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sur 5616 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
D'habitude, j'écris mes retours à chaud, à peine le livre refermé.
Les circonstances ont fait que pour Entre deux mondes, je n'aie pas été en mesure de le faire.
En effet, j'avais encore à l'esprit ma lecture du Passeur, sur laquelle il était temps que je m'exprime.

Pourquoi je vous raconte tout ça ? vous vous en fichez comme de votre première couche-culotte.
Mais voilà, il s'avère qu'entre le moment où j'ai fini ce livre et maintenant, ce que je pensais dire il y a deux ou trois jours a pris un peu de plomb dans l'aile.

Mon enthousiasme, malgré quelques petits bémols sur lesquels j'avais allègrement fait l'impasse, a eu le temps de redescendre.
Par le fameux système des vases communiquants, les petits bémols ont pris de l'importance.

C'est mon premier Norek, je découvre, et je dois dire qu'en chapitres coups de poing, il sait y faire, l'homme aux yeux bleus.
Dès le début, on s'en prend plein la tronche. On est sur un rafiot en Méditerranée. 273 migrants entassés... parmi eux, une gamine tousse et un mec donne l'ordre à sa maman de la jeter par-dessus bord.
Ça calme !
L'auteur reviendra sur cet "épisode" plus loin dans le roman, une fois qu'on sera bien attaché aux personnages.

Sans transition, on se retrouve dans la "jungle" de Calais, plus précisément le dernier jour de son démantèlement.

Je ne vais pas vous raconter ce qu'il se passe dans le livre parce qu'à moins d'habiter dans une bulle dans laquelle peu de choses pénètrent, et encore, on vous l'aura seriné depuis la sortie du bouquin.

Moi qui vis dans une bulle du genre, je n'avais aucune idée du thème du roman. Pour être honnête, j'avais sans aucun doute oublié.
Nettoyage de cerveau, faculté précieuse pour ne pas être affecté par les spoilers de toute nature qui frappent tout lecteur assidu de critiques et 4e de couverture.

Bref, quand ma Yaya m'a donné ce livre à lire, j'ignorais où je mettais les pieds.
Depuis le temps que je voulais découvrir l'auteur, un bon coup de rouleau à pâtisserie où je pense m'a aidée à franchir le pas. Merci ma Yaya.

En bref, j'ai adoré Entre deux mondes, évidemment. Je l'ai avalé avec la gloutonnerie qui s'impose.

La plume d'Olivier Norek est magnifique, le rythme du récit est soutenu, la corde sensible vibre à tout-va, les héros se bousculent, les salauds aussi, les innocents trinquent.
Sans vouloir dénigrer le travail de recherche de l'auteur, la part de fiction l'engloutit un chouia, et c'est dommage.

Les Avengers avec un coeur énorme dans le plus gigantesque bidonville d'Europe.
Le bidonville et tout ce qui l'entoure existent. Les Avengers sont fictifs.
Vous allez me dire que quasiment tout le monde aime Marvel, donc la plupart des lecteurs adorent, moi comprise.

Mais on le classifie comment, ce livre ? parce qu'il est instructif, je ne peux prétendre le contraire.
Ce qui est réel nous chope de plein fouet. La fiction nous chope aussi.

J'ai arrêté de bloquer sur les incohérences et décidé de voir le récit comme une excellente fiction, ce qu'il est puisque très orienté sur les personnages principaux.

Un petit truc que j'aurais aussi aimé, c'est que l'auteur évoque les riverains de la fameuse jungle, parce que j'y ai souvent pensé dans la vraie vie.

