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sur 1359 notes
Une jeune étudiante de dix-neuf ans, Ange, donne des cours particuliers à un jeune lycéen dyslexique de seize ans, Pie, et va l'éveiller aux bonheurs de la lecture des grandes oeuvres. ● Voilà très longtemps que je n'avais pas goûté au Nothomb de l'année, mais je retrouve bien ici les caractéristiques propres à cette autrice. Il ne fait aucun doute qu'elle possède un sacré talent, mais il fait peut-être encore moins de doute qu'elle le gâche dans les grandes largeurs. Elle se complaît à lâcher annuellement son (tout) petit opus sans se fatiguer, sachant que de toute façon il se vendra, ses fans étant suffisamment nombreux, sans jamais chercher à faire la grande oeuvre dont elle serait capable. C'est tellement dommage. Elle sait écrire sans gras, elle sait ciseler des dialogues, elle sait concevoir des personnages originaux – mais elle bâcle tout ce qu'elle fait. Elle fait le strict minimum. ● Ici nous avons donc un personnage complètement inutile à l'économie du récit : la colocataire, mais il fallait cela pour épaissir un peu le volume du livre. Nous avons une fin totalement, honteusement bâclée. Nous avons des clins d'oeil autobiographiques ou autoréférentiels bien appuyés pour que le lecteur ne puisse pas les manquer. Nous avons un personnage dyslexique guéri en une heure… Ne l'était-il pas ? Il fallait alors peut-être le dire… ● Et malgré tous ces défauts le livre n'est pas fondamentalement mauvais. Il se laisse lire. On imagine ce qu'il aurait pu être si Mme Nothomb avait daigné se donner un peu plus de mal…
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Amélie Nothomb a indéniablement un énorme talent de conteuse.
Plus j'avance dans ses romans, plus je m'en rends compte.

Ses romans se lisent vite et celui-ci ne fait pas exception.

Quand je commence un Nothomb, je sais qu'il ne me fera pas la journée... du coup je ne les achète plus, je les emprunte.
Au niveau rentabilité, pour l'acheteur, on est toujours perdant avec ses écrits.

J'en reviens à ses talents de conteuse, car son énorme talent réside à vendre du vide.

Si sa plume est agréable, il faut reconnaître que je suis arrivée au bout du livre en me disant " tout ça pour ça!" ... et le roman est très court.

Mais bon l'auteure a son lectorat, alors à quoi bon faire des efforts.

Une déception.

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29ème édition de l'incontournable de la rentrée d'automne, avec Les Aérostats.


On se délecte du prénom d'un des personnages, une coquetterie que l'auteur glisse régulièrement dans ses écrits. Ici c'est Pie, un jeune homme supposé dyslexique (je dirais plutôt cabochard, je n'ai jamais vu une dyslexie disparaître en une séance de lecture à voix haute, orchestrée par la narratrice dont le prénom est plus courant, mais épicène, Ange). Trois ans séparent les deux protagonistes . Ange se fait fort de faire découvrir au lycéen rebelle mais prêt à puiser dans sa révolte ce qui fera le terreau d'un éveil culturel. Et cela en quelques heures les must de la littérature classique, Stendhal, Homère, Radiguet et quelques autres. Pour un gamin qui déteste la lecture, il acquiert rapidement un niveau de débat littéraire à faire pâlir un prof de français de lycée, même dans une classe motivée et en préparation du bac!

Un troisième personnage s'immisce dans le couple élève-prof, le père de Pie qui épie les leçons et fait son compte-rendu exhaustif à la fin de celle-ci.

Et enfin un autre prof, qui enseigne à Ange la philologie, dans une clace où la jeune fille semble être une sorte de souffre-douleur.

L'ensemble n'est pas désagréable, mais comme à chaque fois, je suis envahie par la voix la voix d'Amélie Nothomb, comme si c'est elle qui me racontait l'histoire lorsque je parcours ces lignes.
Le roman aurait gagné à être plus étoffé, il est extrêmement court et on reste un peu sur sa fin. Même si l'histoire est improbable, elle est le prétexte à jeter un regard original sur les oeuvres citées.

