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EAN : 9781549676154
516 pages
Auto édition (02/10/2017)
4.56/5   17 notes
Résumé :
« Aujourd'hui, alors que mon royaume se prépare à chuter devant la Sainte Armée, alors que tout ce que j'ai construit s'apprête à être détruit… j'écris mes derniers mots en tant que roi, en tant que monstre damné.
Il est temps de tout révéler.
En ce premier livre de mes mémoires, voici rassemblés mes plus ténébreux souvenirs de prince héritier.
Héritier ? Malheureusement, il ne fut pas si simple de monter sur le trône qui m'était destiné. Mon hi... >Voir plus
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Que lire après Le tourment des rois, tome 1 : A la lumière de l'ombreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Nous nous retrouvons aujourd'hui pour une chronique particulière. Et surtout pour un roman particulier. Difficile d'en parler, de transmettre ce qu'on ressent entre les pages de cette oeuvre. Il faut le vivre pour le comprendre. Mais essayons tout de même…

Avant même de commencer la lecture, l'auteur joue avec nos méninges. le sous-titre « A la lumière de l'ombre » nous offre un paradoxe intéressant. Des dizaines de questions se bousculent déjà dans notre esprit : la lumière peut-elle exister sans l'ombre ? Et l'ombre sans la lumière ? Cette ambivalence est appuyée par le résumé, notamment dans la phrase « Reniant notre humanité pour mieux la sauver ». Hydan semble être un héros torturé entre le bien et le mal, entre ce qu'il veut et ce qu'il doit faire. Est-ce que tout détruire et la seule solution pour tout reconstruire ? Défendre ses idéaux… Mais à quel prix ? La signature « le dernier roi » n'annonce rien qui vaille. de plus, nous comprenons qu'il va s'agir de « mémoire », une histoire contée par le héros lui-même. de fait, peut-on vraiment lui faire confiance ? Sera-t-il honnête ? Que pouvons-nous tirer de ce qu'il dit ? Et de ce qu'il ne dit pas ? Nous nous apercevons qu'en plus du danger inhérent à l'intrigue, nous devront aussi nous méfier du personnage principal lui-même. le tout habillé d'une belle couverture, épurée et cohérente, qui renforce cette ambiance mystérieuse et d'ores et déjà angoissante.

Nous entrons donc à tâtons dans les souvenirs d'Hydan, dernier roi d'Hydolia. le souverain ne sait pas par où commencer, tant sa vie a été influencé bien avant sa propre naissance. Malgré nos doutes et nos peurs, le charme du héros ne tarde pas à nous envoûter. Nous plongeons d'abord dans son enfance, puis lors de sa trentième année, alors qu'il n'est encore que le prince héritier. Une vie complexe auprès d'Horden, son père, qu'il décrit comme un roi tyrannique attaché aux traditions barbares, ne se préoccupant que de son pouvoir et de la peur qu'il inspire. Ainsi que de son frère Kaderian, séducteur et guerrier uniquement guidé par ses pulsions.

Mais Hydan est différent. Homme de valeur et de principe, il compte bien changer les choses. Plein de bonnes intentions, le trentenaire nous fait part de ses honorables intentions, de ses plans. Il nous implore de ne pas croire aux contes de fées sur la fondation d'Hydolia… Tout n'est qu'un tissu de mensonges, et la seule vérité se trouve ici, dans ses mémoires. Une vérité bien plus sombre que celle qui l'aurait imaginé. Tandis qu'il évoque ses premières rébellions, ses premières initiatives, il poursuit amère sur le futur à venir. Répétant sans cesse « si j'avais su… » ou encore « si l'on m'avait dit… » , le prince fait monter la tension et l'angoisse. On ne peut s'empêcher de poursuivre notre voyage au coeur du château pour comprendre ce qui est arrivé.

