Embrasser les ombres
Lars Noren est considéré comme l'un de plus importants auteur de théâtre contemporains, il a écrit semble-t-il plus de quarante pièces de théâtre. Ses oeuvres sont jouées dans le monde entier. Embrasser les ombres, qui date de 2002, a déjà connu plusieurs mises en scène en France.
Le titre de la pièce provient d'une pièce qu'Eugène O'Neil aurait brûlée le jour de ses soixante ans.
Lars Noren est un grand admirateur du dramaturge américain, et tout particulièrement de sa pièce Un long voyage vers la nuit.
La pièce de Noren met en scène le prix Nobel le jour de son soixantième anniversaire. Atteint de Parkinson, en incapacité d'écrire, très handicapé, O'Neill vit cloîtré avec sa dernière femme, Carlotta. Les relations du couple sont très violentes et destructrices, entre ressentiments, voire haine, violence, mais en même temps une sorte d'impossibilité à se séparer. La journée est marquée par la visite des deux fils de l'auteur, l'aîné, qui malgré ses brillantes études est devenu un raté alcoolique, et le plus jeune, drogué. Petit à petit, O'Neill va dire son rapport à la paternité, le choix qu'il a fait d'écrire avant tout, en faisant passer au second plan ses enfants, mais ne pouvant s'empêcher de leur reprocher leurs échecs, se montrant méprisant, pour cacher peut-être une forme de culpabilité. le rapport passionnel à l'écriture est au centre de cette vie, et pousse l'auteur à brûler un certain nombre de textes dans la dernière partie de la pièce. Pendant que son fils, aîné, Eugène Jr lit le manuscrit d'Un long voyage vers la nuit.
Une pièce très paroxystique et âpre, dans lequel les relations familiales sont toxiques et destructrices pour les individus. Les fils d'Eugène O'Neill n'ont jamais pu se libérer de l'ombre de ce père trop célèbre et en même temps absent pour eux. Leur père se laisse littéralement martyriser par Carlotta, qui ne fait que chercher des raisons de querelles et les moyens de blesser et vexer son mari. Elle-même gère tant bien que mal toute une série de frustrations, sexuelles en tête, mais aussi un manque de reconnaissance. Tout cela donne un cocktail explosif, qui explose sans discontinuer pendant presque toute la durée de la pièce, sans moment de répit. C'est terriblement dense et cruel, même si tout cela peut provoquer une sorte de saturation à un moment ou un autre.
Je n'ai malheureusement pas encore lue la pièce d'O'Neill, Un long voyage vers la nuit, ce qui m'a sans doute empêché de saisir tous les éléments d'Embrasser les ombres. Une lacune que je ne vais pas tarder à combler pour encore mieux appréhender la pièce de
Lars Noren. Telle quelle, c'est une oeuvre puissante, qui incontestablement marque le lecteur et le spectateur si les acteurs sont à la hauteur de toute cette violence.