C'est une belle leçon de littérature déguisée en fable moderne.
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Le goût de la lecture je l'ai depuis que je sais lire. Nous n'avions pas à la maison une grande bibliothèque mais nous en avions une. J'ai toujours adorer lire et le plaisir est toujours là à cinquante ans passé. le goût de lire c'est le thème que développe Amelie Nothomb dans son dernier livre. Ange, une jeune femme de 19 ans suivant des cours de philologie, est chargée de soigner Pie un jeune adolescent de 16 ans qui est dyslexique. Seul remède, la lecture de grandes oeuvres, de beaux textes. le problème c'est qu'il n'aime pas lire et n'en a pas l'envie. Mais Ange n'a pas dit son dernier mot. Elle le fait lire à voix haute et très vite sa dyslexie s'enfuit. Un peu fort de café, mais le style du livre permet de ne pas vraiment être dans la réalité. Bien que dans le texte, je m'y suis plongée allègrement, j'ai pris beaucoup de plaisir à le lire (auparavant j'avais lu deux romans assez rudes et violents) et j'y ai trouvé une certaine légèreté du moins au début. le thème de la lecture m'intéresse beaucoup mais c'est un de ses romans que j'oublierai assez vite peut-être parce que léger et fantasque à la fois. Mais je ne boude pas mon plaisir à l'avoir parcouru. Mis à part "Soif" et "Acide sulfurique", j'ai toujours fini ses livres. Mon préféré reste toujours l'inégalable "Les catillinaires" roman absurde et drôle. Bonne lecture !
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Aussi loin que je m'en souvienne, j'ai toujours aimé lire.

A l'instar d'Ange, l'héroïne des Aérostats, ce sont des auteurs comme Hector Malot ou la Comtesse de Ségur qui ont accompagné mon enfance.
Sans oublier les bibliothèques roses puis vertes, les aventures de Bob Morane, les livres dont vous êtes le héros et mes premiers romans policiers dès l'âge de treize ans avec Agatha Christie et Charles Exbrayat.

Ce goût pour la lecture, c'est mon père qui me l'a transmis, et j'en profite encore pour le remercier et lui rendre hommage.
Sans lui je ne serais pas le même lecteur, peut-être même que je ne lirais pas du tout.

Je me souviens encore de ma première lecture imposée, en sixième.
C'était le soleil d'Olympie, de Jean Séverin.
Je n'en n'ai plus aucun souvenir si ce n'est celui d'un profond ennui.
Heureusement que je savais que la littérature ne s'arrêtait pas à ça.

Ange est une étudiante en philologie, à Bruxelles. Elle a dix-neuf ans.
"En Allemagne et en Belgique, la philologie englobe toutes les sciences du langage et suppose une connaissance approfondie du latin et du grec ancien."
Afin de gagner un peu d'argent, elle va proposer des cours de soutien de français à domicile. Grégoire Roussaire la contactera afin qu'elle puisse soigner la dyslexie de son fils Pie, seize ans, auquel la lecture du Rouge et du Noir est imposée.

J'ai trouvé une réflexion très intéressante au sein du roman : "Nous vivions dans une époque ridicule où imposer à un jeune de lire un roman en entier était comme contraire aux droits de l'homme."
Honnêtement, j'ignore quels livres sont désormais proposés au collège ou au lycée désormais. Mais j'ose espérer que ce sont des romans plus attrayants que par le passé. Si les jeunes lisent beaucoup moins que par le passé, c'est aussi parce que leurs parents ne lisent pas.
Inutile de tout mettre sur le dos d'internet et des réseaux sociaux.
Autant à mon sens l'éducation relève du rôle parental, autant le goût de la lecture ( et par son intermédiaire celui de l'orthographe et de la grammaire ) devrait être assuré par l'éducation nationale.
Et je crois sincèrement que les classiques ne peuvent plus remplir cette mission puisque leur lecture est davantage une corvée et qu'il est presque normal de n'en lire qu'un résumé avec une brève analyse sur un site de la toile.

Ne m'en veuillez pas si vous avez adoré leurs livres, mais du collège à la faculté de lettres modernes j'aurais pu être dégoûté de la lecture par Maurice Genevoix, Jean Giono, Stendhal, Racine , Michel Butor et bien d'autres auteurs dont l'exigence avait entraîné le désintérêt.
A l'inverse, c'est avec un certain plaisir que j'ai découvert Herman Hesse, Fiodor Dostoïevski, Emile Zola, Julien Green ou Franz Kafka.
Je garderais toujours en mémoire mon professeur de français de seconde, qui n'a pas hésité à sortir un peu du programme et à nous imposer une vingtaine de fiches de lecture sur des romans ou pièces de théâtre souvent court(e)s pour élargir notre horizon littéraire.

