Hier, je vous parlais de nouveau crédo d'Akata de publier dans son catalogue général des Boys Love afin de montrer combien ceux-ci font évoluer le panel éditorial des shojos et des shonens grâce notamment à des thèmes dans l'air du temps comme avec la grossophobie et le monde de l'entreprise abordés dans J'en croque pour toi !. Avec le second titre présenté aujourd'hui, on est sur quelque de plus classique sur le fond mais qui rappelle d'autres titres classés en josei ou en shonen au Japon.
Everyday is a Good Day est aussi le premier titre à arriver chez nous d'une toute jeune autrice. Comme pour J'en croque pour toi !, elle se démarque cependant de ses consoeurs par un côté très universel dans le récit qu'elle propose, et un peu atypique dans le trait qu'elle emprunte avec l'un de ses héros qui est tout sauf un bellâtre expressif.
Dès que j'ai découvert la couverture et le sujet de cette histoire, je n'ai pas pu m'empêcher de penser aux titres de
Mi Tagawa : Père & fils et le renard et le petit tanuki. Tout comme eux, l'autrice a fait le choix de parler avec beaucoup de subtilité, de douceur et de bienveillance du deuil, de la perte d'un être cher, de l'abandon et de la famille. Des thèmes qui me tiennent à coeur. C'est un récit extrêmement émouvant et à fleur de peau qu'elle va nous livrer.
Pour les amateurs de romance, il y aura peut-être une déception, car celle-ci est vraiment en marge. Elle fait cependant pour moi partie prenante du récit et est nécessaire à la construction et l'évolution de l'autre partie de l'histoire développée par
Noeko Nishi.
Toki est un salarié comme un autre, qui bosse beaucoup pour son entreprise comme tout bon japonais. Sauf que du jour au lendemain, il doit pendant quelques temps s'occuper de son neveu dont ses parents se chargeaient avant car ceux-ci partent en voyage. Son neveu est un adorable petit garçon qui malheureusement a perdu ses parents trop tôt et est devenu quasiment mutique depuis sauf avec quelques uns de ses camarades. Pas facile pour Toki de conjuguer les deux et encore moins quand s'ajoute la déclaration du petit frère d'un de ses amis qui l'aime depuis plus de 5 ans...
Ce qui m'a d'abord touchée dans cette histoire, c'est l'aventure humaine mise en scène. L'autrice nous raconte avec pudeur le drame de cet enfant et de cette famille. Elle fait ensuite le récit de ce pauvre Toki qui ne sait pas comment s'occuper d'un enfant et encore moins d'un qui a perdu ses parents. C'est poignant. Il a peur pour lui, il s'inquiète pour lui, mais il ne sait pas comment mettre les mots là-dessus, comment l'aider. L'autrice le raconte avec beaucoup d'émotions et de véracité, montrant l'importance de l'entourage aussi pour nous épauler, nous réconforter, nous adulte quand on se sent perdu. J'ai trouvé ça très réaliste et c'était intéressant de l'aborder frontalement dans une fiction pour poser des mots sur ces situations et dire qui oui, c'est normal de ne pas y arriver, oui c'est normal de se tromper parfois, oui c'est normal d'avoir besoin d'aide.
Cette aide, Toki va la trouver (et l'apporter) aussi bien auprès de ses parents, des enseignantes d'Asahi, que de ce jeune homme, Chihiro, qui lui a fait une déclaration. Ce dernier a également été le soutien d'une personne en détresse : sa grand-mère par alliance qu'il a lentement vu partir alors qu'elle l'avait quasiment élevé. A nouveau une situation poignante. Mais Chihiro, fort de cette expérience, a compris que Toki avait besoin d'aide et il parvient à faire taire ses sentiments, le temps de lui apporter. Superbe ! le duo s'occupe alors admirablement d'Asahi et cela donne des résultats magiques.
L'autrice a vraiment su capter les émotions de l'histoire qu'elle avait mise en place. Son récit est bouleversant à plusieurs moments. On sent les personnages à fleur de peau et on l'est tout autant. le trait très doux et fin de celle-ci où le grand regard rond et doux d'Asahi s'oppose à celui plus restreint et acéré des adultes m'a énormément plu. Je l'ai trouvé très expressif et riche en enseignements. Comme on dit, il y a des regards qui en disent long, et c'est clairement la caractéristique de son dessin ici.
Alors oui, c'est avant tout une histoire de vie plutôt qu'une romance, car celle-ci occupe peu d'espace concrètement, mais c'est tellement beau et touchant ! Ça ne m'a absolument pas dérangée de voir la romance se concrétiser peu et tardivement, car j'ai été bien plus emportée par la relation de Toki et Asahi, puis de Chihiro quand il vient s'y ajouter. Au final, c'est la dimension familiale du récit qui l'a emporté sur le reste et cela m'a comblée !
J'attends donc de pied ferme les prochaines licences boy's love d'Akata, qui j'espère, comme celles-ci, nous proposeront des récits qui sortent du cadre classique de la romance entre hommes pour aborder d'autres thèmes.
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