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S'ils avaient été d'aujourd'hui on aurait pu penser à des bobos. Ils ont à peine passé la vingtaine, sont issus de la bourgeoisie et vivent dans l'entre-deux guerres. Et ils veulent changer le monde. Encore faut-il savoir comment il est le monde, pour le changer : « Ils ne savaient pas encore comme c'est lourd et mou le monde, comme il ressemble peu à un mur qu'on flanque par terre pour en monter un autre beaucoup plus beau, mais plutôt à un amas sans queue ni tête de gélatine, à une espèce de grande méduse avec des organes bien cachés ».
Vint d'abord le temps des idées que « La guerre civile » diffuse, puis le temps de l'action, et même de la conspiration avant la révolution. Un temps où ils ne sont pas encore nés adultes, où ils tentent de le devenir en s'opposant au droit chemin tracé par leurs familles. Leur meneur est plus impatient que naturellement leader, les autres plus désoeuvrés et suiveurs que réellement exaltés par leur cause. C'est donc Rosenthal qui décide la conspiration, l'espionnage de la société, l'industrie ou l'armée, pour mieux s'organiser. Sans vraiment savoir qu'à vingt ans les actes engagent déjà. Sans savoir non plus que l'amour, ou ce qu'on croit en être, peut tout changer. Sans reconnaître encore « la disproportion et les écarts singuliers qu'il y avait toujours eu entre leurs ambitions et ce qu'ils en avaient accompli».

Si on a plus de vingt ans, on peut revoir dans Rosenthal, Laforgue, Pluvinage ou Bloyé des figures que l'on a croisées, que l'on a peut-être même été. Un roman de 1938 aux tonalités philosophiques sur une jeunesse rebelle face à son héritage, à la silhouette intemporelle. Difficile d'en dire autant de l'écriture, un peu marquée du sceau d'une époque m'a-t-il semblé, ce qui ne m'a pas rendu la lecture désagréable pour autant.
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Nous sommes dans la période entre les deux guerres mondiales, une période qui n'a pas seulement vu Paris vibrer de mille couleurs avec les années folles mais aussi la montée en flèche d'une jeune génération de philosophes qui vont faire de Karl Max leur leader de la pensée, et bien évidemment adopter le communisme comme la meilleure gouvernance en politique. Un nouveau vent envahit la jeunesse, la révolution, il faut la faire à tous les niveaux. La conspiration nous parle de cinq jeunes ambitieux sortis de l'étude de philosophie à l'université qui vont la faire, cette révolution. Ils créent avant tout une revue révolutionnaire qu'ils nomment Guerre Civile, comme si les mots ne suffisaient pas à faire la révolution, par la vigueur de leur âme, de leur pensée et de leur corps, les jeunes gens veulent booster les choses en s'engageant dans une action de grande envergure, la conspiration. Ils se lancent dans un projet de voler un plan militaire, une mission dite suicide du parti communiste, mais une action demande plus de bravoure que de la compréhension des choses comme en philosophie, on serait tenter de dire laisser aux philosophes la conception et aux militaires l'action...