Là est toute la force du roman. Un protagoniste qui nous assure n'avoir que des bonnes intentions, qui hurle sa volonté de faire régner la justice et la paix. Prêt à se sacrifier pour cette cause qui lui tient à coeur. Mais il y a un fossé entre un prince et un roi. Ce dernier doit parfois faire des choix difficiles, et le jeune héritier l'apprendra à ses dépens. Mais en sera-t-il capable ? Il faudra lire pour le savoir… Chaque pas vers la lumière le fait sombrer un peu plus. Pourtant, l'on s'attache à lui, et l'on espère de notre coeur qu'il parviendra à atteindre son but. La dimension « confidence » du roman fait d'Hydan notre ami l'espace d'un instant. le désir de faire connaître la vérité à laisser place au besoin de se confesser. Confesser les mauvais choix, confesser les âmes fauchées pour en sauver mille autres… le jeu en valait-il la chandelle ? Toute la question est là. Rien n'est noir, rien n'est blanc. Tout n'est que nuance… le Bien appelle le Mal, et le Mal appelle le Bien. Qui va vivre et qui va mourir ? Qui a le droit de choisir ? Là encore, il faudra le voir par vous-même…

La « transformation » d'Hydan de prince rêveur a futur souverain tourmentée passe aussi par une dimension fantastique intéressante. S'il est risqué de l'évoquer sans en révéler trop, il serait dommage de l'oublier. Gaëtan Noël insuffle petit à petit les éléments fantastiques dans son livre, sans pour autant occulter la dimension psychologique et politique du roman. Bien dosée, cette facette de l'histoire va rehausser l'intrigue, ajoutant de nouveaux enjeux importants, multipliant les questions et les possibilités. Si certains secrets étaient parfois plus faciles à deviner, on se prend au jeu du mystère et laisse Hydan — et son créateur — s'amuser avec nous.

Un autre travail important a été accordé aux personnages qui gravitent autour de notre héros et qui lui apportent tous du relief et approfondissent l'intrigue. En plus des membres masculins de la famille royale, Hydan est hanté par le souvenir douloureux de sa mère Lulia, « la plus belle reine d'Hydolia » et sa soeur Akarina disparu lorsqu'il n'était qu'un enfant. À ses côtés, on retrouve Maître Heliott, une sorte de précepteur qui enseigne le prince. Personnage appréciable, quelque peu en retrait, il parait pourtant en savoir beaucoup. Tout comme Hodanir, maître d'armes et homme de confiance d'Hydan. Une relation très forte uni les deux hommes, donnant à Hodanir la figure du père qu'Horden n'a pas su être.

Durant son périple, le trentenaire fera aussi la rencontre de Khaalina, une jeune femme intrigante et l'une des mieux construit du roman — après Hydan, bien évidemment — autant dans sa psychologie que dans son rôle. Et puis d'autres personnages secondaires que je ne peux citer, compagnons de route d'Hydan et qui apporte un réel vent de fraîcheur dans cette histoire parfois très sombre, et même pendant des scènes où la tension est palpable.

Une tension présente surtout dans les scènes de combat. Les descriptions sont détaillées et réalistes, sans tomber dans l'horreur non plus, si bien que le lecteur peut parfaitement se faire l'image dans son esprit. Quelque chose de très filmique dans les scènes de combat, et surtout d'intense. C'est aussi le cas des personnages qu'on visualise très bien, et des décors dans lesquelles Hydan évolue. Les mots sont choisis avec soin et la plume de l'auteur rend le tout envoûtant. Si les nombreux adverbes et l'utilisation très régulière de la ponctuation « ?! » peut faire tiquer, tout cela est très vite éluder par un vocabulaire riche et une syntaxe fluide qui s'écoule le long de quelque 500 pages. L'on arrive à la fin sans s'y attendre, avec l'envie puissante de tout reprendre depuis le début.

Si les premières pages peuvent faire penser que l'on s'engouffre dans une fantasy classique au schéma vu et revu, il n'en est rien. Certains éléments de l'intrigue et certaines résolutions sont, certes, propre aux histoires de fantasy, Gaëtan Noël ne manque pas de nous surprendre.