Pour revenir au nouveau roman d'Amélie Nothomb, Ange va très rapidement venir à bout de la dyslexie de son élève, le rouge et le Noir suffira en effet à guérir son élève quand il en lira un extrait à voix haute après l'avoir lu en quarante-huit heures.
Trop fort Pie ! Un jeune homme isolé, malheureux, qui n'avait jamais rien lu d'autre que des articles d'armes sur internet et qui vient à bout en deux jours du pavé De Stendhal tout en étant capable d'en débattre avec son attachante professeur particulière.
Et en vingt-quatre heures, après une nuit blanche, il viendra à bout de l'Iliade d'Homère.

Toute vraisemblance mise de côté, ce millésime 2020 d'Amélie Nothomb n'évoque pas seulement cette façon qu'aura Ange de donner le goût de lire à Pie au travers de différents classiques tels que L'idiot de Dostoïevski, La métamorphose de Kafka ou encore La princesse de Clèves de Madame de la Fayette.
Les aérostats offre différents points de vue sur la richesse de la lecture, et sur les différences qu'il peut y avoir entre les lecteurs qui ont lu un même ouvrage. Ils ne vont pas forcément s'identifier aux même protagonistes, ils ne vont pas forcément interpréter le roman et ses éventuelles métaphores de la même façon, ils n'ont pas non plus les mêmes critères d'appréciation.
"Aimer un roman ne signifie pas nécessairement qu'on aime les personnages."
Et on le voit bien sur Babelio. Aucun roman ne fait l'unanimité parce que tous les lecteurs sont différents, ont une sensibilité propre, et ne recherchent pas la même chose.
Quant aux romans qui plaisent au plus grand nombre, les raisons sont là encore variable. L'un va avoir été envoûté par l'écriture, un autre fasciné par les personnages, un troisième transporté par l'intrigue.
Et il y fort à parier que Les aérostats recevra des critiques enthousiastes, des avis très négatifs ou encore des opinions un peu plus partagées comme la mienne.
Donner un avis sur un livre, c'est presque comme écrire un commentaire composé au baccalauréat. Chacun interprétera ce que l'auteur a rédigé même si ce dernier l'a fait de façon parfois totalement involontaire.

Et puis lire, c'est aussi être libre. Libre de choisir, libre de s'évader.
Et la liberté est l'autre thème principal du roman. Symbolisée par ailleurs par la présence de ces anciens zeppelins gigantesques dans le ciel auxquels le titre fait référence.
Cette liberté, Pie en est totalement dépourvu. Ses parents sont aussi étranges l'un que l'autre, en particulier le père qui surveille chacune des leçons données par notre étudiante.
Prisonnier au sens propre comme au figuré, Pie verra en Ange une personne capable de le sauver, et pas uniquement par le biais de la littérature.
"Quand vous arrivez ici, c'est comme si la vie débarquait. Lorsque vous partez, tout s'éteint."
"Ce garçon était conscient du drame qu'il vivait, il m'appelait à l'aide."
Mais comment l'aider ? Comment s'interposer face à un père odieux qui veut tout contrôler ?

Comme dans la majorité de ses romans, avec une économie de mots propre à son style, Amélie Nothomb va droit à l'essentiel.
Et c'est dommage.
Dommage parce que les personnages d'Ange et de Pie auraient réellement pu être attachants si leur histoire et leur personnalité avaient davantage été mises en relief. Là ils n'auront rien d'inoubliable.
Dommage parce que les réflexions autour de la littérature et des goûts littéraires de chacun autour de débats souvent passionnés entre l'élève et son enseignante ne sont qu'effleurés alors qu'elles auraient méritées d'être approfondies.
Ces différences de ressentis tout comme les appréciations communes après des lectures qui peuvent parfois nous parler ou pas, être interprétées de tellement de façons différentes, auraient pu je pense rendre le roman bien plus riche si l'auteure avait davantage poussé sa réflexion.
D'autant qu'elle est importante puisque notre rôle sur ce site ne consiste pas à mon avis à juste donner son opinion sur une lecture mais aussi à comprendre pourquoi d'autres internautes ont adoré ou détesté la même oeuvre quand leurs avis sont argumentés.
On apprend d'ailleurs qu'il existait déjà des critiques littéraires cinq siècles avant Jésus Christ, à l'époque de l'Iliade et de l'Odyssée.
"Avec l'édition est née la critique littéraire. Et il s'est trouvé un critique, Zoïle, pour déclarer qu'Homère écrivait comme un tâcheron. Eh bien, le public s'est emparé de Zoïle et l'a pendu."

