Rue des amours

Sur un texte de Carl Norac toujours aussi poétique, Carole Chaix propose une galerie de portraits d'un esthétisme rare, avec un regard digne des portraits de société du XIXeme siècle.
Cette pépite en littérature jeunesse est à offrir, promouvoir, mettre en avant afin de pouvoir retrouver plus souvent des portraits aussi fins, vrais qui cherchent à donner au enfants un sens de l'esthétisme et de la vie sans fioriture.
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A La Louvière, en Belgique, il y a une Rue des Amours … vrai de vrai … On l'imagine bien, toute rose et bleue, avec des tonnelles et des oiseaux qui pépient … un peu tordue, pavée, fleurie et colorée …
Mais non !! Elle est grise, un peu négligée, de gros pigeons viennent y picorer les restes du marché et les passants se hâtent d'arriver au bout … heureusement elle n'est pas très longue !
Carl Norac, quasi-louviérois, a été intrigué : ce nom un peu mystérieux doit cacher un secret ! Et le voilà parti en reportage poétique, de l'immeuble Casanova aux petites maisons ou villas, jusqu'n° X au bout de la rue, avant de déménager pour Autrepart. Et Carole Chaix marche sur ses traces – le précède ? – dessinant dans la rue des parcours colorés d'une maison grise à l'autre. Et la couleur gagne les maisons, pastille par pastille, éclat par éclat.
A chaque numéro, dans chaque appartement, une rencontre : des amoureux, un chat, Monsieur Daily Mirror, le baron d'Empty … Tous ces personnages un peu bizarres, un peu absurdes vus avec des naïvetés poétiques par la jeune narratrice, composent une galerie de portraits aussi variés que peut l'être une rue, parfois touchants (l'infirmière du 37 ou la famille du 29), parfois glauques (Celui-qui-ne-me-cause-pas au 37) ou carrément détestables (la cravate noire du 13bis). A chacun, Carole Chaix donne vie et couleur avec grand talent, interprétant les portraits de Carl à sa manière, comme si le lecteur, à chaque numéro, ouvrait une boîte à surprise dont s'échapperaient lumière et couleurs.
Vivement le déménagement pour Autrepart, d'autres portraits, d'autres poèmes.

La Rue des Amours est une rue grise et pas très attrayante. Mais une petite fille m'a prise par la main et j'ai visité chacune des habitations. A travers ces portraits, j'ai découvert des personnages très différents. La narratrice connaît ses voisins et nous distille en peu de mots leurs histoires. Un portrait à lire (et relire) à gauche et les portraits dessinés (à admirer, encore et encore) à droite.
On découvre au numéro 39, les beaux amoureux, au numéro 29, le papa qui n'ose pas dire « je t'aime », au numéro 40, la belle Angie. Il m'est difficile de faire le tri dans ces galeries d'hommes et de femmes tant ils sont originaux.

Les dessins de Carole Chaix sont fascinants, c'est coloré, vivant, esthétique.
Et quelle ne fut pas ma surprise, au détour de ces maisons, de croiser un nom de ville qui résonne particulièrement à mes oreilles, parce que j'y vis, tout simplement. J'ai été vérifié et la Rue des Amours de ma ville est comme celle décrite ici: pas très colorée et encore moins palpitante. Mais qui sait qui se cache derrière ces façades?

Un livre qui trône avec amour sur mes étagères.

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