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John Nyquist tome 2 sur 3
EAN : 9782370491985
400 pages
Volte (08/09/2022)
3.95/5   10 notes
Résumé :
À Histoireville, tout le monde écrit et peut être happé dans les récits des autres. Mais certaines histoires ne sont pas bonnes à raconter, malgré les agents narratifs chargés de les contrôler...
C’est ce qui arrive au détective John Nyquist, qui se réveille à côté du cadavre de l’homme qu’il était payé à suivre. Le voici piégé dans le Corps bibliothèque, à la fois la tour de la cité Melville de laquelle il ne peut sortir et l’histoire dramatique écrite par u... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Jeff Noon est grand.
Ce qui ne l'empêche pas d'être méconnu en France.
Les excellentes éditions La Volte continuent pourtant de faire un fabuleux travail pour le mettre en avant en traduisant son cycle de polar-weird autour du détective John Nyquist.
Son principe est simple : résoudre des affaires criminelles dans un cadre complètement étrange, dans des villes inattendues et fascinantes au possible.
Dans le premier volume, Un homme d'ombres, le Britannique nous présentait son héros au beau milieu d'une ville coupée en deux : Soliade, cité du jour éternel, et Nocturna, empire de la nuit perpétuelle.
En développant son concept jusqu'au bout et en imaginant une myriade de subtilités pour le mettre en valeur, Noon réaffirmait encore une fois son génie créatif. Pourtant, ce n'est pas tout.
En effet, dans le second opus, l'auteur nous transporte dans un endroit encore plus étrange et encore plus fascinant : Histoireville !

Histoireville. La ville des Histoires.
Il aurait été facile pour Jeff Noon de faire de ce nouveau terrain de jeu une simple démonstration sur le pouvoir des grands récits sur le réel.
Mais avec Jeff Noon, rien n'est aussi facile.
John Nyquist a quitté Soliade avant d'être embauché à Histoireville par une certaine Antonia Linden afin de suivre les allers et venues de Patrick Wellborn. Pourquoi ? John n'en a que faire, il fait ce pour quoi on le paye.
Et cela risque bien de lui coûter très cher.
En suivant la voie Calvino, John Nyquist regarde Wellborn s'engager dans la tour 5 de la Cité Melville, un endroit sinistre à propos duquel les pires rumeurs circulent. le pire ne pouvait donc qu'advenir.
Quelques instants après sa rencontre avec celui qu'il file depuis des semaines, Nyquist se retrouve inconscient sur le sol de l'appartement 67 avec le cadavre de Wellborn étendu à ses côtés ! Mais que s'est-il passé ? Pourquoi Wellborn l'a-t-il attaqué ? Nyquist l'a-t-il vraiment tué en état de légitime défense ?
Tandis que ces questions tournent dans la tête du détective, il rencontre une jeune femme du nom de Zelda amenée dans la tour par Wellborn et qui en semble tout aussi prisonnière que lui.
Dès lors, la véritable intrigue commence et l'on comprend que quelque chose ne tourne pas rond dans cette cité Melville…et encore moins à Histoireville.
Jeff Noon construit petit à petit une métropole où l'écriture semble une obligation, où le citoyen se doit d'écrire son histoire. Mais pas n'importe comment, il y a des règles à suivre et le Conseil Narratif est là pour les faire respecter, pour que chaque histoire puisse arriver à son terme.
Chaque rue, chaque quartier, chaque place évoque des écrivains célèbres, de Kafka Court à l'Allé Nabokov en passant par la rocade Asimov.
La littérature et les mots hantent Histoireville, la font et la défont, et bien plus encore.

