Un livre magnifique!
Texte inspiré du poète et critique d'art Bernard Noël, qui est aussi un vrai dialogue avec l'artiste, et non une élucubration d'esthète sur l'art - et surtout, couvrant l'ensemble de l’œuvre sculpté d'Yves Dana, des photographies exceptionnelles!
Les photographes sont trop nombreux pour être cités mais ils ont tous un immense talent. La photo de sculpture requiert un don tout particulier: il faut déployer le volume,faire toucher la matière et pas seulement fixer la forme et la couleur.
Photos et texte rendent aussi bien compte des pièces achevées que du travail à la forge du jeune artiste aux prises avec le fer et le feu, comme un Vulcain!
Personnellement, si j'admire le forgeur de formes minérales, à la fois élégantes et acérées , je suis pétrie d'admiration pour les stèles de plâtre, - refondues souvent en bronzes, dans un second temps.
Ah, les pierres dressées d'Yves Dana, ces "stèles" finement griffées, parcourues d'étranges hiéroglyphes, palimpsestes pétrifiés et mystérieux dont le message parle à nos songes, patinées comme des pierres antiques, ébréchées et instables comme des fragments de monuments surgis des sables du temps, vestiges rescapés d'une histoire antédiluvienne...
Ce sont les stèles de Dana , plus encore que les pièces de fer ainsi nommées qui sont , à mes yeux, les "enclumes du rêve"...
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Ceux qui agissent ont la chance de pouvoir être ce qu'ils font : ils plongent ainsi dans le temps qui est à la fois leur vie et leur élément. Le spectateur, devant ce bonheur-là, comprend que lui-même et la plupart des autres sont, par comparaison, des exilés du temps.
- Je préfère que la forme pense elle-même. La matière pense assez bien. J'essaie de me mettre dans la forme et de sentir ce qu'elle veut faire. Si c'est moi qui veux, ça devient maladroit. Il y a bien une pensée de la forme, mais ce n'est pas la mienne. La forme n'avance qu'autant que je ne pense pas.
Le sculpteur a cette chance - vous dites-vous- qu'il peut se jeter dans son faire, et s'y tenir jusqu'à l'achèvement, en prenant appui sur une relation qui, sans cesse, lui met de la matière dans les mains, sous les yeux, contre le corps, et de la métamorphose en vue.
(...) et puis il y a toutes ces sculptures, en fer, en bronze, en plâtre... Choses debout, si essentiellement debout qu'elles rendent insuffisant le mot générique qui les rassemble. Le regard parcourt leurs rangs, isole l'une puis l'autre. Comment dire la simplicité de deux courbes formant les bords d'une forme sans recourir à l'image d'une barque étroite qu'on aurait plantée sur sa proue?
Jean Frémon La Blancheur de la baleine éditions P.O.L où Jean Frémon tente de dire de quoi et comment est composé son nouveau livre "La Blancheur de la baleine" à l'occasion de sa parution aux éditions P.O.L et où il est notamment question de Michel Leiris, David Hockney, Emmanuel Hocquard, Bernard Noël, Alain Veinstein, Etel Adnan, Louise Bourgeois, Jannis Kounelis, Jacques Dupin, Claude Esteban, Samuel Beckett, Marcel Cohen, Jean- Claude Hemery, Jean- Louis Schefer, David Sylvester, Edmond Jabès à Paris le 2 février 2023
"Ce sont des écrivains, des peintres, des sculpteurs.
Aventuriers de l'impossible. Ce sont des bribes de leurs vies. Tous des chercheurs davantage que des trouveurs. J'ai eu le privilège de les côtoyer. Ce qu'ils poursuivent est ce qui toujours se dérobe. La grâce est une fieffée baleine blanche."
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