Son héros porte à lui seul toute l'originalité de cet ouvrage hors normes, jouant avec les codes du genre pour mieux les modeler à sa guise. Les réflexions psychologiques profondes du protagoniste, ses sentiments si tortueux et cette bataille qu'il livre contre lui-même fait son originalité. C'est aussi pour cela que l'on reste à ses côtés, que l'on se prend d'affection pour lui malgré tout… Les émotions sont gérées d'une main de maître et il n'est pas impossible d'y laisser quelques larmes et un morceau de son coeur. « le Tourment des Rois » nous prend aux tripes, bousculant nos émotions vivement, mais avec élégance.

La conclusion est… Indescriptible. Toute l'ambiguïté, tout le paradoxe du personnage, la fantasy, la politique, les émotions… Tout, absolument tout se met au service de cette fin percutante qui ne nous donne qu'une envie : se jeter sur le tome 2.

Ce roman n'est pas un coup de coeur, ni un coup de foudre. Il ne s'agit pas de l'aimer ou de l'adorer. C'est bien plus que ça, bien plus fort et plus grand. Cet oeuvre est la raison pour laquelle l'écriture a été inventée, la raison pour laquelle on aime lire, la raison pour laquelle les auteurs indépendants doivent continuer de se battre et la raison pour laquelle nous devons continuer d'écrire.

Continuer, coûte que coûte, quel qu'en soit le prix, à embrasser le tourment des rois…
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Tout comme Hydan, Prince Héritier du royaume d'Hydolia, peine à choisir le commencement de ses mémoires, je peine quant à moi à choisir quelle forme donner à cette chronique. Car cette lecture ne fut semblable à aucune autre : plus qu'une lecture coup de coeur, coup de foudre, coup de poing, cette lecture fut tout simplement une révolution littéraire. Que vous dire, que vous taire ? Comment vous faire saisir tout l'intérêt et toute l'originalité de ce roman si novateur sans risquer de vous en dévoiler trop et vous gâcher ainsi le plaisir de la découverte ? Comment, tout simplement, rendre hommage à ce récit qui m'a happée du début à la fin sans me laisser souffler une seule seconde, qui m'a fait passer par toutes les émotions possibles et inimaginables et qui m'a obligée à ne pas rester passive face à ma lecture mais à y prendre activement part ?

Hydan ne s'en cache pas : le désaccord qui existe entre son père et lui est profond et absolu. Là où Horden le Roi ne cherche qu'à affirmer la puissance guerrière de sa terrible armée et à attiser la crainte que fait naitre le Royaume d'Hydolia en tous les coeurs du continent, Hydan souhaite ardemment améliorer les conditions de vie de son peuple, faire naitre le respect non par la violence mais par l'honneur et la vertu. Il ne suffisait que d'une étincelle pour faire s'embraser le feu de la guerre entre le père et le fils, entre la Tradition et l'Evolution … Et une fois le combat engagé, plus moyen de faire marche arrière. Jusqu'où Hydan sera-t-il prêt à aller pour faire vivre l'idée qui anime son âme et son corps ? Saura-t-il tout sacrifier pour faire entrer son nom dans l'Histoire … ou bien ne parviendra-t-il pas à faire face au Tourment des rois ?

J'en ai bien conscience : ce résumé ne semble pas bien original. Un conflit de pouvoir, voilà tout ce qu'il annonce. Et pourtant … Vous n'imaginez pas tout ce qui se cache derrière cette histoire apparemment banale. Je ne l'imaginais pas non plus. Je ne m'attendais pas une seule seconde à ce qui allait me tomber dessus lorsque j'ai ouvert cet énorme et magnifique pavé de cinq-cents pages. Je m'attendais à des batailles épiques et sanguinolentes, à des complots meurtriers et diaboliques, à des morts cruelles et dramatiques, à une touche de magie mystique et sinistre … Comment pouvais-je deviner ce qui se cachait derrière cette intrigue déjà bien prometteuse en actions et rebondissements ? Comment pouvais-je savoir qu'il ne s'agissait ici que de la partie émergée de l'iceberg ? Car ce livre est tout … sauf un simple livre de fantasy comme on en trouve tant de nos jours. Il est bien plus que cela, tellement plus que cela !