Ca se lit bien le livre, le seul bémol, les dialogues éloignent plus les personnages du lecteur au lieu de les rapprocher et l'excès des adjectifs alourdit certaines phrases...
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Paul-Yves Nizan est né le 7 février 1905 à Tours et tué le 23 mai 1940 à Audruicq (Pas-de-Calais) lors de l'offensive allemande contre Dunkerque. Romancier, essayiste, journaliste, traducteur et philosophe, la publication en 1931 de son premier ouvrage Aden Arabie (qui débute par les phrases devenues célèbres : « J'avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie. ») lui permet de se faire un nom dans le milieu littéraire et intellectuel. C'est en 1938 que paraît La conspiration qui sera couronnée du prix Interallié.
Roman en trois parties distinctes, qui esquisse le portrait d'une génération de jeunes gens. Cinq étudiants en philosophie dans le Paris des années 1920/1930 fondent une revue révolutionnaire sous l'impulsion de Bernard Rosenthal, leur leader, un jeune homme issu de la bourgeoisie. Exalté, ou du moins animé de cette fougue naïve propre à la jeunesse, Bernard entraîne ses amis, Laforgue, Jurien, Pluvinage et Boyé, dans ce qu'il considère être un acte héroïque, une conspiration visant à voler un plan militaire pour le compte du Parti Communiste. L'idée lancée, la réalisation en sera beaucoup moins grandiose et finira par capoter lamentablement.
La seconde partie expose l'éducation sentimentale de Bernard Rosenthal. Exalté comme je l'ai dit, en réaction contre son milieu, une riche famille bourgeoise des beaux quartiers, il s'est lancé dans la révolution pour le côté cour, pour le côté coeur là aussi, ses sentiments pour sa belle-soeur le poussent à la contraindre à quitter son mari pour venir vivre avec lui, d'amour et d'eau fraîche mais libre. Bien entendu, entre le rêve et la réalité il y a un fossé que Bernard, aveuglé par son romantisme révolutionnaire ne peut voir, contrairement à sa belle qui finit par lui écrire « Votre terrible orgueil vous perd, vous qui ne valez pas plus que tous les autres, qui n'êtes qu'un peu différent. » Seul contre tous, Bernard se suicidera.
Enfin, la dernière partie est une confession de Pluvinage, qui explique son parcours et sa trahison. Ses origines modestes, ses complexes vis-à-vis de ses amis plus fortunés, son engagement au Parti Communisme, dans un geste de reconnaissance sociale, et ce qui l'a amené à dénoncer à la police, un dirigeant du Parti.
Nizan écrit un roman intemporel, chronique d'une génération. Ou comment passer de la jeunesse à l'âge adulte, sans renier ses idéaux d'adolescence. Quadrature du cercle, renouvelée sans cesse quand les beaux sentiments s'affrontent aux dures lois de la réalité. Certains tentent le passage en force comme Bernard Rosenthal et y laissent la vie, d'autres plus nombreux passent en louvoyant au prix de compromis plus ou moins honorables, il en est majoritairement ( ?) qui abandonnent avec le temps, jeunesse et idéaux, comme le serpent sa vieille peau au bord du chemin.
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L'histoire se passe en 1928 et met en scène un groupe de jeunes aux idées révolutionnaires, entre le communisme et l'anarchisme. Pour cela, ils fonderont une revue nommée "la guerre civile", qui aura son succès pour un temps. Plusieurs personnages tentent de tirer leur épingle du jeu, celui qui réussira le mieux c'est Bernard Rosenthal, jusqu'à sa fin brutale. C'était la jeunesse de l'époque, une jeunesse révoltée et engagée.
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Ce roman de Paul NIZAN se décompose en trois parties. le dépit peut en être un des fils conducteurs.
De jeunes étudiants de la rue d'Ulm, issus de la bourgeoisie, voire de la grande bourgeoisie hésitent… Ils rejettent ce monde, veulent se révolter, sont attirés par le communisme, nous sommes fin des années vingt. Ils imaginent la « conscience de leur importance » et le rôle qui pourrait être le leur dans cette entreprise révolutionnaire.
Comment faire ? Adhérer au Parti…trop simple, trop compliqué, pas encore, trop discret…
Conspirer, mener une action d'envergure. Ecrire, penser, philosopher sur le monde…
Bien assis dans le confort bourgeois qu'ils dénoncent, ils vont fomenter…mais ne savent trop quoi. Dépit d'une jeunesse bourgeoise intellectuelle à la recherche d'un Idéal, comme toutes les jeunesses, ils l'imaginent dans la révolution, comme encore beaucoup de jeunesses. Mais ne se décrète pas révolutionnaire qui veut ! le principe de réalité, la vie quotidienne, et même les sentiments amoureux apparaissent et rendent caduc ce projet, oublié par le héros trop pris par un amour contre les convenances.
Rosen succombe aux charmes de sa belle-soeur. Il s'emballe. de belles pages sur l'amour toujours un peu teinté de mépris pour la femme aimée. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Cette jeunesse qui veut tout ne veut rien, qui sait tout ne sait rien. Elle pêche par excès et par manque. Elle subit de plein fouet le sentiment de l'échec, du dépit, bien morbide celui là puisqu'il conduit notre héros à sa perte.
Enfin, personne n'est à l'abri et la troisième partie est sans doute la plus forte. Celle du dépit d'un homme jeune que ses origines, son sentiment d'échec général, conduisent à la trahison, à la délation, à la collaboration et au final à l'exclusion d'un monde qui ne veut pas de lui, du monde aussi qui n'en voudra plus.
La langue de NIZAN est belle et précise. Quelques phrases font mouche, « on ne sauve l'amour qu'en l'accueillant les yeux fermés », des ambiances estudiantines et parisiennes qui transportent, une scène mémorable de la conduite de Jaurès au Panthéon…
Il y a dans NIZAN cette force du désespoir, cette rancoeur qui peut être parfois motrice, mais dans la conspiration pas assez pour faire de l'ombre à Aden Arabie.

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La Conspiration raconte finalement l'ennui de cette jeunesse d'avant la guerre, plutôt aisée, intelligente, brillante (Normale sup, rue d'Ulm) et en quête de sens. L'avenir tout tracé lié à l'appartenance à un certain milieu, à une famille comme on n'en fait plus, ou si peu, l'incline à une forme de rebellion qui trouve sa rélaisation dans des formes d'engagement illégaux qui ne conduisent à rien, sauf parfois au suicide. Beau texte, sans illusion.
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La conspiration est une aventure insensée imaginée par des jeunes hors-sol pour jouer à la guerre. Ces personnages ne sont pas attachants, leur projet est un épisode des Pieds Nickelés…
Toutefois, l'auteur les décrit, les fait parler, leur prête des sentiments tout à fait vraisemblables, comme lui-même a dû en entendre, et comme on pouvait en entendre en 68.
Donc : description plausible d'un groupe qui plane dangereusement.
A côté de cela, c'est très bien écrit. Nizan, s'il vous plaît.
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Parfaitement ennuyeux à mon goût. Il me manque sans doute des bases littéraires. Et j'ai toujours du mal à partager l'histoire de personnes qui ont tout et qui sur cette belle base préfèrent contester que construire.
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Bien écrit. Intéressant, le contexte de l'école Normale supérieure et des idées alors en vogue est bien retranscrit.
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