Le lecteur va suivre l'enquête de Nyquist pour comprendre ce qu'il s'est passé à la cité Melville mais aussi pour dénouer les fils d'une intrigue complexe autour d'un livre mystérieux appelé « le Corps Bibliothèque ».
Un ouvrage fait de collages, sorte de projet expérimental et chimérique qui devient à la fois une drogue et un lieu dans la ville, qui rappelle l'entreprise qui guette l'écrivain britannique lui-même en écrivant La Ville des Histoires.
Jeff Noon a l'idée géniale de transformer des histoires en véritable possessions surnaturelles, par une sorte de drogue d'un type nouveau qui vous projette dans l'histoire d'un autre, littéralement. Peu à peu, les choses se font de plus en plus étranges pour Nyquist et le lecteur qui découvrent que les mots peuvent infecter les habitants, qu'un virus sévit à travers Histoireville et que la mort de Wellborn n'est que la partie émergée de quelque chose de bien plus vaste et perturbant. Noon plonge complètement dans la weird fiction, efface les limites entre le réel et le fictif, crée le vertige métaphysique.
Ce qui impressionne, c'est le soin et la cohérence absolu de l'ensemble, mêlant des phénomènes purement fantastiques à un polar noir corsé qui va servir à explorer les traumatismes d'enfance de Nyquist. Jeff Noon en profite pour creuser l'histoire de son héros, pour lui donner une fragilité derrière la carapace du détective dur à cuire et, finalement, le rendre émouvant, même par ces mots non écrits qui le hantent, comme si certaines phrases nous fondaient plus que d'autres.
La Ville des histoires parle de l'impact du récit sur nos vies, elle parle de l'importance de dire notre passé de la façon dont on le souhaite, avec qui on le souhaite. Mais surtout, le roman explore l'aliénation du créateur, de celui qui raconte, parfois prisonnier de ce qu'il écrit, qui va devoir saccager les oeuvres des autres et se les réapproprier pour créer du nouveau, dédoublant son moi au risque de se perdre lui-même.
Jeff Noon livre encore une fois un univers truffé d'idées fascinantes qui vont bien au-delà de cette métropole où les histoires sont tout.
Le fait de raconter devient ici un élément de langage qui imprègne toute la culture d'Histoireville, des alphabètes volètent en marges de la cité présageant des évènement passés ou à venir, des mots peuvent même venir se glisser sous votre peau et des pages se transformer en drogue à la puissance terrifiante.
Le résultat ? Impressionnant, forcément.

Érudit en diable mais jamais gratuit ou tape-à-l'oeil, La Ville des histoires est un sommet de weird fiction qui fascine par la richesse de ses idées et la cohérence de son cheminement narratif. Jeff Noon se renouvelle encore et frappe fort, tellement qu'on se demande bien ce qu'il nous réserve pour Jenny-les-Vrilles, troisième volume des enquêtes de John Nyquist.
Lien : https://justaword.fr/la-vill..
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"- Quel est le lien entre la livre et la tour ?
- Je ne sais pas par où commencer.
- Essayez de commencer par le début.
- Une telle remarque ne s'applique guère à un livre de ce genre.
- Faites au mieux."

Un inspecteur, John Nyquist, doit consigner par écrit tous les faits et gestes d'un homme. Histoire de gagner sa vie. Tout dérape lorsqu'il franchit le seuil de la tour Melville, de l'autre côté de la voie Calvino.

Une telle critique linéaire ne s'applique guère à un livre de ce genre.

Je vais donc faire autrement. Au mieux.

Imaginez Histoireville : une étrange ville dans laquelle les histoires des habitants sont contrôlées par des agents narratifs. On ne peut pas conter ce que l'on veut ni entraîner n'importe qui dans ses histoires. Gare aux contrôles narratifs qui peuvent couper les fils, vous faire passer à la page suivante ou pire laisser une page blanche !

Vous croiserez certainement des alphabêtes : des insectes portant une lettre de l'alphabet. Les mots ont de tels pouvoirs...

Tout est métaphorique et littéraire. Il est plaisant d'y retrouver diverses références explicites (le nom des allées par exemple) ou implicites ("le hall sentait le choux" de l'incipit de 1984) ou encore les deux (les visions kafkaïennes et un certain mouvement littéraire dont je tairai le nom).

