Nipishish, Pierre Larivière pour les Blancs, rentre chez les siens après un séjour indéterminé dans un pensionnat. Il retrouve avec joie sa famille – dont sa vieille tante Manie – et le mode de vie des Algonquins auquel il était habitué dans sa jeunesse, avant de devenir orphelin. Un début de roman intéressant, qui permet de bien comprendre le personnage principal et son environnement. Malheureusement, après un certain temps, le lecteur qui s'attend à quelque chose – une quête, une mission, un objectif personnel, n'importe quoi – est un peu déçu. Nipishish ne fait rien de particulier, il ne sait même plus comment pêcher… D'où le titre «
Journal d'un bon à rien ». Il ne peut que parler des autres personnes, dont Sam, et des événements généraux qui concernent la réserve. Bien sur, tout cela permet de mieux comprendre la culture amérindienne et ce n'est pas sans intérêt. J'ai bien aimé l'humour avec lequel sont dépeints les chocs culturels, l'incompréhension et les réactions des Blancs face aux Autochtones. Par exemple, Manie, lorsqu'elle se voit offrir une maisonnette, fait défoncer les murs pour ne faire qu'une seule salle commune des pièces exigües puis fait casser un carreau de fenêtre pour laisser échapper la fumée du poêle. Les envoyés gouvernementaux sont consternés ! Visiblement, l'auteur
Michel Noël connaît bien son sujet.
Vers le milieu de l'histoire, Nipishish est retiré aux siens et envoyé dans une famille d'accueil à Mont-Laurier, dans une famille de Blancs. Ici aussi, de petites déceptions. Je trouve plusieurs personnages caricaturaux, en particulier Mona et Méo, les nouveaux « parents ». le garçon vivra difficultés après difficultés – en plus de changer de milieu, il doit survivre à… l'école secondaire ! –, plusieurs problèmes d'adaptation mais surtout beaucoup de frustrations. Les temps sont durs pour les Métis comme lui, avec un pied dans chacun des mondes mais n'appartenant complètement à aucun des deux. Ses origines lui seront constamment jetées, crachées au visage, on le traitera de sauvage. Bref, une adolescence difficile pour un garçon qui ne souhaitait que liberté et grands espaces mais qui, en fin de compte se retrouve plus perdu qu'autre chose, se laissant dicter sa conduite – du moins, au début – et ne sachant trop comment réagir. D'ailleurs, comment riposter face aux aléas de la vie si on a aucun talent particulier ? Un jeune lecteur saura apprécier ce genre d'histoire et surtout ce personnage sympathique et tourmenté. D'autant plus que ce roman est assez facile à lire (trop peut-être, j'ai trouvé agaçantes et infantilisantes plusieurs définitions de bas de page, je crois que plusieurs expressions étaient évidentes en se fiant au contexte).