boule de gomme.

Cette comédie, composée d'enfants de tout âge, doit prendre fin. Une révolution éclate en France. Au milieu de ces révolutionnaires, on y retrouve Perfide muni des Mémoires du Cardinal Retz (le livre accompagnant Sanders le héros de le Hussard Bleu, Perfide est donc bien Nimier lui-même (6)). Charles le questionne :

"_Qu'est ce que nous deviendrons plus tard ? demanda t-il. Il ne faudrait pas mettre les pieds dans la vie. Mais Perfide ne l'écoutant pas du tout et répondant pour lui seul :
_ Nous ferons de grandes choses."

PS : le livre est difficilement trouvable puisqu'il n'a jamais été réédité. On peut le trouver dans des librairies de livres anciens à des prix exorbitants. Bien heureusement, il est trouvable dans les bas-fonds de l'Internet. Envoyez-moi un MP si vous aimez les abysses.

Notes :
** usw : l'équivalent de etc en allemand. Nimier l'utilise dans ses lettres.
(1) : Correspondance Morand-Nimier, NRF, 24 Avril 2015
https://www.senscritique.com/livre/Correspondance/15546682
(2) : le Flâneur non salarié, Henri Beraud, Editions Bartillat (réédition en 2007)
(3) : le Grand d'Espagne, Roger Nimier, Table Ronde, 1 avril 1950
Essai sur Bernanos
https://www.senscritique.com/livre/Le_Grand_d_Espagne/442814
(4) : le Hussard Bleu, Roger Nimier, NRF, 20 Octobre 1950
https://www.senscritique.com/livre/Le_Hussard_bleu/399788
(5) : D'un Château l'Autre, Louis-Ferdinand Céline, NRF, 12 juin 1957
https://www.senscritique.com/livre/D_un_chateau_l_autre/168888
(6) : Dans Lettres à Roger Nimier de Jacques Chardonne (fausse correspondance entre Nimier et Chardonne), une des fausses lettres de Nimier contient ceci :

"A dix-huit ans, influencé par Larbaud, je crois que je savais la Délie par coeur. Et aussi, j'avais lu cinq fois les Mémoires du Cardinal de Retz. C'étaient de tristes écoles pour un jeune soldat. Tout cela s'est payé un jour, et se paye encore. Voilà pourquoi j'ai tant de retard sur mes contemporains, tant de peine à les suivre."
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Yannick Haenel et son invitée, Linda Tuloup, lecture par Emmanuel Noblet.
Depuis plus de deux décennies, Yannick Haenel éclaire le paysage littéraire français de ses romans singuliers, où se concentrent les désirs multiples et où nous côtoyons, souvent avec jubilation, l'univers de personnages en quête d'absolu. Au cours de ce grand entretien, un format qui lui sied particulièrement, l'écrivain reviendra sur ses passions. La peinture d'abord (il a écrit sur le Caravage un essai inoubliable), mais aussi le théâtre (son Jan Karski a été adapté sur scène par Arthur Nauzyciel), la photographie (Linda Tuloup sera à ses côtés), l'histoire… On parlera aussi de littérature, de celle qui l'aide à vivre depuis toujours, d'écriture et de ce qu'en disait Marguerite Duras dont l'oeuvre l'intéresse de plus en plus, et de cinéma, vaste territoire fictionnel dont il s'est emparé dans Tiens ferme ta couronne, où son narrateur se met en tête d'adapter pour l'écran la vie de Hermann Melville, croisant tout à la fois Isabelle Huppert et Michaël Cimino…
Écrivain engagé, il a couvert pour Charlie Hebdo le procès des attentats de janvier 2015, en a fait un album avec les dessins de François Boucq, et continue de tenir des chroniques dans l'hebdomadaire. Son dernier roman, le Trésorier-payeur, nous entraîne à Béthune dans une succursale de la Banque de France, sur les traces d'un certain Georges Bataille, philosophe de formation et désormais banquier de son état, à la fois sage et complètement fou, qui revisite la notion de dépense et veut effacer la dette des plus démunis. Mais comment être anarchiste et travailler dans une banque ? Seuls l'amour et ses pulsions, le débordement et le transport des sens peuvent encore échapper à l'économie capitaliste et productiviste…
Une heure et demie en compagnie d'un écrivain passionnant, érudit et curieux de tout, pour voyager dans son oeuvre et découvrir les mondes invisibles qui la façonnent.
À lire (bibliographie sélective) — « le Trésorier-payeur », Gallimard, 2022. — Yannick Haenel, avec des illustrations de François Boucq, « Janvier 2015. le Procès », Les Échappés, 2021. — « Tiens ferme ta couronne, Gallimard, 2017 (prix Médicis 2017). — « Les Renards pâles, Gallimard, 2013. — « Jan Karski, Gallimard, 2009 (prix du roman Fnac 2009 et prix Interallié 2009) — « Cercle, Gallimard, 2007 (prix Décembre 2007 et prix Roger-Nimier 2008). — Linda Tuloup, avec un texte de Yannick Haenel, « Vénus. Où nous mènent les étreintes », Bergger, 2019.
Un grand entretien animé par Olivia Gesbert, avec des lectures par Emmanuel Noblet, et enregistré en public le 28 mai 2023 au conservatoire Pierre Barbizet, à Marseille, lors de la 7e édition du festival Oh les beaux jours !
Podcasts & replay sur http://ohlesbeauxjours.fr #OhLesBeauxJours #OLBJ2023
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