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EAN : 9782355235573
358 pages
Editions Jets d'Encre (01/12/2021)
4.1/5   5 notes
Résumé :
« Je sens des choses, j’ai des intuitions. Je prévois des faits et ça commence à me faire flipper. Hier, en jouant dans une boutique de paris, j’ai misé à trois reprises sur le bon cheval, je me suis fait deux mille euros en dix minutes. Avant-hier, j’ai réussi à faire coincer un mec qui allait voler dans ma boîte, uniquement sur la base de deux cartes de tarot. »

Silas Maaloula, 29 ans, est un médium qui gagne facilement aux jeux et a parfois des vi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique

Difficile, voire impossible, de résumer l'intrigue de ce roman en quelques lignes. Parce que l'auteur aborde une foule de thèmes soumis à la réflexion des protagonistes et à la nôtre. Parce que les personnages sont nombreux, qu'ils s'entrecroisent tout au long du livre, parce que les intentions perçues au départ ne sont plus les mêmes une fois qu'on est arrivé à la fin...

Un fil conducteur: le tarot et ses lames, qui rythment les chapitres en guise de titre. Il faut dire que le premier personnage qu'on rencontre est Silas, un araméen doué d'intuitions fortes qui confinent à la voyance. Les cartes de tarot sont les outils dont il se sert pour ordonner ses pensées et ses visions.
Au vu du titre, on sait aussi que la religion jouera un rôle important, et c'est bien le cas. Mais l'ouvrage est loin d'être religieux et passera l'Islam et le catholicisme à la moulinette de la plume de l'auteur.

Finalement, ce sont plusieurs intrigues qui se joueront au fil des pages, dont l'une résolument policière à la poursuite d'un tueur en série. le lecteur voyagera aussi, de la Belgique au Maroc en passant par la péninsule ibérique. Il entrera dans les arcanes de la politique bruxelloise, dans l'intimité des réfugiés syriens, dans les salles bruyantes des traders, dans des chambres à coucher respirant la luxure, dans le métro Maelbeek un matin de mars 2016,... Il suivra les pas d'un philosophe en quête de sens face à l'horreur, d'une bourgmestre qui finira au Kern, d'un prêtre portugais qui a aimé follement, d'une musulmane qui accomplit des miracles, d'un chien qui court sur trois pattes...

L'intrigue est foisonnante, curieusement addictive et bien souvent interpellante. Et personnage supplémentaire: Bruxelles ,que l'auteur connait comme sa poche et dont il semble si fier. Bruxelles la cosmopolite, Bruxelles l'égarée entre la Flandre et la Wallonie, Bruxelles terre d'accueil... ou pas, Bruxelles et ses quartiers chauds, Bruxelles et ses quartiers chics, Bruxelles et ses institutions européennes, Bruxelles et son église Sainte Marie qui ressemble à Sainte Sophie, Bruxelles et ses bières belges... Bruxelles, la belle.

Jean Noël nous partage tout cela et plus encore, à l'aide d'une plume fluide, oscillant parfois entre le français et le flamand (pas assez de Brusseleer à mon goût, mais ça aurait peut-être ajouté une couche de complexité pour le lecteur non belge). On sent que l'auteur est philosophe lui-même comme on sent qu'il éprouve des penchants pour la psychanalyse. Ca rend ce roman encore plus spécial et inclassable...
C'est même presque compliqué en cours de lecture de savoir si on aime ou pas, mais on ne peut s'empêcher d'avancer, comme si on était en quête sans savoir de quoi. Une expérience littéraire bien intéressante ma foi.

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Un livre passionnant, un livre captivant, un livre qu'on ne sait plus lâcher des mains ,un livre qui vous extrait de la réalité ambiante pour vous faire parcourir les espaces infinis de la culture et du savoir. Enfin un livre qui est un véritable maelstrom emportant ses personnages dans les aventures les plus dangereuses aux frontières de la folie, aux frontières de la violence absolue et aux frontières de l'extase et de la béatitude.

