Citations sur Le chagrin des origines (42)
Quel fil fait tenir les soirées d’ombre jusqu’aux matinées de joie, sinon celui de la confiance ?
« Plus on se connaît, moins on fait chier les autres. » Car c’est une chose que de se regarder le nombril, une autre que de mener ce travail sacré d’apprendre à se connaître soi-même dans le « souci de soi » qu’évoquait déjà Socrate. « Epimeleia heautou ». C’est là la première générosité véritable à l’égard d’autrui. « Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les dieux. » Comprendre ce qui nous traverse, c’est assurément pouvoir accueillir ce qui agite autrui.
Car, au bout du compte, il n’y a pas d’autre issu que la vie elle-même. Et il faut bien s’y jeter, à l’eau, pour découvrir que non seulement on sait nager, mais que la force miraculeuse du vivant nous porte et nous emporte en des contrées bien plus inattendues que tout ce que nous avions imaginé.
« Là où croit le péril croît aussi ce qui sauve », écrivait le poète Hölderlin.
Je compris alors que mon désir d’écrire outrepassait celui de la reconnaissance. Le rapport que tout individu entretient à celle-ci est subtil et complexe. Cela est d’autant plus vrai pour un auteur. Publier des livres et écrire sont deux aventures distinctes qui parfois, heureusement, se rencontrent.
Lorsqu'en 2011 j'ai publié -Grâce leur soit rendue-, et que son échec n'a eu d'égale que ma déception, j'ai compris que j'étais écrivain. J'avais mis cinq ans à l'écrire, c'était le plus gros de tous mes livres, le plus touffus, j'avais tout mis et misé. (...) L'échec du livre fut complet. Et changea, en effet, radicalement ma vie: je compris que mon désir d'écrire outrepassait celui de la reconnaissance. (p. 185)
J’aime l’idée qu’à ma mort quelque chose me sera délivré du mystère de l’Univers, et ainsi éblouie par la grandeur de l’Amour et de l’Intelligence à l’œuvre, je pourrai me dire : ah c’était donc ça…
Les mots me protègent en même temps qu'ils m'exposent. A cause des mots et grâce à eux, je me sépare et je m'unis. (...)
Car l'écriture rend visible l'indicible, elle découvre le double fond, traque le secret, débusque le non-dit, dévoile cet outre-monde qui nous regarde par les fenêtres de la nuit.Par elle surgit tout ce qui fut perdu. Elle est miracle, et je lui dois la vie. (p. 9-10)
(...) car l'écriture est un art sacré d'indien et de sorcier yaqui, elle a le pouvoir de traverser les siècles, de faire des ponts, de nous engendrer de l'autre côté (...)
L'écriture élargit le monde, l'éclaire et l'intensifie, aiguise les sens, démultiplie les charmes (...) (p. 131)
Reconnaître leur part d'ombre à chacun de nos proches c'est pouvoir leur pardonner réellement leurs paroles et leurs actes. Tandis que le déni nous maintient dans un conflit intérieur insoluble.
Quand des tensions traversent notre relation, nous nous refusons à confondre les êtres et la situation.