Le bibliophile est un homme doué de quelque esprit et de quelque goût, qui prend plaisir aux œuvres de génie, de l'imagination et du sentiment. Il aime cette muette conversation des grands esprits qui n'exige pas de frais de réciprocité, que l'on commence où l'on veut, que l'on quitte sans impolitesse, qu'on renoue sans se rendre importun. (p.92-93)
Du sublime au ridicule, il n'y a qu'un pas. Du bibliophile au bibliomane, il n'y a qu'une crise. Le bibliophile devient souvent bibliomane, quand son esprit décroît ou quand sa fortune s'augmente, deux graves inconvénients auxquels les plus honnêtes gens sont exposés; mais le premier est bien plus commun que l'autre.
La liste des fous, ainsi restreinte aux fous bien avérés qui n'ont pas eu la gloire de faire secte, ne sera jamais fort longue, parce que la plupart des fous conservent du moins assez de raison pour ne pas écrire. Elle n'effraiera pas les honnêtes gens qui font leurs délices de la gracieuse et frivole science des livres. Je leur taillerais une toute autre besogne en leur proposant de s'occuper de la Bibliographie des sots. Cela, c'est la mer à boire.
Les femmes qu'il avait aimées dans sa jeunesse n'attiraient plus ses regards, ou tout au plus il ne les regardaient qu'au pied; et quand une chaussure élégante de quelque brillante couleur avait frappé son attention: "Hélas! disait-il en tirant un gémissement profond de sa poitrine, voilà bien du maroquin perdu!"