Monsieur Noël réalise ce tour de force qui consiste à faire converger et résonner entre elles les différentes disciplines qui constituent la pâte et l' essence d'une société. Philosophie, théologie, arts, phénomènes mystiques extraordinaires, psychanalyse, questions interreligieuses et sensualité se croisent dans un rythme endiablé. Sur ce socle littéraire à haute valeur intellectuelle ajoutée évolue une intrigue où les personnages se rencontrent ,s'aiment, s' adorent, se quittent ,se détestent et enfin réalisent leur destin en devenant réellement ce qu'ils sont et en rejoignant les bases fondamentales de leur civilisation.

Chez cet auteur nouveau, ô combien érudit et qui se distingue de la médiocrité ambiante , tout tend vers les grands symboles de l'humanité car même la structure de son roman est articulée autour du nombre de 22 chapitres qui renvoient non seulement aux 22 lettres de l'alphabet hébraïque mais encore, sur le plan ésotérique, au 22 arcanes majeurs du Tarot traditionnel de Marseille et au 22 chapitre de l'Apocalypse du bien nommé Saint Jean homonyme de l'auteur.

Ainsi l'on peut constater que chaque arcane majeur du Tarot, par sa symbolique imaginaire, va tisser le récit de chaque chapitre et va permettre de mieux comprendre le titre de l' oeuvre entière : la colère de Dieu. Comment cette colère va-t-elle se manifester en touchant l'homme au plus profond de sa sensibilité, en ébranlant son corps et, à travers son corps, ses biens matériels ? Tel est le noeud de l' intrigue qui, ici, prend la forme d' une épopée.

A l'instar de la catastrophe advenue à la tour de Babel ; récit que l'on peut trouver dans le tout premier livre de la Bible ,la colère de Dieu se manifestera dans le roman de Jean-Noël par une catastrophe métaphoriquement identique touchant cette fois-ci la finance internationale. Un génie, un trader hors du commun, Silas, réussira grâce à ses dons de clairvoyance à détruire et à emporter toutes les structures patiemment construite par les cités financières qui dictent sa marche à notre monde.

Ce chef-d'oeuvre est également le lieu d'un questionnement autour du masculin et du féminin ainsi que l'antichambre d'une réflexion relative au nécessaire dialogue qui peut apaiser les rapports entre deux grands blocs mondiaux : la civilisation chrétienne et la civilisation islamique qui émaillent le monde d'aujourd'hui.

Aller au plus profond, creuser le désir, chercher les points communs plutôt que de souligner les différences, choisir la paix plutôt que la guerre ,viser toujours la circulation de la parole, réconcilier l'animus et l'anima, réconcilier la sensualité avec le religieux, telle est la finalité du texte trépidant qui constitue ce roman.
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Quand cette lecture m'a été proposée, j'ai été intriguée par le résumé et par la façon dont elle m'a été présentée. Comment ne pas avoir envie d'en apprendre plus ce sur ce personnage aux dons particuliers qui ont quelque peu transformé sa vie. C'est cette partie consacrée au tarot qui m'a intéressée et qui m'a donné envie de découvrir ce que l'auteur avait décidé de nous proposer à partir de cette base.

J'ai bien du mal à vous parler de cet ouvrage, car il est difficile de le résumer. Pourquoi ? Parce qu'il aborde tellement de thèmes différents et qu'il met en avant de nombreux personnages, aussi il est difficile de vous en parler sans être obligée de tout vous dévoiler, ce qui serait vraiment dommage. Il y a plusieurs intrigues différentes dans ce roman qui permettent à l'auteur d'approfondir des sujets qui lui tiennent à coeur.

L'oeuvre est assez philosophique, de quoi nous plonger dans de nombreuses réflexions bien différentes, ce qui plaira à ceux qui aiment les romans qui vont plus loin qu'une simple intrigue à suivre. Il vous sortira totalement de votre quotidien, en vous emmenant ailleurs tant au niveau des pensées que des pays visités durant le récit. C'est un voyage étonnant et qui surprend à bien des moments, de quoi éveiller notre curiosité de lecteur.

J'ai particulièrement aimé tout ce qui touche à Silas et aux liens avec le tarot. Chaque chapitre porte le nom d'une carte et cela donne un certain rythme à cette histoire que j'ai bien aimé. Les dons de notre personnage m'ont assez fascinée et c'est ce qui m'a donné envie d'en apprendre toujours plus, étant constamment à la recherche des parties portant sur lui et de le retrouver.

