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Critique de Takalirsa


Inspiré d'un fait réel (dont j'avais entendu parler dans une émission sur Charles Pathé et Léon Gaumont), ce roman historique à l'écriture soignée et aux personnages attachants est une passionnante plongée dans le Paris aristocratique de la fin du XIXe siècle.
A l'époque, le Bazar de la Charité est « the place to be » : à cette « opération juteuse » de charité mondaine, les femmes de haut rang « veulent toutes en être » ! Il est en effet extrêmement bien vu pour « la fine fleur de la noblesse française » de participer à ces Restos du Coeur avant l'heure, d'être perçue comme une âme généreuse et altruiste, même si « pour accomplir le service des pauvres, ces dames avaient revêtu leurs plus belles toilettes ». C'est le cas de Violaine de Raezal, jeune veuve dont « la moralité n'est pas sans tache », profitant de ce « divertissement pieux » (« ça existe ? ») pour être introduite auprès des plus influentes. Sophie d'Alençon, petite soeur de l'impératrice d'Autriche, est au contraire une authentique dame patronnesse. Quant à la jeune Constance d'Estingel, elle se cherche encore, partagée entre son éducation religieuse et ses fiançailles avec Laszlo de Nérac.

Malheureusement, « ces mondaines qui étaient venues au Bazar pour être vues le payaient de la plus affreuse manière » : la lampe du cinématographe, cette invention toute nouvelle et encore peu maîtrisée, déclenche, dans ce hangar confiné et bondé, un incendie soudain qui se propage à une vitesse folle. L'épisode est terrible. Panique, hurlements, bousculade, femmes piétinées, brûlées vives... Des centaines de victimes, mortes dans des souffrances épouvantables, cadavres calcinés à peine identifiables...
Pour les survivantes, les conséquences sont terribles également. Mutilées, défigurées, elles arborent des brûlures douloureuses qui les stigmatisent à vie. A cette souffrance physique s'ajoute celle, peut-être encore plus éprouvante, d'avoir perdu des proches : « Nous avons tous perdus des amies, des soeurs, des cousines dans cet horrible incendie »... « L'ordre de sa vie s'en trouvait bouleversé jusque dans ses fondements »... « Ne restait-il donc rien de ce grand Bazar rutilant ? ».

De lourdes conséquences avec lesquelles nos héroïnes se débattent, trouvant dans cette épreuve commune une cohésion et une entraide nouvelles, une amitié sincère. Les personnages secondaires sont tout aussi attachants, notamment Joseph le cocher qui n'a pas hésité à se mettre en danger pour sauver un maximum de femmes de l'incendie, tandis que ces beaux messieurs regardaient de loin : « ces jeunes dandys qui n'avaient pas sali leurs gants pendant que les ouvriers, les cochers, les cuisiniers entraient dans le feu ». Manque de coeur, snobisme, sécheresse des juments, l'aristocratie et la haute bourgeoisie sont plus d'une fois décriées !
Si l'épilogue m'a semblé quelque peu superflu, tout le roman est littéralement captivant, et servi dans une écriture de qualité !
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