Au bout de quelques pages à peine, le ton est donné : Hydan n'est pas un héros de fantasy comme les autres. Son esprit est en proie à d'incessants questionnements sur le sens de la vie, sur la distinction entre le bien et le mal et les nuances qui existent au coeur de cette opposition purement manichéenne, sur le pouvoir et les injustices … Bien plus distrayant qu'un traité de philosophie, ce roman est toutefois aussi riche que ces derniers en terme de réflexions métaphysiques ! Que l'on soit d'accord avec notre fougueux prince ou non, force est de constater que ce livre ouvre la porte à une foule de questionnements … Hydan s'interroge ainsi sur sa destinée, sur sa liberté, sur sa lâcheté, peut-être, aussi. Jusqu'où doit-on se battre pour une idée, une idéologie, un idéal ? Comment savoir ce qui est juste, bon, moral ? Où se situe la frontière entre l'honneur et l'orgueil, entre l'obéissance et la lâcheté ? Se pose également la question de l'identité : qui suis-je ? qu'est-ce qui fait de moi ce que je suis : mes actes ou mes possessions, mes pensées ou ce que je montre au monde ? Quel régal que de suivre les méditations de ce héros atypique, qui n'hésite pas à avouer ses doutes, ses échecs, ses erreurs, ses faiblesses à son lecteur ! On s'attache si rapidement à lui, si humain en dépit du « sang maudit » qui coule dans ses veines …

Car le Tourment des rois reste malgré tout un roman de fantasy, avec sa mythologie, ses mystères … L'auteur distille ci et là des indices, des signes, des détails que le lecteur se doit de remarquer s'il veut comprendre avant d'apprendre. Les seuls secrets sont ceux qui sont gardés. Voilà une réplique qui rythme le récit, une rengaine qui confirme au lecteur se dont il se doute surement déjà : les révélations ne font que commencer. Si j'ai parfois eu la satisfaction de voir se confirmer certaines de mes suppositions, j'ai également eu souvent la frustration de me rendre compte que mes hypothèses étaient complétement à côté de la plaque. L'auteur nous fait tourner en bourrique, nous fait douter sans cesse, fait monter progressivement la tension jusqu'à une apothéose inattendue qui donne envie de voyager dans le futur pour savoir comment les choses vont se finir, quel est le fin mot de cette histoire pleine d'énigmes et de rebondissements. On est complétement happé par cette intrigue si bien menée, si bien racontée …

En effet, Gaëtan Noël a une plume extraordinaire, magnifique, magique ! Il y a dans cette narration une dose certaine de poésie, d'onirique … et de profondément sombre, dur. Cette ambivalence, qui correspond bien évidemment à l'ambiguïté du personnage sans cesse tiraillé entre l'ombre et la lumière, le bien et le mal, la paix et la guerre, cette ambivalence donc fait toute la richesse et la beauté de ce style parfaitement maitrisé et unique. Tantôt les descriptions sont lyriques et imagées, tantôt les actions sont brutales et brèves. L'auteur joue énormément sur les sonorités, usant et abusant d'allitérations et d'assonances pour narrer cette histoire : aux scènes les plus calmes la douceur, aux scènes les plus violentes la rugosité … Rares sont les auteurs à prendre autant en compte cette résonnance entre la sonorité des mots et leur impact. Cette narration est vivante, elle se fraye un chemin pour venir résonner au plus profond de notre coeur et de notre âme, pour que cette histoire ne soit pas uniquement de papier et d'encre mais de chair et de sang. On vibre littéralement à l'unisson de cette histoire, c'est tellement impressionnant de vivre un récit avec autant de force ! Epoustouflant, et parfois un peu effrayant. Les péripéties d'Hydan … ne seraient-elles pas finalement le reflet de notre propre existence ?