Si toute cette partie m'a beaucoup plu, j'ai été moins passionnée par le reste. Tellement de sujets sont abordés qu'il y en a forcément certains qui nous intéressent plus que d'autres ce qui est normal. Mais cela ne m'a pas empêchée d'aller jusqu'au bout du roman et de suivre toutes les intrigues qui nous sont proposées. Je pense juste que je ne l'ai pas forcément lu au bon moment pour entrer pleinement dans toutes ses facettes, mais son originalité mérite largement la découverte.

En bref, ce roman aborde de nombreux thèmes de façon surprenante et originale. Je ne peux que vous conseiller de le découvrir !
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Bruxelles, capitale de ma patrie, constitue le théâtre principal des événements qui vont se succéder dans « La colère de Dieu ». N'empêche que l'auteur nous embarquera aussi pour un voyage vers le sud, jusqu'aux villages les plus méridionaux du Maroc, et puis pour le Kosovo, l'Albanie, Londres… Comment pourrait-il en être autrement, connaissant le mélange multicolore qu'est le tissu social de notre capitale ? L'auteur empreint même le texte de ce multiculturalisme, n'hésitant pas à écrire des passages en néerlandais, en arabe, en espagnol. Cela aussi fait partie de notre identité aux multiples facettes.

Logiquement, les personnages et événements qui traversent ce roman sont tout aussi éclectiques. Il y a ceux qui tiennent le haut du pavé, d'autres au bas du fossé, et toute la panoplie entre les deux. Il y a ceux qui se défont, ceux qui se construisent. Ceux qui arrivent, ceux qui partent. Ceux qui croient, ceux qui ont perdu toute foi. Il y a une histoire sordide de meurtres en série, mais aussi une histoire émouvante d'entraide humaine, une histoire écoeurante de manipulation politico-économique, plusieurs histoires d'amour en tous genres, une histoire de rencontre spirituelle… et je n'en énumère que quelques-unes. Les personnages sont si « vrais » que j'ai l'impression que je pourrais les croiser dans les rues de Bruxelles, sur le quai de la gare du Midi, dans une des galeries du centre-ville.

« La colère de Dieu » m'apparaît comme un reflet sincère de notre société. Les destins des personnages principaux entraînent le lecteur dans une lecture soutenue. L'on avance à bon train, tournant page après page pour connaître la suite. En chemin, toutefois, l'auteur sème volontiers des points d'interrogation, de suspension : des passages abordant des thèmes d'actualité, parsemés de phrases qui invitent à une réflexion profonde.