Nyquist, contrairement à ce qu'indique son nom est bien entraîné dans une quête. le lecteur également. Il doit déceler les jeux purement littéraires de l'avancée narrative. C'est un véritable labyrinthe.

La traduction est fluide, plutôt agréable à lire. Les descriptions sont prenantes et les dialogues dynamiques.

Notez bien, toutefois, que lire une histoire à Histoireville, de la plume d'un mec qui a une solide culture ET une imagination débordante d'encre nécessite une concentration à la fois maximale et exaltée.

Je remercie Babelio et les éditions La Volte pour cette formidable découverte. Je ne manquerai d'ailleurs pas de découvrir un peu plus Jeff Noon qui mérite une reconnaissance à la Lewis Caroll !
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Quel livre étrange que cette "Ville des histoires"! Il n'est donc pas étonnant de le retrouver au catalogue des éditions La Volte.
L'intrigue est difficilement résumable tant elle est riche, imbriquée et surréaliste. On y retrouve le détective John Nyquist (Un homme d'ombre) au coeur d'une ville fantasmagorique où la vie est régie par les histoires qui s'y écrivent, s'y racontent, s'y échangent... Très vite, notre détective se voit embarqué dans un récit au sein duquel il n'aurait pas dû se retrouver, et s'enchaînent les aventures les plus irrationnelles dirigées par le mystérieux auteur d'un livre non moins mystérieux, le corps bibliothèque, composé de fragments d'autres textes...
Ce roman à la frontière de tous les genres (polar, fantastique, surréalisme...) n'est pas facile d'accès et mon appréciation reste elle aussi à la frontière entre fascination et perplexité.
Fascination bien sûr! Comment ne pas être époustouflée face à cette imagination débordante. J'ai parcouru les rues et ruelles d'Histoireville avec délectation, d'autant plus qu'elles ne manquent pas de références littéraires (de la tour Melville à la cour Kafka, en passant par le 451 avenue Bradbury). A l'instar des personnages, j'ai été happée par les réflexions profondes sur l'écriture, les mots, le rôle de l'écrivain, la limite entre réalité et fiction...et par une intrigue haletante menant les protagonistes aux confins de la folie.
Pourtant, je ne peux m'empêcher de penser qu'il manque quelque chose. Quelque chose dans l'écriture qui ne permet pas tellement l'émotion (mais peut-être est-ce la traduction qui induit cela), quelque chose dans la construction (magistrale, il est vrai) qui perd son lecteur en route (Je dois avouer que je n'ai pas tout suivi). Je reste également perplexe face à la surenchère de surnaturel qui finit par alourdir le roman.
Quoi qu'il en soit je remercie Masse critique et La Volte de m'avoir fait découvrir ce roman. Ce fut une belle aventure!
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l y a un peu plus d'un an, La Volte sortait la première aventure de John Nyquist avec Un homme d'ombres, cette année l'éditeur récidive avec La Ville des histoires, toujours du même auteur, Jeff Noon. Pour les curieux à la mémoire longue, il s'agit de The Body Library dont je parlais à l'époque. Et si vous avez trouvé qu'Un homme d'ombres était très « weird », vous n'allez pas être déçu avec cette nouvelle enquête encore bien plus étrange.
Nous retrouvons John Nyquist à Histoireville, quelques semaines après la fin du roman précédent, alors que le détective privé cherche à creuser son trou dans une nouvelle cité aux moeurs étranges. Dans celle-ci, comme son nom l'indique, tout est histoire : les quartiers et les rues portent des noms d'écrivains (Calvino, Melville, Dickens, Plath, Marlowe), les histoires s'infiltrent sans cesse dans le quotidien des gens jusqu'à en colorer les expressions comme « un autre jour, une autre histoire » pour « demain est un autre jour » ou « son histoire est terminée » ou « il ne reste plus qu'une page blanche » pour dire d'une personne qu'elle est décédée, et il y a même une unité de police dédiée à la cohérence des récits et des agences spécialisées dans « l'effacement » de personnes ou d'événements. Partant d'une simple filature qui se termine mal, John Nyquist va se trouver embringué dans un récit où la frontière entre la fiction et le réel s'abolit et où le sang et l'encre se mêlent intimement.
