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EAN : 9782226229748
341 pages
Albin Michel (01/08/2011)
3.97/5   17 notes
Résumé :
Bang a un don qui lui donnerait presque envie de mourir, Nao une maladie qui lui donnerait presque envie de vivre.
Ensemble ils décident de partir comme on fuit.
Du Mexique à Bali puis à la Centrafrique le road movie déjanté et tonique d’un duo pour le moins singulier qui, face à la folie du monde, s’invente une conduite de résistance inédite et fatale.


Un road movie déjanté et tonique qui mène Bang et Nao du Mexique à Bali puis ... >Voir plus
Que lire après Le bon, la brute, etc.Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Pierre dit Banguerossa dit Bang fixe le sol avec obstination. D'un simple regard, il amène quiconque à révéler ses secrets, des plus petites vilenies aux crimes les plus odieux. Ce don le rend fou et fait de sa vie une suite des situations gênantes. « Je suis un prêtre en puissance, la rue pour confessionnal. À la seule différence que je ne donne pas l'absolution. » (p. 18) Nao est sa chance : elle ne cède pas à son regard inquisiteur et débite mensonge sur mensonge. Entre eux, tout est simple et c'est tout naturellement qu'ils s'embarquent pour un grand voyage. « En cet instant précis, il se dit qu'il suivrait jusqu'au bout du monde non la personne avec qui il aimerait vivre, mais celle auprès de qui ça ne le dérangerait pas de crever. » (p. 24)

Du triste don de Bang, les amants font un pouvoir. Comme dans les vieux westerns dont Bang se repaît, il y a toujours un bon, une brute, etc. « Tout petit déjà il avait flairé dans les westerns le concept du destin. » (p. 145) Henry Fonda ou Wyatt Earp, qu'importe le costume, Bang et Nao s'instaurent justiciers des temps modernes et forcent la vérité surtout si elle n'est pas belle à entendre.

Mexique, Australie, Bali, Nouvelle-Zélande... Les deux amants ne connaissent plus de frontières et s'agrippent l'un à l'autre dans une course effrénée à la vie, à l'immédiat. Mais ils savent que ça ne peut durer. « Ils se tenaient par la main les doigts tressés et tricotés, ils s'accrochaient l'un à l'autre mais c'était pour ne pas tomber, comme quand on fait dix noeuds à une corde trop usée qui un jour ou un autre, fatalement, irait lâcher. » (p. 99) Ce qui va lâcher en premier, c'est Nao. le cancer qui ronge son cerveau ronge aussi son âme et avec Giméon, silhouette qui la suit partout, elle applique une justice expéditive. Ensuite, c'est Bang qui lâche tout et se perd dans une forêt africaine où il peut enfin être un type, juste un type.

La plume d'Estelle Nollet est brillante et tonique. Parfois le texte s'emballe et envoie balader la ponctuation. L'appétit de vivre et de dire sous-tend tout le roman. Chacun des secrets entendus – sordides révélations et pourritures minuscules – trace à l'acide un portrait du monde. Les grands éclats de rire de Nao ne trompent personne : le sujet est grave, mais le texte ne dégouline d'aucun misérabilisme. Tout est net, tranché, cinglant. Ici, on avance ou on quitte la scène.

Les deux héros surnagent et résistent à leur manière. L'auteure a créé des personnages grandioses : Bang a un don, Nao a un projet. À eux deux, s'ils le pouvaient, ils renverseraient le monde. C'est un peu ce que fait Estelle Nollet : elle renverse le lecteur. Après les deux premières parties de son roman, elle tourne à angle droit et remet les gaz vers une destination que l'on ne soupçonnait pas. Ou comment atterrir en Centrafrique sans passer par la douane... Atterrir dans l'imaginaire sans s'encombrer de bagages. Il suffit de suivre la plume agile et audacieuse de l'auteure pour découvrir un roman original et émouvant.
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LE BON, LA BRUTE, ETC. d'Estelle Nollet – coup de poing !
Publié le 15/09/2011 par Asphodèle

Editions Albin Michel, 2011. 347 p. Mieux qu'un coup de coeur, c'est bien un coup de poing ? Mon premier livre voyageur, envoyé par Delphine, avant mon blog fut « On ne boit pas les rats-kangourous » et ce livre m'avait troublée, scotchée, bref je me demandais comment l'auteure allait pouvoir surprendre avec un deuxième livre, je le guettais, LiliGalipette me l'a offert. L'essai est transformé, mais en plus son style s'affirme, prend un ampleur incroyable.

