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Critique de carolectrice


Anaïs Nin est née en 1903 à Neuilly de parents cubains ; son père les abandonne quand elle est enfant. La mère emmène ses trois enfants vivre à NYC. Anaïs, alors mannequin, se marie à 20 ans avec Hugh Guiler, puis le couple part vivre à Paris. Elle est connue pour sa relation fusionnelle avec l'écrivain Henry Miller. « Inceste » est extrait de son "Journal de l'amour " (qui comprend 7 volumes) et il est longtemps resté inédit puisqu'il a été expurgé des passages pouvant compromettre des proches d'Anaïs, selon son souhait ; la version non expurgée a donc paru pour la première fois après sa mort, en 1979.
Le Journal d'Anaïs Nin, qu'elle commence à 11 ans, est un cri d'amour à son père abandonnique, cette relation interdite qui sera le point d'orgue de son journal, puisqu'elle sera consommée et consentie, les scènes de sexe avec lui étant les plus crues du livre. Aux pages seules elle dit la vérité, elle qui ment comme elle respire et manipule ses amants autant qu'elle les collectionne. de son propre aveu, elle n'est fidèle à personne, sauf à l'amour... Dotée d'une lucidité déconcertante sur elle-même et les autres, elle s'en sert pour assouvir son besoin de passion et de liberté, vivant de multiples vies parallèles sans la moindre entrave. Bipolaire, de santé fragile, sa vocation littéraire s'épanouira dans l'élaboration de mensonges sophistiqués qu'elle sert aux hommes de sa vie (son mari Hugh, Miller, Artaud, ses psys Allendy et Rank, sans oublier son père et la femme de Miller, June, et j'en oublie...) et tiendra même 2 journaux parallèles pour ne pas se compromettre en même temps qu'elle transgressera tous les interdits fondamentaux (l'inceste, donc, coucher avec ses psys, avorter à 6 mois de grossesse...). Si ses frasques amoureuses peuvent lasser à la longue, Anaïs est sincère : c'est une éternelle amoureuse, incapable de se contenter d'un seul amour, virevoltant comme une girouette au gré du vent... Transcendée par une énergie sexuelle créatrice, Anaïs est une femme voluptueuse qui passe son temps à analyser ses sentiments et à jouir de son corps sans limites, à tenter de dépasser la dualité qui la tiraille, s'autoanalysant en permanence, à la recherche d'un absolu mortifère et inaccessible. Ce journal c'est la tentative d'émancipation d'une femme en tant qu'artiste, qui n'aime rien tant qu'être la muse de Henry Miller, qu'elle entretient et dorlote comme une mère, supportant son égoïsme notoire avec un plaisir coupable. C'est vertigineux, choquant, sensuel, une ode à la vie et à la créativité.
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