Et puis j'ai trouvé quand même exagéré qu'un jeune homme dyslexique de seize ans n'ayant quasiment jamais lu un livre de sa vie vibre autant à la lecture des grands classiques de la littérature internationale et intemporelle du jour au lendemain. Si je n'avais pas lu depuis mon plus jeune âge, je ne crois pas beaucoup m'avancer en disant que ni Stendhal, ni Homère, ne m'auraient fait passer des nuits blanches, même pour les beaux yeux de ma prof particulière. Certes Pie est un garçon à part mais il aime les mathématiques et pas le français et ça me paraît d'autant plus inconcevable que du jour au lendemain il tombe amoureux des livres sans passer auparavant par des romans young adult à la mode ou des livres adultes à la portée de tous.
En outre il reste quand même beaucoup de zones d'ombre une fois la lecture achevée.

Les aérostats marque donc le retour à la normale d'Amélie Nothomb après l'ambitieux et déconcertant Soif auquel je n'avais pas du tout accroché l'année dernière.
C'est un court roman agréable à lire, sujet à quelques souvenirs pour ma part, qui évoque rapidement quelques idées intéressantes, qui réserve également quelques surprises.
Mais qui à mes yeux n'est tout simplement pas tout à fait abouti.

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Depuis que je me suis remise à la lecture, à cette période, je me précipite toujours pour acquérir le nouvel Amélie Nothomb.

Comment vous expliquer ce lien étrange qui me lie à l'auteure ? J'ai de nombreux points communs avec elle... le prénom d'origine... La date de naissance... A un mois près... Elle m'a précédée. Mais ce que j'aime par-dessus tout, c'est le grain de folie qu'elle a et qui me fait défaut !

Pour ne pas faillir à la tradition nothombienne, les personnages d'Amélie Nothomb dans ce roman sont étranges, hors de la norme. Mais avant d'ouvrir ce livre, chacun le savait déjà !

Pourquoi cette invraisemblance par rapport à la dyslexie qui se guérirait simplement en prenant goût à la lecture, sans jamais évoquer la possible erreur de diagnostic ? Parce que l'héroïne n'a que dix-neuf ans ? Peut-être, mais moi ça m'a gênée par rapport à tous ces parents et tous ces professionnels qui luttent pour que les dyslexiques puissent accéder aux apprentissages.

Le thème principal de ce roman concerne le goût de la lecture. Moi qui ai toujours eu ce goût prononcé pour la lecture, qui n'ai pas réussi à le transmettre à mon fils, je suis un peu sur ma faim, parce que, de ce côté, Amélie Nothomb ne creuse pas davantage la question.

C'est donc un joli roman digne d'Amélie Nothomb, avec des dialogues truculents, de très belles phrases (j'ai dû me forcer à me limiter dans mes citations) et une érudition littéraire incomparable. Mais, qu'il s'agisse de la dyslexie ou du goût de la lecture, ça manque de profondeur. Et pour le coup, j'en avais besoin !

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À quelques jours de la rentrée ou plutôt des rentrées, je perpétue une règle que je me suis fixée il y a cinq ans, lire le nouveau Nothomb avant tout autre bouquin de la rentrée littéraire.

Ainsi, j'ai mis en attente la salve des sorties littéraires, afin de retrouver la plume d'Amélie, avec un plaisir comparable à celui que l'on peut ressentir lorsque l'on passe quelques heures avec une personne que l'on estime et qui nous avait manqué.

Comme à son habitude, l'autrice nous livre un roman court et riche en dialogues avec des personnages forts de caractère, et une histoire dont une part d'autobiographie semble manifeste.

