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Citations sur Entre deux mondes (397)

Le flux des migrants ne s’est pas arrêté avec la fermeture du camp de Sangatte en 2003. Il s’est évidemment poursuivi, sans plus nulle part où les accueillir, et avec toujours la même volonté de passer en Angleterre. Et donc, de rester pas loin des ports pour traverser la Manche. Résultat, ils se sont mis à squatter chaque maison vide, chaque immeuble abandonné, les jardins, les parcs, les ponts et c’est vite devenu invivable. Alors il a fallu trouver un endroit pour les parquer. Le long de la côte, à l’écart du centre-ville, entre une forêt et les dunes, il y avait un ancien cimetière qui jouxtait une décharge. L’État a fait place nette à coups de bulldozer et on a invité les migrants à s’y installer il y a un an de ça. Au début, ils sont arrivés discrètement, une petite centaine de curieux tout au plus, puis l’info a traversé la planète et ils sont venus par milliers. La Jungle était née.
– C’est légèrement inapproprié. Qui a trouvé le nom ?
– N’y voyez pas de racisme, ce sont les migrants iraniens eux-mêmes. Quand ils sont arrivés sur place, ils ont vu un morceau de forêt, alors ils ont appelé l’endroit «la Forêt». En langue perse, jangal. Ici, on a entendu «jungle», prononcé à l’anglaise. Un simple quiproquo. Ensuite, ils y ont été consciencieusement oubliés. Mais pas par tout le monde. Les médias se sont emparés du sujet et bientôt, Calais n’était plus une des villes trésors de la côte d’Opale, mais celle des migrants et du problème de leur accueil. Le tourisme s’est cassé la gueule en un temps record, même les Anglais hésitent à venir depuis que leurs tabloïds parlent de guerre civile. L’immobilier a perdu près de quarante pour cent et les magasins se sont mis à fermer. Notre plus grosse économie et notre vivier d’emplois ici, c’est notre port. Dix millions de passagers par an traversent la Manche via Calais et c’est aussi le premier port d’Europe pour le trafic roulier.
– Ce sont des bateaux cargos qui chargent les camions vers l’Angleterre, précisa Erika à l’attention de Bastien qui n’avait rien d’un marin.
– Mais les chauffeurs routiers sont morts de trouille et les sociétés de transport cherchent d’autres ports pour éviter Calais.
– Juste à cause des migrants ? s’étonna Bastien.
Lizion lui adressa un regard de biais, comme s’il avait mal évalué l’ampleur de ses lacunes. Sa voix se fit presque condescendante.
– Vous savez comment ils essaient de monter dans les camions tout de même ? Les assauts sur les poids lourds. Les agressions de chauffeurs. Les accidents provoqués comme des attaques de diligence. Les barrages et les incendies sur l’autoroute. Ça vous parle ?
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-Ouais. Les migrants fuient un pays en guerre vers lequel on ne peut décemment pas les renvoyer, mais de l’autre côté, on les empêche d’aller là où ils veulent. C’est une situation de blocage, on va dire.
Pour la deuxième fois de la journée, Bastien entendait cette expression et le sentiment diffus provoqué la première fois se précisa.
-Vous croyez aux fantômes, Passaro ?
- Je ne me suis jamais posé la question. Vous parlez des esprits qui hantent les maisons ?
-Exact. Coincés entre la vie terrestre et la vie céleste. Comme bloqués entre deux mondes. Ils me font penser à eux, oui. Des âmes, entre deux mondes.
Passaro s’était déjà fait une remarque voisine, sans vraiment trouver les bons mots. Ceux de Bastien le déstabilisèrent.
-Réfléchissez pas trop, lieutenant. C’est pas une bonne idée. Ce job, il se fait en apnée. Tentez pas de respirer sous l’eau.
P130
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Le long de la côte, à l’écart du centre-ville, entre une forêt et les dunes, il y avait un ancien cimetière qui jouxtait une décharge. L’État a fait place nette à coups de bulldozer et on a invité les migrants à s’y installer il y a un an de ça. Au début ils sont arrivés discrètement, une petite centaine de curieux tout au plus, puis l’info a traversé la planète et ils sont venus par milliers. La Jungle était née.
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Donc avec cette appellation de réfugiés potentiels, ni on ne les arrête, ni on ne les aide. On les laisse juste moisir tranquilles en espérant qu'ils partiront d'eux-mêmes.
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— Le poids des tristesses ne se compare pas .

page 377
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Sa main toucha doucement le fond de la méditerranée , puis le bras , le reste du corps , et la tête en dernier , posée comme sur un oreiller de sable , ses cheveux en couronne de fleurs noires.
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Recruter des candidats au djihad n'était pas le plus compliqué. Le choix pouvait se faire parmi les esprits trop religieux pour accepter un monde moderne, trop formatés pour accepter d'autres lois que celles de Dieu, mais aussi parmi les esprits révoltés, blessés, ou simplement détraqués. Le choix se faisait dans les cités défavorisées, les pays en guerre et même les hôpitaux psychiatriques. Mais là où l'expérience devenait nécessaire, c'était pour repérer celui qui n'hésiterait pas. A faire sauter un stade, une salle de concert, à tirer sur les clients d'un bar en terrasse, à rouler sur la foule d'un 14 juillet et, s'il le fallait, à se faire abattre, les armes à la main.
O. savait lire en eux. Il décelait le faux courageux, celui dont l'engouement ne dépasse pas les mots, celui qui fait demi-tour ou qui tremble tellement qu'il n'arrive pas à appuyer sur la détonation de sa veste explosive. Chacun de ceux qu'il avait recrutés était allé jusqu'au bout de sa mission. Et là, selon les croyances, le djihadiste devenait un martyr entouré de vierges, ou juste un cadavre dans un trou, victime d'un obscurantisme assassin.
(p. 268-269)
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- Ok, donc, si je comprends bien, d'un côté tu donnes un coup de main aux migrants et de l'autre, tu les chasses. C'est rassurant, un père schizophrène et une mère dépressive.
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- (...) La Jungle était née.
- C'est légèrement inapproprié. Qui a trouvé le nom ?
- N'y voyez pas de racisme, ce sont les migrants iraniens eux-mêmes. Quand ils sont arrivés sur place, ils ont vu un morceau de forêt, alors ils ont appelé l'endroit "la Forêt". En langue perse, jangal. Ici, on a entendu "jungle", prononcé à l'anglaise. Un simple quiproquo.
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"Cherchez pas, ça n'existe nulle part ailleurs et dans aucun texte de loi. C'est du fait maison Calais, spécialité locale. En gros avec ce statut bâtard, on ne peut pas les interpeller. Logique, si on refuse de les intégrer à la France ce n'est pas pour les faire rentrer dans le système judiciaire. Mais on ne leur donne pas non plus la qualité complète de réfugiés, sinon, il faudrait s'en occuper. Donc avec cette appellation de réfugiés potentiels, ni on ne les arrête, ni on ne les aide. On les laisse juste moisir tranquilles en espérant qu'ils partiront d'eux-mêmes." (p.93)
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