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EAN : 9782072887109
208 pages
Gallimard (09/07/2020)
3.7/5   5 notes
Résumé :
Se mettre sur les traces de Jean-Paul Sartre avec Arlette Elkaïm, sa fille adoptive, à partir de documents inédits, permet d'aller bien au-delà d'un reportage biographique sur sa vie privée. Cette enquête éclaire des aspects méconnus de l'écrivain, son romantisme refoulé, son goût du tourisme, ses penchants pour la rêverie, ses moments dépressifs aussi bien que sa gaieté et ses pitreries. Plus encore, cette relation révèle une autre politique de l'existence, différe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Mes années philo remontent aux prémices de Mai 68. En ce temps-là, Sartre était l'archétype de l'intellectuel engagé, le plus célèbre, le plus médiatisé, le plus sollicité dans le monde imparfait du milieu du 20e siècle fortement marqué par la montée du communisme. Présent partout où la lutte contre les injustices le réclamait, il était aussi aux côtés des étudiants en pleine effervescence.
Pour ma part, j'étais plus sensible à son oeuvre littéraire et théâtrale qu'à son engagement politique pas toujours clairvoyant .
Tout cela afin d expliquer pourquoi j'ai été attirée par "un tout autre Sartre" de François Noudelmann, qui a consacré son doctorat de philosophie à l'illustre Jean-Paul. C'est dire s'il connait bien son sujet.
Je craignais d'affronter un texte purement académique,
trop savant et un brin ennuyeux mais la quatrième de couverture explicite et convaincante m'a rassurée.
Derrière le personnage mythique, j'ai découvert un homme pétri de doute, tiraillé entre "d'un côté les devoirs et de l'autre les désirs, les fantasmes, les peurs."
Si chacun de nous assume ses contradictions avec difficulté et même culpabilité, Sartre n'échappe pas à ce dilemme. François Noudelmann en trace un portrait passionnant, qui va au-delà des apparences et de la légende.

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Adolescente, j'ai adoré le théâtre de Sartre, n'adhérant pas toujours au « fond », mais fascinée par la « forme ». Cet ouvrage nous fait découvrir un autre aspect de la personnalité du philosophe, un côté moins strict, moins « politique », et d'autant plus humain. Derrière le militant politique, se découvre l'homme, plus léger, plus heureux sans doute aussi ainsi que l'écrivain amoureux des mots et de la littérature à laquelle il semble regretter de ne pas avoir consacré plus de temps, la sacrifiant à ce qu'il pensait être son devoir d'écrivain engagé, même s'il ne semblait pas toujours adhérer lui-même à ses propres convictions. Dans la description de cette dualité, je retrouve ce que j'ai tant apprécié, à savoir, l'art de manier la langue et la mélodie des phrases, bien au delà des idées qu'elles sont sensées exprimer.
En lisant ce livre, se développe finalement une sorte de « tendresse inattendue » a l'égard de cette figure emblématique de notre culture.
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Voici un excellent livre pour découvrir Jean-Paul Sartre. je connaissais évidemment le personnage mais peu l'homme. Cet essai permet d'approfondir la connaissance de cet être qui s'est créé une image bien différente de ce qu'il était réellement. L'analyse de différentes thématiques permettent d'en savoir plus mais sans pour autant ressentir de l'empathie, ni de me lancer à la découverte de son oeuvre.
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critiques presse (1)
NonFiction
16 septembre 2020
En regardant ou en lisant autrement certains témoignages, l’existence du philosophe se révèle plus diversifiée et moins déshumanisée qu’on le pense habituellement.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Qui fut Sartre ? Un baryton d'opérette, un philosophe allemand, un touriste en Italie, un harangueur du peuple, un homme à femmes, un écrivain caméléon, un rêveur mélancolique ? Sans doute tout cela en même temps. Les personnalités multiples de Sartre ont été vécues simultanément, sur un mode compartimenté avec des passages contrariés entre ses vies officielles ou refoulées. Lorsqu'il se demandait ce qu'on peut « savoir d'un homme aujourd'hui », le philosophe anthropologue répondait avec l'armada de toutes les connaissances possibles, historiques, psychanalytiques, linguistiques... visant à la compréhension totale d'un individu. Paradoxalement, il se fuyait lui-même en poursuivant le projet de comprendre les autres, rétif à sa propre identité. Connaître Sartre ne signifie pas regrouper les informations éparses qu'on peut collecter dans ses archives, même les plus inattendues et les plus contradictoires. Resteront toujours, hors de portée, des moments vécus sans traces, recouverts sous les dizaines de milliers de pages déposées par cet écrivain polygraphe. Entre les lignes, sans les mots, se sont envolés de nombreux rêves, restés inconscients, des fantasmes de vies possibles, d'intenses émotions à l'écoute de musiques ou à la vue de paysages, impossibles à consigner. Des amours et des désirs non dicibles, des désespoirs qu'aucun divan d'analyste n'a recueillis, des excès et des extases causés par des drogues, dans la noirceur ou 1' éclaircie du délire, demeureront muets à jamais. Des petites folies aussi, par lesquelles Sartre frôla le vertige de 1'abandon. Toutes ces échappées ne peuvent être devinées qu'au travers de résidus marginaux, sons de voix et d'instruments captés sans contrôle, correspondances non destinées à la publication, mensonges relatifs aux adresses multiples, images instantanées et sans projet, mots poétiques et maladroits. Grâce à leur bruissement, la grand œuvre et l'Histoire officielle se lisent et s'écoutent autrement, délestées de l'hagiographie et de l'appropriation du sens. De telles informations, parfois sous la forme d'intuitions, ouvrent des fenêtres dans la maison de cet homme qui se sentait intimement appartenir au vent. Elles provoquent des courants d'air et dessinent des perspectives surprenantes, déroutant la chronologie progressive au profit de chemins désordonnés, régressifs et achroniques.