Le personnage principal s'appelle Ange. Étudiante de 19 ans, qui partage une collocation avec Donate, une jeune de 22 ans (qui parle et agit comme si elle en avait le double). Au départ, méprisante à l'égard de sa colocataire, elle fini par se rapprocher d'elle car cette dernière lui confie des informations sur son job d'étudiante. Ce job n'a rien d'un petit boulot sous payé mais plutôt celui d'une coach auprès de Pie Roussaire, un adolescent de 16 ans, dyslexique et malheureux dans sa vie sociale. Ange met en place une méthode basée sur le dialogue avec Pie pour le pousser à s'exprimer à haute voix et contrôler sa dyslexie. En l'aidant à passer son épreuve de bac français, Ange va susciter en lui, une passion pour des auteurs classiques et un amour pour la littérature en général...

Ange est prise d'affection pour son "élève" dont le mal être se fait criant au fur et à mesure que l'histoire avance. Elle va tenir tête au père de l'adolescent, qui n'apprécie pas sa méthode de pédagogie.

À noter qu'ils sont plusieurs personnages à trainer
une solitude dans cette histoire, ce qui les fait se sentir différents des autres et sont aussi perçu comme sans intérêt par leur entourage. de cette solitude découle une fragilité, élément qui pousse le lecteur à s'attacher aux différents protagonistes de l'histoire.

Seul reproche, la fin arrive un peu trop brutalement à mon goût. Elle semble un peu tirée par les cheveux et aurait pu bénéficier d'un meilleur développement.
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Vous avez quatre heures pour écrire une nouvelle, le sujet est libre.

« Je ne savais pas encore que Donate appartenait à la catégorie des gens perpétuellement offensés.
[…]
Le double crime de Pie me l'avait enseigné. »
(Copie de Mademoiselle Nothomb)

Note 7/20 car indigne d'une élève de première ou terminale, toutefois pas de faute d'orthographe ni d'erreur de syntaxe donc 8/20. Peut mieux faire ?
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Amélie Nothomb revisite, à travers sa narratrice Ange, ses années estudiantines.Trouver à se loger sur place à Bruxelles est une des priorités. L'étudiante en philologie a renoncé au logement universitaire( « thurne bruyante ») après une expérience peu concluante, privilégiant «  une chambre à soi ». Un luxe, certes, mais en contrepartie des règles strictes à respecter.

Le chapitre d'ouverture a un côté théâtral avec les chamailleries entre Donate et sa colocataire, Ange, qui porte un prénom épicène ! Afin de se constituer un petit pécule, Ange décide de passer une annonce pour donner des cours.En citant Nietzsche( 1), la future répétitrice de 19 ans impressionne Grégoire Roussaire , cambiste, qui l'embauche derechef pour aider son fils, en prévision du bac de français.
L'heureux élu sera Pie, qui aurait préféré s'appeler Pi, ayant une attirance pour les mathématiques. Spécialiste de l'onomastique, l'écrivaine décrypte ce prénom Pie, qui « signifie pieux », faisant référence à Pie XII.

Le titre a dû en interpeller plus d'un, il correspond au centre d'intérêt du lycéen.
On assiste avec délectation aux séances censées corriger la dyslexie qui sont en fait une initiation approfondie à la littérature. Les réparties du jeune homme sont savoureuses. « En Amérique, de l'Iliade, on dirait : It's bigger than life ! »
Pie,( dont l'impertinence insupporte le père), prend de l'assurance, n'hésitant pas à contrer Ange quand il donne son avis sur les ouvrages classiques qu'elle lui a imposés. Un large éventail/un vaste panel de textes : Stendhal, Homère, Radiguet, Kafka, Dostoïesvki …. La leçon sur Rousseau en forêt l'émerveille. Mais aura-t-il l'aval du père pour la rendre quotidienne , comme il le souhaiterait?
On participe à d'autres sorties mémorables qui suscitent la réprobation du père : la visite du musée de l'air et la foire du Midi.(Cette dernière rappelle une émission d'Augustin Trapenard, 21 cm, tournée avec l'écrivaine à Disneyland !)

