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Critiques filtrées sur 2 étoiles  
"J'avais vingt ans. Je ne laisserais personne dire que c'est le plus bel âge de la vie. "

Vous avez déjà surement entendu cette citation célèbre : il s'agit de l'incipit du texte de Paul Nizan, Aden Arabie, paru en 1931 et beaucoup moins connu.
Paul Nizan est né en 1905 et fait la connaissance de Sartre au lycée Henri IV. En 1926, il part à Aden, au Yémen pour devenir précepteur. A son retour, en 1927, il adhère au parti communiste. En 1939, à la suite du pacte germano-soviétique qu'il voit comme une alliance entre nazis et communistes, il rompt avec le parti. C'est en 1940 qu'il tombera à la guerre.
Si je vous raconte tout ça, c'est parce que, suite à sa rupture avec le PCF, s'est ensuivit une campagne discriminatoire sur sa personne et qu'il fut peu à peu oublié. C'est la réédition de l'ouvrage en 1960, préfacé par Sartre, qui permettra de le réhabiliter aux yeux du grand public. Et c'est cette même édition qu'on trouve encore aujourd'hui.

La préface de Sartre fait quand même une cinquantaine de pages que j'ai allègrement sauté après les premières !
Je dois dire qu'il va m'être très difficile de parler de ce livre que je n'ai pas complètement compris...

Nizan y relate son voyage à Aden mais on ne se trouve pas face à un récit de voyage...
Il commence tout d'abord par dresser un portrait particulièrement dur sur ses contemporains occidentaux et n'hésite à donner des sentences sans appel sur la fameuse Ecole Normale.

" Il ne resta plus que l'Ecole Normale, objet comique et plus souvent odieux, présidée par un petit vieillard patriote, hypocrite et puissant qui respectait les militaires."

" On y dresse une partie de cette troupe orgueilleuse de magiciens que ceux qui apeint pour la former nomment l'Elite et qui a pour mission de maintenir le peuple dans le chemin de la complaisance et du respect, vertus qui sont le Bien. "

Il décide de partir pour Aden pour fuir la petite bourgeoisie, son confort et son conformisme qu'il abhore au plus haut point. Une fuite qui peu à peu se changera en révolte contre le devoir et la patrie. Nizan fait partie de la génération de l'après-première guerre mondiale qui reprochera à ses ainés de n'avoir pu empêcher une telle guerre. Une époque faite de vide qui verra les débuts d'une industrialisation galopante. Nizan rêve aux voyages de ses prédécesseurs, Rimbaud, Gauguin et autres artistes. Il attend de l'aventure.
Mais sa désillusion va être grande : Aden est sous protectorat britannique et
Il y retrouvera les vendeurs de pétrole et de café et les hommes d'affaires qu'il exècre. Comme en Europe, c'est la loi du profit qui règne. le portrait d'un certain Mr C. est, à ce titre, édifiant :

" le passé dont il tirait une excessive fierté se réduisait au nombre de lakhs de roupies dont pouvait le créditer la National Bank of India "

L'argent fait la loi et conditionne la vie des locaux qui vivent sous l'influence coloniale
C'est écoeuré qu'il rentre à Paris et complètement désabusé sur l'utilité des voyages.

" Avais-je besoin d'aller déterrer des vérités si ordinaires dans les déserts tropicaux et chercher à Aden les secrets de Paris ".

Il conclut en déclarant qu'il faut combattre le capitalisme et l'esprit petit-bourgeois, à sa source même.
Il oppose le monde des producteurs et des ouvriers à celui des capitalistes et condammne " l'Homo Economicus".

Vu comme ça, le texte parait facile. Sachez qu'il n'en est rien !
Nizan part dans de grandes envolées philosophiques et utilise de nombreuses métaphores qui perde complètement le lecteur non préparé à un tel texte et au contexte historique dans lequel il a été écrit.
On y trouvera aussi de très beaux passages pleins de poésie mais parfaitement obscurs.

On ne s'étonnera pas non plus d'y trouver une ou deux remarques, quelque peu antisémite, époque oblige.
" Mais les bourgeois produisent et possèdent abstraitement. Comme il y a beau temps qu'ils ont hérité d'Israël, ils passent la vie à prêter à intérêt . "

Je dois dire que ma lecture a été très très pénible et que j'ai failli abandonner en cours de route.
Mal préparée et ne m'attendant pas à un tel pamphlet, je n'ai absolument pas adhéré à son écriture que j'ai trouvé confuse, décousue et très abstraite.
Malgré tout, il faut reconnaitre que c'est un livre fort pour l'époque et dans lequel on pourrait tirer certaines sentences encore valables aujourd'hui. Pourtant le texte a vieilli et est devenu difficile d'accès pour les lecteurs d'aujourd'hui.

Aden Arabie reste pourtant le cri d'un homme révolté contre un monde dans lequel il ne se reconnait pas, un monde dirigé par les enjeux économiques et les intérêts coloniaux. Symbole d'une jeunesse désanchanté, Nizan déteste le monde sur lequel il porte un regard très pessimiste.

" Il n'existe que deux espèces humaines qui n'ont que la haine pour lien. Celle qui écrase et celle qui ne consent pas à être écrasée. "

On pourra constater qu'il se rapproche un tant soit peu de Rimbaud dont le parccours offre quelques similitudes.

Contente de l'avoir lu mais je ne le recommande pas tant sa lecture est laborieuse...
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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Un texte difficile d'accès. le pamphlet me fait penser à Céline. Quant à l'évocation de l'Orient, c'est plutôt sombre.
Extrait « Patience, sommeil, sont les deux mots de passe de ces terres inconsolables décorées de merveilles sinistres et d'hommes de mauvais augure. Un poème arabe fait dire à l'Arabe : « Je suis le Fils de la Patience. » Cet Orient sèche au soleil comme les poissons échoués, comme les morts dans l'air sans germes du désert. C'est une corruption stérile. Des habitants dont le nombre paraît immense au milieu de ces solitudes minérales remuent faiblement. Conduits par des activités dont le sens s'est complètement évaporé, ils se laissent couler vers la mort, assis sur des pierres tombées de leurs maisons. Ils sont dans une espèce de béatitude muette dont ils sortent pour parler à toute vitesse, pour signer de moment en moment des papiers de commerce. » p164

M Onfray sur Aden Arabie : « un livre qui relève de la plus noble tradition de l'essai, mêlant le récit de voyage, l'exercice d'écriture lyrique, le pamphlet philosophique, la confession autobiographique, la méditation libre, le libelle politique, le travail d'introspection … Livre inqualifiable d'un jeune homme qui part au bout du monde pour faire la rencontre de son être et rentre après avoir compris qu'aussi loin soit-on, on reste toujours en sa compagnie ». Contre-histoire vol 9, Les Consciences réfractaires, p126
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Cette phrase mythique pour commencer le livre : « J'avais 20 ans, je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie ».

Court récit (100 pages) qui n'est qu'une suite de dénigrements, des élites parisiennes, des gens établis, des bourgeois et en filigranes de l'espèce humaine. Regard négatif sur les voyages, les déracinements, sur tout, sans qu'on sache « quoi faire de notre vie ».

Beau style mais vision décevante.
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