DE QUOI ÇA PARLE ?

Nao (Fiona) et Bang (Pierre) cavalent, ils ne font que ça depuis qu'ils se sont rencontrés (et nous on essaie de suivre en reprenant notre souffle.) Pour mieux échapper à la mort (pour elle) et pour la suivre (pour lui). Parce qu'en bougeant, en voyageant, ils ont l'impression d'exister, de croire que leur vie ne s'enlise pas dans la médiocrité à laquelle elle était condamnée.

Bang, la trentaine falote a un don infernal : il croise un regard une fraction de seconde et la personne se met à avouer les pires choses qu'elle ait faite. L'horreur ! Il s'est volontairement mis en retrait de la société en faisant webmaster, condamné à rester dans son coin et à vivre les yeux baissés. Pour éviter la transe qu'il provoque, le vortex qui l'accompagne et les ignominies qu'il entend .« Parce qu'il n'y avait pas moyen de tourner le bouton sur off »". « Il était las, ça se voyait, des cernes en forme de découragement ».

Nao vient d'apprendre qu'elle a une tumeur au cerveau et ne veut pas l'entendre, elle ne veut surtout pas passer le temps qui lui reste, à vomir sa chimio. Autant s'étourdir, se saoûler, s'envoyer en l'air et pourquoi pas, se servir un peu du « don » de Bang au passage. « Ils se tenaient la main les doigts tressés et tricotés, ils s'accrochaient l'un à l'autre mais c'était pour ne pas tomber, comme quand on fait dix noeuds à une corde trop usée qui un jour ou l'autre, fatalement, finirait par lâcher. Bang le savait.
Car Nao hibernait même si c'était l'été. »

Ils quittent tous les deux leur boulot et commencent à bourlinguer. le Mexique où Nao réalise un vieux rêve, elle connaît par coeur la vie de tous les animaux, singes, perroquets, papillons et autres grenouilles, séquelles d'une enfance solitaire passée devant les documentaires télé. Puis l'Australie, l'Afrique pour Bang (qui a choisi son prénom en mettant le doigt sur Bangui lorsqu'il était petit). Nao va un peu forcer Bang a user de son don pour se faire justice, pour faire justice. Parce qu'il n'y a pas de raison, elle va mourir avant trente ans alors pourquoi les salauds ne paieraient-ils pas un peu ? Ils vont brûler la chandelle par les deux bouts, le passé va rattraper Bang… Ce sont encore deux « innocents magnifiques » que nous donne à lire Estelle Nollet, deux êtres dont le destin ne veut pas, qui n'ont pas le temps de se fabriquer des souvenirs pour plus tard, leur présent c'est déjà l'avenir, quand ils ont le temps d'y penser. Et parce que aussi peut-être, tant qu'il n'y a que le bon et la brute, on s'en sort mais que vienne un truand et ce n'est plus la même donne…

Je ne vous en dis pas plus sur « l'histoire » qui jusqu'aux dernières pages rebondit…tristement, comme souvent dans la vraie vie.

Estelle Nollet a un style « boulet de canon », elle m'a mise K.O. debout ! Rien de classique, de convenu, de « dans l'air du temps », les autres styles ont l'air compassé à côté du sien. C'est l'électron libre de la littérature actuelle. Sa plume a cette particularité saignante qui écorche les mots, bouscule les codes, balaie les convenances, un peu comme ses deux héros atypiques. Mais qu'est-ce que ça fait du bien ! Bizarre que les critiques littéraires (les vrais) n'en parlent pas plus, comme Picasso à ses débuts, on l'adorait ou on détestait…