Ange tente de décrypter la personnalité de son élève mais aussi de ses parents,intriguée par cette scolarité faite aux îles Caïmans, et maintenant au Lycée français de Bruxelles. Elle sonde la relation de Pie avec sa famille et nous fait entendre ses réactions. Elle s'étonne que cet ado de 16 ans soit resté si longtemps sans lire.
Les parents seraient-ils démissionnaires ? Une bien étrange famille. Un fils cloîtré dans sa chambre, des parents qui ne communiquent pas. Un paternel qui fait conduire son fils à l'école en Ferrari !
Un père certainement atteint du syndrome du «  tsundoku », au vu de sa bibliothèque. Une bibliothèque pour l'esbroufe, pour épater, quand les parents reçoivent !
La confrontation avec le géniteur est de nouveau très théâtrale. On devine sa présence en coulisses à tout épier.
Toute aussi ubuesque l'entrée de Carole, la mère… . Si elle est atteinte comme Emmanuel Pierrat de collectionnite (2), sa passion est très particulière. Motus !

Quand Pie fait remarquer de façon impromptue à sa répétitrice qu'elle est son aînée de trois ans seulement, que veut-il insinuer là? Ne lui avoue-t-il pas ne plus pouvoir se passer d'elle ? Et elle, qu'éprouve-t-elle à son encontre ?

Quant au professeur d'Ange, il cherche à se rapprocher d'elle pour lui déclarer sa flamme . Déstabilisée, elle finit par accepter ses rendez-vous, le champagne à la clé !
Comme l'a déclaré PPDA : « Le champagne c'est du chic, mais pas du luxe ».
A travers ses deux personnages masculins, l'auteure explore à la fois les liens de l'amitié, de l'amour et du désir. Elle pointe aussi le mal de l'adolescence : «  Avant Kafka, personne n'avait osé dire que la puberté est un carnage. ».


En filigrane de l'autoportrait de la narratrice, on devine l'académicienne belge elle-même, si on a en mémoire ses confidences lors d'interviews sur la période de son arrivée en Belgique. Elles ont en commun leur solitude, leur transparence… leur boulimie de lecture.
De nombreuses références littéraires ( les souvenirs de lectures d'enfance d'Amélie Nothomb) , cinématographiques ( Rohmer) et musicales ( Skrillex, Infected Mushroom) jalonnent le roman.
D'ailleurs David Foenkinos glisse , à juste titre, cette remarque dans son dernier livre La famille Martin : «  sa référence à Amélie Nothomb lors de notre premier dîner m'avait laissé penser que j'avais affaire à un littéraire ».
Quant à l'épilogue, la romancière connaît le pouvoir des mots et ne se prive pas de manipuler la nitroglycérine contenue dans le langage pour tuer.
Précisons que l'auteure belge imprime sa marque de fabrique et se fait un plaisir infini à glisser le mot pneu dans ses récits, sachant que les aficionados vont le traquer !
Amélie Nothomb décline une puissante ode à la littérature, un hymne à la lecture ainsi qu'un plaidoyer en faveur des classiques . Espérons que ce roman donnera le déclic à ceux qui boudent la lecture. Un récit sous l'oeil du « Big father » qui montre l'emprise délétère d'un père sur son fils. Un fils qui, dès l'âge de 8 ans, avait catalogué ses parents ; «  un sale type » pour le père, « une idiote » pour la mère.
L'écrivaine glisse habilement du registre de la comédie à la tragédie grecque et laisse le lecteur sidéré par ce conte cruel qu'est ce vingt-neuvième roman.
En situant le roman à Bruxelles, l'académicienne rend hommage à sa ville d'adoption et son poumon vert : la forêt de Soignes, aux Ardennes belges et aux citoyens belges en citant Jules César :«  Ominium Gallorum fortissimi sunt Belgae. » (3)

(1) Retrouver Nietzsche dans l'ouvrage de Marianne Chaillon : Ainsi philosophait Amélie Nothomb. Albin Michel.

(2) La collectionnite d'Emmanuel Pierrat

(3) «  de tous les Gaulois, les plus courageux/ les plus braves, ce sont les Belges. »
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On ne présente plus Amélie Nothomb. Les Aérostats est un encas qui se mange sans faim. Il se lit d'une traite en fondant sous la bouche et en libérant un goût sucré qui rappelle l'adolescence, le sujet de cette prose parsemée d'explications de textes fameux...C'est agréable sans déclencher toutefois l'enthousiasme de certains opus de son oeuvre.
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