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Critique de Laureneb


J'ai entendu parler de la poésie d'Anna de Noailles par Proust, ou plutôt par des émissions sur Proust et ses goûts littéraires et poétiques, lui qui éprouvait une grande admiration pour Anna de Noailles et son oeuvre. Et j'ai essayé de chercher ce qui avait pu tant lui plaire...
Le sujet et la thématique des poèmes peuvent sembler assez étrangers au cadre de la Recherche du Temps perdu : loin de Paris, du Faubourg Saint-Germain, le décor est ici celui de la campagne d'Île-de-France. C'est d'ailleurs plus qu'un décor, les poèmes célèbrent la nature dans une tonalité bucolique et pastorale. La saison dominante est donc l'été, puisque c'est l'époque des récoltes, des moissons, des fruits odorants. Aucun élément ne permet de localiser cette campagne dans le temps et dans l'espace – hormis le poème liminaire qui évoque l'Île-de-France : pas de toponyme, pas de signe de modernité ou de modernisation. On pourrait ainsi se croire dans une pastorale antique contant les amours des bergers – une partie du recueil est clairement associée à l'Antiquité.
Je dis les amours, car, contrairement à Proust, la sexualité n'est pas centrale dans l'oeuvre. Si les chaudes nuits d'été rapprochent les amants, tout est dit de façon allusive, sensuelle, oui, mais non explicite : plusieurs vers évoquent ainsi la douceur des draps ou les soupirs des amants heureux - j'ai pensé à la sensualité des Fêtes galantes de Verlaine.
J'ai aussi pensé à certains poèmes de Verlaine au niveau du style d'Anna de Noailles : les poèmes sont stylisés, très stylisés, avec un certain jeu sur les sonorités. Mais cette préciosité m'a laissée assez froide, je n'ai pas ressenti beaucoup d'émotion. Peut-être parce que si les poèmes célèbrent la nature, ils ne sont pas lyriques puisqu'ils ne révèlent pas vraiment les sentiments de la poétesse. D'ailleurs, le Je qui s'exprime n'est pas sexué, n'est pas identifiable - contrairement à la poésie de Marceline Desbordes-Valmore que j'ai préférée. le titre renvoie au "coeur", aux émotions intimes donc, mais si le mot apparaît de nombreuses fois dans les poèmes, la poétesse ne l'expose guère.
Je ne suis donc pas de l'avis de Proust sur le plan littéraire ; je me demande même s'il n'admire pas autant l'oeuvre de Mme de Noailles en raison de son nom prestigieux...
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