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Citations sur Féérie pour les ténèbres - Intégrale, tome 1 (13)

Cent trente et une bouches pour un seul corps... C'est cent trente bouches de trop.
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Sous sa bonhomie païenne se cache la vieillesse ; il l'avait oubliée celle-là, mais il serait peut-être temps de voir ce qu'elle vaut comme maîtresse.
[Jectin de Lourche]
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« Le monde n’est vraiment beau que lorsqu’il dort. »
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Tout de même, les fichoiros des profondeurs, l’horreur dans le Fondril, Estrec, retenu corps et âme quelque part dans des abîmes dont elle a du mal à se figurer la profondeur, cela en fait des émotions pour un baptême de vertige… Il avait l’air bien gentil, ce féeur. Malgasta s’était même accoutumée à l’idée de se glisser dans sa couche. Et puis, elle a une dette envers lui. Quel sort l’attend en bas ? Ça ne peut être qu’un sort peu enviable. Mais comment pourrait-elle le récupérer, elle qui ne sait pas vertiger, même fin saoule au Martini ?
Elle se sent terriblement impuissante et l’impuissance est une des vingt-sept choses qui l’agacent prodigieusement… Et lorsqu’elle est agacée, vraiment agacée, pas simplement contrariée, car la contrariété est son pain quotidien, il vaut mieux qu’hommes, bêtes et monstres passent au large.
« Cul enchifrené ! Prune de con ! »
Malgasta s’agite dans la cuisine en mordant nerveusement la première phalange de son index. Des coups de fusils retentissent sur la plaine : la chasse au lutin a commencé. Il y a donc presque un jour entier qui s’est écoulé depuis leur vertige. Un jour !
« Vogue-étron ! Torche-fiente ! »
Elle s’agite de plus belle, tape du pied, dérape dans les fuites d’eau, glisse sur le carrelage, se raccroche à la table, la table bascule, elle se raccroche à un buffet, le buffet s’effondre sous son poids, elle se raccroche à une poignée de porte, la poignée lui reste dans la main, il n’y a plus rien à quoi se raccrocher, elle se cogne au chambranle, s’étale dans les flaques, se cabosse la tête et les genoux.
« Merderie de merderie ! Panade de vit !
– Eh ! Là ! Au-dessus ! C’est fini le charivari ! hurle quelqu’un depuis l’étage inférieur.
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Dans le chaos de la grande plaine, les rebuteux achèvent leur travail. Les énormes machines qui fouillent et creusent la Technole se sont arrêtées, bien que les fumées noires de leurs échappements flottent encore au-dessus du sol.
Il est temps pour cette corporation brutale et âpre au gain d’améliorer le quotidien, en plus du marché noir et du trafic de produits chimiques. On pousse les derniers chariots remplis de télévisions, de téléphones, de robots ménagers, de vêtements, de débris de plastique, de sacs de ciment, de pots de peinture, de livres imprimés, de matelas à ressorts, de lampes de chevet, de cuvettes, de bouteilles consignées, de transistors à lampe…
Les fusils de chasse remplacent alors les pelles et les râteaux, car au crépuscule, on chasse le lutin qui pullule dans les rebuts comme des lapins dans une garenne.
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Les fraselés, quand ils ne sont pas occupés à hacher menu un corps humain, sont en fait de grands timides.
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Je ne jette pas la pierre... avant de l'avoir bien aiguisée... .C'est un proverbe rioteux... .
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Il y a un proverbe chez les fraselés qui dit : "étripe ceux que tu aimes, aime ceux que tu étripes".
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Elle voit une gueule hérissée de canines pourries qui fond sur sa gorge, et que l’envie de mordre, d’arracher, de laper le sang frais, agite de mouvements incontrôlés.
Une si belle gorge, comment lui résister, lorsqu’on est un renassier à un stade avancé de la maladie ?
« Y a d’la joie, bonjour bonjour les hirondelles… »
Les mâchoires claquent dans le vide et seuls quelques poils raidis par la bave frôlent la pomme d’Adam de Malgasta, qui en profite pour appliquer à l’aveuglette un nouveau coup de cric.
« Y a d’la joie, dans le ciel par-dessus le toit. »
Repoussant la bête dont elle vient de déboîter les mâchoires, Malgasta sort la tête du coffre et regarde, interloquée, les autres renassiers qui refluent, abandonnant sur les sièges le contenu de leurs intestins. Une panique indescriptible semble s’être saisie d’eux.
« Y a d’la joie, et du soleil dans les ruelles. »
Les bêtes se battent maintenant pour sortir, laissant leurs derniers poils contre les éclats qui couronnent le pare-brise. Leurs jappements de terreur se mélangent à une musique tonitruante.
« Y a d’la joie, partout y a d’la joie. »
C’est cette musique, qui sort des hauts-parleurs de la voiture, ces hurlements à faire trembler les fondations de la forteresse de Barugal le fou, qui les terrorisent. Leur ouïe altérée par la rage ne peut supporter ce charivari dément qui n’appartient pas à ce monde.
Sans rien comprendre à la chanson, Malgasta donne également de la voix.
« Tout le jour, mon cœur bat chavire et chancelle
C’est l’amour, qui vient avec je ne sais quoi
C’est l’amour, bonjour bonjour les demoiselles
Y a d’la joie, partout y a d’la joie. »
La plupart des renassiers, pris d’une folie plus grande encore que celle qui leur est coutumière, se jettent dans le vide. Les autres essayent maladroitement de remonter, sautant sans succès depuis le toit dans les éboulements de papier.
« Yadlajoa » beugle Malgasta en sortant à son tour de la voiture.
Elle montre du doigt les bêtes qui s’épuisent vainement dans les journaux, et s’esclaffe de ce rire qui lui donne la force de dix hommes, la philosophie d’autant de doctrinaires, et un appétit pour la vie contre lequel même le Tombier y casserait sa pelle.
« Yadlajoa ! Bonjoubonjoulézirondelles ! »
Puis la musique et la voix du ménestrel hystérique retournent au néant d’où elles ont surgi, et il n’y a plus alors que le rire de Malgasta, et les grognements insistants de trois renassiers qui ont retrouvé le peu d’esprit qu’ils possédaient.
« Trois seulement… Allez, agneaux morveux, venez voir Malgasta la bergère ! Yadlajoa ! »
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Malgasta naquit dans une cabane, au bord du canal, entre l’humidité des ruisseaux et celle de la Mer Clapotante. Elle apprit à capturer les étrilles, à échapper à l’étreinte des ivrognes et à accommoder le varech. Longtemps, son travail consista à ramasser les éponges échouées sur la grève ; un petit commerce d’appoint avec les rares navires qui daignent faire halte. Car à Sponlieux, point d’élevage, point de culture ; par manque de place et par manque de terre. Une forêt de conifères aux troncs maigres couvre bien les pentes escarpées de l’île, mais leur bois ne vaut rien.
Non, à Sponlieux, il n’y a que les étrilles et les éponges.
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