Je stoppe là mon décortiquage. Si vous ne l'avez pas lu, faites-le.
Tous les ingrédients sont réunis pour traverser un sacré panel d'émotions, des plus éprouvantes aux plus émouvantes.
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Entre deux mondes.
Un titre particulièrement judicieux et effroyable pour décrire la Jungle de Calais, séparant les nombreux migrants encore en France de leur destination finale : l'Angleterre.
Pourquoi une telle attirance pour le Royaume-Uni ? Parce que la majorité des réfugiés a au moins des notions d'anglais, parce qu'ils ont parfois de la famille à rejoindre outre-Manche qui pourra aider à leur insertion, parce que la lutte contre le travail au noir ne serait pas une priorité pour le gouvernement anglais, ou encore parce que son taux de chômage est très faible.
Mais si la France a ouvert ses frontières avec l'Italie, par laquelle transitent une majorité de ces réfugiés, elle doit en revanche bloquer le passage vers la destination finale de ces demandeurs d'asile et ainsi interdire l'accès du tunnel sous la Manche ou du ferry Calais-Douvres. L'Angleterre ne fait pas partie de l'espace européen de Schengen et ses frontières sont fermées.
Calais est ici décrit comme le purgatoire séparant l'enfer des pays désertés et le paradis incarné par l'Angleterre.
"Les migrants fuient un pays en guerre vers lequel on ne peut décemment pas les renvoyer, mais de l'autre côté, on les empêche d'aller là où ils veulent. C'est une situation de blocage."

"Comme bloqués entre deux mondes."
Parce qu'en France, dans le Pas-de-Calais, à cent kilomètres à peine de chez moi, a ainsi vu naître le plus grand bidonville d'Europe, abritant près de dix mille étrangers issus principalement du Soudan, de l'Afghanistan, de la Syrie et de bien d'autres pays d'Afrique et du Moyen-Orient. Une zone de non-droit, dans laquelle il n'est pas possible d'intervenir. Où les règles sont différentes. Où la police laisse les crimes se produire en toute impunité.
"Logique, si on refuse de les intégrer à la France, ce n'est pas pour les faire rentrer dans le système judiciaire."
Si vous avez lu "Les larmes noires sur la terre" de Sandrine Collette, vous avez déjà un aperçu de la Jungle, de ses petits commerces et des pires exactions ( viols, meurtres ) pouvant y être perpétrées. Un microcosme de personnes entassées les unes sur les autres dans des tentes, souvent regroupées par ethnies. Les femmes sont heureusement séparées des hommes pour éviter davantage de drames.
"J'ai du mal à croire qu'on est en France."
Mais ici, c'est bien une réalité récente que nous dépeint Olivier Norek puisque le démantèlement de la Jungle n'a eu lieu qu'en octobre 2016, il y a tout juste un an.

Ce que j'ai particulièrement apprécié, c'est que l'auteur est parvenu à donner une vision d'ensemble, sans parti pris. Certains personnages sont plus attachants que d'autres, qu'il s'agisse du policier syrien Adam, infiltré dans une cellule rebelle de son pays avant de devoir partir rejoindre en urgence sa femme et sa fille en France ; du jeune black réfugié Kilani qui aurait tant de choses à raconter s'il n'était pas muet, ou encore du flic Bastien Miller récemment affecté à la brigade de sûreté urbaine de Calais, dont il découvre les particularités avec autant d'horreur que de naïveté.
La vision de l'auteur n'est pas manichéenne. Il dénonce certes la folie ambiante, celle des transports maritimes comme celle de cette Jungle ( "Il y en a beaucoup ici des fous. A cause de ce qu'ils ont vécu, de ce qu'ils ont vu, de ce qu'ils ont perdu." ), une monstruosité qui jamais n'aurait du voir le jour mais avec laquelle chacun va devoir composer : les Calaisiens, les réfugiés ou la police. Et chacun des points de vue va s'opposer parce que ce puzzle humain n'est pas fait pour s'imbriquer. Pour aucun n'existe de solution satisfaisante.
Et c'est pourquoi la violence se déchaîne.

