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Georges S. Solpray (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070384242
210 pages
Gallimard (13/11/1991)
3.95/5   21 notes
Résumé :
Je sens que Dieu me soutiendra moi qui ne suis qu'un homme parmi les hommes, coupable comme eux de bien des erreurs. Dieu veut aider l'humanité et sauvera celui qui perçoit sa présence. Si l'on voulait suivre mon exemple, la mansuétude de Dieu dont je suis pénétré s'étendrait à l'univers. Les hommes pour moi sont transparents et je les entends sans qu'il leur soit besoin de parler. Mais ils diront : « Comment pouvez-vous me connaître, vous qui ne m'avez jamais... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Pour parler comme Nijinski, tomber sur ce livre était pour moi un signe de la providence. Je l'ai aperçu dans le kiosque à livres du Jardin des Poètes à Paris que je traverse régulièrement au pas de course. Hier, il m'a enlevé mon rhume, soulagé mes courbatures et ma fièvre, en association avec une infusion de moringa ! Pour moi, « le clown de Dieu », Nijinski n'était pas atteint de la folie ou alors je le suis aussi. C'est mon Rimbaud de la danse, par son génie et par la fulgurance de sa période prolifique. C'est seulement quand il insiste sur la présence divine dans le quotidien que je me sens perdue. Ce qu'il m'intéresse fortement sans ce livre, c'est la vie, l'observation de l'artiste des personnes qui l'environnaient, sa vérité crue, en particulier sur son consentement à devenir amant de Diaghilev, par appréhension de la misère qui le harcèle jusque dans la prospérité.
Nijinski a été le danseur-étoile des Ballets russes et a marqué de son interprétation les créations entre autres de Petrouchka et de L'Après-midi d'un faune. Il est aussi l'auteur d'un système de notation de la danse pour son usage personnel. Grâce aux recherches de spécialistes, on a reconstitué fidèlement certaines de ses chorégraphies, dont L'Après-midi d'un faune et une partie du Sacre du printemps.
Il cachait ce journal à tous, on l'a trouvé par hasard parmi les cahiers d'étude de sa fille. le texte original est rédigé en russe. La traduction présente a remédié à « l'avarice du vocabulaire », une relative incohérence et l'excès d'omissions, comme nous annonce la préface.
J'aime singulièrement les passages de Nijinski qui sonnent comme un manifeste cosmique du Saltimbanque. J'avais déjà noté dans une de mes critiques que les livres que je lis me ressemblent mais à l'époque je pensais que c'était par un vague narcissisme. Là, je suis incline à supposer que même dans une lecture, on cherche son éphémère moitié.
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Souvent lu et relu. Il a fallu longtemps pour que le texte apparaisse dans un ordonnancement qui cette fois ne fausse pas le propos. Se sentant malade, Vaslav Nijinski écrit pour ne pas tomber mais même s'il écrit "Je ne tomberai pas", il entre dans le grand silence...IL faut lire ce qu'il a à nous dire sur la Russie, sur la danse, sur sa femme, sur Diaghilev et sur sa relation à Dieu. Je ne peux jamais reprendre ces Carnets sans être émue et stupéfaite par celui qui s'est ensuite tourné vers les étoiles...
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Dans son Journal, Nijinsky écrit sur tout : la vie quotidienne, le dialogue halluciné avec Dieu, les ballets russes et la danse, qu'il cessera du jour au lendemain à l'âge de 30 ans. On ne saurait que trop vous conseiller la (re)lecture de ce témoignage bouleversant, portrait rare d'un homme au sommet de son art et au seuil de la folie.
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Magnifique journal d'un Artiste, homme emporté, malade?, lumineux, tourmenté à la Artaud, Garouste, van gogh... sauf qu'ici il ne s'agit pas tant de danse que de Dieu, que des hommes, que de ses proches. J'ai dévoré.. Un peu frustrée que la danse ne soit os plus présente mais il y a tant d'autres choses
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Diaghilev qui, en toutes choses, aimait à se faire remarquer, portait un monocle. M’étant aperçu qu’il ne lui était pas nécessaire, je lui demandai pourquoi et il me répondit en m’affirmant que la vue de cet œil-là était défectueuse. Ce mensonge où je trouvais la preuve que Diaghilev abusait de ma crédulité me causa une si vive contrariété que je ne lui accordai plus aucune confiance et à dater de ce jour je mis tous mes efforts à progresser d’une façon indépendante. Il me garda rancune de ce changement qui ne lui avait pas échappé, mais sachant que lui-même avait modifié son attitude, il me garda auprès de lui.
Je m’étais mis à le haïr ouvertement. Un jour dans une rue de Paris je lui envoyai une bourrade pour montrer que je n’avais pas peur de lui. Mais au moment où j’allais m’en aller dans une autre direction, il me frappa avec sa canne. Puis à l’idée que je le quittais pour de bon, il me courut après. Je marchais posément de peur d’être remarqué car les gens déjà nous observaient. En le repoussant je m’étais fait mal à la jambe — sans avoir toutefois agi avec brutalité ; ce qu’il m’inspirait n’était pas de la colère mais seulement de la tristesse. Et puis je me suis mis à pleurer, tandis que lui m’invectivait, ce qui me fit éprouver autant d’abattement que si une armée de chats s’était mis à m’écorcher l’âme ; je n’étais plus moi-même. Nous marchions lentement l’un près de l’autre — et je ne me rappelle plus où nous sommes allés.
Nous vécûmes à la suite de ces événements très longtemps ensemble, moi en un isolement triste où je me laissais aller au chagrin dans ma solitude pleine de larmes.
