Citations sur Surtensions (207)
Derrière lui, un tableau immense, fait de tâches de couleur jetées au hasard, gerbées comme un lendemain de cuite à la peinture. De l'art moderne assez moche pour être hors de prix.
Tout en finissant sa phrase, Demarco fouilla dans sa poche et en sortit une cigarette, une barre chocolatée et un livre qu'il tendit à travers la grille. "Le Meilleur des mondes", d'Aldous Huxley. (...)
Demarco lui désigna le livre d'un coup de menton.
- Ça va devenir ton meilleur ami. Finis-le et je t'en apporterai un autre.
- Un livre ? Rétorqua Nano, presque dédaigneux.
- Fais-moi confiance.
— Une ado qui n’utilise pas son portable pendant quatre-vingt-seize heures, j’aurais tendance à vérifier son pouls, fit remarquer Johanna.
...tuer, c’est la pire chose qui peut arriver à un policier. Je ne te parle pas de la culpabilité ou des répercussions psychologiques, je te parle du parcours du combattant judiciaire qui s’ensuit. Ce sont des affaires qui mettent des années à être jugées. Tu gardes une marque indélébile, une tache sur ton dossier qui ne te lâchera jamais. L’Administration t’abandonne complètement et beaucoup de flics entrent en dépression, démissionnent. Certains se sont même suicidés.
Il fouilla dans la poche de sa veste et en sortit un paquet de cigarettes en mauvais état. Entre les doigts de la psy, le stylo tournait de plus belle.
- Personne n'a vécu ce qui vous est arrivé. Personne n'oserait vous juger. Je voudrais simplement que l'on reprenne du début, ensemble.
- Depuis le meurtre ou l'évasion de prison ?
- Un peu avant.
- Alors à partir de l'enlèvement du gosse ?
- C'est un bon départ. Et s'il vous plait, n'oubliez rien.
L'homme haussa les épaules et s'alluma une nouvelle cigarette.
- Je ne vois vraiment pas l'intérêt, puisque ma décision est prise.
- J'insiste. De plus, dans ces circonstances, cet entretien est obligatoire, vous le savez.
Il tira une large bouffée, puis il céda, à contrecœur.
- Je m'appelle Coste. Victor Coste. Je suis capitaine au SDPJ 93.
— [...] Si un avocat découvre une preuve qui accuse son client, il n'a aucune obligation de la fournir aux policiers. Pour toute autre personne, ce serait de la complicité, mais pour eux, c'est le fameux droit à la défense. Résultat, ils font régulièrement libérer leurs clients tout en sachant qu'ils ont commis un crime. Parce que la loi le leur permet. Alors si les avocats sont autorisés à ne pas dire toute la vérité, je me demande pourquoi on devrait les croire.
– Tu nous as demandé, tout à l’heure, si on avait pas eu trop de mal à trouver ton adresse.
– Et ?
– Et ça risquait pas, pouffa-t-il bêtement.
Johanna réfléchit quelques secondes avant de comprendre par elle-même.
- Non ? Pour de vrai ? Dans le quartier ?
– Dans cette rue même, à deux numéros d’ici.
Après douze ans à la crime du 93, il devenait compliqué pour ces flics de parler d’une rue sans la connaître pour un viol, un enlèvement ou un homicide.
Si un avocat découvre une preuve qui accuse son client, il n’a aucune obligation de la fournir aux policiers. Pour toute autre personne, ce serait de la complicité, mais pour eux, c’est le fameux droit à la défense.
Quand on est seul, on n'est responsable de rien. Ni du malheur, ni du bonheur.
- Le portable qui a envoyé ce sms a été acheté il y a 2 jours sous une fausse identité.
- Comment peux-tu en être sûr ? Le coupa Ronan.
- Ecoute, à moins que notre type s'appelle vraiment Bruce Willis, je pencherai d'instinct vers la fausse identité.