Anne-Marie Norgen nous présente, « le château des chercheurs de sens », le château La Borde.
Loin de la privation de liberté, des carcans, de la contention, des mauvais traitements, de l'univers carcéral, que l'on appelait jadis « asile de fous », la clinique La Borde laisse les portes de l'unité ouvertes. Pas de portes fermées.
Liberté pour chacun de fréquenter les allées et les sentiers du parc, les halls et les recoins du château, … Promenade buissonnière : chercheur en quête de sens.
Liberté aussi, dans le Club, où des liens s'inscrivent, relient les gens, les temps, les espaces, les moeurs et les travaux.
Dans cet ouvrage composé de chroniques liées à la vie quotidienne des « patients », Anne-Marie Norgeu, tout en laissant la LIBRE PAROLE aux Personnes hospitalisées, nous permet de pénétrer dans ce lieu (de « soins »).
« Cherchez la clef pour aller dans le château et la clef est au plus profond de toi » ;
« La société des gentils » ;
"Les nuages passent, les étoiles restent »....
Ces paroles exprimées par des Personnes malades, appartiennent à près d'une centaine de témoignages.
« Ces paroles pourraient peut-être déranger un mode de pensée qui consiste à permettre surtout le silence à ceux qui sont minoritaires »....
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Il s'est jeté par la fenêtre. On le ramène à l'infirmerie très mal en point.
Choqué, il ne répond à aucune question.
Il a sans doute de graves fractures. on découpe la jambe de son pantalon, de la cheville à l'aine, avec un soin rapide. Alors lui, tout à coup, dans un sursaut de vigueur : " Attention, hein, n'allez pas m'abîmer les couilles !"
Qu'est-ce qui a rendu Untel ou Une Telle un instant désirants ? Désirants ou seulement un peu plus présents ? Bien sûr, il est souterrain, ce travail là. Difficile à repérer, à quantifier, très obscur.
Allez donc décrire cela, ce qui est invisible, ce qui ne se donne pas à voir.
La psychothérapie institutionnelle ça se déploie dans l'invisible.
L'ambiance, ça se mitonne avec du calme, des rituels, de la patience et du respect... du thé, bien sûr, des horaires fidèles et une qualité d'écoute aussi constante que possible. Echanges et fuite de regards, regards au repos sous les paupières lasses, regards qui menacent, regards d'impuissance, de haine, de désespoir, d'amour.
Il habite à La Borde depuis des années. Il dit : " C'est affreux. Je ne sais rien faire. Je ne sers à rien"
Vous êtes ici depuis des mois ! Plusieurs mois pour prendre place, pour vous placer là où eux (les "patients" comme on les appelle parfois) vous ont amenée dans ce réseau de travail invisible qui, justement vous rend visible, vous donne du corps, de la présence.