La première de couverture et le titre sont limpides sur le sujet principal.
Que propose l'album de plus?
Ce que j'apprécie en premier et que je reconnais d'emblée, grâce notamment à la première de couverture, c'est le style caractéristique de
Nathalie Novi.
Une véritable artiste des couleurs.
Ces tableaux de personnages proposent régulièrement des fonds de couleurs chatoyants, des décors baignés d'une lumière qui efface les traits distants de ces hommes et ses femmes, souvent ses héros n'ont pas de visages.
Ce, souvent lorsqu'ils sont plus qu'un personnage, l'évocation d'une émotion, la personnification d'une situation.
Le parti pris du jeux d'ombre et lumière colorés peut rappeler la trouvaille caractéristique du genre pictural impressionniste.
Avec "les
trois soeurs", chers lecteurs, les personnages auront un visage, ils sont Eléonore, Martha et Jane.
C'est Jane, la plus jeune, qui raconte, elle raconte ses soeurs.
Quel meilleure moyen de bien connaitre des jeunes filles que de visiter leur espace privée, une chambre qui parlera pour elles.
Une belle introduction.
La chambre d'Eléonor donnait sur la terrasse, celle de Martha sur la rue et celle de la toute petit Jane, comme, on l'appelait, trouvait refuge sous les combles.
La petite Jane raconte l'écart d'âge, la complicité diverse qui en découlait, des deux soeurs aînée et cadette déja demoiselles coquettes et d'une Jane benjamine jouant encore à la poupée seule.
Qu'il était doux parfois de rester la petite pour Jane, d'être cajolée par ses grandes soeurs.
Le style rétro des illustrations est charmant, délicat, romantique, les personnages sont vêtues à la manière des "Petites Femmes", les soeurs imaginées par la romancière
Louisa May Alcott.
L'histoire des "
Trois soeurs", c'est l'histoire du temps qui passe, des chambres qui passent en héritage de l'une à l'autre, des filles qui grandissent, se rapprochent, se confient, se séparent avec le temps car la grande aventure les appelle.
Quid de nous, les
trois soeurs, pour l'avenir?
Que deviendra la chambre d'Eléonore quand il n'y aura plus de soeurs à qui la céder?
Le petit oiseau deviendra grand et Jane s'envolera aussi pour sa propre aventure, car il est temps et que le monde est grand.
La nouvelle chambre de Eleonore, de Martha et de Jane sera aussi plus grande, elle deviendra une maison qui respirera leur nouveau moi.
De quelle couleur seront les murs, quels objets y seront accrochés?
Jo Hoestlandt propose vraiment là une situation simple mais intense d'émotion, très intime dans son sujet, qui parlera beaucoup à certains et certaines lectrices.
Qu'adviendra t-ils de nous, frères et soeurs, qui avons bâti une affection les uns pour les autres en grandissant, lorsque la vie nous enverra aux quatre coins du monde?
La fin de l'album offre une ouverture rassurante, avec ce fil invisible que rien ne rompt, liant ces trois personnages familiers qui se chérissent profondément.
Une question de dernière minute qui me taraude, existe t-il un équivalent à la fraternité, un substantif pour les soeurs?
Un bel hommage des auteures à la grande
Jane Austen, romancière romantique.