Merci, vraiment j'adresse un immense merci tant aux éditions Vendémiaires qu'à Babelio pour l'envoi de cet excellent livre à la frontière entre biographie, histoire, société et géopolitique.
Le sujet aurait pu être racoleur ; eh bien pas du tout. L'auteur, Thierry Noël, est un historien bon connaisseur de l'Amérique latine de la seconde moitié du XXème siècle. Il établit donc des liens, des passerelles entre différents domaines, économiques, sociaux, politiques et géopolitiques de l'axe qui relie les États-Unis aux pays du sud, Colombie, Bolivie, Mexique, Cuba, Panamá, Nicaragua, Bahamas, etc.
Le trafic de cocaïne, quasiment inexistant jusqu'aux années 1950, prend un essor formidable dans les années 1970 et devient un acteur économique, social et politique majeur à partir de la décennie suivante et encore de nos jours. En ce sens, l'auteur a l'intelligence de nous présenter Pablo Escobar non pas pour lui-même, en tant que Pablo Escobar, mais en tant que suprême représentation du trafiquant, qui, s'il n'avait pas été Escobar, aurait été un autre, une niche s'étant créée à ce moment-là.
En clair, l'auteur, nous présente de façon chronologique, détaillée et documentée les principaux éléments nécessaires à la compréhension des enjeux et des évolutions de ce trafic au cours des années 1970 à 90. Bien évidemment, le monde des années 2000 est un héritier direct de ce monde qu'il nous décrit et il suffit de visionner l'excellente série américaine The Wire (Sur écoute en français) pour se persuader de cette filiation.
J'ai littéralement adoré ce livre qui m'a permis de bien mieux comprendre la géopolitique de la région ainsi que des impacts culturels comme le fameux Scarface de Brian de Palma au cinéma ou encore la série typique des années 1980, Deux Flics à Miami ou bien encore la chanson de Manu Chao Welcome to Tijuana.
Bien évidemment, l'auteur nous parle tout de même un peu de Pablo Escobar et il en fait un portrait que je qualifierais d'intelligent, là encore, nuancé, circonstancié, contextualisé. Bref, une vraie mine d'information, un vrai bon document historique qui dépasse largement les frontières habituelles de la simple biographie, même si, je le rappelle, la biographie de Pablo Escabar y est très bien réalisée.
En somme, je ressorts bluffée et enthousiasmée par ce livre que je n'hésite plus à étiqueter d'excellent. Ceci étant dit, j'ai bien conscience qu'il n'intéressera pas forcément tout le monde. Les lecteurs du Monde Diplomatique, en revanche, ont de grandes chances d'apprécier, notamment en ce qui concerne le rôle trouble joué par les États-Unis dans toute cette machinerie de double, triple, voire quadruple jeu. Mille mercis donc à l'éditeur et à Babelio et souvenez-vous que ce que j'exprime ici n'est qu'un avis, pas forcément de crack, c'est-à-dire, bien peu de chose.
Commenter  J’apprécie         1227