Concernant les habitants de la côte d'Opale, la situation est devenue impossible. Leurs belles plages sont désertées, les touristes évitant Calais comme la peste. Les commerces doivent fermer les uns après les autres et l'immobilier a quant à lui perdu quarante pour cent de sa valeur.
"Calais n'était plus une de ces villes trésors de la Côte d'Opale, mais celle des migrants et du problème de leur accueil."
Les camions qui transportent des marchandises évitent de plus en plus cette zone dangereuse. Les entreprises de transport routier ou maritimes cherchent désormais d'autres voies par lesquelles passer.
"Les agressions de chauffeurs. Les agressions provoquées comme des attaques de diligence. Les barrages et les incendies sur l'autoroute, ça vous parle ?"
Une commune toute entière qui devient de plus en plus isolée, comme elle aussi coincée entre deux mondes.
Alors, devant tant de violence et d'injustice, on ne peut qu'assister à une montée de la xénophobie qui, si elle n'est pas excusable, demeure cependant liée à la colère, à un fait de société unique.
En revanche, de nombreux habitants s'investissent également dans des associations  ( Care 4 Calais, médecins sans frontières, nombreux bénévoles calaisiens ), sans oublier d'autres organisations humanitaires de l'autre côté de la Manche, apportant leur aide aux réfugiés qui veulent bien l'accepter et proposant à ceux qui le souhaitent des conditions de vie davantage acceptables dans de véritables refuges malgré la méfiance générale et, souvent, la barrière de la langue.

Concernant la police, Bastien est choqué tant par l'absence d'intervention dans la Jungle que par la brutalité dont ses collègues de la BAC ( brigade anti-criminalité ) peuvent faire preuve, à grand renfort de grenades lacrymogènes. Ou par la façon dont les forces de l'ordre parlent des migrants comme de zombis ou de gibier qu'il faut chasser. Mais là encore, la réalité est bien plus complexe. Les médias ont dénoncé les violences policières. Sans faire pour autant des saints de ses anciens collègues, Olivier Norek rappelle à juste titre qu'aucune demande de mutation n'étant souhaitée pour Calais, les policiers ne pouvaient donc pas quitter leurs postes, même s'ils étaient au bord de la rupture psychologique, sans oublier qu'ils étaient en effectif insuffisant.
Alors, quand les migrants lancent des attaques de grande envergure sur l'autoroute pour s'emparer de force de véhicules pour pouvoir forcer ce fameux passage interdit vers l'Eden anglais, quitte à laisser des routiers blessés sur le bord de la route, quels choix s'offraient réellement à cette police dénigrée ?
"Tu sais, ici, il y a près de dix mille personnes qui n'ont rien à faire de leur journée qu'attendre le milieu de la nuit pour tenter de monter dans un camion pour l'Angleterre."
Alors ils font leur boulot, aussi ingrat soit-il, dénaturant parfois l'aspect humain de cette horde, et déplorant les pertes humaines qui peuvent parfois découler de ces opérations.
Tous ne sont pas de bons flics, mais la majorité fait au mieux pour respecter les ordres alors que l'ampleur de ces évènements chaotiques les dépasse totalement.

Enfin, il ne faut pas penser à l'inverse que tous ces réfugiés sont des victimes qu'il faut à tout prix protéger. Les conditions de vie déplorables, l'attente, la frustration d'être ainsi bloqués à quatre-vingt kilomètres de leur destination finale après un long voyage peuvent transformer des individus qui voyaient leur onéreux voyage arriver à son terme.
"Toutes ces habitations suivaient la courbe des dunes et donnaient l'impression d'un océan agité de vagues et de détritus."
"Venant des pays les plus éloignés et les plus violents, ils échouaient ici comme l'écume des conflits de l'Afrique et du Moyen-Orient."
Avec les yeux d'Adam principalement, le lecteur découvrira que si la majorité des migrants cherche simplement un refuge, une vie digne de ce nom loin des conflits et des dangers de leurs pays respectifs, d'autres ont leur petit commerce lucratif, certains sont d'une violence inouïe, sans oublier que la Jungle est un endroit idéal pour les recruteurs de Daesh.
Alors doit-on réellement jouer les autruches et ignorer tout ce qui s'y passe ?

