Je connais avant tout les Éditions du Chat Noir pour les couvertures divines et les illustrations féériques que chaque roman propose, et cette fois encore,
Les Orphelins du Sommeil ne dérogera pas à la règle ; je tombe d'amour devant les dessins de Mina. M, artiste aux pinceaux ! Au passage, ce n'est pas la première fois que
Pascaline Nolot publie par ici, dans la collection Chatons hantés !
Ce roman, plus long que ceux du reste de la collection, débute par un premier chapitre en beauté, enveloppé d'une cape de mystères et d'angoisse, le tout dans un style que l'on ne peut qu'apprécier : phrases courtes et hachées, voilà un récit qui promet son lot de fantastique, d'autant que l'on touche à un domaine qui fascine autant qu'il terrifie. L'onirisme, le monde du sommeil, vu par de très jeunes gens rassemblés dans une école particulière.
Même si
Les Orphelins du Sommeil est plus long que les autres de la collection Chatons Hantés, il n'en reste pas moins que le format court l'empêche d'approfondir autant que le monde et le potentiel le permettent. Et c'est ainsi qu'au début, l'histoire prend son temps pour nous présenter le futur groupe de la terreur et les personnes qui gravitent autour, avant de soudainement s'envenimer dans du trop rapide et des ellipses, certes bien menées, mais vraiment trop rapides pour qu'on puisse s'immerger dans le récit.
Ce qui intéresse le plus ici, c'est le monde onirique dans lequel
Pascaline Nolot se hâte de nous plonger sitôt les éléments rassemblés. Expliqué de manière à rester accessible et abordable aux plus jeunes lecteurs, comme aux moins jeunes, le monde des songes regorge de merveilles et de cauchemars. Et si le reste était déjà soutenu en termes de rythme, c'est ici, dans un monde où Marcus, Joane, Sam et Mina ne sont pas en sécurité, que tout va prendre davantage de vitesse. La quête et la fin souffrent d'une trop grande rapidité et, fatalement, les dénouements des différentes intrigues posées s'en trouvent amochées, puisqu'amenées trop facilement. Ça dessert un récit intéressant et Ô combien intriguant, quel dommage ! Et c'est là que l'on regrette que le roman ne soit pas plus long, cruellement subjectif je sais bien.
Je vous dis que je regrette le format court, ce n'est pas qu'une histoire de rapidité dans le récit. C'est aussi pour les personnages.
Les Orphelins du Sommeil présente un monde peuplé d'angoisses et de phénomènes inexplicables sur le sommeil, des choses qui existent d'ailleurs réellement pour la très vaste majorité (paralysie du sommeil, insomnie, IFF – insomnie fatale familiale), mais au niveau des personnages en eux-mêmes, je n'ai pas réussi à m'attacher à eux. Ils sont pourtant bien aboutis, réalistes et intéressants, mais il a manqué ce petit quelque chose, un truc pour craindre avec eux et pour eux.
Ainsi, encore une fois, Sam, le personnage surdoué gagne sa casquette de je-sais-tout pour la première partie du récit, avant d'enfin apparaître sous son visage d'enfant de 7 ans, l'auteure ayant tenu à nous le faire voir comme plus qu'un ordinateur sur pattes, après une direction qui faisait craindre qu'on reste sur une unique facette de lui. Joane est irritante comme jamais et Mina relativement invisible. Quant à Marcus, il m'apparaît hélas indifférent, et c'est dommage parce que j'en suis sûre, j'aurais pu m'intéresser aussi à son histoire s'il y avait plus de pages. Encore une fois, c'est vraiment subjectif !
Si le monde onirique et l'Institut Dormance sont fascinants à lire et entraînent des tas de questions, c'est donc sur le rythme trop rapide et le développement sommaire des enfants qu'il y a quelques réserves qui, peut-être, s'atténueront après une deuxième lecture. Petit délice en plus, ceci dit : chaque chapitre commence par des extraits, ou des bouts de poème de plumes différentes, qui apportent une touche de poésie et immergent encore plus dans le récit. C'est réellement appréciable et si ce n'est pas fondamental à l'histoire, c'est un plaisir malgré tout de lire ces lignes. Elles donnent un sens plus profond au chapitre que l'on s'apprête à explorer.
Style agréable mais rythme trop rapide et en même temps nécessaire pour un roman de format court, personnages qui manquent peut-être d'un quelque chose en plus et monde onirique qui ne laisse pas indifférent, c'est malgré tout une bonne lecture que je ne peux que vous recommander !
Les Orphelins du Sommeil offre des axes de réflexion et un encrage dans des sujets qui peuvent toucher tout le monde, que ce soit dans le sommeil ou dans la vie de tous les jours, des choses que chacun de nos peut vivre. Et on oubliera pas que, en dépit de quelques clichés qui disparaissent assez vite,
Pascaline Nolot sait jouer de nos attentes pour nous surprendre, et ça, c'est un plus qu'il faut aussi saluer.
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