AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de victoryhelene


La « Nothomb mania » a encore frappé !
Et malgré la déception de ces dernières années, je me suis ruée dans ma librairie pour m'accaparer ce dernier opus, sans même savoir d'ailleurs quel en était le sujet, mais avec l'intuition que ce serait mieux. En effet, où s'étaient donc évanouies ces heures délicieuses passées à lire Hygiène de l'assassin, Stupeur et tremblements, Métaphysique des tubes... ? C'était forcément la bonne année et le bon cru !

Et cela démarrait bien. D'abord le titre énigmatique « Soif », puis l'unique phrase aux accents philosophiques de la quatrième de couverture « Pour éprouver la soif, il faut être vivant. ». Mon intérêt est de suite titillé mais vite refroidi quand je comprends que le sujet du livre, c'est Jésus et son calvaire.
Néanmoins, dès les premières lignes, Amélie nous sert sa fameuse verve légendaire et ses pointes humoristiques voire sarcastiques. Et on se délecte d'autant plus que le projet est sacrément ambitieux : plonger dans les pensées, les réflexions, les sentiments de Jésus et éprouver aussi ses sensations.
On pourrait même dire que l'idée est osée en ces temps plutôt obscurs où la religion est devenue quasiment un sujet tabou. Est-ce une oeuvre engagée et politique ? Amélie aurait-elle pris ce risque ?
En tout cas, elle nous présente une réécriture bien plus vraisemblable des derniers moments du fils de Dieu. On suit la chronologie des faits, de la trahison à la crucifixion. Au travers des ses perceptions physiques et ses interrogations métaphysiques, le lecteur est interpellé sur ses propres croyances. le Jésus d'Amélie ne perd pas sa dimension divine mais fait prévaloir avec enthousiasme son corps et tout ce qui constitue sa condition d'homme : peur, colère, stupéfaction, amour, plaisir, soif...tout y passe. le Jésus incarné semble l'emporter sur le Jésus divin, même si l'être humain est bien égratigné quand même (on n'oublie pas ses travers comme la bêtise et la cruauté). La figure iconique et mythique laisse davantage place à l'homme qui vit, qui aime et qui va subir des tortures extrêmes jusqu'à la mort.
Je n'y vois aucun blasphème mais un exercice littéraire original et audacieux qui replace le divin dans une relation plus horizontale avec l'homme, moins dangereuse car moins propice au fanatisme. Et on sait qu'Amélie aime « s'amuser », elle joue et provoque sans doute un peu (surtout quand elle revient sur la supposée relation de Jésus avec Marie-Madeleine).

Pour autant, c'est une oeuvre qui peut paraître inhabituelle dans la bibliographie de l'autrice (assez perchée ou mystique tout de même) et qui va sans doute étonner, diviser voire déplaire. Moi-même, je reconnais avoir été assez déstabilisée et ne pas avoir été suffisamment captivée à mon goût. Il faut certainement prendre du recul et se détacher de l'image commerciale d'Amélie pour vraiment apprécier ce « presque » ovni nothombien. Force est de reconnaître qu'il y a du génie dans cette production, des saillies à méditer et des questions qui ouvrent le débat.
Commenter  J’apprécie          443



Ont apprécié cette critique (35)voir plus




{* *}