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EAN : 9782362292750
96 pages
Editions Bruno Doucey (06/02/2020)
3.88/5   17 notes
Résumé :
Deux textes forts et incandescents. Deux textes pour dire la femme, la fille, la mère... Dans le premier, qu'elle dédie à sa propre mère, Ananda Devi évoque l'exil auquel chaque être se trouve confronté : celui du ventre maternel. "Tout commence par la perte des eaux", écrit-elle, avant de nous livrer ce constat amer : "L'enfant s'en va et ne cessera plus de s'en aller." Dès lors, la vie s'apparente à une longue exploration de la perte. Dans le second, qu'elle intit... >Voir plus
Que lire après Danser sur tes braises (suivi de) Six décenniesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Ananda Devi est une ethnologue, née sur l'île Maurice de parents d'origine indienne et poète. Entre elle et moi, ça commençait donc très bien. Elle publie ici deux longs poèmes, l'un écrit à l'occasion du décès de sa maman (d'où le très beau titre, « danser sur tes braises »), l'autre où elle évoque ses soixante années.

Dans le premier, l'auteure parle du sentiment de perte, celui dont on ne cesse de faire l'expérience tout au long de la vie, sorte de répétitions pour nous préparer à la plus grande des pertes, celle d'une mère ou d'un père. Elle évoque aussi le difficile rôle d'être fille ou fils, celui d'incarner les rêves et les ambitions que nos parents ont nourris pour nous. Si sa mère était une lionne en cage, elle est une souris en liberté… C'est l'occasion aussi, pour elle, de s'interroger sur les mots, tantôt passerelle, tantôt rempart, et sur l'écriture, perçue ici comme une fuite.

Sa poésie est très sensorielle et très rythmée, alternant passages en prose et écriture en vers. Mais c'est dans « six décennies » que sa poésie se fait très sensuelle. Elle y observe son corps vieillissant, qui porte les marques du temps et qui dit mieux que les mots la vie. Un corps qui réclame encore et toujours sa part de plaisir, qui refuse le long chemin tranquille qui mène à la mort pour vivre intensément et accueillir l'incertain avec une curiosité et un enthousiasme très juvéniles.

Vivifiant et salutaire. Une excellente découverte.
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Opération Masse critique Littératures.
Merci à Babelio et aux éditions Bruno Doucey.

"J'ai compris, en écoutant mon père ce matin-là, à quel point les mythes sont ancrés en nous et nous consolent de danser en permanence sur les braises. Les flammes t'ont portée comme des paumes de chaleur, facilitant le passage à néant, la fragmentation de l'écorce et de la mémoire. Ne restent que des souvenirs allégés, exultés. Pas de lente putréfaction dans l'ombreuse humidité de la terre. Changement de phase immédiat, de la phase solide à la phase vapeur : tu te mêles à l'air que je respire".

Dans ces deux recueils de poèmes en prose, l'auteure d'origine indienne nous fait partager son hommage à sa mère, et sa réflexion sur son propre corps se flétrissant mais conservant pourtant encore tous ses désirs.

Vibrant chant d'amour presque impudique et mélancolique envers une mère adorée (" Si tu étais une lionne en cage, je suis une souris en liberté") et constat amer mais frondeur d'un corps vieillissant dont "le désir n'est jamais dompté", l'écriture est visiblement très travaillée avec des mots choisis avec soin.

Le livre est court mais si dense que plusieurs relectures ont été nécessaires pour pleinement savourer ces textes intenses mais si intimes que je me sentais presque face à une confession.
Il nous ait donné une réflexion profonde sur l'émotion d'une femme abordant le passage vers la véritable solitude intérieure mais aussi la recherche de l'apaisement.

Selon Ananda Devi, "ce chant d'amour, chacun le chante seul. Il ne peut être partagé".
Je la remercie d'en avoir entendu quelques murmures.


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Regroupement de 2 recueils de poésie en prose de la poétesse mauricienne Ananda Devi.

1) Danser sur tes braises
"Tout commence par la perte des eaux". Ainsi débute ce recueil qui parle de la naissance d'un bébé, la séparation d'avec le corps de sa mère une fois le cordon ombilical coupé.
C'est le début d'une séparation qui n'en finira pas.
L'enfant va grandir puis avoir sa propre vie conjugale et parentale, et s'éloignera de sa mère.
Ce recueil très sombre est axé sur la perte dans tous les sens du terme : perte des eaux, perte de ce lien mère/enfant, perte causée par la mort naturelle ou par un suicide.
L'auteur évoque également son besoin d'écrire.

2) Six décennies
Ce recueil-ci évoque le corps de la femme qui change avec le temps, l'apparition des rides, les membres moins vigoureux.
Cela pourrait être une souffrance pour elle mais le regard d'un homme peut tout changer, prouvant que le corps de la femme peut être toujours aussi désirable qu'il l'était dans sa jeunesse.