Dans ce monde à part, Olivier Norek créera également une intrigue policière, que je vous laisse découvrir. Elle tient en quelques chapitres mais ajoute encore à l'intérêt et aux réflexions du roman.

Mais ce n'est pas un polar à proprement parler, même si on sent peut-être encore davantage cette fois le flic derrière l'écrivain qu'avec les livres consacré au capitaine Coste. Ainsi bien sûr que l'homme qui a exercé des missions humanitaires en ex-Yougoslavie.
C'est un roman de société qui nous met devant un fait accompli, avéré. Un témoignage impartial d'évènements tellement proches de nous, que ce soit en temps ou en distance. Auxquels je n'avais assisté que de loin par le biais de médias dont les propos étaient souvent incomplets, voire erronés.
Même si un tel rassemblement de réfugiés n'aurait jamais du se produire au sein de nos frontières, la Jungle de Calais a bel et bien existé, et s'est fait l'écho de bien des drames qu'Olivier Norek fait ici longtemps résonner, qu'ils soient réels ou légèrement romancés.
Chaque point de vue et chaque enjeu est expliqué.
Ce n'est donc pas une simple histoire avec des gentils et des méchants, c'est L Histoire avec un grand H qui raconte en jugeant le moins possible comment des hommes de tous pays ont conflué vers un même point de notre Hexagone, fuyant la guerre et la misère pour y trouver au final une autre forme de violence, de pauvreté et de rejet.
Un texte qui évite de stigmatiser la police ou les populations et qui se contente d'évoquer le choc des cultures, les raisons de tant d'incompréhension, et tous les débordements qui ont pu en découler.

J'avais apprécié les premiers romans d'Olivier Norek, sans comprendre toutefois pourquoi ils avaient bénéficié d'une telle notoriété.
En faisant la fine bouche, je pourrais avouer ne pas avoir été totalement convaincu par le final de cet Entre deux mondes, avoir parfois été un peu perdu par tous ces enjeux, tous ces conflits internes et mondiaux, probablement pas assez familier des crises géopolitiques internationales. J'avoue également ne pas avoir été totalement séduit par l'écriture à laquelle il manque encore un pur style "Norek", reconnaissable entre mille.

Mais ce roman va me marquer.
C'est vraiment le genre d'oeuvre dont on ressort enrichi, parce qu'on réalise que toutes ces images de guerres quotidiennes qui se déroulent si loin de nous sont en réalité à nos portes.
Parce qu'on ressent énormément d'émotions et d'empathie pour la majorité de ces personnages, qui cherchent à s'impliquer. Quelques rares joies mais des envies de révolte principalement : Des envies qui font réfléchir, des injustices qui font froid dans le dos.
On se sent nous aussi dépassé par les évènements, sans savoir ce que nous aurions fait, si nous aurions eu le courage de réagir.
Parce qu'on comprend à quel point le monde est gris et complexe, et que parfois faire de son mieux est insuffisant.
Et parce qu'on n'en ressort pas indemne tout simplement.
Ce qui est toujours à mon sens synonyme d'un grand roman.

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2016. La « jungle » de Calais et son flux de migrants aux vies mutilées. Un sujet qui nous malmène. Forcément. Des scènes parfois très dures qui bouleversent. Fatalement. Et cependant, des larmes d'humanité qui transsudent. Vaillamment.

En Syrie, Adam, policier et dissident, se sent de plus en plus en danger. Par précaution, il organise le départ de sa femme et sa fille vers Calais en leur promettant de les rejoindre au plus vite. Les retrouvera-t-il ? En parallèle, Bastien, policier français, s'installe à Calais et découvre ébahi la situation.

