« Impossible de passer et de ne pas la voir. ».
Éclairant, «
Mademoiselle Berthe » est le reflet d'un siècle qui s'agite. Tourmenté par une Histoire de fond sombre et instable, «
Mademoiselle Berthe » est le versant olympien de ce temps en pleine mutation. On reste en assise dans l'écoute d'une auteure érudite qui délivre une biographie romancée au ton juste.Le charme opère. L'aura de Berthe Morisot perce les lignes. On ne lâche rien, pas une seule ombre, pas un seul mouvement ne sera inconnu. Apprenante et touchante, la narration de
Samantha Nobilo n'est plus. Nous sommes en plongée dans un musée qui prend vie. On ressent une dignité hors norme, un hommage crucial,
Samantha Nobilo accroche le portrait de Berthe Morisot au fronton de notre curiosité.
«De l'époque de Corot, j'ai tout bruité. Chaque dessin, chaque toile était un reproche muet. Je devais me libérer des leçons longtemps et sourdement apprises… Edma me peint comme si j'étais un songe… Mon père comprend enfin que nous avons besoin d'un coin à nous. »
Berthe pose pour Édouard Manet. Corps de statue, les murmures cascades.Le désir couleur, les regards se troublent. Les formes en devenir, métamorphose, toile subjective.
« On salue ton talent au Havre pour ton « Homme mort ». « Courbet a raison. La peinture n'est qu'une suite. Non pas un aboutissement. C'est l'enchaînement d'un tableau né d'un désir, d'une idée, d'un regard. »
Berthe vit une passion exaltée, profonde avec Édouard Manet. Déchirures, toiles laminées, gorgées d'eau de pluie. L'évènementiel est un corbeau qui étant ses ailes noires sur sa poitrine. Berthe va fuir. Elle va se reconstruire dans la révélation de l'art. Ce dernier, complice d'une âme qui souffre.
« J'ai besoin de rêver, d'observer la beauté du monde même si je sais qu'il s'agit d'une ruse : la beauté est cette astuce que la nature offre à la raison. Ainsi je deviens raisonnable et je parviens à esquisser le « Port de Cherbourg » et deux portraits d'Edma. « Au bord de la forêt » et « Femme et enfant assis dans le pré ». A l'inverse je peins le monde en transparence et les êtres évanescents. »
On ressent une mutation. Une vague de fond qui bouscule l'art. Tout change, les peintres soudés dans l'extrême urgence de dévoiler l'impressionnisme.Le salvateur d'un monde torturé et qui doit être apaisé par des mains expertes. Berthe va se marier avec le frère d'Édouard. Elle gardera son nom et signera de ce dernier au bas de ses toiles. Naissance du féminisme, porte-voix de l'émancipation. Berthe renaît de ses cendres. L'aérien d'un temps d'amour sage et conciliant. Corbeille unique, riche de fruits sucrés, thérapeutiques. Une relation perle de rosée, matins calmes. Caresses dénouées du platonique, ce dernier disparu subrepticement sans appel ni repentance. L'apothéose vaincra. La maternité est une galerie d'art pour des jours sans finitude. Ce livre est un hymne à
Berthe Morisot. Pour l'amplitude de ses bonnes volontés, les gagnantes. L'envolée picturale d'un siècle empreint de renouveau. C'est une belle découverte dévoilée par une plume majeure et attentive. Une invitation à la rencontre d'une artiste de renom et d'une femme altière, digne et battante. Un récit empreint de sentiments forts, purs et avérés. Un tableau littéraire inoubliable. Publié par les majeures Éditions La Trace.