La jeune fille, qui n'a jamais subi de disette à Nichu, découvre que la faim est un sortilège plus puissant que la volonté.
(…) pourtant, le ciel est si bleu, le vent si doux. Mais il faut croire que la nature n'est pas un aussi bon miroir qu'Amaterasu le prétend : les kamis célestes n'ont pas assez peaufiné son polissage.
Les habitants se sont réunis autour de sa dépouille que l'on a couverte d'un suaire de soie. Chacun s'est longuement lavé les mains et rincé la bouche, car la mort est en soi une impureté, une salissure, et plus encore lorsqu'elle a été violemment provoquée.
Un guerrier ne songe jamais à la défaite, mais il sait la reconnaître lorsqu'elle s'impose à lui.
Pour [Susanowo], le temps passe toujours trop lentement ; les journées sont sans fin, les nuits, interminables.
Les dieux qui ont créé ce monde étaient des paresseux. S'il s'en était occupé lui, les saisons dureraient un jour, les hommes mourraient de vieillesse une année après être nés, les oiseaux traverseraient le ciel comme des comètes et les montagnes elles-mêmes bougeraient.
Enfin, la jeune fille peut contempler sa bouche, courbée par un sourire à la fois tendre et carnassier, un sourire qui pourrait aussi bien embrasser que mordre. Après tout, du baiser à la morsure, il n'y a qu'une courte distance.
« Chaque saison a ses rêves (…) et il n'est jamais bon de rêver hors saison. »
(…) ne mangez jamais la nourriture des morts ou vous seriez condamnés à errer dans ce monde [des morts].