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19 décembre 2015, Mme Nothomb devient, officiellement, une immortelle belge. Elle entre à l'«Académie royale de Belgique » à la place laissée libre par Simon Leys dont elle refuse de l'honneur de considérer qu'elle lui succède. Reconnaissance suprême je l'imagine si l'on en croit celui qui est réservé aux auteurs lorsqu'ils franchissent les portes de l' »Académie française » pour y occuper un fauteuil. Certains prétendront que ce n'est pas mérité pendant que d'autres, comme moi, essaieront éternellement de prouver le contraire. Dans cette grande institution elle se sentira un peu en famille. Elle retrouvera les fantômes de son ancêtre Jean-Baptiste Nothomb qui cosigna la constitution de la Belge. Elle y retrouvera également celui de Pierre Nothomb, homme de lettres. Ce petit recueil, de 37 pages, regroupe à la fois le discours ce celui qui l'accueille ce si grand jour, Jacques de Decker et celui d'Amélie Nothomb et c'est un petit régal réservé à ceux qui aiment cette dame, dont, encore une fois, je fais partie. Rien de plus à ajouter. Juste à vous laisser savourer. + Lire la suite |
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On a tout dit, tout écrit sur Amélie Nothomb. Et pourtant, 30 ans après la sortie de son premier roman, en 1992, elle reste, à son corps défendant, un personnage énigmatique. Elle est surtout une femme attachante, que le succès n'a pas changé et qui réserve toujours des surprises. Fidèle à son éditeur, Albin Michel, elle sort un livre par an et le public répond toujours présent. Au fil des années, Amélie Nothomb fait d'ailleurs partie de ces auteurs qui ont désacralisé le titre de romancier, se montrant disponible, généreuse et attentive à ses lecteurs. Ils sont un peu pour elle comme une deuxième famille. Son autre famille, sa vraie famille, Amélie Nothomb l'a souvent évoqué en interviews notamment, jouant, surjouant, de l'étrangeté de ces aristocrates belges. Pourtant, en 2021, en publiant « Premier sang », elle dévoilait un autre pan de ses racines et offrait un portrait tendre, drôle, caustique, émouvant, de son père, décédé quelques mois plus tôt. Surtout, avec ce livre très personnel, la romancière tombait le masque, révélant qu'au-delà du personnage médiatique, elle était surtout une fille attachée à son père et une femme fidèle aux siens.
La famille, elle est encore là, dans ce nouveau titre, « le livre des soeurs ». Ceux qui connaissent Amélie Nothomb savent qu'elle a effectivement une soeur, Juliette, qui elle-même a publié quelques ouvrages et ces deux-là sont fusionnelles. Mais la romancière l'assure, à la différence de son précédent opus sur son père, cette fois-ci, il s'agit bien d'une histoire fictive. Toutefois, chez Amélie Nothomb, allez savoir où comment et où finit la vérité.
Il y a fort à parier que les deux soeurs Nothomb sont bien là, cachées entre les lignes de ce roman.
Au début des années 70, Florent et Nora forment un couple fusionnel. Ils se marient un 26 février. de cette union naitront deux filles, Tristane et Laetitia de cinq ans sa cadette. Les deux gamines tenteront tant bien que mal de se construire face à l'amour exclusif que leurs parents se portent. Enfant sage, Tristane fera tout pour séduire ses parents, tentant de trouver sa place dans leur relation exclusive. Ecrit comme un conte, le roman, qui suit Tristane sur plusieurs décennies, est souvent drôle, mais d'une drôlerie parfois amère, un sourire qui cache la blessure de cet enfant en manque d'affection et qui trouve apaisement et raison de vivre à travers sa petite soeur. Axé sur les années 80, le livre est aussi un hommage à la musique, le rock en particulier, mais aussi à la littérature et la relation épistolaire. Et comme toujours, Amélie Nothomb parsème son texte de mots inattendus qui apportent une saveur particulière à son écriture, ces mots qui ont le pouvoir qu'on leur donne.
« le livre des soeurs » d'Amélie Nothomb est publié chez Albin Michel.