En bref, vous l'aurez bien compris : un livre comme celui-ci, on n'en trouve pas souvent. Ce livre peut, et va, marquer, voire changer, votre vie. Aujourd'hui encore, deux jours après avoir tourné la dernière page, j'ai toutes les difficultés du monde à passer à autre chose, à me concentrer sur un autre récit. Cette fin me hante, elle me promet un second tome encore plus captivant et foudroyant, et je ne sais pas comment je vais pouvoir faire pour attendre la suite. Ce livre m'a fait vibrer, trembler, pleurer, sourire, il m'a bouleversée et étonnée. Il m'a fait retenir ma respiration, il m'a fait éclater de rire. Il fait partis de ces livres qui ne s'oublient pas : qu'on le veuille ou non, il est impossible de faire comme si on ne l'avait pas lu. Lisez ce livre, n'hésitez pas : il est très sûrement un des plus beaux romans qu'il m'ait été donné de lire, même si je peine à décrire ce qu'il a fait naitre en moi. On vit ce livre plus qu'on ne le lit …
Lien : https://lesmotsetaientlivres..
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Gaëtan Noël sort son tout premier roman le Tourment des Rois – Livre 1 à l'âge de trente ans. Auteur discret, mais non moins passionné par son univers et ses personnages, il est susceptible de nous réserver quelques surprises en parallèle de son intrigue principale.

Si certains classent ce livre dans le genre fantasy, récit initiatique ou encore fantastique, l'on peut aussi le considérer comme une dark fantasy pure et dure.

L'auteur nous propose l'histoire d'Hydan, dernier roi d'Hydolia, sous forme de Mémoires. Si l'on se fie au synopsis et aux premières intentions narrées, l'on peut comprendre qu'il sera question de son ascension semée d'embûches, des difficultés de son règne et, plus tard, sa chute… (Vraiment ? Monsieur Noël semble plutôt joueur. Tout ne sera pas aussi simple.)

Hydan, prince héritier, se voit en conflit permanent avec son père, Horden. N'épousant pas les mêmes idéaux, c'est un bras de fer quotidien — un jeu très dangereux pour l'Héritier de la grande puissance mondiale qu'est Hydolia. Hydan est excédé, sans compter que de sombres secrets semblent l'entourer depuis son plus jeune âge. À la croisée des s… chemins (petit clin d'oeil à ceux qui auront lu ce roman), quelle décision prendra ce jeune homme de presque trente ans ? Jusqu'où ira-t-il pour faire valoir ses propres idéaux, sa vision du monde ? sortira-t-il indemne de sa quête de soi ?









Si, de prime abord, le résumé tel qu'il est présenté aujourd'hui semble flirter avec du déjà-vu, détrompez-vous amis lecteurs. Adepte de philosophie, de grandes interrogations, Gaëtan Noël parsème son récit de ces questionnements des plus enrichissants, torturant ses protagonistes sur les fondements existentiels, sur lesquels peut bien se baser le Bien ou le Mal – en soi, le titre de ce premier tome est on ne peut plus explicite suite au recul pris après sa lecture : à la Lumière de l'Ombre. Posez-vous, réfléchissez, décryptez ce qui se cache derrière… le monde est-il manichéen ? Qu'est-ce qu'un héros ? N'importe qui peut-il se sacrifier ? Pour effleurer le Bien, doit-on transcender le Mal ? Dans ce cas-là, peut-on parler de nuances de gris ? (Non, toujours pas celui-là. Ne pensez pas à celui-là alors qu'il est question d'un fabuleux livre de fantasy ! Oust !)

