Double, tome 3

Malgré un scénario parfois un peu fouillis pour moi, Double me fascine, ce qui me pousse toujours à aller voir ce qu'il va arriver au singulier Takara.

Ce tome n'est clairement pas le plus clair de la série. Depuis le début, on suivait une sorte d'évolution dans la relation des héros et la carrière de Takara. Cela prend un sacré virage ici et l'incompréhension qui m'a perturbée reflète bien les perturbations que va subir le jeune acteur en proie à un succès aussi rapide qu'inattendu.

J'aime décidément beaucoup le trait d'Ayako Noda qui donne une ambiance assez étrange à son titre, presque aux portes de l'aliénation avec ce personnage qui s'émacie de plus en plus et cette photographie d'hommes qui se ressemblent tous beaucoup, ce qui perturbe énormément. Elle me dérange donc et me met mal à l'aise, et en même temps, elle me fascine. J'aime beaucoup son trait à la limite du crayonné où l'on sent l'aspérité de la psyché des personnages dans leur dessin.

Dans ce tome, la relation physique entre Takara et son mentor se distant, pourtant elle reste au coeur de tout. Il est fascinant de voir comment le jeune acteur va être obligé d'apprendre à faire sans lui, mais n'y parvenant pas, va le fantasmer en permanence et chercher des palliatifs dans les femmes qui l'entourent, montrant bien ce côté maternel qu'il cherche tant pour se rassurer et dépendre de quelqu'un, ce qui apparaît comme un besoin essentiel chez lui.

Bien que toujours très présent, le théâtre et le jeu d'acteur en général ne sont pourtant pas encore assez exploités pour moi car ils servent surtout de prétexte à l'autrice pour offrir une histoire axée sur la psychologie et l'intime. Ce n'est pas vraiment Takara l'acteur qui monte sur les planches qui compte au final, mais plutôt Takara l'homme perturbé, génie et dépendant, qui est au coeur de l'histoire, et cela me fascine. J'adore cette dichotomie et la façon dont l'autrice la met en scène dans cette narration étrange et perturbante qui a tendance à nous/me perdre.

Double est vraiment un titre singulier et je remercie le Lézard noir d'avoir osé le publier. Il me fascine, tout autant qu'il me perd. Il me plaît dans ses détails, tout autant qu'il me frustre dans son histoire générale. Il me séduit par la mise en abyme de son héros, tout autant qu'il m'attire par la relation de dépendance qu'il esquisse entre lui et son mentor, même en pointillé. J'ai hâte de voir ce que la suite va pouvoir nous réserver comme nouvelle surprise.
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