L'auteur braque avec réalisme un projecteur sur cette zone de non- droit et ses codes à travers le regard des migrants, des flics, des bénévoles et ONG. Il met en lumière le quotidien de ces hommes, et une réalité crue dont on parle beaucoup moins dans les médias. Tandis qu'à l'horizon, « Youké », comme la nomme les migrants, se dévoile par temps clair comme un mirage, porteuse de tous leurs espoirs.

Je n'ai pas trop été emballée par l'écriture, nerveuse mais sans relief, ni par les personnages. Bien qu'attachants (enfin certains d'entre eux), ils sont un trop stéréotypés à mon goût. Mais leur force est d'apporter un angle du vue différent, le coeur souvent alourdi de bagages dont ils aimeraient enfin se délester. le personnage qui m'a le plus intéressé est sans doute Kilani, ce petit Soudanais à la langue coupée, qui erre comme un trait d'union entre les mondes.

Cela faisait quelques temps que je souhaitais découvrir cet auteur et je remercie ma co-lectrice Siabelle de m'avoir fait sauter le pas. Malgré des réserves sur certains aspects, cela n'en demeure pas moins un livre fort qui révolte, qui bouscule.
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C'est dans et autour de la Jungle de Calais que se passe ce roman très noir sur les migrants en souffrance et les policiers, chargés de les canaliser, mais qui le sont presque autant...

Car la Jungle de Calais est un entre deux insupportable ; ce n'est certes plus l'enfer de la guerre que les migrants ont fui, mais ce n'est pas encore l'Angleterre dont ils rêvent et qu'ils ne sont pas sûrs de jamais atteindre. C'est aussi une zone de non-droit ou presque, de violence, de clans ethniques, de crimes sexuels, de combines, de vide dans la journée et de tentatives frénétiques, et souvent vaines, pour monter dans les camions la nuit.

Face à cette détresse, les policiers calaisiens sont démunis et souvent désespérés. D'abord parce que, nuit après nuit, ils mènent un combat inégal et injuste pour écarter les migrants des camions en partance pour l'Angleterre. D'un côté, très peu d'hommes mais des hélicoptères, des bombes lacrymogènes, des détecteurs infra-rouges et l'obligation de faire leur métier et d'obéir aux ordres. de l'autre, une multitude de malheureux prêts à tout et des passeurs sans scrupules qui montent des embuscades et mettent le feu aux barrages.

Ensuite parce qu'ils ne peuvent pas intervenir ou enquêter dans la Jungle. Si les migrants sont considérés comme « en transit », autrement dit « pas vraiment là », l'Etat français ne peut pas les faire rentrer dans son système judiciaire... Alors, les crimes de la Jungle restent dans la Jungle, irrésolus et impunis. Enfin parce que les policiers de Calais, aussi usés et épuisés qu'ils soient par cette impasse terrifiante, n'ont pas le droit de demander leur mutation...

Olivier Norek décrit très bien les deux côtés de cet enfer, sans misérabilisme, sans manichéisme, sans démagogie. Sans être extraordinaire (malheureusement), l'histoire qu'il raconte est efficace, éprouvante et par moments même émouvante. Bien sûr, on sent le flic dans son style sans fioritures et ses personnages parfois un peu caricaturaux. Mais l'essentiel n'est pas là, l'essentiel c'est la Jungle...
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Quatrième polar d'Olivier Norek publié en 2017 où l'on aborde ici le difficile et très d'actualité sujet des migrants. de la jungle de Calais en passant par la Syrie, la Libye et la traversée de la Méditerranée tout y est (à l'exception peut être de nos militants d'extrême gauche qui sillonnent les mers à la recherche de ces migrants).

Le format change aussi un peu : nous ne sommes plus avec notre cher Capitaine Coste et nous n'avons pas affaire à une enquête policière en particulier. Ce sont plus des tranches de vies de différents personnages qui se retrouvent liés les uns aux autres pour des raisons très diverses.

