Eh bien voilà, chose promise chose due, j'ai reçu ce livre grâce à Masse critique, voici donc ma critique ! Je précise avant toute chose que c'est du pur subjectif, je n'ai jamais aimé commenter la littérature de façon analytique, et je ne prétends pas pouvoir porter le moindre jugement sur la qualité intrinsèque d'une oeuvre, encore moins d'un auteur. Mais si je n'ai pas été touchée d'une manière ou d'une autre, toute la technique du monde ne me fera pas dire du bien d'une lecture...
De façon générale, j'ai été un peu déçue de ce recueil ; très amatrice de nouvelles et assez intéressée par le thème de la folie, j'en attendais beaucoup de plaisir de lecture, mais cela s'est révélé très inégal de ce point de vue. Cela m'a laissé une impression générale "d'intellectualisme", avec parfois des histoires qui n'en sont pas vraiment, assez hermétiques ou me donnant l'impression de chercher le style au détriment des émotions.
Cela dit j'ai passé un bon moment, et rares sont les nouvelles que je n'ai pas du tout aimées.
Je détaille ci-dessous quelques réflexions plus précises, par nouvelle.
Née du givre –
Mélanie Fazi
Classique dans son sujet et son exécution. Malheureusement je n'ai pas été touchée par l'histoire, un peu trop attendue peut-être...
Hannah –
Frédéric Serva
Belle écriture, évocatrice et élégante, une construction intrigante ; mais j'ai été un peu frustrée de ne pas mieux comprendre le propos.
Exophrène –
Stéphane Beauverger
Une de mes nouvelles préférées de ce recueil ; j'ai beaucoup aimé la construction de l'univers, de l'histoire, le mystère qu'elle distille, le propos (par exemple l'idée d'une conscience extérieure – si j'ai bien compris le titre). Quand je parle de construction de l'univers, j'ai en tête tous les éléments étrangers à notre monde qui sont introduits très finement, sans démonstrativité tout en restant intrigants et en stimulant notre imaginaire. Une nouvelle qui donne l'impression de contenir la matière pour un roman, tout en se suffisant à elle-même sous cette forme courte : une belle réussite à mes yeux.
Connect I cut –
Sébastien Wojewodka
La seule nouvelle que je n'ai pas finie, ce qui m'arrive rarement même pour un roman... Je n'y ai vu qu'un étalage de vocabulaire et de syntaxe compliqués, ce que je serais tentée d'appeler verbiage. le côté scatologique, l'humour un peu moqueur et le verbiage précédemment cité m'ont donné la désagréable impression que l'auteur cherchait à déplaire à ses lecteurs, à les agresser (c'est bien évidemment l'impression que j'ai ressentie moi-même). Je suis donc totalement passée à côté de l'intérêt potentiel de la nouvelle.
Sam va mieux –
Alain Damasio
Sur un thème qui m'est cher (catastrophe évoquée mais pas expliquée, ville vide de toute présence humaine), j'ai trouvé que cette nouvelle était une belle évocation de et un hommage au langage et à la voix humaine. La fin, même si je l'avais vue arriver, est émouvante ; paradoxalement (vu l'histoire ;-)) une nouvelle pleine d'humanité.
False reversion –
Thomas Becker
En lisant la bio de l'auteur j'ai eu un peu peur (puisqu'il a co-écrit un recueil avec
Sébastien Wojewodka), mais plus de peur que de mal ! ;-) Une nouvelle difficile à aborder et à comprendre, mais intéressante. Sa construction est originale, bien menée, l'écriture est assez compliquée mais reste compréhensible. Un bémol : j'aurais aimé mieux comprendre l'histoire générale, ça mérite peut-être une relecture. ;-)
The One –
Hugues Simard
Cette nouvelle a peut-être la malchance d'avoir été placée à cet endroit du recueil... J'ai trouvé qu'elle se rapprochait pas mal de la précédente dans son propos et dans sa construction, bien qu'elle soit plus simple. J'ai trouvé aussi un peu lassant d'avoir des meurtriers comme image du schizophrène, mais là aussi c'est peut-être un mauvais concours de circonstances, je n'aurais sans doute pas dit la même chose si ça avait été la première nouvelle du recueil... Elle reste agréable à lire, avec un décor/parti pris (le monde de la musique funk) original et dépaysant.
Scopique – Marilou Gratini-Levit
Je n'ai pas été convaincue par cette nouvelle : un peu trop obscure dans la langue, sans que cela me semble servir vraiment le propos. Peut-être un peu trop courte (mais plus long dans cette veine ne m'aurait sans doute pas plu) pour que je rentre dans l'histoire et que je ressente de l'empathie pour le personnage...
Effondrement des colonies -
David Calvo
Ce n'est pas cette nouvelle qui va me réconcilier avec
David Calvo : je reste hermétique à son oeuvre, je ne comprends pas vraiment où ça veut en venir... pourtant j'essaie ! J'avais lu en entier le recueil
Nid de coucou tout en étant toujours proche de l'abandonner tant j'avais du mal à entrer dedans, eh bien là c'est la même chose...
M.I.T. -
Philippe Curval
Nouvelle bien menée bien que je ne sois pas fan du style. La fin est un peu rapide (pour pousser un peu, j'irais jusqu'à dire "en queue de poisson"), et j'ai trouvé que l'ensemble (surtout la 2è partie) manquait un peu de concision, et n'était pas assez inquiétante, sombre, à mon goût. Pour autant, l'idée que développe l'histoire est intéressante, et j'ai beaucoup aimé la scène de la séance photo.
Sacha – Jeanne Julien
Nouvelle plutôt perturbante, voire malsaine, ce qui est loin d'être une critique négative pour moi ! Je pense n'avoir pas tout compris, mais l'écriture est évocatrice d'images fortes, on a un début et une fin clairs, un propos : de quoi assurer pas mal de plaisir de lecture.
Sextuor pour solo –
Francis Berthelot
Cette nouvelle m'a fait penser au livre de Daniel Keyes Les mille et une vies de Billy Milligan. La narration du point de vue des personnalités multiples du personnage est bien réussie, la construction très efficace (on comprend bien l'histoire qui s'est jouée), les effets typographiques sont sympathiques et le rythme est bien maîtrisé. Un bon moment !
Veuillez lire attentivement l'intégralité de cette notice
J'ai pris cette nouvelle comme un exercice de style plutôt bien mené, assez drôle et à la fin élégante. Mais comme j'aime bien qu'on me raconte des histoires, même si je dois réfléchir pour leur trouver un sens, là j'ai été un peu frustrée par le manque de scénario à suivre...