Histoires secrètes

En janvier 1977, l'affaire Abou Daoud aggrave les tensions. Ce Palestinien, de son vrai nom Mohammed Daoud Odeh, est considéré par Israël comme l'un des chefs d'orchestre du commando de Septembre noir,jugé responsable du massacre d'athlètes israéliens aux JO de Munich en 1972.
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Entré en France sous un faux nom irakien, Abou Daoud est arrêté par la DST le 7 janvier 1977 alors qu'il vient assister à Paris aux funérailles d'un ami palestinien assassiné. L'Allemagne et Israël réclament son extradition pour le juger dans l'affaire de Munich.
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En réalité, la France craint des représailles. Gêné par ce prisonnier dont il ne sait que faire, le gouvernement Barre décide de l'expulser simplement vers l'Algérie, où Abou Daoud est finalement libéré.

La fuite massive de documents en provenance de Suisse donne en tout cas un coup de pouce aux projets de Super-Mirage israélien. Les ingénieurs équiperont ensuite cet avec avec des réacteurs américains fournis par General Electric. A l'arrivée, le super-chasseur portant l'étoile de David, renommé Kfir ("Lionceau") et dont le premier prototype volera en octobre 1970, fera les beaux jours de la société IAI. Lorsque celle-ci, en 1975, annoncera sa volonté d'exporter le Kfir, le ministre israélien de la Défense, Shimon Perez, le présentera comme "la synthèse entre l'élégance française et la puissance américaine," sans évoquer sa parenté évidente avec le Mirage III, due en partie à l'opération Frauenknecht.

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Sans compter que de Gaulle a initié une "politique arabe," dictée par des impératifs économiques et pétroliers, qui a été mal comprise par Israël. Même si cette diplomatie a largement perdu de sa force au fil du temps, signe d'un recul de la l'influence française dans la région, les présidents français et le Quai d'Orsay ont préservé cette ligne, tout en misant sur des relations économiques étroites avec Israël, considéré comme une "start-up nation" et un modèle de développement des hautes technologies. Ce grand écart n'est pas sans provoquer parfois quelques tensions.

Entre la France et Israël, le courant passe plutôt bien. La France n'a-t-elle pas, avant la proclamation de l’État d'Israël, en mai 1948, aidé les immigrants juifs à rejoindre la Palestine depuis des ports comme Sète ? N'a-t-elle pas durant le guerre d'Israël contre les armées arabes, fermé les yeux sur l'installation de camps d'entrainement de combattants israéliens sur son sol et organisé des livraisons de munitions ? N'a-t-elle pas reconnu de facto l’État d'Israël le 24 janvier 1949, avant tous les autres pays européens ?

La condamnation par de Gaulle de la guerre déclenchée par l’État hébreu est vécue à Jérusalem comme une "profonde déception et un reniement des engagements passés. La symbiose précédente ne pouvait pas durer, commentera l'ancien diplomate Élie Barnavi. Il fallait que la France revienne dans le monde arabe. De Gaulle a commencé à rééquilibrer sa politique. Quand le "petit Israël s'est rebiffé en 1967, qu'il s'est montré plus gaullien que de Gaulle lui-même, il a considéré qu'on ne l'écoutait plus, il enrageait."