C'est à nouveau un excellent roman d'Olivier Norek, très bien écrit, aucun temps mort et effectivement avec une grande dimension sociale (trop?). le sujet (les migrants) est à mon goût un peu trop politique même si c'est un sujet qui plait aux gens ( Stendhal disait « La politique dans une oeuvre littéraire c'est comme un coup de pistolet dans un concert ») mais le rendu est de très haut niveau, comme à chaque fois avec cet auteur.
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Quelle claque ! Même si la trame est, je pense, romancée, le reste comme le dit l'auteur est vrai. La jungle de Calais comment est-elle née ? La politique des gouvernements, comment y remédier ? La police qui a un oeil mais qui ne doit pas intervenir, les habitants qui ferment les commerces et l'immobilier qui chute, ces familles qui fuient leurs pays en guerre. Quel parti prendre ? Un foisonnement d'informations qui fait que, tour à tour, le lecteur change de camps. Parce que, si on y réfléchit bien prendrions-nous les bonnes mesures. ? J'ai parfois du poser le bouquin pour souffler. Ce qui est dur à accepter c'est que cela se passe là maintenant sous nos yeux.

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J'avoue, j'ai été bluffé ! Et comme aujourd'hui, il faut apposer des étiquettes partout, je dirais que j'ai rencontré le « roman policier humaniste ». Vous qui êtes plus capé que moi sur le sujet, vous en connaissez surement d'autres ? Pour ma part c'était le premier.
Le premier Norek aussi, recommandé par une amie.

La seule histoire que l'on ne se lasse pas de raconter c'est la sienne. Celle des autres traverse nos vies, nous amuse, nous affecte, nous hante, nous culpabilise, nous aide à avancer. C'est suivant…

Celle d'Adam, Syrien ex-policier et de Kilani présumé Soudanais dépasse de loin ce que l'on peut imaginer pour les européens que nous sommes malgré nos turpitudes quotidiennes.

*Avez-vous vécu chaque jour comme si c'était le dernier ?
Et vous feriez pareil si seulement vous saviez combien de fois la mort nous a frôlés.
Parce qu'on vient de loin.

En langue perse, jangal veut dire jungle et comme il y avait une forêt dans les dunes à coté de Calais, c'est devenu ce que signifie « jungle » pour nous autres. Un territoire où tout peut arriver, te sauter au visage, t'éventrer. Tout, sauf te sodomiser pour s'amuser. Et pourtant dans cette jungle-là, c'est très courant pour les jeunes présumés soudanais.

Bastien, flic, fraichement muté pour raisons personnelles, ne restera pas muet devant tant de haine, de douleur et de désintérêt et de manipulation des autorités.
« A la fin, il faudra regarder tout ce qu'on a accepté de faire. Et ce jour-là, je refuse d'avoir honte. »

Ce roman décrit ce que l'on a vu à la télé, images édulcorées assainies par de belles paroles, loin des réalités du terrain. Celui qui brule quand on s'approche, celui qui te bouleverse quand on s'accroche.
Mais nous aussi on est un peu loin. Et puis c'est l'histoire des autres…

*Paroles de la chanson de Corneille « Parce qu'on vient de loin. »


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C'est dans la Jungle de Calais, cet enfer où viennent s'entasser les migrants d'Afrique dans l'espoir de monter clandestinement dans un camion vers l'Angleterre, qu'Adam a fixé rendez vous à son épouse et à sa fille, parties avant lui de Syrie où leurs vies à tous les trois étaient menacées.

Mais arrivé au camp, Adam ne les y trouve pas. Alors, il cherche, il patiente, il erre, il se bat et se débat dans les dédales de la Jungle.

Pour ne pas le laisser se faire violer sans réagir, il prendra un enfant de 9 ans sous son aile protectrice d'ancien flic, le temps de retrouver sa famille - peut être aidé par Bastien, flic au grand coeur, fraîchement arrivé sur Calais - et de repartir...