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Waslaw F. Nijinsky est né à Kiev en 1890, d'une famille polonaise. Dès l'âge de six ans, il entre à l'école de danse du Théâtre Impérial de Saint-Pétersbourg, et il manifeste de tels dons qu'il est engagé au Théâtre Impérial deux ans plus tard. Il fait la connaissance de Serge Diaghilev qui, l'ayant vu dans Don Juan, l'engage pour la première tournée des Ballets russes à Paris. C'est ainsi que, le 18 mai 1909, il danse dans le Pavillon d'Armide. Proust est dans la salle. On trouve dans le cahier 39 une "esquisse" de Nijinsky plus détaillée que ce qui en subsistera dans Le Côté de Guermantes :
"C'était un célèbre et génial danseur d'une troupe étrangère (...), jeune fou au visage pastellisé, au regard en extase (...), pour tout ce qu'il manifestait d'une forme différente de vie, et comme d'un règne de la nature, je restais ébloui - ainsi que je l'aurais fait devant un papillon égaré au milieu d'une foule - à suivre des yeux dans l'air les arabesques qu'y traçait sa grâce naturelle, ailée, capricieuse et multicolore."
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J'aimerais danser, dessiner, jouer du piano, faire des vers et à tous prodiguer mon affection : voilà le but de ma vie. Je ne suis pas un socialiste bien que je sois persuadé que ce serait eux qui me comprendraient le mieux. Morceau de Dieu, mon parti est le parti de Dieu et mon cœur appartient à l'univers. Je ne veux pas de guerres ni de frontières. Mon foyer est partout où le monde existe.
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Je sens que Dieu me soutiendra moi qui ne suis qu'un homme parmi les hommes, coupable comme eux de bien des erreurs. Dieu veut aider l'humanité et sauvera celui qui perçoit sa présence. Si l'on voulait suivre mon exemple, la mansuétude de Dieu dont je suis pénétré s'étendrait à l'univers. Les hommes pour moi sont transparents et je les entends sans qu'il leur soit besoin de parler. Mais ils diront : « Comment pouvez-vous me connaître, vous qui ne m'avez jamais vu. » Si je le peux c'est que je suis capable de sentir et de penser à la fois. Mes facultés sont si développées que j'arrive à me faire comprendre des gens sans même leur adresser la parole. Je les regarde agir et aussitôt tout m'apparaît clair. Je suis un moujik, un ouvrier, un travailleur d'usine, un domestique, un patron, un aristocrate, le TSAR — Dieu. Je suis Dieu, je suis Dieu. Je suis tout, la vie et l'infini. Je serai toujours et partout. Si l'on me tuait, je survivrais, parce que je suis tout. Je rejette la mort et me perpétuerai en une vie infinie. Je ne suis pas un comédien, un acteur. Venez et regardez-moi, vous vous apercevrez que j'ai des défauts, que j'en suis criblé mais ils s'effaceront si l'on me vient en aide. Ma porte est toujours ouverte, j'espère toujours recevoir des visites. Mes armoires, les valises ne sont jamais fermées. Ma porte le serait-elle quand vous viendrez me voir, sonnez : si je suis là je vous ouvrirai. J'aime ma femme, je la veux heureuse, mais elle ne me connaît pas encore, ni la nature de mes besoins et donne aux domestiques l'ordre de m'enfermer. Cela l'exaspère de voir les gens envahir la maison. Que chacun reste donc chez soi et y attende ma visite. J'irai chez ceux qui m'appelleront. J'y serai sans y être en chacun d'eux, présent par l'esprit. Mais que l'on ne me dise pas : « Venez chez moi » car alors je n'irai pas, à moins que Dieu ne m'en donne l'ordre. Je ne tiens pas à provoquer une émeute. Je n'aime pas la mort, je la veux et, cherchant l'unisson avec ceux qui me devinent, j'aime tous les hommes. Dieu, la vie, et me tiens toujours prêt à agir dans l'intérêt de mon prochain. Je déteste la mendicité autant que les Sociétés de secours aux indigents. Nous sommes tous des pauvres et c'est sur le plan spirituel qu'il convient de donner son appui. Ce n'est pas l'amour physique qui est nécessaire et le corps n'est à considérer que dans la mesure où il soutient l'esprit. Mon livre, personne n'est forcé de le lire. Il me plairait cependant que l'on aille au théâtre me voir danser si l'on veut sentir venir l'inspiration.

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Un jour que gravissant la route de la montagne, je m'étais arrêté sur le sommet, je sentis soudain naître en moi le désir de prononcer un discours. Malgré la grande envie que j'en avais, réfléchissant que cela pourrait amener les gens à voir en moi le fou que je ne suis pas, je sus me retenir. A cet instant je ne ressentais aucune souffrance et porté seulement par un puissant amour de l'humanité je sentais enfler en moi ce grand besoin de parler. Ah! faire entendre mon cri du haut de la montagne jusqu'au village de Saint-Moritz! Mais non, il fallait, je le sentais bien, poursuivre ma route.
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Vidéo de Vaslav Nijinski
L'oubli comme seul témoin... Une enquête en forme de labyrinthe. Une scène de pure folie dans un chalet. Une victime au visage réduit en bouillie à coups de tisonnier. Et une suspecte atteinte d'une étrange amnésie. Camille Nijinski, en charge de l'enquête, a besoin de comprendre cette subite perte de mémoire, mais le psychiatre avec lequel elle s'entretient a bien plus à lui apprendre. Car, avant de tout oublier, sa patiente lui a confié son histoire. Une histoire longue et complexe. Sans doute la plus extraordinaire que Camille entendra de toute sa carrière…
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