Un dernier extrait pour la route : « ….ça ne le gênait pas de refaire le trajet à pied, même à la nuit tombée, les étoiles en réverbères. Il avait tellement l'air d'être tombé par erreur d'un ciel inattendu ou d'avoir germé là un matin, crevant la terre, que personne ne lui prêtait vraiment attention. (…) Des hauteurs de Ngaragba il avait vu les pirogues brunes glisser sur le fleuve café-au-lait et les pêcheurs lancer leurs filets d'espoir (…). Humé l'ail et l'oignon des marchés bigarrés où des femmes sous des parapluies en parasol attendaient que les heures passent comme les gardiennes du temps. »
Lien : http://leslecturesdasphodele..
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Oh comme je ne regrette pas d'avoir traversé la ville pour trouver le précieux dans une bibliothèque d'un autre quartier que le mien ! Après "on ne boit pas les rats-kangourous" j'étais curieuse et avide de cette auteure qui n'a hélas, pour l'instant, que deux opus à son actif. Je ne suis pas déçue du tout, du tout. Quelle géniale épopée de Bang et Nao qui fuient en avant vers ailleurs et à toute allure... mais que fuient-ils au juste ?

Encore un livre qui tourne autour de la culpabilité.. et oui les gens qui plongent leur regard dans celui de Bang sont immédiatement sous son emprise et se mettent à "confesser" ce qui les ronge. Un don plutôt encombrant pour Bang et dont Nao va un peu se servir. Une histoire bien ancrée dans la réalité et ses petites et grandes atrocités malgré cette pointe de fantastique : ce don de Bang. Des personnages bien campés et somme toute peu ordinaires mais tout à fait crédibles. L'écriture a du punch, elle est vive et court aussi vite et rythmée que la course de Bang et Nao. Difficile de commenter sans en dire davantage, je ne voudrais pas dévoiler le contenu de l'histoire tant il gagne à être découvert au fil des pages. Effet de surprise oblige. Une énigme demeure pourtant... et Giméon ? D'où sort t-il, que devient t-il ? Serait-ce une hallucination de Nao ?

Dans les rats-kangourous les personnages ne bougent pas ou peu et sont enfermés dans une ambiance, une atmosphère particulière, cette fois-ci les personnages sont prisonniers d'eux-même bien qu'ils fuient et voyagent au loin. On en saura peu sur l'histoire de Nao, cet être totalement dénué de culpabilité. Bang lui-même n'en saura pas plus mais il s'en contentera et finalement nous aussi. Ces interrogations demeurent sur elle et on peut alors mieux comprendre Bang à un certain point de l'histoire, son désarroi... C'est aussi un livre qui nous interroge sur notre propre culpabilité, son rôle, et aussi notre propre part de cruauté. N'aurions nous pas voulu venger certaines atrocités avouées par certains coupables ? Et puis pourquoi ne finit-il pas flic avec un don pareil ? Comment John est-il parvenu à devenir insensible au regard de Bang, serait t-il comme Nao dépourvu de toute culpabilité, ce qui fait de lui un véritable monstre ?... ce qui soudain nous éclairerait sur la véritable nature de Nao ? à qui pourtant on aurait aisément trouvé des circonstances atténuantes...

Mais chut, j'en dévoile déjà trop sur le contenu de ce roman qui mérite vraiment d'être découvert sans à priori.

Bonne lecture à ceux qui tenteront cette aventure !

Quant au prochain "opus" d'Estelle Nollet comptez sur moi pour le dévorer des yeux dès sa sortie !
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Estelle Nollet est vraiment un électron libre, qui bouscule les codes.
On peut ne pas aimer.
Moi, j'adore ses romans ! j'adore sa littérature !

Et avec « le bon, la brute, etc. », le troisième roman que je lis d'elle, j'ai du encore me faire violence.
J'ai du me restreindre à lire, entre cinquante et soixante pages par jour, pour en apprécier davantage la saveur.
Sinon je l'avalais d'un seul bloc en gros glouton.