Olivier Norek nous fait alors entrer dans le quotidien des migrants, dans leur quête de liberté, d'espoir et de vie meilleure, dans ce camp qui n'est pour eux qu'une étape sur le chemin de l'Angleterre ; Youké, comme ils disent.

Sauf que la Jungle, ce n'est pas qu'une étape entre deux mondes... c'est la peur, c'est le danger et parfois c'est la mort...

A mon avis :
Manifestement bien renseigné sur la vie dans la Jungle de Calais, Olivier Norek nous offre là un polar passionnant, même s'il n'est pas du tout dans la veine ni l'atmosphère de ses précédents romans.

Néanmoins, pour ceux qui attendent un documentaire sur la Jungle de Calais et sur la vie des migrants, vous serez sans doute déçus car le camp et ses occupants, bien que très réalistes ne servent que de décors et d'inspiration pour un scénario plus que crédible.

D'un coté, les migrants, dans la Jungle, qui côtoient la mort, le racket, le danger et l'espoir d'une vie meilleure.
De l'autre, les flics et la population de Calais, qui pour les uns n'en peuvent plus de devoir empêcher les migrants de monter dans les camions sans pouvoir les arrêter tout en comprenant leur détresse et pour les autres ne supportent plus cet afflux continuel.

Et au milieu, les histoires de ce Syrien et de ce gosse, qui finissent pas s'entrelacer et qui nous amènent à nous interroger sur les conditions de vie offertes à ces hommes et ces femmes venus d'ailleurs.

Des personnages profonds, un style à la Norek, percutant et direct, qui donne une vraie dynamique au récit, moins noir que dans la série des capitaine Coste, mais tout aussi passionnant.

Décidément cet Olivier Norek est plein de ressources.

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La littérature est souvent une histoire d'obsession. Celle d'Olivier Norek est de faire éclater la vérité, de dénoncer une réalité insoutenable. Une réalité qu'il a côtoyée et qu'il ne peut pas taire.
Derrière l'enquête et le travail de recherche dantesque, il y a le lieutenant de police et sa façon singulière de questionner avec passion la société qui se construit sous nos yeux et les limites de son humanité. Derrière la plume il y a un écrivain doué qui fait ses preuves à chaque nouvelle parution.

En brouillant les espace-temps Olivier Norek obtient un engrenage plus original qu'il n'y paraît. Il y ajoute consistance et profondeur pour raconter la jungle de Calais et ses horreurs.
Les migrants pour la plupart venus de Syrie, de Libye et d'Afrique cherchent à survivre au péril de leurs vies. Dans leur misère absolue ils vivent entre deux mondes, juste avant le purgatoire, à la merci d'une autorisation de passer dans les Youké.
Espoir, désespoir,violence, humanité, dévouement, tous les grands sentiments y passent, mêlés à la honte et à l'absurdité des conditions inhumaines auxquelles sont soumis ces requérants d'asile.
L'impuissance et la souffrance des forces de police démunies contre une situation inextricable sont décrites avec ferveur.

Ultra-réaliste et armé d'une justesse permanente, ce récit nous offre une descente en apnée sous forme de thriller ultra-efficace, huilé comme un bon film hollywoodien et percutant comme un bon roman français.

Entre deux mondes, un livre qui ne finira jamais de me hanter.


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En juin 2016, en Syrie, la menace se rapproche pour Adam, un policier dans l'opposition. Craignant d'être arrêté d'un moment à l'autre, il fait partir sa femme et sa fille pour Calais et promet de les rejoindre plus tard.
Policier français, Bastien est affecté au commissariat de Calais, un commissariat où personne ne veut aller. On va vite comprendre pourquoi. Avec sa femme Manon, ils ont une fille adolescente Jade.
Même si j'ai eu des difficultés avec l'ordre ou plutôt le désordre des chapitres qui nuit à la fluidité de la lecture, cet ouvrage est un coup de coeur.
Lecture indispensable pour tout ce qu'on apprend sur la jungle de Calais.



Lien : https://dequoilire.com/entre..
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