Cela peut rappeler une vieille tournure aux allures bibliques. « Le cinq est le chiffre de l'Homme, le six celui du Diable, sept celui de Dieu. Pour que le cinq aille au sept, doit-il passer par le six ? Pour que l'Homme se rapproche de Dieu, doit-il passer par le Diable ? » (Je me demande si ce n'était pas dans un livre de Maxime Chattam…)

Ces nuances construisent, façonnent une matière des plus intéressantes quant aux différents personnages, mais surtout le héros, Hydan. Un protagoniste torturé, tourmenté, complexe et incroyablement attachant au point que l'on peut reprocher à l'auteur d'autant le faire souffrir. le vieil Hydan relatant son histoire semble alors assis près de nous — si l'on préfère cette version à celle où nous serions en train de l'épier alors qu'il est derrière un imposant bureau à la lueur d'une bougie bientôt éteinte – rengorgé de ses expériences, de son passé ; un ami qui nous serre le coeur, en lequel on s'identifie et dont nous oserions tapoter l'épaule en signe de sollicitude et de compassion. Chaque héros est minutieusement travaillé, réfléchi pour apporter sa pierre à l'édifice et donner un sens au moindre évènement dans l'existence d'Hydan.

Le fait que le Tourment des Rois se base sur un principe de Mémoires, il est parfois fascinant de prendre quelques instants, à certains passages du livre, pour réaliser que Gaëtan Noël a tout prévu. Toute la bobine de l'intrigue est déjà réfléchie, sans doute a-t-il déjà son a et son z comme la plupart des auteurs… mais son alphabet semble déjà complet. L'auteur nous élance dans un récit où l'on n'est pas à l'abri de la moindre chausse-trappe, coupe-jarret littéraire. On retient son souffle, on grogne, grince des dents, tapote les doigts sur les pages, impatients de découvrir la suite ou craintifs du moindre retournement de situation… Sans compter que Gaëtan Noël pousse son sadisme jusqu'à glisser quelques petites piques dans sa narration, telle que : « du moins, c'est ce que je croyais… » ; « Si j'avais su. » ; « Avec le recul désormais, je me dis que… » Rien de tel pour faire grimper l'adrénaline et dilater nos pupilles de peur ou d'excitation à l'idée d'une péripétie haletante ou encore d'une scène riche en émotions.

Diabolique.



Autre point très bon qui peut être souligné, c'est le côté cinématographique. Sans doute surprenant amené ainsi… mais il est important de préciser qu'à la lecture, les scènes, actions, débats se

modulent dans notre esprit en un film de fantasy.

Ou…

D'un seinen. Avis aux amateurs, le seinen est un genre manga s'adressant à un public adulte et averti, traitant de thèmes durs et matures qui se prêtent très bien à la fantasy. Il existe bien sûr en format papier, mais se transpose tout aussi bien en version animée. Dans les mouvements des personnages, les actions décrites, toute la gestuelle… beaucoup peut faire écho à ce genre qu'est le seinen. La fluidité, les expressions faciales, les faces à faces jusqu'aux cris égosillés qui tonnent dans notre tête aussi fort que dans une salle de trône (encore un petit clin d'oeil.) C'est un régal de se plonger dans l'ambiance tout en visualisant parfaitement chaque mise en scène.



(Je mets cette vidéo ici pour illustrer le paragraphe au-dessus. le combat débute à 1min. Arrêtez à 4 min si vous ne voulez pas en découvrir l'issue.)

Le Tourment des Rois est une belle promesse de Saga bouleversante, riche en larmes, en frustration, colère et bonheur au moindre éclaircissement dans la vie terrible d'Hydan. Une chose est certaine, le premier tome terminé, une fois refermé, l'on peut que se demander : à quand le prochain ?

Bravo Gaëtan Noël pour avoir écrit une fantasy d'une telle qualité.

Votre plume travaillée, soignée, fluide et agréable est à son parfait service.

Vous êtes encore une preuve qu'un roman autoédité peut être d'une qualité incroyable.

Bravo.
Lien : http://marmiteauxplumes.com/..
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Livre découvert suite à une interview de l'auteur que j'ai trouvé très pertinent dans ses déclarations. J'ai eu envie de découvrir son travail, et en particulier ce livre.

Pour ma part, je salue une très bonne écriture, un vrai style, on sent un auteur déjà mature et avec une vraie démarche pro (très peu de coquilles, peu de vrais maladresses de tournure). Un peu d'emphase parfois, mais rien de rédhibitoire (et le genre du livre s'y prête). Bref, sur la forme, un livre qui aurait pu sortir d'une maison d'édition pro.