Ananda Devi se livre sans tabou avec une poésie en prose percutante.
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Je remercie vivement les Editions Bruno Doucey qui m'ont envoyé ce livre dans le cadre du défi Masse Critique. La quatrième de couverture évoque rapidement le thème de ces deux textes, à savoir les relations mère/fille.
J'ai pu découvrir les deux textes d'Amanda Devi, dont je ne connaissais ni le nom ni le style, c'est donc pour moi une double découverte.
Comme c'est la première fois que je découvrais ce style d'écriture, j'ai passé toute la lecture à douter de mes capacités à saisir toutes ses subtilités et métaphores.
L'idée globale que je retiens de ma lecture est un fort sentiment mélancolique, en particulier de la relation de la narratrice à sa mère et des incidences sur sa propre vie de mère. Ceci donne deux textes que j'ai trouvé plutôt difficiles tant cette relation mère/fille est pesante, sans que l'on ne sache vraiment pourquoi.
Il y a bien sûr de belles phrases, émouvantes et/ou marquantes qui nous montrent tout le talent de l'auteur.
Néanmoins, j'ai eu du mal à m'impregner de ces deux textes... Je n'exclu toutefois pas de relire ce livre, pour tenter d'en saisir ses subtilités.
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Première découverte de cette écrivaine mauricienne dont l'écriture forte voire violente m'a parfois émue et souvent déstabilisée dans ma perception des évènements de la vie d'une femme.
Dans le 1er récit on est plongé dans la complexité du lien mère-fille-enfant.
Contradiction des ressentis: la naissance de l'enfant devient l'exploration de la perte, la mort de sa mère devient un moment joyeux et on perçoit tout au long du texte l'incapacité de la fille de répondre à l'attente de la mère.
Dans le deuxième récit c'est le rapport sans concession au corps qui vieillit mais la liberté d'être soi enfin retrouvée et le désir indompté.
A lire et à relire pour s'imprégner du texte dont il me restera des phrases fortes.
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Citations et extraits (52) Voir plus Ajouter une citation
Les mots rythment mes heures, parfois d’une grande joyeuseté, parfois comme une condamnation, le plus souvent traversés d’un souffle de mélancolie, voire d’angoisse. Ils sont une constance à travers les changements et les bifurcations. La seule constance, peut-être. Ils sont une passerelle, mais aussi un rempart. Ils disent, et à la fois contredisent, et à la fois déguisent. Le gouvernail et les voiles de notre barque désarrimée. Ils m’ont permis les plus beaux voyages ; mais aussi cette contemplation des ténèbres qui a dévoré une si grande part de ma vie. Je m’y tiens en un équilibre précaire. Mon balancier, de plus en plus, se gauchit. D’un côté, le vide, qu’il me reste à explorer, quitte à y être aspirée et broyée. De l’autre, un désert auquel me condamneraient le silence des mots et l’abandon de l’écriture. Un désert qui porte ton visage.
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J’aurais pourtant laissé sur la bouche d’un homme
La trace rouge de ma ferveur
Le sang issu de mon ventre
Le jus inné de mon corps

Il aurait crié en se voyant
Dans le miroir de mes yeux
Il serait comme tous les hommes
Terrifié du sang des femmes

J’aurais reçu à mon tour
Toutes ses humeurs
Sans frémir
Pourquoi n’en ferait-il pas de même ?

Mon sang menstruel est un don perdu

Ainsi ai-je parlé
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Dans la confusion et la fusion de ses souvenirs, le tricot des certitudes se défile. Le tricot de la vie se troue et se désintègre. Plus rien pour nous réchauffer, ni lui, ni moi.
Si je n’ai hérité de ta tristesse que pour la transmettre à mes enfants, je t’en veux. C’est là une chaîne que nous n’avons pas choisie.
Cette servitude à vie est effroyable. Comment s’en sortira-t-il ?
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Tout commence par la perte des eaux…


Tout commence par la perte des eaux.
L’outre se désemplit pour livrer le passage à une entité complète en soi. Pas un corps étranger ; un bourgeon, une ébauche, une excroissance intime, qui, une fois émergé, devient cet autre auquel seuls nous rattachent les liens de l’amour et du désarroi.
Dès cette première séparation, la joie se teinte de désolation : il ne se souviendra pas de ce temps-là, de ce partage de nos matières, de ce qu’il a pris de moi pour se former, de ce que je lui ai donné pour le façonner. Cette amnésie des enfants, heurtée à la permanence obstinée de la mémoire des mères, c’est la toute première déchirure.
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La ligne blanche
- celle des anciennes mythologies –
M’a retenue
Sur la corde raide des vertus
Pas plus loin pas avant
Là se situe le basculement
Cette créature hardie
T’emportera sur des chemins de sang
Ce sang issu de ta malédiction
Et de celle de toutes les autres

Je me suis vue écartelée
Démembrée dépecée
Mais pas l’héroïne sadienne
Qui m’attirait
Et j’ai couru, timorée,
Vers les murailles qui m’attendaient

Mes livres sont devenus mon prétexte
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Vidéo de Ananda Devi
À l'occasion du Forum des libraires 2023, Olivier Nora, Président-Directeur général, présente la rentrée littéraire des Éditions Grasset - @editionsgrasset7893
Au programme de la rentrée d'automne 2023 : 0:00 Introduction 1:01 *_perspective(s)_ de Laurent Binet* 1:15 *_À ma soeur et unique_ de Guy Boley* 1:29 *_l'enragé_ de Sorj Chalandon* 1:55 *_Rose nuit_ d'Oscar Coop-Phane* 2:30 *_strange_ de Geneviève Damas* 2:50 *_Le Jour des caméléons_ d'Ananda Devi* 3:06 *_Adieu Tanger_ de Salma El Moumni* 3:17 *_Le Grand Feu_ de Léonor de Récondo* 3:47 *_Comédie d'automne_ de Jean Rouaud* 3:58 *_Croix de cendre_ d'Antoine Sénanque* 4:11 *_Impossibles adieux_ de Han Kang* 4:39 Conclusion
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