Estelle m'a encore embarqué par sa tonicité et surtout par son audace, qui n'est pas à la portée de tout le monde.
Mais Estelle Nollet est brillante, très imaginative et a de la classe, qui peut seule se permettre d'écrire des livres aussi originaux, de raconter des voyages bizarres et colorés et des histoires de personnages un peu frappés, un peu fous.

Elle est aussi tellement truculente, fantasque, imprévisible, surprenante dans ses récits et dans la fin qu'elle leurs donne, qu'on ne sait jamais à quoi s'attendre.

C'est l'histoire, dure, cruelle, émouvante et bouleversante d'une rencontre entre deux êtres en détresse et de leur fuite folle dans différents pays.
Deux êtres en mal de vivre, et dont la vie leur a fait à chacun, un cadeau empoisonné.
Pour Bang le jeune garçon, c'est un don qu'il voudrait se libérer et qui le rend malheureux.
Et pour la jeune femme Nao, c'est une maladie, qui va la condamner à profiter, à la déraison, à l'obsession, du temps qui lui reste.

C'est avec une certaine jubilation que j'ai retrouvé Estelle, avec son écriture presque à la sauvage, qui toujours arrache, qui toujours égratigne parfois les convenances. Estelle avec une plume toujours aussi punchy, pleine de verves, qui écorche et cisaille parfois les mots, qui fait de grande embardées lyriques, une plume qui semble toujours autant s'emballer, zigzaguer au même rythme que la frénésie des deux personnages du récit.

Mais Bon Dieu ! qu'est-ce que cela peut faire du bien…

Pour moi, c'est encore un excellent roman.
Je trouve d'ailleurs même très dommage, que les véritables critiques littéraires, que dans ces cercles de littérature, trop hermétiques et formatés, ne parlent pas plus de cette auteure vraiment très atypique et magnifique.

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Estelle Nollet avait déboulé avec fracas sur la scène littéraire il y a deux ans.

Et elle fait mieux que confirmer avec ce roman qui vous prend à la gorge d'entrée, cette drôle d'histoire d'amour entre Bang et Nao qui ne vous laisse pas respirer une seconde pour vous laisser, sonné et tremblant après la dernière ligne, pourtant banale : Maintenant, je suis juste un type.

Attendez vous à être secoués, brinquebalés, surpris, émus, ébahis devant tant de souffle et d'imagination.

Un grand voyage littéraire porté par un style et un univers déjà si personnels.

Une belle idée de cadeau de Noël pour les lecteurs curieux !
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
C'est dur de se dire que le temps qu'il nous en reste ou non, passe toujours de la même façon. L'horloge elle se fout bien de nos peurs, alors que sur son cadran on suit le tic-tac de nos angoisses et puis un jour il se fatigue.
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« Ils se tenaient par la main les doigts tressés et tricotés, ils s’accrochaient l’un à l’autre mais c’était pour ne pas tomber, comme quand on fait dix nœuds à une corde trop usée qui un jour ou un autre, fatalement, irait lâcher. » (p. 99)
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Ça n'avait pas été dur non plus de quitter ses amis, elle voletait d'un groupe à l'autre avec la légèreté de ceux qui savent qu'il seront toujours admis, elle était à la fois drôle triste cynique forte fragile et savait à la perfection se couler dans le moule qu'il fallait, plâtre malléable ou bronze en fusion mais jamais marbre, un gros bernard-l'hermite qui rentrait dans toutes les coquilles.
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Les alcooliques profitaient des permissions pour commander de la tise, les anorexiques se bâfraient aux repas et dégobillaient tout dans les toilettes ébréchées, les schizophrènes tapaient dans les fenêtres en se hurlant d’arrêter, les angoissés fumaient leur clope en appréhendant leur sortie, les obèses boulottaient des M&M’s au distributeur, pas un pour racheter l’autre, qu’ils sont cons, je les déteste. Des jeunes, des moins jeunes, et des vieux qui puent. Obligée de manger avec eux dans le réfectoire jaune pisse.
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« En cet instant précis, il se dit qu’il suivrait jusqu’au bout du monde non la personne avec qui il aimerait vivre, mais celle auprès de qui ça ne le dérangerait pas de crever. » (p. 24)
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