Sur le fond, l'histoire tient la route. L'auteur ne se disperse pas, il tient son sujet, il sait où il va, et ça fait plaisir. Là-encore on sent que l'histoire a été réfléchie mûrement, que les personnages ont été construits. C'est du travail propre.

Mon seul bémol viendra en fait du découpage de la saga et de la couverture. J'ai eu du mal à me repérer au début avec cette histoire de livre I, de part. 1 - part. 2, d'intégrale..., sachant que tous les livres ont la même couverture, laquelle en plus est abstraite et n'aide donc pas à bien se repérer. Ce n'est que mon avis, mais d'un point de vue commercial il serait préférable de mieux identifier chaque livre et édition pour faciliter la tâche de clients lambda comme moi !


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Un titre alléchant, une couverture mystérieuse ; une histoire ténébreuse. le Tourment des Rois est un monument. J'en ai un petit peu parler sur les réseaux mais cette lecture, cette histoire fût magistrale et je vais avoir toutes les peines du monde à organiser clairement mes idées. le fait est que le Tourment des Rois est une lecture coup de poing, le genre de lecture qui marque à vie et dont on se souvient longtemps.
L'intrigue en elle‑même peut paraitre simple : une histoire de succession monarchique, un roi tyrannique aux idéaux surannés, un prince animé par l'attention qu'il porte au bien‑être de son peuple, le tout dans un contexte fantastique sanctionné par une malédiction. Simple oui, mais complexifiée par un mode narratif à la fois ingénieux et absolument génial. le Tourment des Rois n'est pas un simple récit, il est des mémoires rédigées par ce même prince aux idées novatrices. Des mémoires qui lui permettent d'établir la rétrospective d'une vie qui atteint son crépuscule, de revenir sur des erreurs qu'il commente, de s'excuser ou de se dérober ; de questionner son histoire en somme. Ce mode narratif, outre une fluidité certaine, permet la tension du récit : certaines actions que le lecteur prend pour acquises sonnent le glas d'une ultime erreur. le narrateur vient démonter chacune des actions qui peuvent paraitre louable de la plus terrible des façons : le questionnement. Ces commentaires, ces hypothèses viennent incarner le titre du roman et boucler la boucle avec brio.
Le tourment justement, se décline de plusieurs façon au fil du roman : passant d'incertitude quant au passé à un conflit intérieur entre le coeur et l'esprit, il se matérialise en troubles amoureux. C'est ce même tourment, comme un écho au titre qui permet au héros de se déployer et de déployer sa grandeur d'âme. Les autres personnages, quels qu'ils soient, apportent au déroulement de l'intrigue : du maitre d'arme et ami à la fille du forgeron, en passant par l'infirmière abusée. Chacun vient incarner l'une des facettes du héros et permet au lecteur de le juger en son âme et conscience. Juger oui, puisqu'il est forcément question de jugement : le jugement que porte Hydan sur ses propres actions et le jugement auquel il invite le lecteur. S'il est question d'un système monarchique qui semble bien loin du notre, les réflexions et les questions qu'il soulève inscrit le récit dans une contemporanéité assez probante. C'est du grand art et c'est divinement bien mené.
Bien mené exactement comme le sont les différentes intrigues enchâssées. C'est assez fou mais rien n'est laissé au hasard. La moindre petite information est réutilisée, développée, corrigée. Une simple description physique sert la révélation d'un secret. La lecture d'un conte pour enfant cristallise une force surnaturelle. Un départ permet une arrivée. le tout donne une impression de réalité, comme si l'auteur n'avait pas eu à imaginer, comme s'il n'avait fait que retranscrire un vécu. Une impression étrange mais tellement, tellement plaisante…