Jean Noël mélange avec justesse le doux, l'amer, l'acide et le salé pour obtenir une recette agréablement équilibrée, qui se greffe dans la mémoire. Dans cet univers foisonnant, la rencontre qui m'a semblé à moi la plus originale, est celle d'un monde profondément matérialiste et régi par l'argent, côtoyant des expériences de nature spirituelle. En somme, si l'auteur a rassemblé de nombreux citrons dans son panier, son roman est une limonade artisanale savamment balancée qui se boit comme du petit lait. N'hésitez pas à vous embarquer pour ce voyage déroutant qu'est « La colère de Dieu ».
Lien : https://almanahualli.com/202..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Une vingtaine de clichés jonchent le bureau de Grégoire Dekeyser. Le commissaire a envie d’une clope. Il jette un œil par la fenêtre et contemple pendant un court instant le dôme du Palais de justice qui jouxte le commissariat de la police fédérale. Les toits d’Ixelles et de Saint-Gilles prennent mille teintes automnales sous la lumière du soleil glacial de décembre. Il est quelque peu agacé. La mobilisation générale pour la traque des terroristes de Paris ne lui a même pas permis de visiter la scène de crime. Il est contraint de superviser des dizaines de perquisitions et de rapporter directement les conclusions aux magistrats instructeurs. Les affaires de terrorisme emportent à présent le grand banditisme autant que son département. Tout le monde est sur la brèche. C’est un état de guerre. Les malades mentaux qui découpent leurs victimes en morceaux sont à présent sous la pile de dossiers. Il appelle Cricx pour s’en fumer une au rez-de-chaussée. Les pauses clopes sont un moyen très utile pour un chef de service d’écouter les bruits de couloirs. Les non-fumeurs arguent que c’est une perte de temps, alors que le mouvement et la liberté de bouger font naître de bonnes idées au détour de conversations cordiales entre fumeurs qui ressentent l’un pour l’autre une certaine loyauté.
La cour du rez-de-chaussée dispose en son centre d’un énorme marronnier. Un épais tapis de feuilles jaunes et rouges recouvre le sol de pavés gris. L’air humide et froid l’incite à avaler profondément la fumée âcre et chaude de sa Marlboro. Cricx fume un cigarillo. Bien que sous-officier, il aime se donner un petit genre aristo. Grégoire Dekeyser lit en diagonale le compte-rendu de la déposition de l’affaire qui les occupe.
— Dans l’appartement d’Uccle, il y avait des sculptures et des peintures qui valaient une fortune. Il y avait même une esquisse de Modigliani. C’est bizarre que le tueur n’ait rien pris, commente Cricx.
— Vous vous intéressez à l’art, Inspecteur ?
— On peut dire ça. Je peins.
— Vous peignez ?
— Oui. Pointillisme, impressionnisme.
— Oh ! s’exclame le commissaire, incrédule, en le dévisageant.
— Et puis j’ai remarqué un truc.
— Oui ?
— Un mur du salon était vide, alors qu’un clou laissait supposer qu’un tableau s’y trouvait. Récemment, en plus, parce que l’ombre faite de micro-poussières collées au mur ne correspondait pas à l’emplacement du tableau enlevé.
— Je ne comprends pas.
— Nous avons retrouvé dans la cave du bâtiment un tableau d’un petit maître flamand qui correspondait exactement aux traces laissées sur le mur, ce qui signifie que cette œuvre a été retirée pour en mettre une autre. Un grand tableau, parce que le clou récemment planté pouvait supporter un poids autrement plus lourd que celui de l’artiste flamand.
— Je suis impressionné, Cricx. Vraiment. Non seulement, parce que vous peignez, mais aussi que vous remarquiez ce genre de détail. Ce qui veut dire que l’on tient peut-être l’objet de la transaction d’un montant de cent cinquante mille euros entre le tueur et le couple d’Ucclois qui s’appelle…
— Marie-Chantal et Georges Criquellion. Ce qui m’a amené à trier toutes les transactions de ces derniers mois en matière de peinture dans la région. Je n’ai rien trouvé à Bruxelles, ni dans le Brabant, ni encore en Belgique. Il a fallu aller plus loin. C’est à Lille que l’on a retrouvé le nom de Criquellion, chez un commissaire-priseur, pour l’acquisition d’un bien du musée de Lille : l’œuvre d’un pompier.
— Qu’est-ce que les pompiers ont à voir là-dedans ? Cricx, je bent een beetje obscuur…
— Vous n’y êtes pas, chef. L’art pompier, c’est un mouvement d’art du XIXe siècle. Les impressionnistes s’en sont beaucoup moqués parce qu’il correspond à une technique très académique de la peinture. L’œuvre est le fruit d’un certain Carolus-Duran, un maître assez apprécié en son temps.
— Bravo, Cricx ! C’est pour ça que je vous ai choisi comme adjoint. Je sentais bien que vous étiez plutôt bon en histoire de l’art, ajoute Grégoire ironique.
— Merci, chef. Quant à la dernière transaction des Criquellion, on a juste trouvé un message dans leur boîte mail venant d’un certain « Saturne 1819 » qui invite le couple à passer sur Telegram pour une transaction. Impossible de tracer le message, évidemment. Il vient d’une adresse cryptée.
— « Saturne1819 ». Ça vous dit quelque chose ?
— J’ai cherché et je suis tombé sur une peinture de Goya qui datait de 1819 et qui représente le dieu Saturne dévorant l’un de ses fils.
Cricx sort son smartphone et exhibe l’image du Goya.
— Si l’image de Saturne correspond à celle de notre homme, cela ne présage rien de bon.
Grégoire écrase sa cigarette, puis il lance à son adjoint :
— J’ai encore une réunion cette après-midi avec la cellule antiterroriste, mais continuez sur votre lancée. Vous êtes bon, Cricx. Heureusement que je vous ai ! Vous êtes vraiment bon.
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