Et je n'en dirais pas plus tant cette histoire est tordue, tarabiscotée et pleine de rebondissements. Tout comme John Nyquist, la lecture va vous imposer en permanence un effort pour réévaluer ce qu'il se passe et comprendre peu à peu les règles qui régissent Histoireville et la façon dont la fiction et la « non-fiction » (qui reste de la fiction pour nous) s'imbriquent et interagissent l'une sur l'autre. Et pourtant, cet effort n'est pas une contrainte. Même si, contrairement à mon habitude, je n'ai pas dévoré La Ville des histoires d'une traite, je me suis aventurée avec grand plaisir dans cette histoire guettant les indices au coin de chaque page, me méfiant des lettres et savourant avec délice les allusions de l'auteur, comme la si évidente Kafka Court qui sert d'adresse au siège de la police des récits. Et je m'aventurerais encore une fois volontiers dans les pas de John Nyquist dans une nouvelle histoire et peut-être une nouvelle ville, si La Volte en continue la publication.
Lien : https://www.outrelivres.fr/l..
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Je remercie Babelio et les éditions La Volte pour cette découverte.
Cette lecture fut un plaisir. Et en même temps j'ai eu beaucoup de mal à tout saisir. Et j'en ressors avec un sentiment de flou et d'être passée à côté d'éléments de l'intrigue pour bien comprendre. Sûrement que ma lecture très entrecoupée n'a pas dû aider.
Pourtant il est très facile à lire, les pages se tournent et on est embarqué dans le récit. L'univers est très intéressant mêlant réalisme et fantastique. L'histoire nous plante rapidement le décor et nous fait découvrir peu à peu le côté fantastique. Et si le voyage est intéressant il m'a perdu. Je n'ai pas compris l'histoire du Corps Bibliothèque, ni son but et encore moins celui de ses auteurs. Ni la fin. Je n'ai pas compris certains éléments et qui sont vite expédiés alors qu'ils sont le but du personnage principal. Et c'est vraiment dommage parce qu'il ne manquerait pas grand chose pour que toutes les pièces du puzzle s'imbriquent parfaitement. Mais le tout m'a paru beaucoup trop nébuleux.
Il y a tout autrement pour ne pas nous faire lâcher le livre. du mystère, des intrigues, de l'action, des découvertes...
Les personnages sont sympathiques et attachants sans être particulièrement originaux. Mais suffisamment développés pour qu'on aime les suivre et savoir ce qu'ils vont devenir.
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critiques presse (2)
Elbakin.net
27 mars 2023
Après une brève et intense rencontre avec la dénommée Zelda, on retrouve celle-ci morte, après un prétendu suicide, et bien sûr, les apparences se révèlent souvent trompeuses, encore plus dans un cadre comme celui-ci, où chaque histoire, chaque mot, s’entremêle, jusqu’à parfois perdre tout sens.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Liberation
07 septembre 2022
Labyrinthique, foisonnante, obsédante, la Ville des histoires pourrait bien parler aussi de notre époque, de la manipulation par les mots, du plagiat et de la surveillance.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Que les mots nous enveloppent et nous rendent meilleurs. Je suis ce que je dis. Ma langue est une longue route ; je n'en verrais jamais la fin. Les mots tombent dans la nuit comme une pluie douce, comme un baume. Je suis réconfortée.
Commenter  J’apprécie          80
Le papier.
La plus mystérieuse de toutes les substances.
Le foyer des histoires.
Ce champ de rêves d'un blanc cassé.
Un parchemin tiré de la nature dans un seul but : communiquer.
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Quand la bibliothèque brûlera, nous serons tous sans mots.
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