La question de l'écriture enfin : quel voyage. Tant par les réflexions que par le simple usage de la langue. J'ai eu un mal fou à définir quelle citation serait retenue pour cet article, de même que j'ai un mal fou à me dire que le second tome n'est pas en ma possession. Les monologue intérieurs d'Hydan sont plus troublants les uns que les autres, plus beaux aussi. le soin apporté au choix des mots est indéniable, de même que la beauté qui en résulte. S'il est évident qu'au terme de ce premier tome, il est nécessaire de féliciter l'auteur, je pense qu'il est encore plus juste de le remercier. de le remercier pour le plaisir partagé, et de le remercier pour ce magnifique ouvrage.
Lien : http://www.bookpearl.fr/2018..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
J’existais !
Là, avec tous mes sens aux aguets, avec la peur au ventre et le déchirement d’une double tentation : assouvir mon méfait au risque de subir la colère de mon père, ou retourner à la sécurité de ma chambre au risque de subir les tourments de ma frustration. Quel souvenir émotionnel ! Celui des derniers mètres, des derniers pas ! En cet instant exquis où j’étouffais entre la joie de l’accomplissement imminent et la terreur que tout s’écroule à la dernière seconde, au dernier instant ! Haletant, je maudissais le manque de sang froid qui me poussait sans arrêt à l’apnée : si l’excitation m’inspirait, je ne parvenais à expirer cette peur qui brulait mes poumons oppressés.
Mais c’était presque terminé.
Sacrifier mon sommeil aux ténèbres ne serait pas vain : j’arrivais. Devant la lourde porte, belle de métal et de bois, j’hésitais autant que je convoitais. L’objet de mon obsession, de cet ardent et consumant désir, était là : derrière le bois. Je m’appuyai contre lui un instant et m’essuyai le front de ma manche : je transpirais. Quelle honte ! Moi qui n’avais de cesse de rêver de grands héros fantastiques, de princes et de rois flamboyants, me rendais compte à quel point mon corps trahissait ma lâcheté et mon inexpérience de l’aventure, même de la plus ridicule.
Je voulais changer.
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« Un prince devrait passer plus de temps avec les lames qu’avec les livres. » Ou l’inverse. Mon éducation était ainsi déchirée entre le vieux savant et le vieux roi. Et un savant a si peu de pouvoir… Je m’acquittais donc de mes devoirs d’épéiste princier et filais me réfugier entre les pages dès que Maitre Hodanir avait le dos tourné. À peine avais-je pensé apprendre à me contenter, que mon père insatisfait m’interdit toute lecture et même tout accès à la salle convoitée : il voulait un fils guerrier et je n’aurais de répit que lorsque son maitre d’armes m’appuierait.
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Mon royaume. Définitivement. Vidé de toutes mes énergies, incapable de réaliser pleinement l'ampleur de la catastrophe qui s'abattait sur ma vie, je ne vis rien des premiers instants de notre chevauchée. Rien... Sauf la nuit, qui tombait.
Et derrière moi, loin dans le ciel de l'ouest, l'éclat mourant... de ma destinée.
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La bibliothèque.
Combien d’heures passées à arpenter les allées, à fouiller les rayonnages en quête d’un trésor à m’approprier ? Car des trésors, il y en avait ! Des livres et des histoires, des contes et de l’Histoire ! Autant de vies à explorer, de trésors de mots à trouver, de merveilles au-delà de toutes réalités, aux dernières limites des imaginaires oniriques ! À portée de main. Tout en caressant le dos de mes précieux trophées, je pensai à Maitre Heliott qui faisait importer ces nombreux ouvrages des quatre coins du monde — en particulier de toutes les bibliothèques menacées de destruction. En fidèle protecteur du savoir et des mémoires, mon maitre se dressait ouvertement contre une religion conquérante et obscurantiste qui se répandait rapidement sur tous les continents : Aderiha.
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Pourtant, au fond de moi, tout au fond, demeurait cette étrange question. Celle qu'il me fallait éluder, pour ne pas me sentir aussi fort qu'abandonnée. Embraser ma destinée, sauver le monde était une séduisante finalité, mais... Et moi ?
Qui me sauvera... de moi ?
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Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

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