A chacun son Sartre, sans doute. L'admiration ou la haine ont besoin d'un portrait univoque de l'être aimé ou détesté. Pour beaucoup, la figure de Sartre reste liée, de façon indissociable, à la politique, à sa conception de l'engagement et à ses interventions intellectuelles. Pendant trente-cinq ans, il n'a cessé de soutenir des luttes populaires et des militants révolutionnaires, de dénoncer des crimes de guerre, de porter un message d'émancipation à toutes celles et tous ceux qui subissent une domination raciale, sexuelle, coloniale, impériale, économique. Défenseur des Juifs, des Noirs, des colonisés, des prolétaires, des femmes, des homosexuels, des étudiants, des Algériens, des Vietnamiens, des Palestiniens... il mit son écriture au service des opprimés, inconditionnellement. Plus encore, il somma la littérature et les arts de prendre leurs responsabilités et d'assumer leur solidarité politique. Dès lors, montrer un Sartre qui écrit « la politique m'emmerde », qui renâcle à pousser son cri d'indignation à la face du monde, et qui cherche les occasions de fuir à la dérobée, loin du verbiage idéologique, cela choquera légitimement les fidèles du grand homme.
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« J'enrage de n'être pas poète, d'être si lourdement rivé à la prose. Je voudrais pouvoir créer de ces objets étincelants et absurdes, les poèmes, pareils à un navire dans une bouteille et qui sont comme l'éternité d'un instant. Mais il y a en moi quelque chose de noué, une secrète pudeur, un cynisme trop longuement appris, et puis de la disgrâce aussi ; mes sentiments n'ont pas trouvé leur langage, je les sens, j'avance un doigt timide et, dès que je les touche, je les change en prose. [ ... ] Il faudrait me taire. »

Sartre, Les Carnets de la drôle de guerre, p. 564.
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Avoir la passion de comprendre les hommes lui permet de se débarrasser de lui-même, de se quitter. Se glisser dans la peau des autres, dans leur corps, leur pensée, leur style, fut le ressort existentiel de son empathie.
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Lorsqu'il comprend que l'engagement intellectuel ne change pas le cours du monde, il essaie d'oublier, demandant même à Beauvoir de ne pas lire le journal tant les nouvelles sont déprimantes.
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"Le bonheur, ça existe, ça compte ; pourquoi le refuser ? En l'acceptant, on n'aggrave pas le malheur des autres ; et même, ça aide à lutter pour eux"
Camus

Page 60
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