Louange d’une source
Extrait 1
Dans le matin hésitant où l'écoulement des heures ne vibre
pas encore,
J'ai reconnu les rieuses voyelles que prononçait ma fontaine.
J'ai reconnu ma source chère, qui jamais ne dort ou ne rêve,
Mais qui est née pour chanter et pour fuir.
Je l'ai caressée de mes mains comme une douce bête,
Une bête des bois à la profonde fourrure.
Les graminées se balançaient dans le bonheur d'un vent faible.
Au pied des chênes, un peu de nuit s'enroulait encore comme
du lierre,
L'oiseau lissait sa plume dans la rosée,
Et lentement la clarté découvrait un monde sans pesanteur.
…
Louange d’une source
Extrait 3
Arrête un peu ta course et viens nicher dans cette anse de marbre
où le ciel mettra sa joue contre ta joue.
Tu sentiras sur ta peau tendue ce vent clairet qui a traversé les
pommiers en fleur,
Et bercé des sommeils de libellule et soutenu des voix d'hirondelle
et tremblé dans le murmure d'un orme.
Mon petit furet qui glisse, mon petit oiseau qui gazouille, ma
petite fille sauvage,
Repose un peu dans mes mains, viens un peu sur mes genoux,
Mets ta tête à mon épaule, laisse-moi réchauffer tes petits pieds
froids !
Elle s'échappe encore et poursuit son plaisir d'être folle et nue.
Elle sait un museau de biche qui veut boire,
Et des racines de menthe qui s'enfoncent vers la fraîcheur.
…
Louange d’une source
Extrait 2
Ma source chère, arrête un peu ta fuite, et songe avec moi sous
la durée bleue qui sourit et ne vieillit point.
Contemple avec moi sans parole et sans mouvement, écoute
avec moi sans désir et sans pensée.
Et formons un double silence dans cette heure suspendue qui sait
tendrement se taire.
Je te donnerai une robe de jeunes feuilles et de pétales,
Un lit de sable fin pour un repos transparent, un lit de sable moelleux
pour des rêves et de chauds sommeils.
Je te donnerai un nom et ce nom fera un bruit pareil à celui de
tes eaux.
…
Louange d’une source
Extrait 4
Ah ! bondir, ah ! briller, frissonner, ouvrir sous la clarté des milliers
de regards, c'est le bonheur d'une source.
Elle est délivrée de ce noir séjour sous les terreaux, elle est lasse
de cette longue patience
Qu'il fallut pour se former goutte à goutte.
Et puisque le monde est si grand, si beau,
Elle se hâte en chantant comme un pipeau de berger, vers la
nouveauté des feuillages,
Elle court chantant vers un soleil dont l'amour l'étreint de la
tête aux pieds.
Jeanne Moreau - Chanson à Tuer
Plante ce couteau, minette
Mais droit au coeur s'il te plaît
La besogne à moitié faite
Et les meurtres incomplets
Font horreur à l'âme honnête
Qui n'aspire qu'au parfait
Qui n'aspire qu'au parfait
Parfait, parfait, parfait
Les couteaux à cran d'arrêt
N'ont cure des pâquerettes
L'homme dort comme un boulet
Plante ce couteau, minette
La nuit saoule de planètes
Ne se souviendra jamais
Ne se souviendra jamais
Jamais, jamais, jamais
Droit au coeur, au coeur discret
Qui dans son profond palais
Sait mourir sans chansonnette
Plante ce couteau, minette
La nuit saoule de planètes
Ne se souviendra jamais
Ne se souviendra jamais
Jamais, jamais, jamais
Ne se souviendra jamais
Paroles: Norge
Musique: Michel Philippe-Gérard
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